La nouvelle du décès de l’animateur et reporter culturel Herby Moreau, à l’âge de 56 ans, confirmée par le quotidien La Presse en début de soirée, dimanche, a pris par surprise et laissé tout le monde sous le choc sur le tapis rouge du 46e Gala de l’ADISQ, qui battait son plein devant la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.
Interviewé par Hollywood PQ alors que l’information commençait à se répandre parmi les convives, Gregory Charles a réagi avec émotion.
«Je suis vraiment triste d’apprendre ça. C’est assez particulier qu’on apprenne ça sur un tapis rouge, lui qui en a tellement fait…!», a-t-il observé, faisant ainsi écho à la pensée de beaucoup de gens sur place.
«J’espère que ses derniers jours auront été sereins, et j’espère qu’il y aura la sérénité pour ses proches», a ajouté Gregory.
Herby Moreau et Gregory Charles font partie de la génération d’artistes Noirs ayant pavé la voie à bien d’autres dans les années 1990, alors que la diversité culturelle n’était pas aussi préconisée qu’aujourd’hui au petit écran.
«Je ne sais pas si on y pense tout le temps, mais c’est sûr que ç’a un impact. Voir des gens qui te ressemblent, ça motive. Herby a fait ça», a conclu Gregory Charles.
Martin Vachon à la première de son spectacle Ahh...Caramel
Martin Vachon dévoilait en première montréalaise son deuxième spectacle, Ahh Caramel…, à L’Olympia de Montréal, mercredi soir.
Son premier one-man-show, éponyme, avait été lancé au Théâtre St-Denis (maintenant Espace St-Denis) le 21 novembre 2018. Il y a donc six ans. Une éternité, entrecoupée d’une pandémie mondiale et de combien de frasques de Donald Trump, entre autres.
L’auteure de ces lignes se souvient néanmoins très bien de ce fameux 21 novembre.
Parce que l’auteure de ces lignes, alors employée d’un gros empire médiatique, avait été très sévère à l’égard de Martin Vachon dans son compte rendu du spectacle.
Rien pour blesser l’individu à titre personnel. Évidemment! Le rôle d’une critique n’est jamais de varloper violemment un être humain pour le plaisir de la chose. La critique juge une œuvre et son contenu, la décrit le plus fidèlement possible et l’évalue avec toute l’objectivité envisageable. C’est tout. Rien de personnel.
Martin Vachon à la première de son spectacle Ahh…Caramel / Crédit : Bertrand Exertier / Courtoisie Groupe Entourage
L’article intitulé «Du remâché et du réchauffé pour Martin Vachon» n’avait rien, mais absolument rien à voir avec la personnalité attachante et sympathique de Martin, qu’on imagine comme le bon bougre qui fait lever les partys de famille les plus ennuyants. Comme l’oncle rigolo qui fait s’esclaffer les ados ou le gendre idéal que toutes les dames âgées voudraient voir épouser leur petite-fille.
Mais le thème général du rendez-vous tournait beaucoup autour du bas de la ceinture et ça devenait un tantinet redondant.
Semble-t-il que le principal intéressé avait été sincèrement blessé de ces mots durs. Pas outré par orgueil mal placé comme d’autres l’auraient été; sincèrement peiné, avons-nous compris. Cela dit sans le moindre sarcasme: Martin Vachon donne l’impression d’être un grand sensible (nous y reviendrons).
C’est la cruelle réalité du métier d’artiste: l’exposition à tout vent aux commentaires négatifs. Qu’ils soient bourrés de fautes d’orthographe sur les réseaux sociaux ou savamment tournés dans un papier journalistique.
«L’affaire» a longtemps suivi l’auteure de ces lignes. Publicité ironique imprimée dans un quotidien à vaste tirage, moqueries ciblées au balado Sous Écoute de Mike Ward, taquineries par des collègues: les critiques, il ne faut pas simplement les écrire, il faut les assumer entièrement par la suite. L’auteure de ces lignes (encore elle) l’a appris comme jamais grâce à Martin Vachon. Message reçu!
On n’utilisait pas, plus haut, le mot «bougre» par hasard: celui-ci était contenu dans l’article «litigieux» et avait beaucoup amusé Mike Ward et ses complices du moment à Sous écoute. Soyons bons joueurs et inclinons-nous.
Octobre 2024, l’heure de la première de Ahh Caramel… de Martin Vachon approche.
Ô, surprise: aucune invitation pour l’événement dans la boîte courriel de l’auteure de ces lignes.
Vous comprendrez l’écorchure d’ego de cette dernière en constatant la méprise.
Une absence d’invitation à une première de spectacle, pour une journaliste culturelle, équivaut au moins à la douleur d’une mauvaise critique pour un humoriste. Peut-être même pire. Quand l’intérêt public est en jeu, il faut réagir! (Bon, on exagère. Mais si peu.)
Vérification fut faite promptement auprès du producteur Groupe Entourage.
Qu’on se rassure illico: c’était un simple problème d’envoi de courriels.
Fiou!
S’il avait fallu.
Invitation fut sitôt dûment reçue. Merci, Groupe Entourage!
Martin Vachon à la première de son spectacle Ahh… Caramel / Crédit : Bertrand Exertier / Courtoisie Groupe Entourage
Folie retenue?
C’est le cœur rempli de bonnes intentions et, surtout, d’espoir que ce nouveau cru de l’animateur de Combien tu m’aimes?, à Noovo, soit hilarant, ou, du moins, supérieur à son premier effort, que l’auteure de ces lignes (toujours elle; c’est son texte, après tout!), s’est donc pointée à L’Olympia, à quelques minutes de 20h, mercredi.
Déjà, l’interminable file d’attente de spectateurs qui longeait l’établissement, tournant même le coin de la rue Saint-Timothée, à côté, et bien au-delà, était d’excellent augure. Mauvaises critiques ou pas, Martin Vachon est populaire. Effet Big Brother Célébrités (où il a été participant à l’édition 2022), ici?
Deuxième bonne nouvelle: Ahh Caramel… est effectivement plus consistant que son précédent opus. Martin Vachon, en tant que comique, commence à trouver le filon qui lui est propre. À asseoir sa personnalité. Son bagage d’acteur n’est certainement pas étranger à son aisance grandissante; il bouge beaucoup sur scène, ne ménage pas les mouvements.
D’ordre général, son style se réclame peut-être davantage de celui des vedettes des années 1990 à la François Massicotte ou Mario Jean que de l’audace de jeunes pousses comme Pierre-Yves Roy-Desmarais ou Mégan Brouillard. Ce n’est pas un reproche: bien des spectateurs se régalent encore de l’anecdote brute du «plancher des vaches», parfois simpliste, tout bonnement bien racontée. Vachon a du succès à ce niveau, ça se voyait et s’entendait dans la salle comble de L’Olympia.
Il y a encore, dans Ahh Caramel… beaucoup de gags de bijoux de famille. Mais ils sont mieux enrobés, voire davantage justifiés.
