Lorsqu’il est question de harcèlement de rue – on pense notamment aux fameux catcalls – il semblerait qu’en tant que société, on ait pris l’habitude de dire aux femmes de « faire attention » plutôt que de dire aux hommes que « c’est vraiment cave comme comportement, faites pas ça, please », n’est-ce pas? On suggère plus ou moins explicitement à nos amies, collègues, soeurs et filles de se couvrir un peu plus ou de rentrer un peu plus tôt.
Et ça part d’une bonne intention; on ne veut pas qu’elles souffrent de ce fameux harcèlement de rue, on veut leur bien. C’est juste que ça ne règle pas le problème, parce que le problème, ça n’a jamais été les femmes, et surtout pas celles qui sont victimes.
Il arrive aussi qu’on banalise: « okay, relax, c’est juste un dude random qui t’a sifflé, y’a rien là ». C’est juste que ça serait le fun de pouvoir aller s’acheter des légumes à l’épicerie sans se faire « interpeller » comme ça, me semble, non? Genre, juste vivre notre vie calmement et que notre bulle soit respectée. Ou ne pas avoir peur quand on rentre de travailler tard le soir (ou après 16h en hiver parce qu’il fait noir vraiment tôt au Québec pendant cette saison-là hein). En tout cas, moi je trouverais ça vraiment nice.
C’est pour ça que lorsque j’ai découvert qu’un organisme a ENFIN lancé une campagne de sensibilisation qui cible les harceleurs (et pas les femmes, alléluia), je me suis dit que c’était vraiment important de partager cette belle initiative avec vous!
Crédit: CEAF de Montréal
C’est le Centre d’éducation et d’action des femmes (CEAF) de Montréal qui est derrière cette campagne réalisée notamment grâce à des subventions du Secrétariat à la condition féminine et de l’Arrondissement Ville-Marie. Concrètement, nous pourrons découvrir la campagne, composée de 4 affiches ciblant 4 groupes, dès le 7 octobre dans l’espace montréalais et dans les transports en commun! Gardez l’oeil ouvert!
Avec cette campagne, l’organisme veut (évidemment) mettre le doigt sur le vrai bobo (les harceleurs), mais aussi s’éloigner de la répression (le besoin de dénoncer constamment, alors qu’on est rarement prises au sérieux et que le problème est aussi répandu que banalisé) et se tourner vers l’éducation populaire!
« On en avait assez des fameux messages qui laissent entendre qu’il revient toujours aux femmes de dénoncer les violences qu’elles subissent, d’apprendre à se défendre, etc. Donc nous on a décidé de braquer nos projecteurs sur les harceleurs, sur les témoins de ces actes-là et sur la population en général, et sur les autorités aussi pour que tout le monde se sente concerné. » a expliqué en entrevue avec Radio-Canada Audrey Simard, une militante du CEAF.
Les objectifs de la campagne sont clairs;
- faire comprendre aux harceleurs qu’ils ne pourront plus agir en toute impunité et qu’ils sont entièrement responsables de leurs actes,
- mettre fin à l’indifférence généralisée de la population et abaisser le seuil de tolérance,
- mobiliser et outiller les témoins à agir en solidarité avec les femmes harcelées,
- déculpabiliser les femmes
Wow! J’ai tellement hâte de découvrir les affiches! Et vous?