Catégories
Art de vivre

Je suis enceinte pendant la pandémie

Aujourd’hui, j’ai atteint 35 semaines de grossesse. Dans plus ou moins 7 semaines, je vais faire la rencontre de mon enfant, ma petite fille. Mon premier bébé. Cette rencontre que j’imagine depuis la fin de mon adolescence, je devrai la faire dans un contexte que personne ne peut être prêt à envisager; celui d’une pandémie mondiale.

Depuis quelques semaines, j’ai vu disparaître un à un les petits moments que la majorité des femmes attendent avec impatience en apprenant qu’elles sont enceintes. À chaque fois, ça me brisait le coeur. « Le plus important, c’est d’avoir un bébé en santé. » Et vlan! On me brisait un peu plus le coeur.

Oui, je suis entièrement d’accord. Ce qui est le plus important, c’est que ma poulette soit en santé et en sécurité dans mon ventre. C’est que son développement soit optimal, qu’elle se porte bien et on souhaite de tout notre coeur qu’il n’y ait pas de complications à l’accouchement.

Le fait que ce soit ce qui prime n’enlève en rien ma douleur de devoir faire un « X » sur ces premières fois que je ne vivrai jamais. Car voyez-vous, elles ne reviendront pas. On n’a qu’un seul premier enfant, une seule première expérience de grossesse où tout est nouveau et merveilleux. Je n’aurai pas de cours prénataux, sur lesquels je comptais beaucoup étant de nature anxieuse. Je n’aurai pas de shower, où tout le monde se réunit, heureux de célébrer la venue d’un petit être. Je ne peux pas profiter de mes dernières semaines de grossesse pour magasiner tranquillement ses dernières petites choses de bébé. Je n’aurai pas de photographies professionnelles de ma première bedaine, celles où on aurait pu lire sur nos visages l’excitation grimpante d’accueillir notre nouveau rôle de parent prochainement. Je ne sais pas non plus combien de temps je devrai attendre avant de pouvoir présenter ma fille à nos familles, à nos amis.

Quand vous me dites que l’important, c’est que mon bébé soit en santé, vous m’invalidez. Vous m’enlevez le droit d’avoir de la peine, d’être en colère devant la situation. Je sais bien que vous vous voulez rassurants, mais c’est tout sauf ça. Dites-moi que j’ai le droit d’être déçue. Dites-moi que j’ai le droit d’avoir peur, d’être fâchée. Dites-moi que vous êtes là pour m’écouter (à distance) si j’ai besoin de parler, mais s’il vous plaît, ne me faites pas sentir que ce n’est pas la fin du monde.

Je sais très bien que ça ne l’est pas, mais en ce moment, dans mon petit coeur de future nouvelle maman, ça l’est. Ce n’est pas parce que pire existe que ma souffrance n’existe pas et qu’elle n’est pas extrêmement douloureuse dans le moment présent. On souhaite toutes pouvoir vivre notre première grossesse de la manière dont on l’imaginait dans notre tête. Ça arrive de devoir composer avec l’imprévu, mais il faut comprendre que dans la situation actuelle, c’est le jackpot des circonstances un peu poches, mettons.

« Ah, mais tu n’as pas vraiment besoin de ça! » ou « Les cours prénataux, ce n’est même pas obligatoire, moi je ne les ai pas suivis et je me suis débrouillée. » Oui, mais toi, tu as eu le choix. Toi tu as eu le luxe de décider si ça te convenait ou non. Tu as pris la décision en fonction de ce qui te semblait le plus adapté à ta situation. Moi, je ne l’ai pas, ce choix. Je suis obligée de faire avec, même si ça m’insécurise, même si moi, lire des livres, ce n’est pas ça qui m’aide à me sentir équipée. Oui, je vais me débrouiller, mais laissez-moi avoir le droit de trouver ça plate. Ne vous basez pas sur votre expérience pour diminuer la mienne, s’il vous plaît.

Pour celles qui ont eu un enfant déjà, et qui ont eu la chance de l’accueillir dans des circonstances favorables ou tout simplement « normales », essayez de vous mettre à notre place. Les mamans qui, comme moi, mettront au monde leur premier petit bébé et qui doivent affronter non seulement l’inconnu de la parentalité, mais le faire en plus au sein d’un chaos jamais vu auparavant. Des mamans qui devront le faire seules ou presque, puisqu’on ne sait pas comment la situation évoluera dans les prochaines semaines, voire les prochains mois. J’ai une pensée pour toutes les mamans qui ont dû accoucher dans des circonstances difficiles et qui n’ont pas pu être accompagnées.

