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Une petite pause improvisée

(CHRONIQUE)

Ce matin, j’ai annulé tous mes engagements.

J’ai mis sur pause les innombrables tâches qui tachent ma liste, qui gâchent mes rares temps libres.

Mal de ventre. Rien d’inquiétant. Juste assez, en temps de COVID, pour oser la prudence. Au final, c’est ma tête qui me parle.

C’est mon corps qui me remémore l’absence de repos récent. Qui me rappelle les 47587 heures de travail, de corvées, de jeux libres prolongés à genoux, dos courbé, avec mes douces moitiés.

Réminiscence physique du bonheur, entremêlée de candeur et de labeur. Cumul de nuits d’horreur, de crises de bacon de ma petite deuxième, des nombreuses quêtes colériques de privilèges par mon mini ado de cinq années.

Ce matin, j’ai confié mes précieux à la garderie.

Je me suis coulé un café. Puis un bain. Je me suis dit : , charge tes batteries. Tu le vaux bien.

Panse ton corps lésé. Pense à ton corps usé.

Fais-toi du bien, petite maman.

Et puis redistribue exponentiellement.

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Une pétition demande l’accès à l’éducation sexuelle pour les jeunes

Pendant plusieurs années, les cours d’éducation sexuelle ont été abolis du programme scolaire. En 2018, le gouvernement a annoncé que le cours serait réintégré au programme, mais n’a pas réellement fourni de mesures supplémentaires afin d’aider et d’encadrer les professeur.e.s dans cette nouvelle tâche.

Face à cette réalité, la Coalition ÉduSex, qui comprend un regroupement d’une centaine de groupes communautaires et syndicats d’enseignement, et qui est chapeautée par la Fédération du Québec pour le planning des naissance (FQPN) a lancé une pétition afin de transmettre plusieurs revendications au gouvernement. Parmi ces revendications, il y a notamment le droit à une éducation à la sexualité positive, inclusive et émancipatrice. La Coalition ÉduSex souhaite aussi qu’un meilleur financement soit offert aux écoles et aux différents organismes communautaires qui abordent l’éducation sexuelle, et qu’un réseau de soutien et de formation continue soit mis en place pour garantir la compétence des intervenants.

Pour propager la pétition, une campagne de sensibilisation a aussi été lancée. Elle a été conçue par le Club Sexu, un média sans but lucratif qui a comme mission de proposer une image positive et inclusive de la sexualité.

Vous pourrez voir la pétition et en apprendre plus sur l’initiative de la Coalition ÉduSex en cliquant ici.

C’est vraiment une initiative importante!

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L’appel de la maternité

(CHRONIQUE)

Pour certaines d’entre vous, il s’agit d’une certitude, ancrée en vous, depuis votre tendre enfance. Pour d’autres, une suite logique, cognitivement calculée, mutuellement entendue, naturellement cédulée. Enfin, il y a de celles qui vivent au son de leurs tripes, au gré de leurs instincts les plus primitifs. Et c’est à cette catégorie que je m’identifie, en matière de fibre maternelle.

L’appel de la maternité. Rien à voir avec le calendrier. Rien à cirer des conventions. Biologie pure et dure, en ce qui me concerne. Deux en deux. J’ai laissé la chair m’appeler à la réalité.

Moi, de carrière investie, j’ai connu l’ultime révélation maternelle. Je l’ai sentie vibrer dans mon bas-ventre. Affluer dans mon sang. Inonder ma pensée de multiples couches à changer. J’aspirais à allaiter, langer, bercer. Ce fut viscéralement planifié. Deux en deux. Une véritable nouvelle obsession. Sortie de nulle part. Sortie au hasard. Nourrie par l’amour et l’espoir.

Vers la fin de ma vingtaine, j’ai senti chacun de mes pores de peau prêts à se lancer dans l’aventure maman.
J’avais le coeur et le corps brûlants d’envie. Les pleurs d’un enfant, jadis stridents à mon oreille, se faisaient doux maintenant. J’étais tout caramel, face à des poussettes ambulantes. Je caressais un ventre vide, rêvant de plénitude assouvie.

