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Confession d’une nomade clouée au sol

(CHRONIQUE)

Je suis une nomade en pause depuis l’hiver 2018-2019. Une situation hors de mon contrôle m’avait ramenée à Montréal à la vitesse de l’éclair et pendant plusieurs mois, je n’ai pas osé partir bien loin. Puis, quelque part en 2019, je me suis promis d’avoir mis les pieds sur tous les continents avant mes 30 ans (c’est genre dans une semaine…).

Je m’apprêtais à repartir au printemps dernier quand le confinement s’est déclaré. Et je dois avouer qu’au départ, j’étais hyper reconnaissante. Reconnaissante que mon voyage ait été annulé en janvier, en prévision de la situation actuelle. De ne pas avoir dépensé. Et, SURTOUT, de ne pas avoir été à l’étranger à ce moment.

Sauf que mon ressort est bien vite revenu au galop. Mon besoin de m’échapper, de sortir de mon quotidien, de prendre une pause. Habituellement, je pars des fins de semaine en campagne ou en montagne, mais avec l’accès restreint aux transports en commun, c’était également plus difficile.

J’ai décidé, à la fin de l’été, que j’en avais assez d’être une nomade en pause, que j’avais besoin de retrouver mes habitudes de nomade malgré toutes les restrictions.

Ça fait que j’ai lâché ma job, comme je sais si bien le faire. Plus on démissionne, plus ça devient facile, qu’y disent. Puis, j’ai booké un billet d’avion, j’ai vidé la chambre que je louais et hop!

Sauf que j’avais oublié… J’avais oublié comment faire des bagages légers. Quoi apporter. Que je n’avais pas besoin de grand-chose finalement. Bref, j’ai oublié beaucoup de choses.

Je suis arrivée à l’aéroport, c’était pareil, mais différent. L’aéroport aussi avait pris ses airs de COVID avec des points de contrôle, des stations de désinfectant et des X rouges partout. J’ai placé moi-même mes bagages sur le porte-bagages, sans aide. Pendant que je faisais mon check-in, il n’y a eu aucun membre du personnel qui a proposé de m’aider. Oui, je sais comment faire! Mais je me sentais rouillée. Comme dans un monde surréel.

L’aéroport était désert. On a pris ma température pour s’assurer que j’étais en santé; j’ai passé le point de contrôle en une minute. J’ai sonné. On n’a pas osé trouver ce qui sonnait. Finalement, j’ai été vérifiée avec un long bâton. Je ne sonne jamais! Mais j’avais oublié comment m’habiller pour ne pas sonner.

On attend pour entrer dans l’avion, mais avec une peur des autres, on reste loin en file. Partout, on tient notre cellulaire pour qu’il soit scanné sans que personne ne le touche. Idem pour la pièce d’identité à l’embarquement.

Même en file pour récupérer mes bagages, j’avais peur de frôler mes voisins en voyant mon sac sur le porte-bagages. Pourtant, habituellement, on demeure tous entassés en sardines devant les sacs qui défilent.

Mon cœur nomade est bien content de retrouver l’appel du « ailleurs », le bonheur de faire avec ce qu’on a et de se contenter de peu. Mais je dois avouer que j’ai bien hâte de ressortir mon passeport de son tiroir. Qui sait, peut-être en 2021? Une chose est certaine, je ne partirai plus jamais avec la même légèreté au cœur.

Il est recommandé aux citoyens canadiens et aux résidents permanents d’éviter tout voyage non essentiel à l’extérieur du Canada jusqu’à nouvel ordre afin de limiter la propagation de la COVID-19, mais les voyages à l’intérieur du Canada sont autorisés. Notre collaboratrice n’a pas quitté le pays; elle est encore au Canada, mais ailleurs. Pour plus de détails, visitez le site du gouvernement du Canada.

