Au cours d’une carrière de plusieurs décennies en tant que chroniqueur automobile, Denis Duquet a amassé beaucoup de souvenirs. Cette fois, il nous raconte un épisode d’un dévoilement de Volvo en altitude et d’un retour passablement humide à son hôtel.
Depuis plusieurs années maintenant, Volvo connaît une résurgence spectaculaire. En effet, après avoir été considérée comme se dirigeant directement à la faillite sous la férule de Ford, la marque suédoise ne cesse de croître sur tous les marchés depuis son acquisition par le constructeur chinois Geely. Pourtant, on craignait le pire. Les plus pessimistes affirmaient que ce nouveau propriétaire allait démembrer la compagnie, utiliser les brevets à ses propres fins et en faire une marque chinoise à vocation mondiale. Rien de tout cela ne s’est produit.
Mieux encore, on a laissé l’entière liberté au constructeur suédois de mettre en ?uvre un plan d’action audacieux qui devrait permettre à la compagnie de se classer parmi les constructeurs les plus importants de sa catégorie. Et le plan a réussi.
Mais là n’est pas le sujet. En effet, dans sa phase de reconstruction, le temps était venu d’introduire en septembre 2016 la nouvelle familiale V90 XC après les dévoilements successifs des XC 90 et S90.
Cette fois-ci, ce dévoilement s’est déroulé dans la région de Vail au Colorado, un centre de ski alpin de réputation mondiale. Cet endroit est situé à une altitude de plus de 7000 pieds ce qui est quand même en altitude pour des personnes qui ne sont pas habituées à ces conditions. Déjà, lors de la première journée, certains trouvaient qu’ils avaient le souffle court et de la difficulté à trouver le sommeil.
Mais on avait des ambitions encore plus élevées puisque le dévoilement lui-même s’est effectué sur le bord d’un lac à plus de 9000 pieds d’altitude. Inutile de dire que la majorité des gens avaient le souffle encore plus court et la respiration était difficile pour plusieurs. À tel point que certains dirigeants et même quelques journalistes croyaient souffrir d’un malaise cardiaque tant ils étaient incommodés.
Cela n’a pas empêché l’événement de s’effectuer sans anicroche et les personnes présentes ont été impressionnées par cette nouvelle venue. Il faut souligner que Volvo a toujours très bien maîtrisé la catégorie des familiales et son expertise a été démontrée une fois de plus.
Vail avait été choisi par Volvo pour souligner sa lutte à la pollution atmosphérique et son intention de créer des voitures qui ne nuiraient pas à l’environnement. Personne ne peut leur reprocher ces visions. De plus, Vail est un centre de villégiature écologique et on combat même la pollution lumineuse la nuit en réduisant au maximum le nombre de lumières éclairant les rues.
Ceci s’est révélé un inconvénient majeur pour l’auteur de ces lignes qui a quitté le souper officiel avant la fin pour se tromper de chemin en tentant de retrouver son hôtel. Et c’est dans la demi-obscurité, sous une pluie battante, que j’ai tourné en rond ou tout au moins cherché ma route pendant plus de 40 minutes pour rentrer à mon hôtel tout mouillé. De plus, dans mon empressement à retrouver ma chambre le plus rapidement possible j’ai accéléré le pas, oubliant que l’altitude était responsable de mon essoufflement.
Heureusement, après m’être informé à trois reprises dans différents établissements, j’ai pu retrouver mon hôtel. J’ai emprunté une porte latérale qui m’a permis de rejoindre ma chambre sans que personne puisse m’apercevoir, trempé jusqu’aux os.
Depuis quelque temps, de nombreux constructeurs automobiles nous font parvenir des communiqués de presse faisant état des progrès, parfois surprenants, de leurs véhicules dans la plus récente enquête de qualité initiale, IQS, de J.D. Powers & Associates.
Pour le non-initié, on est immédiatement porté à croire que ce classement ne porte que sur la qualité du véhicule en fait de comportement routier, de performance et de fiabilité.
C’est en partie vrai, puisque les sondages des différents véhicules commercialisés en Amérique du Nord sont établis pour une période de 90 jours depuis la date de l’achat. Mais c’est plus que la satisfaction de la conduite et de la fiabilité initiale. En effet, les personnes sondées doivent répondre à un questionnaire de plus de 223 questions portant sur une foule d’éléments répartis en neuf catégories : extérieur, intérieur, commande/affichage, système info divertissement/navigation, sièges, climatisation, rouages d’entraînement, assistance à la conduite et expérience de conduite.