J’ai eu la chance de concevoir par pur désir et amour, deux petits êtres adorables. Malgré toutes les embûches et difficultés apportées par la maternité, je me suis laissée guider par cette nature nouvelle et charnelle. Me voilà face à une troisième envie. Je la sens pétiller en moi. Est-ce le début d’un nouveau commencement?

Devrais-je un jour faire le deuil d’une envie non assouvie ou cette fibre se nouera-t-elle d’elle-même en une finalité rassasiée?

Devrais-je laisser la raison l’emporter sur l’émotion?

Qui dicte la fin de la reproduction?

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Lettre à ma grande petite fille de treize mois

(CHRONIQUE)

Treize mois et plus de cartons pour souligner les mois qui passent. On est ailleurs, y’a pas de doute, quoiqu’il y a longtemps que je t’ai gardée contre moi d’aussi longues minutes pour t’amener au sommeil. Ça m’aura pris 13 mois pour rédiger cette fameuse lettre dans ton journal de naissance. Plus d’un an pour trouver les mots, et tu sais quoi, je ne suis même pas certaine de les avoir réellement trouvés.

Tout ce temps, car c’est comme si avant, mon esprit était ombragé par un trop-plein d’émotions que je n’arrivais pas à maîtriser, à comprendre, à apaiser. Comme si j’errais dans la vie, à ne répondre qu’à tes besoins, mais délaissant les miens, ne trouvant plus mon chemin. On ne peut pas faire fi non plus du fait que ta première année de vie s’est écoulée en pleine pandémie. En fait, mon esprit s’est éclairci alors que tu avais environ huit mois, quand je me suis remise à penser à moi. C’est à ce moment que je me suis sentie atterrir dans notre vie, à avoir du plaisir, à apprécier te voir grandir, à te rejoindre dans tes rires, à te laisser t’abandonner dans mes bras. Il était temps maman, me diras-tu. Oui ma poulette, il était temps, mais maman en avait besoin, de ce temps.

Maman avait besoin de ce temps pour apprivoiser ce rôle plus grand que tout ce qu’elle avait connu auparavant. Maman avait besoin de souffler, mais n’avait pas l’espace pour le faire. Maman avait besoin de temps pour trouver sa place dans la maternité, pour dessiner sa façon bien à elle de s’acquitter de cette tâche colossale. Maman avait besoin de soutien, que quelqu’un lui tienne la main pour survivre au quotidien.

Treize mois ont passé depuis que tu es arrivée dans ce grand monde. Que nos vies ont été chamboulées de la plus belle et percutante des façons. Ma grande poule, maintenant que tu as 13 mois, je peux dire sans aucun doute à quel point c’est extraordinaire et un immense privilège d’être ta maman. À ta naissance, ça n’a pas été le coup de foudre, je l’admets un peu timidement, mais plutôt un coup de pelle qui m’a frappée de plein fouet. Mon amour s’est tissé au gré des doux (et moins doux) moments d’allaitement, des siestes collées, des moments de portage et même des crises aussi.

Tu grandis tellement vite, tu accumules les exploits et fais craquer mon cœur, qui fait plus mal, chaque fois. Dire qu’à tes premiers mois, on te décrivait comme douce, sereine et zen. Aujourd’hui, mon bébé, tu es vive, explosive, expressive et la douceur n’est là qu’à tes heures. Comme quand on partage encore ces doux moments rien qu’à nous, juste nous deux, ce lien si précieux. Tu n’as pas de demi-mesure et tu valses à toute allure entre grands élans d’indépendance et besoins forts d’être rassurée, collée serrée.

