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«Les Louves» : les femmes à l’honneur

Les Louves ouvrait la saison théâtrale 2019-2020 de l’Espace GO cette semaine. La pièce originale, The Wolves, qui a valu plusieurs distinctions à l’auteure américaine Sarah DeLappe, fût jouée dans plusieurs villes d’Europe et d’Amérique du Nord avant de fouler les planches chez nous. La version francophone présentée à l’Espace GO résulte d’une traduction de notre très aimée Fanny Britt, d’une mise en scène de Solène Paré et d’une magnifique distribution 100% féminine.

Le public est invité à prendre place dans les gradins faisant face à un imposant terrain de soccer sur lequel arrive au pas de course l’équipe des Louves. À travers différents échauffements et étirements, elles échangent sur le quotidien dans lequel elles sont plongées. Entre deux jeux de jambes, elles discutent, entre autres, de menstruations, de séries télévisées, d’avortement, de flirt et de problèmes mondiaux. Si une des filles tient parfois quelques préjugés à l’égard de certains sujets, une autre sait toujours la renseigner davantage afin de faire taire ses idées préconçues.

Le texte dresse un portrait très réaliste de la génération d’adolescents/jeunes adultes que nous pouvons observer aujourd’hui. On se reconnaît à travers le langage familier, cru et sans filtre employé par la bande de jeunes filles, qui nous font rire à de nombreuses reprises par leurs réflexions, leur naïveté et leur folie.

Bien que le groupe aborde plusieurs sujets graves et délicats, l’approche reste assez superficielle. On potine, on effleure, mais jamais on ne va en profondeur dans les thèmes abordés. Leurs échanges, livrés de façon très réaliste, se chevauchent, s’entrecroisent et tombent rapidement dans l’oubli. Bien que ce choix de rester en surface soit peut-être représentatif du monde dans lequel nous vivons, où nous sommes bombardés d’informations de toutes sortes sur les réseaux sociaux, il a eu sur moi un effet un peu décevant. J’ai bien saisi les thèmes évoqués, mais puisque qu’aucun de ceux-ci n’a été exploité à son plein potentiel, rien de tout ce qui a été véhiculé n’a réussi à me faire réfléchir ou à me toucher particulièrement.

Le réalisme, à l’honneur dans Les Louves, autant dans la scénographie, dans la mise en scène que dans le texte et l’interprétation des actrices, avait entièrement sa place. Ces choix de simplicité mettaient en avant-plan une grande beauté, soit celle de voir le groupe de jeunes filles fortes et résilientes, s’épanouissant et s’affranchissant à travers un esprit d’équipe les rassemblant malgré leurs différences et leurs personnalités bien distinctes.

Je ne me suis pas ennuyée, loin de là, mais je suis sortie de la salle un peu confuse. En plus de me demander quel message on avait essayé de nous passer, je me suis aussi questionnée à comprendre à qui s’adressait la pièce. Je suis certaine que les jeunes adultes d’aujourd’hui pourraient pleinement apprécier le spectacle, grandement accessible grâce à son niveau de langage, ses thèmes, ses personnages dans lesquels on se reconnaît et sa trame narrative peu complexe. Il me semble toutefois que ce type de spectateurs ne soit pas exactement le public cible de l’Espace GO. Voilà pourquoi je me questionne. Le théâtre de la rue Saint-Laurent respecte toutefois pleinement son mandat de donner une place importante aux femmes avec cette pièce à distribution et équipe de création entièrement féminines.

J’ai apprécié, mais je ne suis pas renversée.

Les Louves, présenté à l’Espace GO jusqu’au 6 octobre 2019.