Misant beaucoup sur l’autodérision, l’hôte table sur ses peurs au fil de ses numéros. Son animation en costume d’Adam du documentaire Le monde est à nu, à TV5, sa vasectomie («comme la vraie version du jeu Opération»), ses deux garçons (très bon segment, alors qu’il illustre combien ses héritiers peuvent être turbulents), son chien, ses palettes arrachées, le délirium de son papa (un terreau qui aurait pu être fouillé encore plus en profondeur), ses angoisses qu’il affronte désormais.
Ahh Caramel… met abondamment en relief l’anxiété du nouveau quadragénaire. «Catheriiine, j’paniiiique!», crie-t-il apparemment souvent à sa conjointe (et à sa foule pendant sa prestation). Une anxiété qui le rend peut-être spécialement fragile à la critique…?
Puis, à la toute fin – mercredi, ce fut après les remerciements d’usage – arrive LE moment de la soirée. Celui sur lequel Martin Vachon devait capitaliser encore davantage. Celui qui, donne-t-il l’impression, fait ressortir le meilleur de sa personnalité d’artiste.
Martin Vachon à la première de son spectacle Ahh… Caramel / Crédit : Bertrand Exertier / Courtoisie Groupe Entourage
Ça n’a rien d’exceptionnel: relatant craindre le fait de vieillir, Vachon annonce qu’il célébrera son anniversaire à chacune de ses représentations, balance des flûtes à l’assistance et enjoint celle-ci de lui entonner un hymne de circonstance. S’ensuit une joyeuse cacophonie (faut y aller pour comprendre pourquoi).
Ce genre de «niaiseux», lorsque exploité à la couleur typique d’un amuseur comme lui, peut être drôlement efficace. Ce le fut mercredi. L’éclat de rire de l’auteure de ces lignes (coucou!) fut spontané et senti.
Est-ce qu’en pataugeant dans le récit de sa vie, le prudent et émotif Martin Vachon joue justement trop de prudence, reste «safe» et se retient peut-être de s’aventurer dans une certaine zone de folie qui le distinguerait véritablement?
À la lumière de la finale de Ahh Caramel…, on se permet d’oser la question.
Le plus gentiment du monde.
Cela dit, Martin Vachon peut ne pas totalement satisfaire une critique, il a sa place bien à lui dans la sphère comique québécoise. Il y avait une généreuse file d’attente près de L’Olympia, mercredi, pour le prouver. Et l’auteure de ces lignes (OK, on vous laisse tranquilles avec elle) s’infiltrerait bien à sa fête d’anniversaire pour le voir s’éclater sans contrainte.
Alors, Martin, on enterre la hache de guerre?
Martin Vachon présente Ahh Caramel… en tournée partout au Québec (avec supplémentaires à Montréal les 11 et 12 avril).
Consultez son site web (martinvachon.ca) pour toutes les dates.
L’idée pouvait paraître saugrenue sur papier. L’univers du Matou transposé en comédie musicale? Le petit Monsieur Émile («MONSIEUR Émile, compris?!»), alcoolique et mal engueulé, allait chanter sa petite misère sur fond de la Binerie de l’avenue du Mont-Royal?
Seulement, rendons à César ce qui appartient à César: l’auteur Jessy Brouillard, à qui on doit le livret de la production, et le metteur en scène Joël Legendre, ont conçu un spectacle qui, sans être grandiose ou exceptionnel, s’avère hautement divertissant et émouvant, avec des chansons vitaminées et des chorégraphies exaltées. Qui rend dignement hommage au petit monde façonné par le grand écrivain Yves Beauchemin, puis amené au cinéma par le tout aussi marquant (et regretté) Jean Beaudin. Et qui fait exploser à la face du monde le talent d’un jeune interprète, Eliot Dupras (dans le rôle-titre), qui n’est probablement qu’aux balbutiements d’une carrière qui s’annonce prometteuse. Un peu comme un certain Guillaume Lemay-Thivierge avant lui.
Une comédie musicale créée de toutes pièces ici, bien de chez nous, pour une œuvre phare de chez nous, soulignant les 40 ans d’un des romans les plus vendus de l’histoire de la province: déjà, l’initiative était louable. On aime les franchises de Broadway à la Waitress; mais une création d’ici, dans notre joual, notre Montréal, notre réalité, c’est encore plus réconfortant.
Une scène de la comédie musicale Le Matou, avec Matthieu Lévesque, Nicolas Drolet et Marilou Morin / Crédit : Serge Cloutier
C’était, mardi, la première montréalaise de cette colorée mouture scénique du Matou, à la Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau. Et l’envie récurrente de siffloter et de s’attendrir nous a fréquemment envahis au gré des tableaux!
Fières chansons
L’histoire est connue: en 1974, l’idéaliste Florent, soutenu par sa compagne Élise, rêve d’acquérir son propre restaurant. Un mystérieux bougre du nom d’Egon Ratablavasky surgit de nulle part pour leur offrir une opportunité en or. Mais la proposition dissimule une supercherie. De magouille en revirement, Florent et Élise, épaulés de leur jeune protégé Monsieur Émile, du cuisinier français Picquot et du journaliste fouineur Gladu, parviendront à sortir la tête hors de l’eau. Mais la fin ne sera pas heureuse pour tous…
Sur la scène généreusement occupée de panneaux de décors mobiles (on passe de la ruelle à la Binerie, puis au salon de Florent et Élise, parfois côte à côte), textes autant qu’environnement mettent parfaitement en relief le va-et-vient de la population malfamée du quartier populaire de Montréal où se campe l’intrigue du Matou.
Les dialogues bien fournis mènent aux refrains tout aussi évocateurs, morceaux d’une trame sonore de très grande qualité, tant au niveau des paroles que des mélodies. Avec son chat, en ouverture, dans laquelle la faune des environs décrit habilement le petit bonhomme impoli qu’est le Matou et déplore son triste sort, suscite d’emblée la curiosité et donne envie d’aller plus loin. D’autres numéros aux ritournelles fortes, comme Les Chaudrons de Cléopâtre, Lucifer, Papillon et Qu’une vie, ainsi que la douce complainte Petit homme, retiennent aussi l’attention.
C’est simple: les airs du Matou reflètent bien le Matou. Le détail n’est pas anodin: si cette portion du Matou n’était pas réussie, jamais on n’aurait pu croire à l’ensemble de l’œuvre. Mais la mission est très finement accomplie.
Norman Carrière, alias Ratablavasky, dans une scène du Matou / Crédit : Serge Cloutier
Surtout, les comédiens habitent des personnages qui leur vont comme des gants. Bien sûr que Matthieu Lévesque et Audrey-Louise Beauséjour (dont la puissance vocale épate) rappellent les Serge Dupire et Monique Spaziani du long métrage de 1985. Martin Larocque (Picquot), Alain Dumas (Gladu), Norman Carrière (Ratablavasky) et Marilou Morin (Loretta, la mère d’Émile), brillent allègrement.