Comment on peut-on le constater, c’est vraiment une évaluation de l’entièreté du véhicule. Cette approche est certainement la plus complète, mais elle pénalise parfois des véhicules pour certaines caractéristiques qui n’ont rien à voir avec la qualité en elle-même. Par exemple, les voitures de grand luxe dotées de systèmes de navigation et d’info divertissement plus sophistiqués que la moyenne et donc que souvent plus complexes à opérer, sont pénalisés à ce chapitre. L’évaluation des systèmes d’info divertissement n’est pas toujours basée sur la fiabilité de ces systèmes, mais sur leur facilité d’opération.
Il y a quelques années, Ford avec son système de reconnaissance vocale a dégringolé dans les sondages en raison de ce système qui n’était pas vraiment facile d’utilisation et qui refusait souvent de reconnaître la voix du conducteur. Un autre exemple encore plus radical. Lors de son lancement, dans le cadre du premier sondage IQS du Hummer, celui-ci avait fini en dernière place, non pas en raison de son manque de fiabilité, mais parce que son assemblage laissait à désirer et surtout que la consommation de carburant était jugée excessive. Pourtant, pas besoin d’être grand génie en astrophysique pour savoir qu’un véhicule de cette taille et propulsé par un gros moteur allait consommer.
D’ailleurs, plusieurs observateurs soulignent que c’est l’organisme Consumer Report qui offre l’évaluation de fiabilité et de qualité la plus crédible. En effet, cet organisme américain refuse tout annonceur, achète les véhicules évalués et est donc théoriquement plus en mesure de donner l’heure juste, d’autant plus que les sondages auprès de millions de ses membres donnent un portrait plus réaliste.
Il faut dire également que les sondages J.D. Powers et Associate ne portent pas uniquement sur la qualité initiale, puisqu’une autre enquête d’évaluation est effectuée après trois ans de possession d’un véhicule. Dans ce cas, les résultats ne sont pas toujours en harmonie avec ceux portant sur la qualité initiale.
Pour fins de comparaison, je vous propose la plus récente liste de la qualité initiale et celle des résultats de l’évaluation des modèles 2017, donc après trois ans d’utilisation.
Dodge est en tête de liste cette année dans le classement IQS avec Kia
Avec Dodge, la marque Kia est en tête du classement IQS 2020
Classement 2020 IQS J.D.Powers et Associates
Le chiffre indique le nombre de défauts répertoriés en moyenne par véhicule.
- Dodge (136)
- Kia (136)
- Chevrolet (141)
- Ram (141)
- Genesis (142)
- Mitsubishi (148)
- Buick (150)
- GMC (151)
- Volkswagen (152)
- Hyundai (153)
- Jeep (155)
- Lexus (159)
- Nissan (161)
- Cadillac (162)
- Infiniti (173)
- Ford (174)
- Mini (174)
- BMW (176)
- Honda (177)
- Toyota (177)
- Lincoln (182)
- Mazda (184)
- Acura (185)
- Porsche (186)
- Subaru (187)
- Chrysler (189)
- Jaguar (190)
- Mercedes-Benz (202)
- Volvo (210)
- Audi (225)
- Land Rover (228)
- Tesla (250)
Ces données ont été colligées par J.D. Powers & Associates
Tesla en était à sa première présence au classement IQS
Classement 2017 IQS J.D.Powers et Associates
Le chiffre indique le nombre de défauts répertoriés en moyenne par véhicule.
- Genesis 89
- Lexus 100
- Buick 103
- Porsche 104
- Toyota 113
- Volkswagen 116
- Lincoln 119
- BMW 123
- Chevrolet 123
- Ford 126
- Mazda 130
- Cadillac 131
- Hyundai 132
- Kia 132
- Moyenne de l’industrie 134
- Audi m136
- Nissan 136
- Acura 139
- Honda 139
- Ram 140
- Mitsubishi146
- Mini 147
- Mercedes-Benz 152
- Subaru 154
- Infiniti 155
- Dodge 158
- Jeep 159
- Fiat 160
- GMC 162
- Volvo 185
- Jaguar 186
- Chrysler 214
- Land Rover 220
Ces données ont été colligées par J.D. Powers & Associates
La marque Genesis a terminé en tête de l’enquête de fiabilité à long terme.
