Je l’ai vécu difficilement, mais elle beaucoup plus.
Garou était récemment de passage au micro de Pénélope McQuade en marge de son nouvel album Un meilleur lendemain, son premier album de chansons originales en 12 ans. L’artiste en a profité pour se livrer avec franchise, faisant au passage quelques confidences autant sur sa vie professionnelle que personnelle.
Sa fille, Emelie, lui a un jour apporté une chanson qu’elle avait écrite en anglais. Garou l’a finalement traduite, et c’est ainsi qu’est née Lonely Waters, une pièce magnifique qui se retrouve dans l’album. Lui et l’animatrice l’ont écoutée ensemble en studio, un moment qui a naturellement ouvert la porte à un échange touchant sur sa relation père-fille.
Pénélope glisse, avec délicatesse, sur la relation entre eux
«Le seul maître de ma vie, des fois, ça veut dire qu’on vit peut-être égocentriquement par rapport à sa fille», lance Pénélope après l’écoute de la chanson, en faisant référence à l’une des paroles.
«Je n’irais pas sur l’égocentricité, parce que bon, l’égo, c’est très complexe comme terme là, tu sais. Déjà, il y en a beaucoup qui voient ça comme grosse tête, mais ce n’est pas du tout le cas dans sa vraie définition. Mais non, il y a quelque chose d’un peu control freak, mais surtout protecteur, donc c’est plus la façon de se protéger. Moi, je suis un gars que, je pense, la première vertu que j’ai eue de mes parents, c’est l’honnêteté. Puis donc, je suis quelqu’un de franc, d’honnête. Donc, quand je tombe dans trop de bullshit, en bon français, oupelaye, je me protège. Donc, je pense que plus dans ce sens-là, je veux être maître pour m’assurer que tout est vrai autour et authentique, parce que c’est mon leitmotiv numéro un, c’est l’authenticité», répond-t-il, alors que l’animatrice tentait de l’amener un peu ailleurs.
Garou revient sur un regret lié à sa relation avec sa fille
«Où je voulais aller avec ça, c’est quand on, oui, maître de ses affaires, faire les choses avec intégrité, faire les choses qu’on sent, ne pas être capable de faire les choses qu’on ne sent pas. Mais, ça, des fois, ça veut dire que, quand on a un amour qui s’appelle la musique, puis qui s’appelle la tournée, puis, qu’on a un enfant en même temps, je sais que ça a été un de tes regrets… de ne pas être là tout le temps», réitère-t-elle, de façon plus claire.
«Bien oui (…)», affirme le chanteur.
«Justement, c’est une des grandes raisons qui m’ont donné envie d’appuyer sur les freins, moi qui étais parti en fou là, puis j’étais le pied dans la panne, comme on dit, puis la vie allait vite, puis tout ça (…) Justement, c’est ma fille qui est née. Et que je me suis dit: Mon Dieu que je n’ai pas le temps, je l’amène-tu en tournée, je ne l’amène-tu pas», avoue-t-il, précisant que sa fille a aujourd’hui 24 ans, en réponse à une question sur le sujet.
«Elle est arrivée en même temps que tout explosait. Est-ce qu’il y a eu de la réconciliation à faire, des conversations pas toujours faciles à avoir d’une fille envers son père», demande Pénélope, qui se doute probablement de la réponse.
«Oui, puis moi, je l’ai vécu difficilement, mais elle beaucoup plus. Puis, c’est difficile de le savoir d’un enfant, qu’est-ce que sont les problèmes qui sont en train de se créer dans l’enfance, tu sais, c’est plus tard qu’on les évoque, puis, que ton enfant ose te confronter et te dire certaines choses. Puis, là, des fois, j’étais là: Mon Dieu, calme-toi, ce n’était pas si pire que ça, là, tu sais. Mais oui, cette absence-là, puis (…) cette paranoïa, aussi, de vie, parce que quand j’étais avec ma fille, là, c’était comme… je la cachais, parce que je ne voulais pas l’exposer (…) tu sais, c’est des émotions qu’un enfant reçoit, elle a dû presque (…) penser que j’avais honte d’elle, tellement que j’étais dans la paranoïa et que j’essayais de la cacher, tu sais. Plein de choses comme ça qui font que dans un tumulte de vie folle, d’avoir un enfant au même moment (…) ce n’est pas facile. Donc, oui, oui, c’est un regret, puis c’est probablement l’une des raisons pourquoi j’ai eu envie d’appuyer sur les freins tout le long de ma carrière. J’ai toujours eu de grandes opportunités, puis je faisais: Non, tu sais quoi? J’ai envie de garder une vie, tu sais, relativement simple, quand même», témoigne-t-il.
Un changement de trajectoire influencé par les choix de son père?
«Le fait qu’elle ne veut rien savoir de chanter, d’être devant, de prendre le devant de la scène. Est-ce que tu penses que ça a un rapport avec le fait que toi tu as fait ça, puis, qu’elle veut pas suivre dans ces traces-là», renchérit l’animatrice.
«Je pense que c’est plus qu’elle est pas mal comme moi, c’est-à-dire que je pense que si on la mettait sur scène, elle deviendrait complètement magique, mais elle n’a pas envie de faire ça. Puis moi, je n’avais pas envie de faire ça, non plus. C’est pas mal des accidents qui m’ont mis sur la scène, tu sais, puis je ne regrette pas, ces conjonctures, mais je pense qu’on a une personnalité extrêmement similaire. On s’en rend compte avec ma fille, on est comme sur le même moule de tous les sens, tous les côtés. Tu sais, physiquement, on se ressemble, mais le cerveau, les émotions et tout ça, on est tellement similaires. Puis, je respecte complètement, puis je suis content qu’elle n’ait pas envie de faire ça, mais qu’elle aime, quand elle rentre dans la maison, elle s’en va direct sur le piano, parce qu’elle se met à composer quelque chose», explique le chanteur.
Une discussion sincère et touchante, qui rappelle que les décisions d’un parent laissent souvent des traces bien réelles dans la vie de ses enfants… et que le poids de la célébrité peut amplifier encore davantage ces répercussions.
Nous souhaitons au duo beaucoup de bonheur, du succès à Garou avec son nouveau projet, et le félicitons chaleureusement pour l’ensemble de son œuvre, sans oublier la chanson sur laquelle ils ont travaillé ensemble.