Craquant et solide
Par-dessus tout, Eliot Dupras (vu, entre autres, dans la série Les moments parfaits) constitue une révélation. Dans la peau du frondeur petit Monsieur Émile, évidemment vêtu de son mythique chandail lainé rouge rayé bleu, toujours, ou à peu près, flanqué de son chat Déjeuner, le petit garçon est aussi craquant que solide. Même en sacrant comme un charretier, le gamin démuni attire la sympathie, et la petite famille qui se tisse entre Florent, Élise et lui est parfaitement crédible. Mardi, la pièce À temps plein, où le couple entonne son affection pour son petit pensionnaire, a suscité de chaudes réactions au parterre.
Au fil des représentations du Matou, le garçonnet est interprété en alternance par Eliot Dupras et Diego Flint Djebari (lequel, souffle-t-on, est aussi talentueux que son vis-à-vis). Rappelons qu’à l’origine, Théodore Lemay-Thivierge, fils de Guillaume, et sa maman Émily Bégin, devaient personnifier Émile et Loretta dans le projet, mais ils se sont retirés par souci d’horaire trop chargé. Une décision qui n’avait rien à voir, a-t-on beaucoup répété, avec les événements du début de l’année impliquant Guillaume Lemay-Thivierge.
À tout juste 6 ans à l’annonce de la comédie musicale du Matou, l’an dernier, le petit Théodore n’avait peut-être pas encore la maturité nécessaire pour assumer une telle partition.
Une scène de la comédie musicale Le Matou, avec, entre autres, Matthieu Lévesque / Crédit : Serge Cloutier
Pour revenir à la prestation, il a évidemment fallu condenser la riche trame du Matou (plus de 660 pages en format poche) pour lui permettre de tenir en 1 h 45 (avec entracte). Miracle (rare pour une comédie musicale): aucun segment ne s’étire en longueur et le rythme est efficace.
Il nous tardera de replonger dans le bouquin (fraîchement réédité chez Québec Amérique), voire également dans le film (disponible dans le répertoire Éléphant d’illico sur demande), pour départager et comparer ce qui a trouvé place dans cette réinvention actualisée de notre classique qu’est Le Matou.
Assurément, considérée indépendamment, cette fresque théâtrale est un magnifique hommage, honnête et respectueux, à un beau bijou de notre patrimoine culturel.
Le spectacle Le Matou est présenté à Montréal jusqu’au 10 novembre, et partira en tournée par la suite.
Consultez le site officiel (lematou.ca) pour toutes les dates.
En plein blitz de promotion pour la sortie du film Le cyclone de Noël, dont il est l’un des producteurs et qui arrivera dans les salles de cinéma le 8 novembre, Louis Morissette nous met déjà l’eau à la bouche en révélant quelques détails sur le prochain long métrage de sa boîte KO24 (aussi derrière Le mirage, Le guide de la famille parfaite et Lucy Grizzli Sophie)
Dans cette œuvre intitulée Transpositions, Louis Morissette lui-même incarnera… une femme trans.
«C’est l’histoire d’un scénariste de 50 ans qui ne travaille plus, et qui pense que c’est à cause des quotas. Alors, il fait croire qu’il est trans pour pouvoir travailler… Et son projet est alors accepté. Il devra vivre cette double vie», a relaté le comédien et homme d’affaires à notre journaliste, lundi.
Le scénario de Transpositions, une comédie dramatique à laquelle la SODEC a récemment accordé son financement, est signé Gabrielle Boulianne-Tremblay et Jean-François Léger (Marco Lachance, L’œil du cyclone, Mes petits malheurs, Le guide de la famille parfaite). Gabrielle Boulianne-Tremblay est la première femme trans au Canada à avoir obtenu une nomination aux prix Écrans canadiens comme meilleure actrice de soutien pour son rôle dans le film Ceux qui font les révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau. Son roman autofictif La fille d’elle-même, paru au début 2021, a été encensé un peu partout, fut sacré best seller, en plus de recevoir le Prix des Libraires du Québec 2022.
Comme comédienne, on l’a notamment vue, aussi, dans les séries Une autre histoire et M’entends-tu? Gabrielle Boulianne-Tremblay sera également en vedette dans Transpositions; elle personnifiera la muse de notre «scénariste frustré», une personne qui inspirera ce dernier… sans nécessairement avoir conscience d’à qui elle a affaire!
«Il ne connait rien à la réalité des trans. Alors il doit se coller à des personnes qui connaissent ça», a précisé Louis Morissette au sujet de son personnage.
Bien sûr, Louis Morissette anticipe que le propos de Transpositions pourrait choquer, heurter des sensibilités, générer une levée de boucliers et susciter toutes sortes de commentaires. «Yes!», a-t-il crâné avec un sourire assumé lorsque nous lui avons demandé s’il est préparé à un potentiel tollé médiatique.
«Ils appelleront l’auteure! C’est une personne trans qui l’écrit», a-t-il sifflé.
Jean-François Asselin (Plan B) sera le réalisateur de Transpositions, dont la date de sortie n’est évidemment pas encore annoncée pour l’instant.
Le cyclone de Noël: un marathon!
Louis Morissette ne cache par ailleurs pas sa fierté devant le travail accompli par son équipe pour Le cyclone de Noël, film du temps des fêtes dérivé de l’univers de la comédie bien connue L’œil du cyclone.
Dans Le cyclone de Noël, Isabelle (Christine Beaulieu) est désemparée de constater que sa marmaille a d’autres projets, pour le 24 décembre, que de passer le réveillon en famille, et multipliera les entourloupettes pour convaincre les siens de revenir à la bonne vieille tradition. Tous les protagonistes bien-aimés des téléspectateurs de L’œil du cyclone y sont: Éliane (Véronique Cloutier), Jade (Emi Chicoine), Emma (Juliette Aubé), Jules (Joey Bélanger), Jean-François (Patrick Hivon), Mylène (Catherine Souffront), Louise (Danielle Proulx) et Michel (Luc Senay)… avec quelques apparitions surprises d’autres personnalités.
Le délai de production du Cyclone de Noël, a raconté Louis Morissette, fut «épouvantablement court». L’idée devait d’abord prendre la forme d’une émission spéciale de Noël de L’œil du cyclone, qui aurait simplement été diffusée à la télévision. Or, le créateur était aussi, parallèlement, en discussion avec la direction de Radio-Canada pour développer un mode de production de longs métrages plus «léger» que le procédé habituel, costaud et parfois interminable, soutenu par les institutions de financement comme la SODEC et Téléfilm Canada.
L’affiche du film Le cyclone de Noël / Courtoisie Radio-Canada
Le cyclone de Noël est ainsi devenu l’un des premiers titres à prendre corps de cette façon, financé en grande partie par Radio-Canada et les crédits d’impôts, avec une participation minime de la SODEC et Téléfilm Canada.
Le fait d’avoir déjà sous la main le matériel lié à L’œil du cyclone (comme les décors) et une distribution prête à tourner a grandement facilité le processus.
Le film profitera d’abord d’un bon séjour en salle, d’environ deux mois (Morissette ne cache pas entretenir certaines attentes de résultats au box-office), puis aboutira dans la section Véro.tv d’ICI TOU.TV EXTRA.