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Occupation Jay

(CHRONIQUE)

Je fais partie du club sélect des moins de 30 ans ayant encore un forfait de télé traditionnel. Je dis « sélect » pas parce que c’est cool, mais juste parce qu’on est très peu nombreux à en faire partie, pour des raisons, ma foi, plutôt évidentes (salut, les quarante-douze postes qu’on doit sélectionner pour pouvoir en regarder 3-4 qu’on veut réellement). Alors qu’on se sert de nos chaînes débrouillées pour des besoins spécifiques (mon amoureux pour les émissions de sport, moi pour toutes les émissions cringeworthy de soirée à TLC), on a quelques rendez-vous communs, au cours de l’année, dont Occupation Double, auquel on n’échappe pas.

Même si c’est maintenant disponible en ligne, je continue de le regarder sur ma télévision (avec les publicités et tout le reste), un peu par nostalgie (mais aussi parce que ça me fâche trop quand Internet plante en plein milieu d’une twist). J’ai grandi avec le phénomène, mais j’avoue avoir trouvé qu’il s’essoufflait au fil des saisons, au point où je ne suis plus certaine d’avoir écouté ne serait-ce qu’un épisode des dernières moutures avant son retour sur les ondes de Noovo, retour pour lequel j’avais hâte, sans trop me faire d’attente. Toutefois, depuis 4 ans, je suis pas mal impressionnée par le travail de la production, qui arrive à chaque épisode à maintenir le hype, même avec un rythme assez effréné de diffusion (parce que oui, tant qu’à y être, j’écoute les extras pis tout le reste). On a beau ne pas être d’accord avec tous les aspects du show, ça demeure quand même de la bonne télé et pratiquement la seule émission de masse dont je peux parler avec pratiquement n’importe qui (ce qui est un pas pire exploit, en 2020, avec toutes les plateformes de streaming disponibles).

J’ai écouté la « vraie » première, dimanche dernier, et une personne s’est particulièrement distinguée à mes yeux. Ce n’était pas un concurrent (quoique la saison s’annonce assez croustillante, j’ai l’impression), mais plutôt Jay Du Temple, qui m’a fait réaliser que si les participants sont le cœur du show, c’est lui, les poumons de l’émission. C’est vraiment grâce à lui que la course se maintient et qu’on ne pogne pas de crampe à l’abdomen.

Parce qu’on s’entend, ça prend bien quelque chose pour me faire embarquer dans cette émission-là. Et ce ne sont pas les paysages spectaculaires ou les candidats à la popularité éphémère qui me gagnent. C’est clairement la narrative, super bien ficelée par la production, mais tout aussi bien rendue par l’animateur. C’est drôle. J’ai du fun à le voir avoir du fun. Ça semble naturel, sincère.

Je pense qu’une partie de sa force d’animateur, c’est qu’il n’essaye pas tant d’en être un, justement. C’est souvent un risque pour un humoriste d’endosser ce rôle, mais sa manière d’aborder le tout fait qu’on peut juste reconnaître sa polyvalence, sans lui mettre une seule étiquette. Il y a un effet de proximité complètement fou avec lui, qui fait en sorte qu’il semble être en mesure de connecter avec les participants, mais aussi avec nous, grâce à son rôle de Gossip Girl des maisons d’OD. Et c’est fait avec tellement de transparence (autant au niveau des rires malaisés sur le tapis rouge live que par ses calls spontanés qui le rendent tellement humain), qu’on dirait juste qu’on retrouve un ami.

Il y a aussi tout le reste, au-delà de l’excellente job d’animateur, qui fait que j’aime Jay Du Temple. J’aime que son style soit unique, qu’il repousse la définition du trendy et qu’il porte du vernis à ongles (parce qu’à ma connaissance, les ongles ne sont pas associés à un genre en particulier et que des ongles colorés, ça a un pouvoir incontestable sur le moral, en cas de doute, try it). J’aime qu’il défende ses convictions et qu’il prenne la parole sur des sujets plus délicats, notamment à travers son podcast. J’aime qu’il demeure humble, même en ayant rempli le centre Bell. J’aime qu’il brise les stéréotypes, comme en endossant le tout nouveau rôle de Lady Pagaille (alors qu’on s’entend que ça aurait très bien plus être Lord Pagaille ou whatever). J’aime qu’il demeure proche de ses racines et qu’il soit aussi fier de ses parents. J’aime qu’il soit un exemple positif de réussite, pour les jeunes et les moins jeunes. Dans le fond, j’aime qu’il soit une belle personne.

