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Cambodge : tourisme macabre sur les traces des dirigeants Khmers rouges

Si vous avez envie de connaître le côté sombre de l’histoire du Cambodge, c’est maintenant possible.

(ANLONG VENG (Cambodge)-AFP) – Vous voulez voir la tombe de Pol Pot, numéro un des Khmers rouges, ou la maison du « boucher » Ta Mok? Bienvenue à Anlong Veng, petite ville reculée qui veut devenir la destination incontournable des touristes avides d’explorer cette page noire de l’histoire du Cambodge.

Sous un toit de tôle ondulée, un monticule de terre entouré de bouteilles en verre à moitié enterrées marque le lieu où Pol Pot a été incinéré à la hâte en 1998.

C’est l’un des quatorze sites que le gouvernement veut « préserver et développer » autour du dernier bastion des Khmers rouges dans le nord du pays, à la frontière thaïlandaise.

Quelque deux millions de personnes sont mortes sous la torture, d’épuisement ou de malnutrition dans la mise en oeuvre de l’utopie marxiste délirante des Khmers rouges entre 1975 et 1979. Et entraîner les touristes sur les traces de ces atrocités n’est pas une nouveauté pour le Cambodge.

La prison de Tuol Sleng à Phnom Penh, où quelque 15 000 personnes ont été torturées, et les champs d’exécution de Choeung Ek, où elles ont ensuite été tuées, sont déjà parmi les attractions les plus populaires du pays.

Cependant, ces lieux honorent la mémoire des victimes du régime, alors qu’Anlong Veng abrite toujours des partisans des Khmers rouges.

Pour éviter que cette ville qui semble s’être retrouvée du mauvais côté de l’histoire ne devienne un lieu de pèlerinage, le ministère du Tourisme s’est associé au Centre de documentation du Cambodge, spécialisé dans les recherches sur cette époque.

Les Khmers rouges ont été chassés par les forces vietnamiennes en 1979, mais leurs dirigeants et partisans ont poursuivi une guérilla contre le gouvernement jusqu’à la chute de leur dernier bastion, Anlong Veng, en 1998.

L’un des sites les mieux préservés est la maison de Ta Mok, surnommé le « boucher » pour les purges sanglantes aux milliers de morts qui lui sont imputées, même si les habitants se rappellent un dirigeant généreux qui avait fait construire pont, hôpital et école.

Le gouverneur adjoint du district, Nhem En, espère ouvrir un musée privé pour exposer son « inestimable » et macabre collection, des sandales de Pol Pot à son uniforme, en passant par le siège cassé de ses toilettes.