«C’est une comédie franche, un genre difficile à écrire. On est dans le même ton que L’œil du cyclone, en 90 minutes. Les gens me disent beaucoup qu’ils regardent L’œil du cyclone avec leurs enfants de 8, 10, 12 ou 14 ans. C’est le co-viewing ultime!»
Quant à L’œil du cyclone, la cinquième saison débarquera sur la plateforme ICI TOU.TV EXTRA au début 2025, alors que le quatrième chapitre (déjà sur ICI TOU.TV EXTRA) sera relayé à la télévision traditionnelle d’ICI TÉLÉ à compter de janvier. Une sixième saison flotterait déjà dans l’air.
Louis Morissette, lui, poursuit la tournée de son spectacle Sous pression (dont son fils Justin assure la première partie). Sa compagnie KOTV travaille sur la comédie dramatique Gâtées pourries (dont nous vous parlerons sous peu), à venir sur Crave, et la version anglophone de Plan B. La division KoScène de sa compagnie (qui produit notamment l’excellent one-woman-show de la sensation Mégan Brouillard, dont vous pouvez lire notre critique ici) se porte apparemment très bien.
Et, surprise: Louis Morissette s’apprête même à lancer une marque de café froid en cannette.
«Ça sort dans trois semaines», s’est-il borné à répondre à cet égard.
La planète vedettes a frétillé l’été dernier lorsqu’une publication artistique a rapporté une rumeur voulant que les humoristes Guillaume Pineault et Korine Côté formaient un couple.
Une idylle qui n’aurait pas été impossible, puisqu’on ne connaissait pas de nouvelle amoureuse à Guillaume depuis sa rupture d’avec Anne-Élisabeth Bossé, à l’automne 2022. Quant à Korine Côté, on apprenait en début d’année qu’elle était désormais séparée de l’auteur Simon Cohen, le papa de son fils de 5 ans. On sait par ailleurs que Guillaume et Korine se connaissent depuis longtemps; ils avaient notamment participé en duo à l’émission Les dieux de la danse, en 2018.
Or, Guillaume et Korine n’ont pas laissé les ouï-dire s’emballer très longtemps. Le 2 août, les deux artistes publiaient une rigolote vidéo sur Instagram, dans laquelle, lors d’une conversation en visioconférence, ils se moquaient de ladite «nouvelle» les unissant l’un à l’autre.
Toutefois, la fin de la capsule nous laissait sur une note ambiguë: les deux interlocuteurs laissaient entendre qu’ils se «rejoindraient au salon» une fois la conversation terminée.
Qu’en est-il exactement? Nous avons profité d’une entrevue récente avec Guillaume Pineault, sur le tapis rouge de la première du nouveau spectacle de son ami Louis T, Mâle alpha (voyez les photos ici et lisez la critique ici), pour faire la lumière sur cette affaire de la plus haute importance…
Et Guillaume a juré que «l’histoire de Korine, ce n’est vraiment pas vrai».
«Je ne sais pas d’où ça part», a-t-il ajouté. «Les gens ont viré complètement fous avec ça! La vidéo était un peu pour rire de ces gens-là… Mais je pense que ça les a encore plus mêlés! (rires) Je ne sais pas quoi dire…»
Dossier réglé?
Seulement, Guillaume nous a aussi informés, du même souffle, qu’il est quand même en couple actuellement.
«J’ai une copine», a-t-il échappé. Mais celle-ci ne serait pas connue, et Guillaume ne tient pas à la présenter publiquement pour l’instant.
Professionnellement, Guillaume Pineault surfe actuellement sur de très beaux projets. Sa tournée Vulnérable, entamée en mars 2024, va apparemment très bien. «Les billets se vendent et la réponse est bonne. Ça me touche au plus haut point.»
Celui qui collabore régulièrement à l’émission Véronique et les Fantastiques, à Rouge, songe en outre à un nouveau livre, deux ans après la sortie de son ouvrage Elle r’viendra pas, Camille: Journal d’un amoureux (un peu niaiseux). L’auteur a obtenu un joli succès avec le récit de ses anciennes histoires d’amour, et semble-t-il que la maison d’édition Cardinal serait intéressée à publier de nouveaux écrits de sa main.
«Les gens m’en parlent beaucoup. Je ne suis pas fermé à l’idée. J’ai des idées pour un prochain livre», a mentionné Guillaume… signalant au passage que ses anciennes flammes ne seront pas à l’avant-plan, cette fois!
Mégan Brouillard à la première montréalaise de son spectacle Chiendent, le 22 octobre 2024, au Gesù.
Si vous avez trouvé Mégan Brouillard impertinente lors de son passage à Tout le monde en parle, dimanche dernier, son spectacle Chiendent n’est peut-être pas pour vous. Les sacres vous sillent dans les oreilles? «Un acouphène tu vas faire à soir», prévient la nouvelle sensation en souhaitant la bienvenue à son public. Mardi, au Gesù, celui de sa première montréalaise était de toute façon déjà conquis.
Toutefois, nuançons d’emblée: Mégan ne sacre absolument pas comme un charretier. Quand la vulgarité se pointe le nez dans son propos, c’est qu’elle y a sa place.
Parce que Mégan a la grossièreté fine.
Pertinente, même.
En revanche, s’il vous démange de découvrir une humoriste de 25 ans à la couleur unique, qui assume son accent autant que son bagage de région (Drummondville, n’allez pas l’obstiner comme une dame s’est déjà risquée à le faire), p’tite baveuse à la réplique acérée, intelligente, fille du peuple, pieds sur terre, arrogance fière, textes riches d’expérience aussi personnelle qu’universelle, punchée, franchement drôle et sympathique: zieutez vers Mégan et son décor de lampes sur pied, la valeur est déjà sûre.
Il n’en émerge pas souvent, des singulières comme elle. C’est réjouissant, de sortir d’une salle en éprouvant le sentiment d’avoir fait la connaissance d’un nouveau talent si prometteur. Mégan mène son bonhomme de chemin depuis sa sortie de l’École nationale de l’humour en 2020, s’est farci le circuit des festivals et des chroniques nécessaires à tout début de notoriété, a promu son minois au Prochain stand up, au 5@7 de RDS, à Je viens vers toi, au Gala Mammouth à Bonsoir bonsoir et au micro de Véronique et les fantastiques.
Mais un premier spectacle, c’est le grand test. Et, avec l’aide de Matthieu Pepper pour sa mise en scène et sa script-édition, Mégan Brouillard a su faire de son premier one-woman-show une formidable carte de visite, qui raconte bien la jeune femme dégourdie qu’elle est.
Bienvenue chez Mégan
Chiendent constitue une porte grande ouverte sur son univers. Les membres de sa famille deviennent d’hilarants personnages, de la trempe de ceux qui peuplent nos mondes à tous. Sa grand-mère Monique «su’l nerf», son oncle Dédé qui lui a appris à cracher loin, son frère Matis au Q.I peut-être variable selon les saisons, ses parents, «deux imbéciles», désormais à sa charge, parce qu’elle devient en vieillissant elle-même la mère de maman Sylvie (collée à son iPad) et papa François.