Dans quelques semaines seulement, je devrai endosser le rôle le plus important de toute ma vie. J’ai hâte de le faire, j’ai le sentiment d’y être destinée depuis toujours. Je ne sais pas de quoi sera composée ma nouvelle réalité, mais je vais tenter de m’y préparer le mieux possible, comme je le fais depuis que j’ai vu le petit + sur le test.

Si jamais on se parle d’ici là, demandez-moi donc comment ça va et si j’ai de la peine puis répondez-moi simplement que vous comprenez que ça ne doit pas être facile. Laissez-moi avoir de la peine, pis après, on changera de sujet.

Ce texte nous a été envoyé par une lectrice. Vous avez aussi une histoire à partager?

Écrivez-nous au info@tplmag.com

Catégories
Art de vivre

Nicolas Ouellet nous parle sans filtre de son adoption dans une magnifique vidéo

Il y a quelque temps, on vous parlait avec fierté de notre nouveau projet sur TPL Moms, soit celui de vous proposer des contenus vidéo originaux et intéressants. On avait débuté en vous présentant une touchante capsule qu’on a tournée avec Mélanie Boulay et maintenant, on veut vous présenter notre nouvelle vidéo avec nul autre que l’ingénieux Nicolas Ouellet!

L’animateur a accepté de s’entretenir avec nous en toute authenticité sur sa propre adoption et sur ce qu’il pense du concept d’altruisme lorsqu’on parle d’adopter. L’échange qu’on a eu avec lui est tellement intéressant et nous a permis d’avoir un point de vue pertinent qui fait réfléchir.

Vous pouvez visionner notre entrevue avec Nicolas Ouellet dans la vidéo en début d’article!

Si vous avez des commentaires, n’hésitez pas à nous en faire part!

Merci à Nicolas Ouellet pour sa généreuse participation. Si vous voulez en savoir plus sur l’animateur, on vous invite à visiter son site Web

Catégories
Art de vivre

Confinement : Je suis au bord du burn-out

Au début de la COVID-19, j’étais inquiète, mais une part de moi aimait ce grand ralentissement. J’avais un peu de mal à l’avouer étant donné la gravité de la situation. Je saisissais tout le privilège qui me permettait d’avoir ce raisonnement : je suis jeune, en bonne santé et j’ai gardé mon travail (et je suis vraiment reconnaissante de cela, malgré tout le chialage qui va suivre). 

Ma fille de deux ans était heureuse d’être confinée elle aussi. Elle aimait ça, être avec son papa ou sa maman toute la journée (nous sommes séparés). C’était un temps mort pour réfléchir à la vie. Même si n’ai jamais vraiment arrêté étant maman et directrice, je trouvais ça bon d’être plus souvent avec ma fille et d’arrêter de courir après les projets et les activités. Il y avait un vent de changement qui me plaisait bien. j’avais l’espoir d’un virage vers une décroissance programmée en faveur de la planète ou je ne sais quel rêve utopique. 

Mais aujourd’hui, j’ai craqué. J’ai pleuré toute la journée. Je suis tout simplement à bout de souffle.

Je me rends compte que depuis que je fais du télétravail, je n’ai plus aucun horaire, plus vraiment de pause. Je n’ai jamais eu si peu de temps pour moi. Mes journées de télétravail quand je m’occupe de ma fille de trois ans n’ont aucun sens, c’est du non-stop de 6h30 jusqu’à minuit, parfois plus! En plus de toute cette charge mentale et physique, je me sens coupable de mettre ma fille au moins 3h par jour devant Netflix et Disney+, mais c’est ça ou je perds ma job. 

Quand je n’ai pas ma fille, je rattrape toutes les heures manquées et ça peut aller jusqu’à travailler 13h par jour sans aucune pause, même pas pour manger. 