Bref, j’ai bien hâte de voir ce que Occupation Jay nous réserve cette année, mais je crois que ça part plutôt en force!

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Moi, une intello issue de la diversité, j’ai hâte à OD Chez Nous

(CHRONIQUE)

Récemment, je discutais avec des membres de mon entourage à propos des nouveaux candidats d’OD Chez Nous. J’ai mentionné que je regardais assidûment l’émission depuis quelques années. On m’a regardée avec un air désabusé.

Auparavant, je n’avais suivi que la toute première saison d’Occupation Double en 2003 et celle qui se déroulait à Whistler avec le fameux Jimmy. Je n’avais pas du tout aimé le concept. Je me suis dit que ce genre d’émission était une perte de temps pour moi puisque je n’y apprenais rien de nouveau et qu’aucune diversité n’y était présentée.

Tant qu’à voir des inconnus faire du drame pour se faire connaître, j’aimais mieux m’en tenir à de la vraie fiction et voir des films. En plus, je me considérais bien trop intellectuelle pour ce type d’émission. Oui, c’est comme ça que je pensais.

Cependant, je me suis laissée emporter par l’engouement pour la nouvelle mouture d’OD en 2017. Je m’attendais quand même encore à des candidats stéréotypés et des émotions extrêmes. Je dois dire que mes attentes ont été réalisées sur ces points-là. Mais à ma grande surprise, j’ai réellement accroché à l’émission et je n’ai manqué aucun épisode depuis. Voici pourquoi:

Un peu de légèreté

Entre des cours de philosophie, des livres de croissance personnelle, des émissions sur l’histoire du 20e siècle et des lectures Wikipédia juste avant de dormir, j’ai réalisé que je ne m’intéressais qu’à des sujets considérés comme « sérieux ». Pourtant, j’ai aussi besoin de mettre mon cerveau à off.

Regarder Occupation Double m’amuse comme quand je vais voir une comédie ou comme quand je rencontre un ami qui me fait rire. Je sais que je vais passer un bon moment qui me changera les idées. Après tout, c’est ce que OD est supposé être à la base : du divertissement. Je ne me sens pas moins intello pour ça.

Et la diversité dans tout ça?

Est-ce qu’on peut dire qu’Occupation Double représente une vraie diversité culturelle, corporelle et sexuelle? À mon avis, pas vraiment, pas assez… Mais je dois reconnaître que la production fait de plus en plus de progrès pour l’acceptation de la différence, même si ça se fait à pas d’escargot. Je deviens de plus en plus habituée de voir des candidats de différentes origines ethniques et j’aime ça.

De plus, la production a finalement retiré cette année la question du poids sur le formulaire à remplir pour se porter candidat aux auditions pour encourager le plus de gens à s’inscrire. Mieux vaut tard que jamais, comme on dit?

Les enjeux sociaux

Combien de fois, en écoutant l’émission, je me suis demandé si j’avais déjà eu tel comportement ou un tel propos envers quelqu’un? J’espère sincèrement que les spectateurs deviennent de plus en plus sensibles aux différents enjeux sociaux et à leurs manifestations dans les émissions de télé-réalité, entre autres. Dans les dernières années, l’audience d’OD a été amenée à débattre sur plusieurs sujets importants comme le consentement, la méchanceté gratuite, le sexisme, le racisme et la représentation culturelle.

Je pense notamment aux propos racistes que Joanie et Élodie ont tenus dans OD Bali et aux commentaires problématiques que Renaud a eus envers Maude en Grèce. Je pense aussi aux propos choquants que plusieurs candidats ont eus à l’endroit de Kevin en Afrique du Sud.