Une famille qui s’aime beaucoup, mais se le dit très peu.
«On a plus entendu le mot ski-doo que je t’aime», avoue Mégan, à la fois candide et mature.
Mégan Brouillard à la première de son spectacle Chiendent, à Montréal, le 22 octobre 2024 / Crédit : Serge Cloutier
Le phrasé relâché évoquant son emploi d’adolescence au Village Québécois d’Antan surprend une seconde au début. Mais on s’y habitue instantanément, en constatant de quel bois se chauffe la p’tite Brouillard. Ses textes sont tellement suffisamment imagés et joliment tournés pour qu’on ne veuille pas en rater une virgule.
Si le joual était dentelle, il sortirait de la bouche de Mégan Brouillard.
Elle commence d’ailleurs son monologue en discourant sur «le nerf de la guerre de la parlure» et en exprimant avec justesse que ce n’est pas d’où l’on vient qui est important quand on cherche à connaître quelqu’un, mais de qui on vient.
«Ça prend un village pour élever un enfant et une famille pour te le fucker», analyse celle dont les tantes couraient les marchés aux puces, et les oncles, les tires de tracteurs. Elle-même a connu enfance de concours du plus beau pis de vache et de manèges pas trustables.
Les tunes de bière froide et de femmes chaudes, qui écoute ça?
«Nous autres! On écoute ça en faisant brûler des tires!»
Grande magasineuse («Moi, mets une chaudière de pisse à 50% de rabais, et j’y pense»), adepte des «vraies» friperies, pas celles qui servent du lait d’avoine («Une vraie friperie, tu te mettrais rien dans ‘yeule qui vient de là»), Mégan Brouillard a ses critères bien à elle pour l’achat d’un jeans, qui impliquent les gens qu’elle aime, et ceux qu’elle n’aime pas.
En cette période de rectitude politique, l’amour pour les fumeurs de Mégan Brouillard se ressent et fait un bien fou.
Savez, ceux «qui ont les poumons noirs et le cœur à la bonne place», ceux qui sortent en griller une même lorsque branchés à un soluté à l’hôpital?
Mégan Brouillard sur scène à la première de son spectacle Chiendent, au Gesù, à Montréal, le 22 octobre 2024 / Crédit : Serge Cloutier
Qu’elle méprise les élites de Brébeuf et leurs cours de latin (elle peut s’en «câlisser ad vitam aeternam»), qu’elle compare sa vie de célibataire à celle de ses amis en couple – faut dire qu’elle n’attend pas tellement l’âme sœur («J’ai déjà cherché un élastique à cheveux avec plus de rigueur») – qu’elle fasse l’éloge des rides et des cheveux blancs (parce qu’elle n’a pas «assez de small talk en [elle]» pour supporter de trop fréquentes visites chez la coiffeuse), Mégan Brouillard se révèle une perle d’authenticité.
Que c’est inspirant, de l’entendre répéter: «Le temps va me passer dessus, je vais pas me défendre»!
On vous le dit: Mégan Brouillard est le nouveau feu d’artifice dans le ciel de l’humour québécois. Qui pétarade fort, qui en met plein la vue et qui nous donne hâte à sa prochaine explosion. L’ovation bruyante qui a couronné sa prestation, mardi, en disait long.
Charles-Antoine Des Granges: Gros coup de coeur
En première partie de Chiendent, Charles-Antoine Des Granges sera-t-il taxé de grossophobie parce qu’il place son imposante stature (6 pieds 3, 350 lbs) au cœur de son numéro?
Charles-Antoine Des Granges assure la première partie du spectacle Chiendent, de Mégan Brouillard / Crédit : Serge Cloutier
Souhaitons que non, parce que son autodérision est plutôt divertissante. On compatit avec le gaillard «plus grand, plus gros, plus large que tout le monde», à qui le papa donnait 10$ par semaine, quand il était jeune, pour compléter 12 «tours du bloc» en marche rapide pour le voir perdre du poids. Son premier emploi de père Noël et une récente tentative de faire un tour de Goliath, à La Ronde, lui fournissent également beaucoup de matière comique.
Mégan Brouillard présente son spectacle Chiendent en tournée partout au Québec.
Visitez son site Web (meganbrouillard.com) pour toutes les dates.
Véronic DiCaire s’apprête à revivre un chapitre marquant de sa carrière!
La douée interprète enfilera à nouveau l’été prochain les habits de Roxie Hart dans la comédie musicale Chicago, un rôle qu’elle avait tenu dans une autre version québécoise de la même production, en 2003.
Elle était alors entourée, sur scène, de Laurent Paquin, Kathleen Fortin et Anthony Kavanagh!
Plus de 20 artistes chanteurs-danseurs et un orchestre de 13 musiciens seront de la partie aux côtés de Véronic, dans cette nouvelle relecture de ce grand classique de Broadway, créé en 1975 par John Kander, Fred Ebb et Bob Fosse, qui a remporté une multitude de prix prestigieux. Un projet qui s’annonce de grande envergure!
Dans Chicago, deux femmes accusées de meurtre, Roxie Hart et Velma Kelly (qui sera cette fois incarnée par Terra Ciccotosto MacLeod), luttent pour la gloire et la liberté dans les années 1920. La pièce a propulsé des chansons bien connues comme All That Jazz, Cell Block Tango et Razzle Dazzle.
On savait depuis quelques mois que le Groupe Juste pour divertir (qui portait encore le nom de Groupe ComediHa! jusqu’à tout récemment, et qui s’est renommé dans la foulée de son acquisition du Groupe Juste pour rire) adapterait Chicago à l’été 2025.
Juste pour divertir poursuit ainsi la tradition bien implantée par Juste pour rire d’offrir au public de Montréal et Québec de fastueuses comédies musicales pendant la saison chaude. En 2024, c’est Waitress qui était à l’honneur; nous vous en parlions ici!
Quant à Véronic DiCaire, elle connaît une année pour le moins occupée : outre Chicago qui remplira son été prochain, la chanteuse, comédienne, animatrice et imitatrice prend aussi part au spectacle Bond Symphonique (avec Benoit McGinnis), et elle sera professeure de chant à Star Académieaprès les Fêtes.
Chicago sera présentée à l’Espace St-Denis de Montréal dès le 21 juin 2025, puis au Capitole de Québec à partir du 9 août 2025. Les billets sont en vente au chicagolacomediemusicale.com.
Messmer lors de la première montréalaise de son spectacle 13Hz, au Cabaret du Casino de Montréal, le 21 octobre 2024
Quand un artiste lance une nouvelle œuvre, il n’est pas rare qu’il définisse celle-ci comme sa «plus personnelle à ce jour».
Ou sa «plus mature».
Sa «plus aboutie».
Ou quelconque autre cliché surutilisé du genre.