Résultat, c’est pendant la COVID-19 que je suis au bord du burn-out. Quand je vois toutes les vidéos passer sur les films à regarder, les livres à lire, les conseils pour faire du yoga chez soi, j’ai le goût de brailler ben raide. Moi, je ne fais rien de tout ça, je suis en mode survie. J’ai l’impression de passer ma vie entre un lit, une cuisine (jamais autant fait la vaisselle), une ruelle et ce, toujours avec un ordinateur ou mon cell sur moi. Ma fille commence à trouver ça bien moins drôle de ne plus voir ces amis et elle souffre de mon manque d’attention quand je travaille. Je m’impatiente plus vite, elle me provoque encore plus et c’est un cercle infernal sans fin. 

Donc ce soir, j’ai décidé de prendre 20 minutes de temps que je n’ai absolument pas, pour ventiler, pleurer un bon coup et, pourquoi pas, apporter un petit élan de solidarité aux nombreux parents qui se retrouvent dans ma situation! À vous, parents épuisés, j’ai envie de dire, vous n’êtes pas seul.es et guess what? OUI ça va bien aller. 

P.-S. Merci pour l’écoute ça va déjà mieux! 

Catégories
Art de vivre

Vos enfants sont comme chien et chat? Y’a de l’espoir!

J’ai trois enfants, maintenant rendus grands, mais ils ont déjà eu respectivement 3, 6 et 7 ans et je me souviens de cette époque où j’avais l’impression de gérer des conflits à longueur de journée. Une époque où je me suis dit que mon plus gros échec en tant que maman serait que mes enfants n’arrivaient pas à s’entendre. Pourtant, il n’y avait aucun favoritisme dans cette maison! Alors, pourquoi mes filles, qui n’ont que 19 mois de différence d’âge, n’arrivaient-elles pas à développer une complicité?

Nos enfants, qu’on aime tant, ont chacun leur personnalité et je me souviens qu’à cette époque, mes filles connaissaient une rivalité fraternelle assez préoccupante. Donc, si vous vivez le confinement avec des enfants qui sont comme chien et chat, je vous dis: « Y’a de l’espoir! »

Je peux très bien m’imaginer, dans le climat actuel de confinement, ce que ça aurait pu être avec mes enfants, il y a quelques années. Toujours pénible de jouer à trois, puisque la troisième roue du carrosse dérange, une dit froid, l’autre dit chaud, un dit blanc, l’autre dit noir. Et du coup, j’ai beaucoup de compassion pour vous! Surtout si vous devez en plus faire du « télétravail » et gérer la marmaille qui se dispute pour tout ce qui leur tombe sous la main.

On le vit déjà durant les congés scolaires et les vacances d’été, alors qu’on peut très bien inclure des amis ou des activités divertissantes pour alléger le climat de querelle. Là, en ce moment, les enfants doivent se supporter 24h sur 24 sans possibilité de changer d’air.

Photo par Annie Spratt – Unsplash

On a souvent tendance à culpabiliser en tant que parent et à remettre en doute nos agissements, mais j’ai vite réalisé que, dans le cas de mes filles, le problème n’était qu’une simple question de personnalité. Et le plus beau dans tout ça, c’est que ça n’a duré qu’un temps. Le moment tant attendu est finalement arrivé; elles sont éventuellement devenues les meilleures amies.

Si vos enfants ne s’entendent pas, je veux donc vous envoyer une dose de compassion, mais aussi d’espoir en ces temps difficiles. Aujourd’hui, j’ai des enfants qui aiment être ensemble, qui se protègent l’un l’autre, qui partagent des intérêts communs et/ou s’intéressent à ceux de leur frère et soeur. Je les ai même surpris à se planifier un avenir en tant que colocataires! Ce n’est pas rien. Je crois que, dans leur cas, ç’a été un passage obligé pour définir leur personnalité et leur identité. Surtout pour mes filles qui passaient régulièrement pour des jumelles non identiques.

Photo par Janko Ferli? – Unsplash

Si toutefois, la situation dégénère, ou que des gestes de violence surviennent, il existe des ressources pour aider les parents qui s’inquiètent devant les comportements de rivalité de leurs enfants. Mais on ne lâche pas. Cette période de confinement ne durera qu’un moment et les jours calmes et paisibles reviendront bientôt.

Est-ce plus difficile ces temps-ci pour vos enfants de bien s’entendre?

