Je crois que j’ai réalisé la distance qu’il y avait entre les gens que j’aime le plus au monde (hormis mes enfants et mon mari) quand j’ai reçu le courriel qui disait que notre voyage en France était annulé. J’ai pris 3 ans avant de décider de prendre des vacances en France parce que j’avais peur que ce soit trop dur à nouveau de quitter mes proches quand on allait repartir.
Depuis que l’on a pris nos billets d’avion, j’oscillais entre le « ouf, ça va être intense pendant 6 semaines pour nous qui sommes si tranquilles ici » et les papillons dans le ventre à l’idée de présenter ma fille à ses arrière-grands-mères, à ma soeur et à mes amis. Mes deux gars avaient tellement hâte et je m’y voyais déjà, les doigts de pied en éventail sur la plage.
Après 4 mois avec 3 enfants à temps plein à la maison, 3 repas par jour et 10 collations à préparer, j’allais enfin voir la mer et puis, surtout, voir ma mère. La nouvelle m’a écrasée et j’ai passé la journée à pleurer; mon voyage est annulé. Je suis triste et j’ai envie de rentrer. Jamais en déménageant ici je n’ai envisagé qu’on me conseillerait un jour fortement de ne pas aller en France si mon voyage n’est pas considéré comme essentiel (et essentiel selon le gouvernement, pas selon moi, on s’entend).
Au-delà de la peine, j’avais aussi besoin d’air et ce voyage était ma bouffée d’air frais anticipée. J’aime mes enfants plus que tout, mais j’avais envie que mamie prenne le relais juste une nuit ou deux. J’ai envie de voir des gens, d’être collés dans une file d’attente de restaurant, j’ai envie de parler, rire, échanger. Et mes enfants aussi commencent lourdement à s’ennuyer parce que oui, c’est le fun le jardin, la piscine, les voisins; mais trois mois plus tard, ça commence à faire lourd de ne pas voir autre chose, d’autres gens.
Blâmez-moi de me plaindre avec ma cour et ma piscine si vous voulez, mais j’en ai marre. Pourtant, on a bien vécu le confinement; le déconfinement progressif est moins bien toléré, on dirait. Je ne remercierai jamais assez ma voisine d’être là pour nous; sans eux, à ce stade, je doute fort de ce que serait mon état mental. Au moins, mes enfants, du haut de leur 6 et 7 ans, sont venus me consoler quand j’ai su qu’on ne partait pas, prônant qu’on allait aller aux glissades d’eau avec papa à la place. J’aime qu’ils voient le positif dans la situation; ils ont raison, nous allons profiter du Québec cet été à la place!
J’espère juste qu’il sera possible de profiter pleinement de ce voyage l’an prochain, que ma grand-mère, que j’ai pris la décision de ne pas rentrer voir avant, sera encore là et que la pandémie sera derrière nous. À mes proches qui me liront et à mes amis avec qui je comptais passer le plus clair de mon temps cet été, j’ai tellement hâte de vous voir (l’an prochain?).
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