Pas toujours. Pas systématiquement. Mais avouez que vous l’avez déjà entendue. Qu’il s’agisse d’un one-man-(woman)-show pour un humoriste, d’un album pour un chanteur, d’un roman pour un écrivain, le dernier-né est toujours le chouchou, le meilleur à nos propres yeux. Et ce n’est souvent pas faux. Bien sûr qu’on s’améliore avec le temps. Il faut bien que l’expérience acquise d’un projet à l’autre, au fil des années, serve un brin.
Maintenant… Messmer pourrait-il en affirmer autant de son quatrième spectacle, 13Hz, parti pour une longue virée d’au moins un an, ici comme en Europe?
S’agit-il du joyau le plus poli et peaufiné de son répertoire?
Messmer en action lors de la première montréalaise de son quatrième spectacle, 13Hz, au Cabaret du Casino de Montréal / Crédit : Serge Cloutier
Hélas, non. Loin de là.
Jugez-en par vous-mêmes. En janvier 2012, au Centre Bell, alors qu’il battait un record d’hypnose de 422 spectateurs au Centre Bell, Messmer avait demandé à ses «victimes» d’interagir avec des martiens. L’auteure de ces lignes y était, 12 ans plus jeune d’âge et de naïveté devant les prouesses du même amuseur.
En 2024, les complices momentanés de l’hypnotiseur se sont à nouveau transformés en martiens. Pour l’auteure de ces lignes, la deuxième fois, plus d’une décennie (et une pandémie) plus tard, c’était un peu moins drôle.
Dans ses précédents opus – Fascinateur (2007), Intemporel (2012) et Hypersensoriel (2017) –, Messmer envoyait ses «magnétisés» dans de faux voyages vers l’espace, leur faisait croire qu’ils étaient empêtrés dans un nid d’abeilles, simulait avec eux un tour de l’Exposition universelle de Paris, les enjoignait de donner des câlins ou d’entonner My Heart Will Go On.
Dans 13Hz (dont le titre évoque la fréquence à laquelle circulent les ondes alpha du cerveau à l’état de relaxation), Messmer les incite à se tortiller dans une serviette sur la plage ou à personnifier des pompiers. Il convainc une dame mature qu’elle est incapable de solutionner un innocent casse-tête pour enfants (et en profite pour appeler ses propres filles de 7 et 3 ans à la rescousse; «C’est facile!», s’exclame la cadette). Il persuade ensuite un petit groupe d’une victoire à la loterie («F*ck You, patron!»), avant d’y créer la bisbille en annonçant que le billet gagnant était invalide. Après un (faux, évidemment) accident de voiture, la fête se termine dans un dj set, avec Messmer aux platines, comme à Ibiza.
Messmer en train d’hypnotiser des sujets à la première montréalaise de son quatrième spectacle, 13Hz / Crédit : Serge Cloutier
Rien qui ne soit destiné aux personnes enceintes, en convalescence ou sous l’effet de drogues ou d’alcool, répétera l’hôte à maintes reprises.
Le tout, sans grande mise en scène ou scénographie. Des projections (jolies) sur panneaux rectangulaires, des éclairages colorés à thématique fleurie (sympas), la sempiternelle rangée de chaises accueillant les «réceptifs» au fatidique «compte de 3», l’incontournable écran retransmettant les faits et gestes incriminants, la musique tout droit sortie de n’importe quel film de science-fiction… Le show réside surtout dans les réactions de l’humain «possédé».
Non, Messmer n’a jamais offert l’élite du divertissement.
Arrivé à son quatrième spectacle, il aurait pu approfondir ses numéros.
Plus substantiel que, grosso modo, les faire se tortiller…
On entend L’Incendie à Rio trois fois dans 13Hz.
Bien sûr que c’est redondant, répétitif et, finalement, peu recherché. D’autant plus que, souvenons-nous, l’homme a longtemps officié à la télé en plus de mystifier les salles. Il fut un temps où TVA nous beurrait du Messmer (L’expérience Messmer, Messmer fascine les stars, Lâchés lousses…) autant que de publicités de Vidéotron.
Quelques « cobayes » à la merci de Messmer à la première du spectacle 13Hz / Crédit : Serge Cloutier
Mais, après toutes ces années, alors qu’on pourrait croire son art épuisé, sa méthode, dépassée, que les nouvelles générations d’humoristes pourraient le talonner, voire l’évincer, on se pointe au Cabaret du Casino de Montréal un bon lundi soir d’octobre pour la première médiatique de 13Hz, et on s’ébahit de constater à quel point l’assistance – à pleine capacité – est captivée, hilare, passionnée par les singeries des «cobayes» de Messmer.
Ce dernier a vendu plus de deux millions de billets en carrière, indique son site officiel. Il est une mégastar en Europe. Encore bien davantage qu’ici, nous souffle son équipe.
«Méfiez-vous des gens qui disent aimer le peuple, mais qui détestent tout ce que le peuple aime…», décrétait un respecté politicien.
Messmer pourrait résolument investir un effort pour élever l’originalité et la qualité générale de son contenu. Mais impossible de nier que les gens adorent le personnage. Les vedettes cachées qui se prêtent à un numéro musical très loin de leur zone de confort sous un costume infantilisant à Chanteurs masqués, les stars grimaçant de terreur ou de dégoût à Sortez-moi d’ici!, les participants d’Occupation doubleou Ma mère, ton pèrequi pleurent à qui mieux mieux, de sincérité ou pour la postérité: l’être humain se plaît à compatir avec ses semblables en position de vulnérabilité, à frissonner à la même cadence.
Messmer place ses sujets dans un état d’extrême, excessive fragilité, en s’emparant même de zones méconnues de leur cerveau. Et quoi de mieux, pour attirer les masses et engendrer un rire contagieux, que de taquiner gentiment des inconnus, de les humilier sans malice.
Messmer sur le point de faire des siennes avec ses « victimes » à la première du spectacle 13Hz / Crédit : Serge Cloutier
Pour peu que son procédé soit authentique, bien sûr. On ne relancera pas ici le débat qui a souvent fait rage autour de Messmer, à savoir si ses techniques sont bien réelles (et éthiques), si des acteurs sont impliqués dans le fatras.
Le running gag concernant un certain Jay Maloney, lundi (un homme «endormi» dont l’identité temporaire l’a suivi jusque pendant l’entracte) aurait très bien pu avoir été orchestré à l’avance, puis interprété par un bon comédien. Un quidam aurait aussi pu décider d’embarquer et de jouer le jeu pleinement, d’en rajouter plus que la demande du client, même, pour la cause.
Peut-être aussi que tout était vrai. Qui sait?
Après tout, il y avait encore quelques personnes – dont l’animatrice Isabelle Maréchal – endormies sur leur siège à la fin de la prestation…
Lundi soir, au Cabaret du Casino, il n’y avait que les cascades répétées de rires, les visages ahuris, les yeux ronds, obnubilés (mais pas toujours hypnotisés) par les pitreries de Messmer et ses invités d’un jour. Les tapements de mains endiablés quand ceux-ci descendaient «faire le train» au parterre, aux notes du foutu Incendie à Rio.