Mais tu sais quoi, mon bébé? Elle est belle ton intensité, il est énergisant ton besoin de bouger et c’est émouvant de voir ta déjà-grande envie de communiquer! Avec tes airs fiers et tes petits pas décidés, il est devenu clair que ta personnalité, tu ne l’as pas prise à côté et que tu m’en feras sûrement voir de toutes les couleurs.

Mais sache, mon bébé, qu’il n’y a pas plus grande motivation à m’améliorer que toi. Que la vie ne pouvait pas mettre sur mon chemin une meilleure enseignante que toi. Parce que dans tes tempêtes, tu auras besoin que je t’accueille, que je contienne l’intensité, sans m’emporter avec toi. Tu auras besoin que je sois ton guide qui te tient la main dans les temps incertains. Qui te rassurera même quand moi aussi j’aurai peur.  Et je serai là, fidèle au poste. Pour toujours, à faire du mieux que je peux pour être un modèle dont tu seras fière et sur lequel tu pourras toujours te déposer en toute sécurité.

C’est le dernier mois que je soulignerai mon bébé. Continue de pétiller comme tu le fais spontanément chaque jour et maman, elle, va aller regarder des photos de toi pour ne jamais oublier comme le temps passe.

Ta maman qui t’aime à la folie!

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Et si on s’évadait ensemble le temps d’un article?

(CHRONIQUE)

J’oublie le monde dans lequel on vit depuis plusieurs mois. J’oublie les mesures sanitaires, j’oublie que les miens sont intouchables. Je me laisse emporter par la musique. Je me laisse enivrer par ma chanson préférée du moment : « She’s like a rainbow, she comes in colours everywhere ». Je rêvasse. Voudriez-vous rêvasser avec moi?

Crédit:Bridget Bartos / unsplash.com

Après un petit drink avec ma meilleure amie, je me sentais plus légère. Mes petits soucis de tous les jours restaient dans le verre de vin vide du pub du coin. Où iriez-vous pour discuter un brin, rire un bon coup et serrer la main de votre confident.e? Je la vois, mon amie, entre deux larmes de crocodile. Je sens son regard chaleureux et sa main sur mon genou en guise de soutien.

Et si on pouvait sauter un soir de routine pour aller placoter avec ses parents, son frère ou sa sœur? Je pourrais m’installer au comptoir, en face de maman et faire une petite game de Scrabble. Nous pourrions mettre la main dans le même sac toutes les deux, tripoter les mêmes lettres, essayer de lui passer n’importe quoi comme mots.

Et si on pouvait organiser un voyage à l’étranger ou une escapade avec son amoureux, en famille ou entre amis, en sachant que les possibilités sont réelles? Je m’envolerais avec mes enfants. J’irais voir ma famille qui habite sur un autre continent. Nous ferions des balades en montagne, visiterions tous ensemble les plus belles villes de Suisse. Quelle destination vous fait rêver en ces temps particuliers?

Fontaine de Genève, Suisse.
Crédit:Terence Burke / Unsplah.com

Parfois, j’ai besoin de ne plus penser aux contraintes qui m’encadrent. J’ai besoin de m’évader pour donner une pause à ce cerveau qui surchauffe. Les FaceTime entre amis ne suffisent plus à faire évacuer la pression. Comme la ministre de la Culture a suggéré aux artistes (même si le travail des artistes est justement de se réinventer sans cesse), il faut se réinventer, chez soi, passé 20 heures. Comment vous réinventez-vous?

Je peins, je découvre des nouvelles techniques. J’essaie, je griffonne, j’examine les résultats et si ce n’est pas à mon goût, je recommence le lendemain. Une amie me disait justement cette semaine que le matériel d’artiste devrait être plus abordable, plus disponible. Pour certains d’entre nous, c’est un poumon qui nous permet de respirer. Qu’avez-vous trouvé comme oxygène pendant ces longs mois suffocants?

Crédit:Russn Fckr / unsplash.com

Et si papa pouvait encore jouer au hockey les vendredis soir? Lâcher son fou, suer sa vie, prendre une bonne bière avec ses joueurs et raconter des histoires pas possibles dans la chambre de hockey. Allez, je sais que vous en rêvez depuis que la saison du CH est commencée! Quels sports d’équipe pratiqueriez-vous les moms and dads?