Une partie de moi a de la misère à comprendre comment ces propos ont pu être banalisés et diffusés à la télévision. Une autre partie de moi en est venue à la conclusion qu’il est malheureusement nécessaire de montrer tout ça pour permettre aux débats d’avancer.

OD Chez nous est sur le point de commencer et j’ai hâte de voir ce que cela apportera de nouveau. Moi, une personne issue de la diversité qui se considère comme une intello, je regarde vraiment Occupation Double? Eh bien oui!

Avez-vous hâte que ça commence, vous aussi?

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Le MBAM présente l’oeuvre du Montréalais d’origine haïtienne Manuel Mathieu

Du 17 septembre 2020 au 28 mars 2021, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) présentera l’exposition Manuel Mathieu: Survivance, composée d’une vingtaine de tableaux envoûtants qui n’ont jamais été présentés au Canada ainsi que d’une installation créée spécialement pour l’occasion.

Manuel Mathieu, un artiste multidisciplinaire montréalais d’origine haïtienne, tire son inspiration de son existence et de ses racines. Son oeuvre est engagée et ses pièces sont le reflet de ses réflexions sur sa place dans le monde et de sa volonté de préserver l’imaginaire de sa terre natale.

Crédit:Manuel Mathieu

Engagé, il s’est intéressé aux conséquences des dictatures génocidaires des Duvalier sur Haïti, y portant un regard complexe puisque, d’un côté, son propre grand-père maternel a été colonel durant les premières années du règne de Jean-Claude Duvalier, alors que de l’autre, plusieurs membres de sa famille paternelle sont disparus sous ce régime. Toute cette histoire familiale tragique a contribué à inspirer l’artiste en constante quête identitaire.

« Je viens d’un pays à l’imaginaire complexe et riche. Entre catastrophes naturelles et instabilité politique, j’ai souvent le sentiment que ma mémoire est en voie de disparition. Les lieux de mon enfance sont à jamais altérés. Cette situation me force à cultiver et à enrichir mon propre imaginaire, car c’est ce qui devient ma réalité. J’aspire à une paix intérieure puisque la réalité est souvent insoutenable », révèle-t-il par voie de communiqué.

Crédit:MBAM / Survivance

Avec Survivance, Manuel Mathieu nous offre des oeuvres puissantes, pleines de contrastes et de tensions, aux couleurs aussi vives que les réflexions qui les ont inspirées.

Pour visiter l’exposition, vous devez acheter vos billets d’avance en ligne via le site du MBAM.

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Vivre une séparation en pleine pandémie

(CHRONIQUE)

Je n’aime pas parler de ce qui se passe actuellement avec la COVID-19, mais là, je considère que j’ai une bonne raison de le faire; je me sépare en pleine pandémie. Depuis le début de la crise, bon nombre de couples ont dû se rendre à l’évidence : consulter ou se séparer.

Moi, mon couple a décidé que c’était terminé après 2 ans de relation. Pas à cause du confinement, mais plutôt à cause de tout ce qu’on avait balayé sous le tapis, sans vraiment le vouloir. De devoir vivre en confinement et d’avoir momentanément une liberté très restreinte, c’est difficile à tous les niveaux. Encore plus lorsque ton couple n’a pas passé la balayeuse comme il se doit sous son tapis.

Nous venions d’emménager dans notre nouveau condo (loué et non acheté), puis – boom! -, un mois plus tard, la séparation nous frappe. Le dessous du tapis déborde de tous les côtés. Oups. Discussion après discussion, nous cherchons des solutions au plus vite. Verdict: je pars, il reste. Je suis bien avec notre décision, mais je m’ennuie, je suis stressée et aussi perdue.

On ne va pas se le cacher; nous vivons présentement une crise économique en plus d’une crise du logement. Les logements à prix raisonnables se font très rares. J’angoisse, je n’ai plus de repères, aucune routine, et on dirait que ma motivation est restée au chaud dans le condo. Où vais-je m’installer?