Qui serions-nous pour les snober?
Messmer présente son spectacle 13Hz en tournée. Consultez son site Web (messmer.ca) pour toutes les dates.
Louis T sur scène lors de la première montréalaise de son troisième spectacle, Mâle alpha
Son passage à Tout le monde en parle, dimanche dernier, laissait entendre que Louis T, dans son nouveau spectacle, allait se complaire dans l’étalage d’une angoisse de vieillir remâchant des clichés vieux comme le monde sur l’âpreté de la digestion et du sommeil passé 40 ans.
Ou dans une thérapie bon marché à la morale un peu mièvre sur la douleur d’être homme en ce monde cruel.
Mais, soyez sans crainte, Louis T n’a pas sacrifié sa fibre politique cynique et engagée pour se proclamer nouvel héritier de Guy Corneau, ou de François Massicotte et Peter MacLeod au niveau de l’humour facile. Mâle alpha, troisième one man show de celui qui, ironiquement, se définit comme l’antithèse du portrait qu’on s’imagine du mâle dominant suintant la testostérone, est plutôt une observation au sens large de la condition masculine, une réflexion amusée autour de ce que vit l’homme en 2024. De ce qui le préoccupe, le confronte. De ses améliorations et ses évolutions. De ses gaffes et ses faiblesses.
«La vie est difficile pour les hommes, dangereuse pour les femmes», résume-t-il après une ouverture abordant son manque de courage (il n’aurait jamais le cran d’aller à la guerre), son hésitation à se clamer fier d’être homme (il préfère l’appellation «content», on le laissera vous expliquer pourquoi) et où il condense bien les symptômes physiques du temps qui passe (quand l’ail devient une drogue du viol, ou qu’on doit choisir entre une entrée de pain ou un orgasme en fin de soirée lors d’un repas en couple au resto…) Son affirmation, étayée d’arguments pertinents, est percutante et donne le ton.
Louis T sur scène lors de la première montréalaise de son troisième spectacle, Mâle alpha / Crédit : Serge Cloutier
Le tour de la question
Louis T se moque donc de lui-même et taquine ses semblables sans méchanceté dans cette analyse sociologique à petite échelle fidèle à son style, implanté auparavant sur scène dans Objectivement parlant (2017), Vérités et conséquences (2019) et Sexe, politique et pandémie (2022) (ce dernier spectacle n’ayant vécu que sur le Web dans la foulée des confinements dus à la COVID-19). Le propos ne déborde pas toujours d’originalité, mais Louis T manie encore avec grâce le stand up de constatation et nous sort des sempiternelles anecdotes qui fournissent souvent la matière aux humoristes.
Au Théâtre Duceppe, où Louis T présentait Mâle alpha en première médiatique devant collègues et amis, mercredi, ça riait parfois jaune ou de malaise. Comme lorsque, jasant de paternité tardive, citant l’exemple de René Angélil, il a triomphalement annoncé avoir mis le doigt sur le «petit quelque chose de bizarre» de René-Charles: «Il a été dégelé!».
Idem pour son questionnement à voix haute sur le mot «mongole»; à la demande de qui a-t-il fallu arrêter de l’utiliser, celle des habitants de la Mongolie, des personnes touchées par la Trisomie 21 ou des personnes idiotes? Puis, on a presque senti des protestations s’élever dans la salle lorsque Louis T a décrété que la réussite et l’exécution de l’acte sexuel reposent grandement sur les épaules de l’homme et que la pression est plus grande sur celui-ci à cet égard.
«C’est glissant, hein!», a hasardé notre hôte, sentant le sujet sensible.
Pas peureux, il a enchaîné avec l’image de l’homme-tronc pour illustrer son point…
N’échappant jamais son fil conducteur (on salue la cohérence, la clarté et la fluidité de la prestation) Louis T s’avère parfois très inspiré, comme lorsqu’il discourt des trans (dont il n’a rien à foutre), des trans aux Olympiques (dont il n’a encore plus rien à foutre) et, de manière plus large, de tous les groupes marginalisés – selon lui – de la société (les laids, les gros, les boomers, les trans…) qu’il associe habilement à l’acronyme LGBTQ. Il peut aussi être très niais. L’envie de «ch*er» revendique honorablement sa place dans ce long monologue de 90 minutes. Utiliser nos fesses comme GPS, vraiment?
Mais, on était prévenus : Louis T allait exploiter, dans Mâle alpha, tous les recoins de la masculinité, qu’elle soit toxique («un concept de peu de mots», considérant le peu de verbe de certains de ses représentants) ou pas. Et il fait presque entièrement le tour de sa question. La vasectomie, l’intelligence de ses deux petits garçons (il les préférerait «imbéciles heureux»), le «congé de séparation» qui devrait être octroyé aux hommes ne sachant pas réagir à la rupture (d’ailleurs, pour qui croyez-vous que le Canadian Tire vend des draps, si ce n’est pour les hommes séparés?) et tout ce qui est aujourd’hui «mieux qu’avant», comme l’implication (encore relative, il semble en convenir) du père dans les responsabilités familiales (Louis T passe le balai chez lui, mais le laisse traîner ensuite pour que sa conjointe le félicite, il emmène les petits à leurs rendez-vous médicaux sans connaître leurs bobos), en plus de son propre trouble du spectre de l’autisme: Louis T a visiblement beaucoup étudié son objet de recherche avant de monter sur les planches pour nous en documenter la conclusion.
Cela dit… en est-il fier?
Louis T sur scène lors de la première montréalaise de son troisième spectacle, Mâle alpha / Crédit : Serge Cloutier
Talentueuse Jessica Chartrand
En levée de rideau, l’étoile montante Jessica Chartrand, dont le nom s’impose graduellement dans les galas d’humour et en première partie de ses collègues, a été efficace avec un texte traitant essentiellement de son lesbianisme et de l’homosexualité de son papa, avouée sur le tard. C’était excellent.
L’humoriste Jessica Chartrand assure la première partie du spectacle de Louis T, Mâle alpha / Crédit : Serge Cloutier
En fait, elle a été aussi efficace que l’an dernier, le 21 novembre 2023, au Gesù, lorsqu’elle avait réchauffé l’ambiance à la première de Pelote, le spectacle de Michelle Desrochers, où elle nous avait servi à peu près le même numéro, à quelques phrases près. Jessica Chartrand semble bourrée de talent; ne lui restera qu’à peaufiner et à renouveler son matériel un brin…
La tournée Mâle alpha, de Louis T, s’arrêtera un peu partout au Québec dans la prochaine année.
Visitez le site Web de l’humoriste (louist.ca) pour toutes les dates et ne manquez pas les photos de la première!
Guylaine Tremblay dans une scène de Veille sur moi
Guylaine Tremblay en a gagné, des trophées Artis. En a reçu une flopée, de marques d’affection du public. Au point où certains trouvaient à une certaine époque que c’en était presque trop, à l’époque d’Annie et ses hommes, puis d’Unité 9. Mais, que voulez-vous, quand les Québécois aiment, ils aiment pour longtemps!