Et si on s’évadait ensemble le temps d’un article, de quelle couleur seriez-vous?

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De la musique pour diversifier votre «playlist» familiale

Chez nous, on a 3 ados. Alors, la musique, elle est pas mal omniprésente. Quand ce n’est pas comme musique d’ambiance pendant notre séance de ménage (c’est prouvé que ça se fait mieux avec de la musique!), c’est pour voir performer les enfants sur leur imitation des clips de Tik Tok! Chez nous, la musique, ça met de bonne humeur et elle est toujours la bienvenue!

Les premiers contacts avec la musique se font tôt dans la vie d’un enfant. On n’a qu’à penser aux futurs parents, qui fredonnent de doux airs au bedon pendant la grossesse. Il est assez impossible de concevoir notre quotidien sans musique, qu’on soit dans la voiture, au boulot ou à la maison. Nos enfants ont accès à une panoplie d’artistes, voici donc les choix de l’heure des TPL kids!

Les choix des TPL kids

Chez les bambins

Comme je ne côtoie pas de tout-petits présentement, j’ai fait appel à mes collègues de TPL Moms pour savoir ce que leurs bambins aiment.

Les choix sont très variés et sont souvent en lien avec les émissions qu’ils regardent à l’écran. Donc, on a les mélodies de Passe-Partout (que je fredonnais moi-même étant jeune, preuve que c’est intemporel!), les trames sonores de films ou d’émissions de Disney ainsi que le redoutable ver d’oreille de Baby Shark!

Bien sûr, la musique classique ou les berceuses ont aussi leur place de choix, surtout lors de la période de dodo.

Chez les plus vieux

Certaines influences musicales viennent des parents. Chez nous, mon chum est un fervent amateur de Planet Smashers, un groupe de musique ska punk canadien originaire de Montréal. À force d’écoute, il a transmis sa passion pour le groupe à son fils de 11 ans, si bien que les deux connaissent et fredonnent de nombreuses paroles lors de nos randonnées en voiture! Pour ma part, c’est mon engouement pour le groupe Maroon 5 qui a été transmis à ma fille.

Chez les fans de musique d’ici

La musique québécoise n’est pas en reste dans le choix musical de nos enfants. De grands auteurs, compositeurs et interprètes ont été cités dans la liste dont Jean Leloup, Pierre Lapointe, les sœurs Boulay, Patrice Michaud, Bleu Jeans Bleu, pour ne nommer que ceux-là. Nos enfants ont l’oreille en ce qui a trait au talent québécois!

Chez les utilisateurs de Tik Tok

L’application Tik Tok est sans doute une plateforme qui fait découvrir de nombreux mouvements de danse, mais aussi de nombreux groupes musicaux. Les chanteurs de l’heure, tels que Dua Lipa, Black Eyed Peas, Justin Bieber ou encore Drake ont la cote auprès de nos jeunes.

En somme, peu importe le style musical adopté, il est important de respecter le choix de chacun. La musique est présente dans le quotidien de tous; elle peut calmer, aider à la relaxation, motiver, ou tout simplement créer l’ambiance lors de rassemblements en famille ou entre amis. Le choix musical de nos enfants ne peut plaire à tous, mais il définit un peu qui ils sont, donc il est important de les laisser explorer!

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À la madame qui croit que j’ai l’air trop jeune pour être maman

(CHRONIQUE)

Chère madame qui croit que j’ai l’air trop jeune pour être maman,

Peut-être ne vous souvenez-vous pas de moi,  on s’est croisé il y a quelques années.  Rapidement, quelques secondes en fait, le temps d’un échange entre deux rangées de cadres chez Winners.  Une rencontre anodine.

J’avais 25 ans et une 11 mois assise au fond d’un panier, je cherchais une lampe pour sa chambre.

