Habit blanc distingué, maquillage aux accents androgynes : Jean-Philippe Perras arborait un look surprenant lors d’une récente visite des journalistes sur le plateau de Dérive, nouvelle série signée Julie Hivon (Nuit blanche, Alertes), et réalisée par Patrice Sauvé (La Faille, Le monstre, La vie, la vie, Grande ourse) dont les 8 épisodes d’une heure aboutiront sur la plateforme Crave en novembre.
«On a voulu créer un personnage unique, quelqu’un qui attire par son talent, par le petit quelque chose de naturel qu’il dégage, mais on ne voulait pas non plus en faire un extraterrestre trop bizarre», explique Jean-Philippe Perras, dont l’horaire de tournage était si serré lors de cette journée, qu’il a fallu l’attraper pour une entrevue au téléphone quelques jours plus tard.

«On voulait me donner un look qu’on ne m’avait encore jamais vu à l’écran. Moi-même, je ne me suis jamais vu comme ça. Moi, j’aime le mystère autour de l’acteur, j’aime qu’on redécouvre un acteur à travers un personnage. Et j’espère qu’on ne verra jamais Jean-Philippe et qu’on verra seulement Daniel», complète le comédien, saluant au passage le travail accompli par le département «CCM» [coiffures, costumes, maquillages, NDLR] de Dérive pour le transformer.
Ce Daniel Major que Jean-Philippe incarne dans Dérive, un thriller psychologique qu’on promet très addictif, est un pianiste virtuose qui connaît un succès mondial depuis la sortie de son album Dérive. C’est une personne intelligente, charismatique, bienveillante et humble… mais dont l’équilibre psychologique est fragile.
Daniel est notamment aux prises avec des terreurs nocturnes qui empoisonnent ses nuits et perturbent ses jours. Quand, lors d’un concert, fraîchement débarqué de Londres au terme d’une tournée internationale, Daniel fige devant une partition qu’il connaît pourtant par cœur et devient, du jour au lendemain, incapable de jouer de son instrument, il devra défricher le traumatisme latent qui cause son blocage. Sa quête de vérité sera parsemée d’embûches, voire de dangers, qui le mèneront à des révélations troublantes, desquelles découlera un déchirant dilemme moral….
Intrigués? Sachez de surcroît que Jean-Philippe Perras est particulièrement bien entouré dans Dérive, avec des collègues nommés Marie-Thérèse Fortin (Madeleine, mère surprotectrice et exigeante de Daniel), Benoît Gouin (Claude, père de Daniel, un notaire pragmatique très proche de sa femme et fier de son fils), Sophie Cadieux (Margot, l’excentrique agente et grande amie de Daniel) et Macha Grenon (Maryse, neuropsychologue dévouée spécialisée dans les troubles du sommeil, propriétaire de la clinique Parasomniaque). Céline Bonnier, Luis Oliva, Xavier Huard, Catherine Souffront, Mounia Zahzam et Amélie Grenier sont également de la distribution.

«C’est tellement bien écrit, tellement bien ficelé!», souligne Jean-Philippe. «On est dans le drame humain, le drame sensible. Daniel a toujours été couvé, par sa mère, par son agente. Soudainement, il cherche à s’émanciper de ça, quitte, peut-être, à briser des liens. Mais c’est comme s’il recevait des claques en plein visage chaque jour. L’histoire se passe sur deux semaines et demie, environ; imagine, recevoir des claques au visage chaque jour par rapport à des découvertes, des choses que tu n’as jamais sues de ton passé! Ce sont huit épisodes bien chargés et bien denses!»
Jean-Philippe Perras parle de ce rôle comme d’un «cadeau de la vie» qui lui permet d’allier ses deux passions, soit le jeu et la musique (on sait qu’il est membre du duo Gustafson en plus d’être comédien). Il a d’ailleurs perfectionné ses techniques au piano pour les besoins du projet, même si une doublure pianote à sa place pour les mouvements plus complexes. Il a quand même vécu la (fausse) frénésie d’un concert à la Salle Pierre-Mercure…
«C’était malade! Et j’ai joué sur des pianos hallucinants! On a joué sur des bêtes qui n’ont pas de prix, qui datent du début des années 1900, qui sont entretenues depuis si longtemps…!»
L’artiste prend également un plaisir fou à enregistrer les segments des terreurs nocturnes qui secouent le sommeil de son alter ego.
«C’est un univers complètement déjanté, et tourné différemment. On s’amuse dans la folie que sont les cauchemars. On n’essaie pas d’être réalistes, ce qui laisse beaucoup de liberté. Et je pense que le public va triper fort! On entre dans les terreurs de Daniel, pour comprendre ce qu’il voit. Une terreur nocturne, par définition, c’est d’avoir peur pour sa vie, de vouloir survivre, d’avoir peur de mourir. Cette intensité-là va nous amener dans des zones assez spéciales à découvrir…»
En fait, Dérive l’emballe tellement que l’acteur de STAT, de Nuit blanche et de L’appel n’hésite pas à comparer ce nouveau défi à celui de L’empereur, où il interprétait le rôle-titre, alias – doit-on le rappeler! – un agresseur manipulateur et sans scrupules.

«Pour moi, c’est du même acabit, de la même ampleur. Je le dis en toute humilité, parce que je ne veux pas mettre des émotions et du plaisir dans la bouche du téléspectateur. Mais, avec Daniel Major, il n’y a rien de banal, et avec Christian Savard de L’empereur, il n’y avait jamais rien de banal, non plus. C’est la même chose que Christian Savard au niveau de l’importance du plaisir que j’ai, du spectre émotif que je dois rendre. C’est complètement différent, mais c’est la même charge de travail!»
Chose certaine, même après avoir incarné un personnage aussi marquant que l’antihéros de L’empereur, Jean-Philippe Perras n’est pas demeuré identifié à ce rôle de «méchant», comme d’autres, avant lui, ont été éternellement étiquetés à leurs costumes de Passe-Partout ou des Belles histoires des pays d’en haut, par exemple.
«J’ai cette chance-là. Je suis vraiment content et reconnaissant. L’empereur est déjà très, très loin derrière moi. Pas dans mon cœur, mais artistiquement, j’ai eu la chance de ne pas avoir tort sur ce sentiment que j’avais, qu’il allait se passer autre chose après. Je pense qu’il faut faire confiance aux gens.»
Jean-Philippe Perras sera par ailleurs de retour dans STAT (désormais en format hebdomadaire) cet automne, et il jouera dans deux pièces au Théâtre du Nouveau Monde en 2025-2026, Ấm, de Kim Thuy (en septembre) et Quichotte, de Rébecca Déraspe et Frédéric Bélanger (en mai).
Également, le magazine Les Morin-Perras sous le même toit, où on assistera aux rénovations menées par Jean-Philippe Perras et son amoureuse, Maripier Morin, dans leur maison, sera disponible sur Crave et diffusé simultanément sur Canal Vie à l’hiver.