Détail à souligner, la voiture qui a dominé le classement IQS toutes catégories est le Chevrolet Sonic, qui n’est plus vendu au Canada faute de preneurs et dont les ventes vont cesser aux États-Unis cette année. Incidemment, c’est le seul véhicule de sa catégorie fabriqué aux États-Unis, à l’usine de Orion dans le Michigan.
Chevrolet Sonic
Certains reprochent à J.D. Powers & Associates de vendre les droits d’afficher les résultats dans la publicité aux constructeurs automobiles. D’autres critiquent la multitude des résultats. Un journaliste américain a déjà, déclaré : « Il n’y a pas de constructeurs qui ne peuvent des vanter de recevoir un trophée J.D. Powers & Associates à la condition qu’il paie. »
Peu importe ce jugement, ce classement annuel est un bon baromètre de l’évolution des marques.
Il n’y a pas si longtemps encore, la possibilité de commander une camionnette de catégorie 1500 avec un moteur diesel était impossible. Puis, toujours imaginatif, Ram est arrivé avec son moteur V6 EcoDiesel et Ford a emboîté le pas avec son V6 diesel Power Stroke. Bien entendu, chez General Motors, on ne pouvait pas laisser la concurrence faire cavalier seul.
Mais il a fallu plusieurs mois d’attente avant que la réplique se fasse connaître. Contrairement aux deux autres moteurs offerts par la concurrence, on a opté pour un moteur Duramax six cylindres en ligne de 3,0 litres comprenant un bloc et une culasse en aluminium. Bien entendu, pour une meilleure durabilité, les parois des cylindres ont des chemises en acier.
Lorsque ce moteur est arrivé sur le marché, ce fut la confrontation des puissances entre les trois protagonistes. À ce chapitre, le Silverado devance les deux autres avec 277 chevaux comparativement aux 250 équidés du Ford et les 240 du Ram. Mais, on sait pertinemment que c’est le couple qui est l’élément le plus important. Lorsque le Duramax fut dévoilé, ses 460 livres pieds de couple devançaient le Powers Stroke du F-150 de 20 livres pieds et l’EcoDiesel du Ram de 27 livres pieds. Chez Chevrolet, on semblait avoir gagné la course. Mais, chez Ram on a rapidement augmenté le couple à 480 livres pieds, remportant le titre du couple. Tout en concédant quelques chevaux en moins.
Mais la course des chiffres n’est pas terminée là. En effet, le nouveau Silverado à moteur diesel propose une capacité de remorquage de 9300 livres ce qui le place au troisième rang par rapport à ses deux concurrents. En effet, le Ram est capable de remorquer une charge de 11 000 livres et le Ford peut tracter 10 000 livres.
Mais, un véhicule, ce n’est pas uniquement une affaire de chiffres.
Quelle douceur !
Lorsque j’ai lancé le moteur de ma camionnette Silverado à moteur diesel, celui-ci était tellement silencieux que je croyais que je m’étais trompé de véhicule. En effet, aucun cliquetis, aucun ronronnement abusif, et encore moins de vibrations. La raison est bien simple, c’est que les ingénieurs ont opté pour un moteur six cylindres en ligne, configuration reconnue pour sa grande rigidité, sa plus grande réactivité et l’absence presque totale de vibrations[DD1] . Donc pas besoin d’arbre d’équilibrage. En outre, il comporte deux fois moins de pièces ou presque qu’un moteur à cylindres en V. Ce qui devrait être le gage d’une bonne fiabilité.
J’ai conduit cette camionnette sur un parcours mi-ville, mi-autoroute, ce qui m’a permis de découvrir une motorisation qui répond instantanément, dont le silence de fonctionnement est impressionnant et qui est en plus capable de temps d’accélération relevés pour un moteur diesel puisque le 0-100 km/h se boucle en 7,3secondes. Ce six cylindres en ligne est associé à une boîte automatique HydraMatic à 10 rapports qui ne s’attire aucune critique importante. Curieusement, alors que Ford opte pour un levier de passages des rapports sur la console centrale et Ram pour un gros bouton rotatif, chez Chevrolet le levier de passages des rapports est placé sur la colonne de direction. Ça fait vieux jeu, certes, mais cela a pour avantage de dégager la console centrale.
Sous le signe de la sobriété