Catégories
Art de vivre

Non, je ne suis pas un ange

Depuis le début du confinement, nous sommes bombardés de louanges face au personnel du milieu de la santé; on leur dédie des chansons, on leur écrit des poèmes, on crie haut et fort combien ces travailleurs sont importants. Au-delà de ces louanges, on les décrit aussi comme des anges. Je réfléchis depuis plusieurs jours à ce mot qu’on utilise en ce moment pour qualifier les infirmières, car j’en suis une. J’avoue que je ressens un malaise persistant face à ce terme et aujourd’hui, j’ai compris que non, nous ne sommes pas des anges.

Nous ne sommes pas des anges; nous exerçons un métier auquel nous sommes entièrement dévoué.e.s, au détriment parfois de nos familles et de nos enfants. Nous exerçons un métier exigeant, parfois inhumain. Certes, nous sommes plusieurs à avoir quelques traits communs comme l’empathie, le courage et le professionnalisme. Nous plaçons l’humain au coeur de notre pratique, mais en réalité, nous ne faisons que notre métier, comme bien d’autres.

Nous appeler « les anges » c’est, à mon avis très personnel, nous obliger à accepter des situations et des conditions impossibles. C’est exiger de nous que nous fassions plus souvent qu’autrement des choix qui nous brisent le coeur. C’est nous obliger à ne pas prendre nos repas ni nos pauses et nous demander d’accepter d’être obligé.e.s de rester au travail pendant 16 heures.

Par définition, l’ange est un être parfait, une entité céleste placée en intermédiaire entre Dieu et l’homme. Nous qualifier d’anges, c’est exiger de nous la perfection.

Alors aujourd’hui, j’ai envie de clamer haut et fort que je ne suis pas un ange; je ne veux pas qu’on exige la perfection de mes collègues et de moi-même alors que nous sommes dans une situation très loin de la perfection. Je veux exercer mon métier au meilleur de mes capacités et je veux être au front, parce que je crois sincèrement qu’il s’agit du plus beau métier du monde. Mais jamais je ne veux qu’on exige de moi que je le fasse au détriment de ma santé physique et mentale.

Avant d’être une infirmière, je suis une femme, une mère, une amie, une amante. Alors, non, je ne suis pas un ange.

Catégories
Art de vivre

Être infirmière et maman durant la pandémie

Depuis 3 semaines, ton monde a changé; tu ne vas plus à la garderie, tu ne vois plus tes petits amis, ni madame Sofia, ni madame Assia, ta routine a basculé, ton papa et ta maman se partagent les heures où ils doivent travailler ou s’occuper de toi, tu ne sors plus avec maman pour faire les courses ou aller au parc et ta maman pleure souvent, elle est moins patiente, elle a peur. Ta maman est infirmière.

Quand j’ai décidé de devenir infirmière du haut de mes 16 ans il y a de ça déjà plus de 10 ans, j’étais loin de me douter que j’y jouerais ma vie. Chaque jour, je suis hantée par la peur, celle de revenir du travail avec ce tueur invisible sur moi. Peur de le contracter moi-même par manque de matériel et de le transmettre aux deux hommes de ma vie. Je ne dors plus. Je quitte la maison vers le travail en pleurs tous les jours, ne sachant pas à quel moment je serai de retour ni dans quel état. Chaque jour, pend au-dessus de ma tête la menace d’une nouvelle organisation de travail, un nouveau quart de travail, la menace d’être déplacée dans un milieu de travail que je ne connais pas, que je n’ai pas choisi et chaque jour, à mon retour à la maison, je remercie la vie de me permettre de retourner chez moi.

On nous remercie beaucoup, mais on n’oublie jamais de nous remémorer qu’avant d’être une mère, nous étions une infirmière. Lorsque j’ai fait un enfant, j’étais loin de me douter que sa vie serait moins importante que mon travail aux yeux de plusieurs, que je pourrais compromettre sa sécurité en embrassant son front le soir ou en lui donnant une lichée de mon cornet de crème glacée. J’étais loin de me douter que j’avais donné ma vie à la profession.

Lorsque j’ai décidé de revenir au travail à temps partiel pour profiter de l’enfance de mon bébé comme je le souhaitais, j’étais loin de me douter que ce privilège me serait retiré. Que non seulement je travaillerais à temps plein, mais qu’en plus, je travaillerais tellement d’heures que je ne verrais presque pas ce petit être extraordinaire en plein développement. Et que mes moments passés avec lui seraient hantés par la peur.

