J’ai connu peu de personnes qui n’ont jamais vécu une rupture amicale, brutale ou non, avec ou sans explications. Ce n’est pas un sujet de discussion joyeux, mais déjà, reconnaître que ça arrive à pas mal tout le monde, ça fait nous sentir moins comme de la marde. Sur Ton Petit Look, on a écrit régulièrement là-dessus, et si une chose est certaine, c’est que quand ça blesse, c’est important de faire sortir le méchant.
Le sujet m’inspire beaucoup, car l’éloignement en amitié est souvent flou. Souvent, on ne « casse » pas vraiment, comparativement à une fin de couple. La plupart du temps, on diminue les rencontres, les messages, tout ça, jusqu’à ce que ça se réduise à des likes sur les réseaux sociaux.
Parfois c’est plus défini. Il y a vraiment un « on s’arrête là ». On sait que c’est terminé. C’est là que la rupture amicale peut faire vraiment mal et que ça peut ressembler à une rupture amoureuse avec un deuil pis toute, surtout quand la raison n’est pas super claire.
De mon côté, je me suis fait larguer amicalement il y a un moment. Je n’ai reçu que très peu d’explications et ça m’a poussée à réfléchir longtemps sur les rares indices laissés en chemin (après coup, évidemment).
Le temps a passé et il est arrivé un revirement de situation un peu weird.
Une personne avec j’entretiens une relation difficile m’a beaucoup rappelé la situation vécue auparavant avec mes anciens amis, sauf que cette fois, les rôles étaient inversés. Jusqu’à un certain point, j’ai donc pu me mettre à la place de ceux qui m’avaient dompée.
J’ai remarqué que dans les deux situations, l’amitié semblait converger vers une relation d’aide sans que personne n’en retire quelque chose. Effectivement, lorsque les difficultés* que vit une personne finissent par empiéter sur l’ensemble de la relation, cela peut être difficile à vivre, surtout lorsque nous nous sentons limités dans notre capacité à aider, mais que la personne continue de s’en remettre à nous. La personne n’est pas un problème, mais prendre ses distances peut alors être légitime, ne serait-ce que pour se recentrer.
L’amitié, c’est censé être quelque chose de totalement gratuit. C’est génial et poche en même temps: il n’y a aucun contrat là-dedans, mais ça n’empêche pas que la relation peut changer et on a le droit de quitter le bateau si ça ne nous convient plus. Il n’y a pas de « police de l’amitié » qui va nous arrêter. Se faire ghoster alors qu’on croit l’amitié réciproque et sincère reste tout de même un (très) gros manque de respect, la plupart du temps**.
En revanche, avec la personne concernée présentement, je ne lui ferai pas subir cette torture. Je tenterai d’avoir une discussion dans le respect afin qu’elle sache que même si j’ai fait mon possible pour être là pour elle, que j’ai mes limites dans ce que je peux lui apporter et que j’ai dorénavant moins de temps à lui consacrer. C’est ce que j’aurais aimé que mes ex-amis me disent. Je sais que ça lui fera de la peine, mais je préfère la tenir au courant de mon ressenti plutôt que de la laisser avec des questionnements sans réponse.
Ces expériences m’ont fait réaliser qu’il faut éviter de penser que les amitiés profondes sont absolument sans limites. Nous pouvons par contre faire de notre mieux pour vivre en bons termes et de savoir quelles sont nos limites personnelles. Il faut d’ailleurs ne pas hésiter à les communiquer dès que c’est nécessaire.
Si les choses ne se passent pas comme vous le souhaitez, sachez tout simplement qu’il n’y a aucun mal à s’entourer de personnes avec qui vous vous sentez bien. Vous n’êtes pas un.e mauvais.e ami.e simplement parce que vous avez besoin de prendre du recul et de penser à vous.
*Nous avons tous des moments plus difficiles, mais si votre ami.e pense au suicide, conseillez-lui d’appeler une ligne d’écoute (1-866-APPELLE) ou un centre de crise. Composez le 911 si votre ami.e parle de passer à l’action.
**Si une personne est violente, toxique ou vous menace, vous n’avez pas à endurer cela sous prétexte que c’est votre ami.e. Couper les ponts au plus vite est une solution légitime pour vous protéger.