Je me compte chanceuse que cette situation m’arrive à ce moment précis de nos vies, car présentement, les services essentiels et moins essentiels (déménageurs, magasins de meubles) sont disponibles à nouveau après plusieurs mois de confinement. Mais ça n’empêche pas que la situation actuelle demande quand même plus d’organisation que d’habitude, en plus d’avoir certaines zones grises qui me provoquent de l’anxiété.

Je compatis énormément avec toutes les personnes qui, comme nous, se séparent en plein confinement. Aujourd’hui, nous sommes en paix avec notre décision. Nous sommes mieux ainsi, malgré tout ce que ça engendre comme casse-tête. C’est un coup à donner. J’utilise la méthode du journaling qui m’aide énormément face à cette situation. Si ce n’est pas pour vous, trouvez la méthode de gestion du stress qui fonctionne et qui vous fait du bien.

Je ne veux pas avoir l’air de vous donner des conseils, mais faites confiance à ce que vous ressentez. Si vous avez besoin d’aide, allez en trouver. Si vous vivez des frustrations dans votre couple, parlez-en à votre partenaire. Si vous voulez quitter votre relation, faites-le. Vous avez le droit d’être heureux.euse.

Avez-vous vécu une séparation dernièrement?

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Je suis amoureuse d’une personne obèse

(CHRONIQUE)

J’ai longtemps réfléchi au titre de cet article… Je suis amoureuse d’une personne obèse. Oui, okay, l’accent est mis sur la personne, mais le titre laisse sous-entendre que je l’aime parce qu’elle a ce surpoids… Non. Il est tout simplement difficile de trouver les bons mots pour aborder ce sujet, sans stigmatiser, ni ostraciser, ni fétichiser… Parce que cet homme que j’aime tendrement, je voudrais tellement qu’il se voit avec mes yeux.

Voici les mots que j’aimerais lui faire parvenir aujourd’hui.

Comme tout le monde, tu dois te regarder dans le miroir tous les jours pour t’assurer que tes cheveux sont en place ou que tu n’as pas un truc entre les dents. Tu l’évites tant que possible, mais tu y es inévitablement forcé, pour des raisons pratiques. Mais, chaque fois que cette confrontation survient, tu souffres. Tes yeux te renvoient un reflet que tu n’aimes pas. Est-ce le conditionnement forcé par la société qui a courbé la réalité de ce que tu vois? Parce que mes yeux à moi voient un ange, un doux ange.

Mes yeux à moi voient tes magnifiques yeux, dans lesquels un plongeon attire inévitablement ma bouche vers la tienne.

Quand tu me serres, il n’y a nulle part où j’aimerais être davantage. Ton corps enveloppe mon corps, et ensemble, nous formons la plus synchronique coquille de mer.

De tes sourcils à tes chevilles, j’y promènerais sans cesse mes doigts, mes paumes et j’embrasserais de mes mains toutes les parties de ton magnifique être.

Tout simplement, car magnifique, tu l’es.

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Enseigner au Nunavik

Le 10 août aura à jamais une saveur particulière. Une odeur de toundra. Un vent froid qui pénètre l’âme. Un écho de rire d’enfants et un soleil éternel qui ne se couche qu’au petit matin.

Il y a un an, je partais vivre la plus grande/grave aventure de ma vie. Enseignante au Nunavik. Moi qui avais toujours vécu ma carrière dans un cadre d’école privée. Une aventure que certains disent nécessaire (ils ne savent pas), que d’autres qualifieront de
belle expérience (ils ne comprennent pas). Je ne la qualifierai pas. Parce que je n’ai toujours pas trouvé les mots justes pour la définir.

Certes, elle m’a (re)définie comme personne. Elle a refait et écorché les contours de celle que j’étais. Étrangement, j’ai encore des flashbacks d’odeur du Grand Nord. De grands vertiges lorsque j’écoute Inscape d’Alexandra Streliski.