Il est trop jeune pour comprendre que maman est fatiguée, que maman est apeurée, qu’elle a mal à son corps et à son âme. Je ne peux pas lui expliquer que maman a choisi d’aider les autres… plus que d’aider sa propre famille. Il est trop petit pour comprendre. Et j’ai trop mal pour lui expliquer.

Quand tout ça sera fini, j’espère que je n’aurai pas manqué les premiers pas de mon enfant, les premiers balbutiements de mots, les étapes importantes de sa vie, car ça non plus, ça ne reviendra jamais.

S’il vous plaît, restez chez vous pour que toutes les mamans comme moi puissent voir leur bébé grandir comme c’était prévu. 

Catégories
Art de vivre

Vanessa Pilon et Alex Nevsky s’associent à l’initiative Bouger autrement

Depuis quelque temps, la Fondation du Children (Hôpital de Montréal pour enfants) propose des séances d’exercice en direct du lundi au vendredi à 10h30. Appelées « Bouger autrement », ces séances permettent aux enfants ? et aux parents qui peuvent y participer ? de se dégourdir les muscles avec la technique Essentrics.

La technique a été mise sur pied par une Montréalaise, Miranda Esmonde-White, anciennement danseuse de ballet professionnelle. Elle implique des méthodes d’étirement dynamique qui permettent de solliciter les 650 muscles et 360 articulations du corps. Cette technique en douceur est entièrement adaptée aux enfants et chaque séance dure entre 20 et 25 minutes, en direct sur la page Facebook de l’Hôpital de Montréal pour enfants.

Question de faire leur part, Alex Nevsky et Vanessa Pilon se joindront à la séance Bouger autrement du 21 avril prochain!

« On est très contents de pouvoir contribuer à cette belle initiative pour les enfants », précisent Alex Nevsky et Vanessa Pilon. Ça sera une belle occasion de voir les 2 vedettes dans un autre contexte!

Pour en savoir plus, visitez la page Facebook de l’Hôpital de Montréal pour enfants

Catégories
Art de vivre

J’ai crié fort sur mon enfant

C’est arrivé pour une stupide histoire de sieste. J’avais peur de rater l’heure du dodo, j’envoyais un dossier important à mon boss que je n’arrivais pas à entendre à cause de ma fille de 2 ans et demie qui criait. Elle manquait d’attention. J’ai raccroché et j’ai voulu lui changer sa couche avant de la coucher, mais c’était impossible, elle secouait trop fort ses pieds dans les airs pour m’en dissuader. C’est là que j’ai reçu un bon coup de pied non volontaire dans la mâchoire et ça m’a fait exploser. 

J’ai regardé droit dans les yeux ma fille et j’ai crié :  « MAINTENANT ÇA SUFFIT! TU ARRÊTES TOUT DE SUITE, JE VAIS VRAIMENT ME FÂCHER! ». 

Ce ne sont pas tant les mots choisis, il n’y a eu aucun geste violent, c’est plutôt ma voix et le regard que j’ai posé sur ma fille qui étaient de trop. Ma fille a l’habitude que je sois autoritaire et que je hausse le ton quand elle dépasse les limites. Mais là j’ai perdu le contrôle et j’ai vu dans ses yeux de la tristesse et même un peu de peur, et ça m’a instantanément fait redescendre. La gorge nouée, j’ai pris ma toute petite fille dans mes bras avec douceur. Je lui ai dit calmement « maman a crié et s’excuse. » 

Ma fille, qui semblait pourtant très triste, a à peine pleuré et a voulu très vite jouer à un jeu, comme si elle avait besoin d’oublier le plus rapidement possible ce qui venait de se passer. Puis, contrairement à son habitude, elle s’est endormie en moins de 5 minutes, loin de moi, dans son lit sans histoire.

Quand ses yeux se sont fermés et que sa respiration s’est régulée, deux larmes ont coulé sur mes joues, sans sanglot. T’sais les larmes qu’on n’a pas besoin d’aller chercher avec une grimace. 

Je suis sortie de la chambre et j’ai eu un réflexe classique chez moi : j’ai googlé « J’ai crié sur mon enfant ». 

Les premiers résultats étaient le site de Naître et grandir qui expliquait en long en large et en travers pourquoi il ne fallait surtout pas crier sur son enfant et toutes les graves conséquences que ça avait sur son estime personnelle. Des choses que je savais déjà, moi qui m’intéresse énormément à l’éducation positive. Ce que j’ai lu n’a donc fait qu’aggraver mon sentiment de culpabilité et le sentiment de honte que j’avais. 