La comédienne de 64 ans – c’était son anniversaire récemment, le 9 octobre! – est encore extrêmement active, enchaînant chaque année les projets stimulants à la télé et au théâtre (elle incarnera même la grande Janette Bertrand sur les planches au printemps prochain…). Qu’elle s’arrache le cœur dans du drame (comment oublier Unité 9 ou, plus récemment, Anna et Arnaud?) ou s’éclate dans la comédie (elle renouait l’an dernier avec sa Caro de La petite vie, était hilarante dans Nos Belles-Sœurs et participera à sa sixième édition du Bye Bye à la fin de l’année), Guylaine Tremblay brille, se démarque et nous fait vivre de sincères émotions. On s’en émeut moins maintenant, tant la dame est présente un peu partout, mais Guylaine Tremblay est résolument l’une de nos très grandes actrices.
Guylaine Tremblay lors du visionnement de presse de Veille sur moi / Crédit : Serge Cloutier
Elle le prouve encore dans Veille sur moi, nouvelle minisérie de six épisodes fraîchement débarquée sur ICI TOU.TV EXTRA, où Guylaine s’avère bouleversante dans la peau d’une grand-maman au grand cœur d’un milieu modeste, Maggie Bougie, qui se bat pour protéger son petit-fils de quatre ans. Pascale Renaud-Hébert, tout aussi excellente, personnifie Corinne, sa fille déboussolée, mère de l’enfant, qui voudrait bien ravoir la garde de son fiston, mais que ses démons ralentissent à se prendre en main.
Absence pesante
Au commencement de Veille sur moi, Corinne rapplique sans préavertissement. Trois ans et demi plus tôt, elle avait confié son bébé à sa mère, apparemment pour un après-midi. Elle s’est plutôt évaporée dans la brume, ne se rapportant que sporadiquement au téléphone, partie sur le party avec un amoureux du type peu recommandable, le toxique Joey (Guillaume Laurin). Son absence date de si longtemps que son garçonnet, Zack, ne la reconnaît pas. (Note de la plus haute importance : le petit Jérôme Hébert, qui interprète Zack, est mignon à faire fondre, et joue avec un naturel désarmant! Et il n’a aucun lien de parenté avec Pascale Renaud-Hébert, soit dit en passant). Le gamin jouit d’un quotidien sain et stable avec sa grand-mère, avec qui il est heureux et encadré.
Maggie devient méfiante aussitôt qu’elle aperçoit sa fille. Celle-ci jure ne plus consommer, avoir quitté Joey, avoir l’intention de s’enraciner et de se responsabiliser. Elle paraît sincère. Maggie la croit. Veut la croire. Mais Corinne ne tardera pas à dégainer de trop gros sabots, désireuse de reprendre son enfant, sans égards pour les sentiments de Maggie qui s’y est consacrée corps et âme pendant trois ans et demi. Celle-ci, non seulement inquiète de la condition de son héritière, ne veut évidemment pas perdre le petit bonhomme qui représente tout son univers.
Pascale Renaud-Hébert et le petit Jérôme Hébert dans une scène de Veille sur moi / Crédit : Danny Taillon / Courtoisie Radio-Canada
La DPE (Direction de la protection de l’enfance, équivalant de la DPJ) devra rapidement s’en mêler. Quels seront les droits de Maggie, protégée par aucun papier légal? Or, derrière les différends, violents, on ressent toujours l’amour profond qui unit Maggie et Corinne. Un rapport affection-haine qui aura tôt fait de perturber le vulnérable Zack.
Après quelques soubresauts, les deux femmes parviendront à trouver une erre d’aller. Mais Corinne reste fragile. Et impulsive. Bien sûr que son manipulateur Joey n’acceptera pas de se faire ainsi larguer. Quand surviendra l’ultime cassure, au quatrième épisode, les choses se détérioreront sérieusement. Et Corinne aura des cartes dans sa manche, puisqu’elle-même est une ancienne protégée de la DPE, Maggie ayant jadis connu ses périodes tumultueuses quand sa progéniture était petite.
Pascale Renaud-Hébert et Guillaume Laurin dans une scène de Veille sur moi / Crédit : Danny Taillon / Courtoisie Radio-Canada
Veille sur moi ne se campe pas en milieu aisé. Nous sommes ici dans un monde défavorisé, mais pas totalement pauvre, comparable à celui de M’entends-tu? Les personnages sont peut-être mal engueulés et peu éduqués, mais ils sont vaillants et ne se laissent pas abattre. La langue, belle, réaliste, rappelle celle de Michel Tremblay, peu châtiée mais venant du cœur.
De beaux personnages
Et tout l’entourage de Maggie, Corinne et Zack est aussi attachant que le noyau central. La délurée et pragmatique Samantha (Karine Gonthier-Hyndman), amie de Maggie comme de Corinne, sera coincée entre l’arbre et l’écorce. Yolanda (Fabiola N. Aladin), l’éducatrice de Zack au centre d’entraide, voit d’un très mauvais œil le retour de Corinne, ne pensant qu’au bien-être du chérubin. Jean-Philippe (Étienne Lou) est un gentil jeune papa qui fait de l’œil à Corinne, tandis que Mario (Luc Senay), patron de Maggie au restaurant où elle est une serveuse très appréciée, use de douceur et de patience pour apprivoiser cette dernière.
Spécifions que tant Guylaine Tremblay que Pascale Renaud-Hébert portent cette fiction dans leurs tripes; la première en a eu l’idée originale, sensible au sort des grands-parents de sa génération et elle-même amoureuse folle de sa petite-fille (dont elle nous parlait ici!), et la seconde en signe les textes. Comme elles l’ont raconté à Tout le monde en parle la semaine dernière, Guylaine tenait à ce que ce soit Pascale qui écrive Veille sur moi, séduite par le style sensible et vrai de cette dernière. Pascale a aussi cosigné M’entends-tu?, In Memoriam, Sans rendez-vous, et plusieurs autres émissions. Veille sur moi est sa première fiction complète en solo.
Le petit Jérôme Hébert, alias Zack, dans une scène de Veille sur moi / Crédit : Danny Taillon / Courtoisie Radio-Canada
Le réalisateur Rafaël Ouellet (Aller simple : Survivre, Double faute, Ruptures, Blue Moon, Nouvelle adresse, etc) a parfaitement rythmé cette histoire poignante, dirigeant ses têtes d’affiche de main de maître.
Et c’est Pamplemousse Média, l’entreprise de France Beaudoin, qui produit Veille sur moi. Une première fiction pour une boîte déjà reconnue pour ses variétés et ses documentaires de qualité (Maman est malade,En direct de l’univers, On ramassera demain, Je viens vers toi) et pas la dernière, gageons-le.
Les 6 épisodes de Veille sur moi sont déjà disponibles sur ICI TOU.TV EXTRA et seront diffusés à la télé traditionnelle, sur ICI TÉLÉ, en janvier.