J’avais une amie qui enseignait déjà là-bas, qui s’est avérée être tout sauf une amie. Qui, voyant ma détresse, a préféré la qualifier de « faiblesse » et disparaître. Certains vivent le Nord comme la plus belle des aventures et y passent des années. Et il y a les autres. J’étais l’autre.

Je crois que certaines rides creusées par mes larmes ne s’estomperont jamais. J’ai été éblouie, surprise, déracinée, conquise. Terrassée, ébranlée, perdue, abattue. J’ai dépassé les limites de moi-même que je ne connaissais pas. C’était effrayant. Et effrayée, je l’ai été plus d’une fois dans mon exil volontaire.

Même si je n’y suis plus, une partie de moi est restée dans la toundra. Une belle partie. Une partie que je ne retrouverai jamais.

Crédit:Providence Baillargeon

J’entends encore les rires sonores d’Adamie et Harry dans le couloir avant la cloche. Les larmes de Susie que je console. La détresse d’Elaisa que je n’ai jamais su soulager. Le bruit de la détresse humaine. Les cloches des enterrements hebdomadaires. Le vent qui claque dans le drapeau en(core) berne. L’odeur des blizzards. L’impitoyable beauté du Grand Nord. Les enfants qui se tuent et qui tuent leur chiot par ennui. La beauté des aurores boréales enlacée dans les bras de celui que j’aime. La peur au ventre quand la balle de fusil traverse la fenêtre de mon salon une nuit d’octobre. Les journées sans soleil et sans joie. Le silence de l’isolement. La maison qui craque sous le poids des bourrasques de vent à 120 km/h.

Je ne retournerai jamais au Grand Nord. Mais le Grand Nord ne me quittera jamais plus.

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Mon cheminement personnel avec l’anxiété

Il y a quelque temps, j’ai eu une révélation, un matin banal, comme les autres, mais qui a mis en lumière les tenants de mon anxiété. Ce que je vous raconte est une histoire personnelle; je n’ai pas de connaissances ou d’études en psychologie. Ces réflexions sont le fruit de mon expérience en thérapie et pourront peut-être, je le souhaite, aider quelqu’un à réfléchir sur sa propre situation, parce que je sais que parfois, il peut être difficile, voire intimidant, d’aller chercher de l’aide.

Ma première observation sur l’anxiété

J’ai observé, avec les gens de mon entourage, qu’il est parfois difficile d’identifier la source de l’anxiété, parce qu’elle est souvent liée à une multitude de facteurs. Je ne suis pas différente des autres et j’ai longtemps cherché à comprendre les raisons de mon anxiété.  Aujourd’hui, après 1 an de thérapie à tout remettre en question (surtout à me remettre en question), j’ai réalisé le fondement de celle-ci.

Ce que la thérapie m’a appris

En thérapie, on m’a appris que le fondement de mes comportements était lié à des mécanismes de défense développés durant l’enfance face à des situations qui me mettaient en position de survie. J’ai internalisé ces comportements pour me protéger, mais en grandissant, j’ai oublié que je n’étais plus obligée d’avoir recours à ces mécanismes.

Par exemple, un de mes mécanismes de défense est de rejeter toute situation conflictuelle, toute situation d’opposition, parce que dans ma tête, ces situations sont associées à une conséquence, à un potentiel rejet ou à un refus d’amour. Ce mécanisme m’a malheureusement conduite à normaliser des comportements violents. J’ai appris que je n’étais pas en mesure de réagir émotionnellement pour mettre mes limites.

Ce que j’ai réalisé sur mon anxiété

J’ai réalisé que mon anxiété était liée à l’idée que je me faisais de moi dans certaines situations, de ma réponse émotionnelle souvent biaisée par cette perception erronée et qui n’était pas représentative de la réalité. Chaque fois, ça me ramenait à une chose; j’étais incapable de me battre pour moi-même, parce qu’on m’a appris à subir, à être accusée à tort, à réguler les émotions des autres, à être dans un moule qui n’était pas le mien pour ne pas déranger. On m’a appris à éviter d’exister.