J’ai ensuite porté mon attention sur des articles qui expliquaient pourquoi « c’est pas si grave de crier sur son enfant et que c’est souvent mérité ». Des textes sans nuances qui se veulent déculpabilisants, mais qui ont eu un effet inverse sur moi. 

Je n’arrivais pas à trouver l’article qui disait « tu n’aurais pas dû crier, ça n’apporte rien et ta fille ne méritait pas ça. Cela dit, tu n’es pas parfaite et tu as explosé parce que tu es humaine. Arrête d’essayer d’être irréprochable et toujours de bonne humeur. À la place, donne-toi le droit à l’erreur, serre ta fille contre toi, dis-lui que tu es désolée d’avoir crié trop fort. Que parfois maman est en colère, qu’elle a le droit de l’être, mais qu’elle doit aussi savoir dire pardon quand elle a déversé sa colère sur les autres et que ce n’était pas justifié ». 

Alors je me suis dit que j’allais l’écrire pour moi, cet article, mais aussi pour le parent qui a crié sur son enfant, qui s’en veut et qui a googlé « J’ai crié sur mon enfant ». 

À ce parent, je lui envoie un câlin (virtuel en temps de COVID-19) même s’il pense ne pas le mériter. 

 

Catégories
Art de vivre

Donner au suivant pendant le confinement

Je n’ai rien d’une reine, hormis mes cernes anatomiquement proportionnels aux coffres royaux. Je n’ai rien d’un prince, outre son caractère sauvage pendant la distanciation sociale. Je n’ai pas un centième de tous les avoirs de la princesse de Monaco. Encore moins ceux d’un richissime sultan, dans son palace sans la moindre trace de crasse. Mais ça m’insulte royalement de voir autant de gens empiler, compiler, emmagasiner sans égard pour les autres.

Tous ces étalages vides. Ça me désole, quand je pense à toutes ces panses vides. Ce n’est pas la chrétienté qui m’habite, mais en cette période fériée, j’ai une pensée spéciale pour ceux qui peinent à combler leurs besoins de base. 

Alors, je reviens à la base: l’Humain. Le coeur de notre société. On a tous les droits du monde de s’inquiéter, de se blinder au meilleur de nos capacités, en raison de ce virus déchaîné. En autant qu’on agisse comme des êtres civilisés. N’est-ce pas là l’exemple à donner à nos enfants, qui sont plus que jamais exposés à nos faits et gestes de chaque journée?

Je vis comme tout le monde dans l’incertitude, physique et financière. Je suis hypothéquée, dans tous les sens du terme. Mais j’honore ma chance de manger à ma faim, en cette période aux allures de fin de monde. J’apprécie cette facilité que j’ai, à attabler ma marmaille affamée et à les sustenter au mieux du contenu de mon garde-manger.

Ma richesse, c’est le pain quotidien que je mets sur cette table constamment souillée, qui nous rassemble en famille journée après journée. Ma richesse, c’est d’être auprès des miens, en santé, à ne pas trop me casser la tête sur le « comment » du volet aliment.

Alors, en cette période de confinement, je me dis qu’on doit penser à donner un petit morceau de notre richesse au suivant, lorsque c’est possible.

Il suffit de trouver un organisme dont la cause nous interpelle, et de partager un peu de ce que nous avons, tout simplement. On peut ainsi changer le quotidien d’une famille dans le besoin ou d’une personne en situation de vulnérabilité. En plus de faire une différence, c’est un geste qui nous donnera un peu de pouvoir sur cette situation plus grande que nature; de quoi nous aider à chasser un peu ce persistant sentiment d’impuissance, dans les circonstances.

Après la chasse aux cocos du weekend, c’est le temps de redonner aux cocos de notre localité. Donner au suivant, ça réchauffe un coeur de maman (et de papa)!

De mon côté, j’ai choisi de verser un montant à l’organisme de ma région qui s’occupe de la banque alimentaire locale.

Allez-vous donner au suivant?