Maintenant, je comprends que j’ai une forme de pouvoir sur cette anxiété, parce qu’avec de l’aide, beaucoup d’aide extérieure, beaucoup de vulnérabilité, je me suis centrée sur mon intérieur, mes émotions et le fonctionnement de mes mécanismes de défense. Évidemment, il s’agit de mon histoire personnelle, avec mes propres conclusions liées à mon parcours; elles ne sont pas représentatives de l’ensemble des personnes qui peuvent vivre de l’anxiété, mais en nommant les émotions qui créent mon anxiété, j’ai pu comprendre la source de celle-ci pour me déprogrammer.

Comment j’ai un pouvoir sur elle

Quand je dis que j’ai un pouvoir sur mon anxiété, c’est que maintenant, elle n’est plus quelque chose d’abstrait pour moi ou quelque chose que je suis obligée de subir. J’ai beaucoup plus de bienveillance envers moi-même et de patience. J’aborde mon anxiété avec beaucoup plus de détachement, parce qu’elle ne me définit plus, elle est maintenant une alliée, parce qu’elle m’aide à mieux me comprendre et à redéfinir qui je suis.

Avez-vous vécu un cheminement personnel semblable avec votre anxiété?

Ce texte ne remplace pas l’avis d’un.e professionnel.le. Si vous souffrez d’anxiété, appelez Écoute Entraide (Montréal : 514 278-2130/ Sans frais : 1 855 EN LIGNE (365-4463)) ou trouvez de l’aide au CLSC de votre quartier ou sur le site de l’Ordre des Psychologues du Québec.

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Un mois de découvertes locales avec le SOUK virtuel 2020

Oui, 2020 est une année bien particulière. Heureusement, il y a des choses qui ne changent pas! Comme notre amour des découvertes locales, par exemple. En plus, avec l’année que nous vivons présentement, c’est le moment idéal d’encourager les artistes et les designers d’ici en achetant leurs magnifiques oeuvres puisque la crise n’épargne personne, surtout pas les petits et moyens entrepreneurs locaux. C’est donc avec grande excitation qu’on vous révèle que cette année, l’incontournable SOUK aura lieu malgré tout, mais que c’est en ligne que ça va se passer et pour un mois COMPLET!

Crédit:Alex Lesage / SOUK

Eh oui, un mois de découvertes locales nous attend en ligne du 17 novembre au 17 décembre prochain avec la 17e édition du SOUK! Non mais, ça donne envie de crier « ENFIN UNE BONNE NOUVELLE EN 2020!!! ». Okay, oui, je suis dramatique, mais j’aime vraiment le travail des artisans d’ici; pouvez-vous vraiment me blâmer?

En prime, je sais que c’est peut-être un peu tôt pour y penser et que vous n’êtes peut-être même pas rendue à imaginer votre costume d’Halloween, mais l’événement arrivera juste à temps pour dénicher de magnifiques et très originaux cadeaux de Noël pour nos proches. Vous savez, si vous en avez marre d’offrir des cartes cadeaux ou des chaussettes rigolotes (quoi que ce sont des idées cadeaux absolument légitimes, hein!) année après année.

Crédit:Alex Lesage / SOUK

« Étant donné la réalité difficile et incertaine due à la pandémie, le changement est essentiel. La 17e édition du SOUK présentera un espace virtuel à travers duquel la grande communauté du design pourra naviguer aisément et y participer, comme un laboratoire créatif débordant de panels, de conversations, de contenu exclusif et de produits toujours aussi exceptionnels les uns que les autres » peut-on lire dans le communiqué annonçant l’événement.

Nous pourrons donc profiter d’une nouvelle plateforme en ligne où découvrir les designers participants ainsi que d’une boutique en ligne où dénicher les produits locaux sélectionnés par le jury 2020 et créés par des artistes d’ici.