Catégories
Art de vivre

La réalité du confinement et ces parents dont on ne parle pas

Je ne sais pas pour vous, mais moi, quand « concilier travail et famille » a subitement pris le sens de « télétravailler tout en assurant le bien-être d’enfants qui ne peuvent quitter la maison », j’ai eu un choc. Je ne voyais pas comment j’arriverais à accomplir mon travail tout en supervisant, nourrissant et amusant Coco et Bout d’Chou. Je me suis lancée sur le net, à la recherche d’astuces. Et j’ai eu un second choc.

Des articles sur « quoi faire pendant le confinement », j’en ai trouvé une foule. Une foule de listes de bricolages, recettes et expériences scientifiques pour les enfants ? avec la supervision des parents. Une foule de moyens de poursuivre l’apprentissage des enfants d’âge scolaire et d’assurer le maintien de leurs acquis ? avec la participation des parents. Une foule d’idées pour que les enfants bougent et jouent dehors ? avec leurs parents.

Nulle part on ne me disait comment travailler avec mes enfants dans la maison. Nulle part on ne me suggérait des activités que les enfants pouvaient faire en autonomie. Nulle part on ne me parlait de lâcher prise, de faire mon possible, de ne pas me sentir coupable. Nulle part on n’abordait ma situation à moi. J’étais invisible : ma réalité n’existait pas.

Ça, c’était la première semaine du confinement. Depuis, j’ai modifié mon horaire et je ne travaille plus que des demi-journées. Parce que je suis privilégiée et que j’ai droit à des congés payés pour le faire.

Je suis privilégiée et pourtant je rush. Je passe mes avant-midi avec les enfants : je propose d’innombrables activités, je gère les écrans, je sers huit collations, j’impose des jeux à l’extérieur, je négocie avec les enfants qui ne veulent pas aller dehors, puis avec les enfants qui ne veulent plus rentrer, j’interviens en cas de chicanes ou de bobos et j’écoute l’éternel chialage. Ensuite, je m’installe à mon poste de travail et, comme le contexte actuel a une influence directe sur mes tâches, je gère urgence par-dessus urgence sans jamais savoir avec certitude à quelle heure je vais terminer ma journée ou si on fera appel à moi pendant la soirée. Ensuite, c’est le sprint du souper-bain-dodo. Puis, il est 20 heures, je suis claquée, et je recommence le lendemain.

Je me demande alors : qu’en est-il de ces parents qui n’ont pas ma chance? Ce sont eux qui ne l’ont pas facile actuellement, et j’ai l’impression qu’ils doivent former la majorité. Pourtant, on ne parle pas d’eux, pas plus maintenant qu’il y a un mois, quand je cherchais des trucs sur le net.

Ces parents qui n’ont d’autre choix que de travailler à temps plein tout en s’occupant de leurs enfants à la maison, et de qui tous, enfants et employeur, attendent le rendement habituel. Qui trouvent des solutions imparfaites, mais qui font la job, comme travailler tôt le matin et tard le soir, et qui reçoivent comme une claque au visage les activités facultatives « mais fortement recommandées » (dixit, en gras et en souligné, la lettre envoyée par le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur) du ministère de l’Éducation ? différentes pour chacun des enfants, évidemment ? qui viennent bouleverser leur fragile non-équilibre familial. Ces parents qui doivent gérer leurs émotions devant l’incertitude, mais aussi celles de leurs enfants, qui s’ennuient, qui posent des questions, qui ont peur. Ces parents qui doivent composer avec la culpabilité de tout faire à moitié. La culpabilité, cette constante de la parentalité.

Si, en même temps, on travaille et on s’occupe de ses enfants, c’est impossible de faire les deux à 100 %. Il est temps qu’on le dise. Je ne sais pas pourquoi on privilégie plutôt l’image du parent qui enseigne, avec le sourire, les fractions et l’accord du participe passé à ses enfants au-dessus d’un repas de sushis maison préparé par toute la famille, au terme d’une journée de travail complète au cours de laquelle il a atteint sa pleine productivité. Mais c’est tout simplement impossible. Sous-entendre le contraire, c’est insensible et malhonnête.

Bref, ces parents-là, qui ne l’ont pas facile en ce moment, je n’en fais pas ? plus ? partie. Mais je les vois. Je vous vois. Vous êtes là, vous existez, et il est temps qu’on parle de vous. Vous rushez sans bon sens actuellement ? et moi, je vous lève mon chapeau. Vous faites votre possible, et c’est suffisant. N’en doutez jamais.