Une occasion à ne pas manquer pour encourager l’achat local… tout en gâtant nos proches (et nous feront fort probablement quelques trouvailles pour nous gâter aussi, avouons-le)!

Si vous êtes un.e designer montréalais.e, il est encore temps d’envoyer votre candidature sur le site du SOUK.

La nouvelle plateforme sera en ligne à temps pour l’événement qui débute en novembre sur le site du SOUK.

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«Grosse, et puis?», un ouvrage important pour combattre la grossophobie

La grossophobie est partout dans notre société! On n’a qu’à penser à cette culture des régimes qui nous incite constamment à croire qu’on sera plus jolie « si on perd quelques kilos » ou qui pousse plusieurs influenceures populaires à faire la promotion de diverses tisanes « détox » qui ne sont en vérité que des laxatifs fancy. Ou encore, on peut penser à tous ces commentaires odieux qui pullulent sur les réseaux sociaux lorsqu’une personne grosse OSE annoncer au monde qu’elle s’aime comme elle est (ou juste qu’elle se permet d’exister en ligne). Certains crient au mensonge, persuadés que c’est impossible de s’aimer dans un corps gros, alors que d’autres ne se gênent pas pour prétendre qu’un tel comportement ferait la « promotion de l’obésité » plutôt que de l’amour de soi et de la diversité des corps. Bref, la grossophobie s’immisce partout dans notre quotidien et dans nos pensées et Edith Bernier signe un ouvrage important pour la combattre enfin!

Dans Grosse, et puis?, l’auteure qui est aussi derrière le blogue La Backpackeuse taille plus et le site grossophobie.ca, propose de nous éduquer sur ce qu’est la grossophobie en plus de nous donner des exemples clairs et des suggestions d’actions pour changer les choses très concrètement. Avec cet ouvrage, on a entre les mains un véritable outil de lutte contre les préjugés tenaces qui affectent notre estime personnelle ainsi que notre perception des autres et nos rapports avec eux.

Loin de nous culpabiliser, l’ouvrage d’Edith Bernier est fondé sur des faits, des statistiques et des anecdotes personnelles qui nous font comprendre la réalité quotidienne des personnes grosses dans la société dans laquelle nous vivons. On ne peut plus nier; la réalité nous est exposée telle qu’elle est!

Par exemple, saviez-vous qu’une étude américaine a démontré que plutôt que d’être considérées comme « obèse », 30% des personnes sondées préfèreraient être divorcées, 25% aimeraient mieux être incapables d’avoir des enfants, 15% seraient prêtes à mourir 10 ans plus tôt, 15% choisiraient de vivre une dépression majeure, 14% aimeraient mieux être alcooliques, 5% se feraient plutôt amputer un membre et 4% aimeraient mieux être aveugles? Des chiffres absolument choquants qui révèlent sans cachette à quel point les humains détestent les corps gros.

Bref, ce livre est une lecture importante sur laquelle tout le monde devrait mettre la main; ne serait-ce que parce que personne n’est à l’abri des préjugés et que c’est absolument libérateur de prendre conscience des idées erronées qui pèsent sur nos existences.

« On a plus que besoin d’un outil de référence sur la grossophobie, pour la comprendre et pour démontrer qu’il existe une discrimination réelle et indéniable envers les personnes grosses. Cette marginalisation a des conséquences incontestables. On a besoin d’un livre sur la grossophobie pour mieux la démontrer. Et on doit la démontrer pour la démonter » peut-on lire au début du premier chapitre de l’ouvrage.

Vous croyez que vous n’avez aucun préjugé face au poids, à la santé, aux personnes grosses? Tant mieux si ce livre vous confirme ce que vous croyez, c’est génial! Et s’il vous révèle plutôt que certains préjugés sont plus insidieux que vous ne le croyiez, eh bien, ce n’est pas dramatique. Cette lecture sera une belle opportunité de découvrir comment changer ça!

Grosse, et puis? est disponible via le site Les libraires