– « Mon dieu!!!!  Mais t’es ben TROP jeune pour avoir un enfant!!!! » (Yeux méchants)

– « … »

– « T’as quel âge? »

J’ai menti que j’avais 26 ans.  Je crois que j’ai ressenti le besoin d’être l’autre côté du 5 de 25, c’est fou!  À l’époque, avoir eu le temps, j’aurais ajouté « J’ai des études et un emploi.  JE SUIS UNE BONNE MÈRE! »

– « Ah, c’est parce que t’as l’air vraiment jeune, mais ok, t’as juste pas l’air de ça. » Avez-vous cru bon d’ajouter.

Je me souviens que vous aviez vraiment l’air soulagée.  La police des « bonnes mères » était rassurée du bien-être de ma 11 mois, chez Winners, entre deux rangées de cadres.

Crédit:Unsplash

J’ai repensé longtemps et souvent à cette rencontre.  Je m’en suis voulu de m’être sentie aussi déstabilisée.  Je m’en suis aussi, et surtout, voulu d’avoir ressenti le besoin de me justifier.

Entre vous et moi, j’aurais pu avoir 17 ans.  J’aurais pu être ado, maman, travailler fort pour terminer mes études, subvenir aux besoins à cet enfant tout en étant une « bonne » maman.  Si ça avait été le cas, la dernière chose dont j’aurais eu besoin, c’est d’un commentaire de ce genre.

Aujourd’hui, 9 ans et deux autres enfants plus tard, malgré la trentaine, je suis toujours la maman qui a l’air jeune (surtout avec 3, isssh).  Je suis toujours la maman au manteau rose fluo à la clôture de l’école. Je suis toujours la maman des enfants à qui les profs demandent « mais elle a quel âge, ta mère? » 

Aujourd’hui, la seule différence est que j’ai arrêté de me justifier et de douter de moi.

Que ce soit à la collègue qui me demande si je peux « bien » m’occuper, aussi jeune, de tout ce monde-là (sans blague hein) ou celle qui prétend que je serais encore avec leur père si je les avais eu plus tard, je me permets de répondre: qu’il n’y a pas de modèle unique de maman et que je suis fière de celle que je suis.

Je me suis fait une belle banque de réponse allant de « Je suis bien fière de ma famille! » à un beau gros eyeroll (ça fait toujours son effet).

Depuis 9 ans, vous avez été de toutes ces réponses; je dis bien réponses et non justifications.

Être maman est déstabilisant, bouleversant.  Être maman nous plonge dans le doute, la remise en question constante.  Être maman vient, trop souvent avec un sentiment d’insuffisance.   Je vous dirais même, en terminant, que la majorité des mamans, peu importe leur âge, se sentent inadéquates la majeure partie du temps, par elles-mêmes.

Alors, s’il-vous-plaît, la prochaine fois que vous en croisez une, entre deux rangées de cadres, envoyez-lui dont un beau sourire d’encouragement.

Au plaisir de vous recroiser!

Maude

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Il s’appelait Jules

(CHRONIQUE)

Le surlendemain de la mort de mon papa, j’étais assis sur une chaise inconfortable, avec ma tante et mon frère, au centre funéraire. On nous posait des questions, on nous offrait des mouchoirs. On nous aidait ensuite à faire un choix dans la liste des forfaits disponibles.

Nous répondions à tout. Il fallait confirmer la date de naissance de notre père, la date du décès, jaser de sa couleur préférée et de la possibilité d’avoir un chanteur à rabais sur place lors de la cérémonie. Je n’ai jamais été témoin d’un silence plus sourd que ceux étalés tout au long de cette discussion. Dans ce bureau à l’odeur de vanille chimique et devant chaque question souriante, nos réponses étaient courtes et sèches. Nous avions perdu notre père et la seule chose à laquelle j’étais capable de penser, c’était « qu’allons-nous devenir?».

Nous avons ensuite visité une grande chambre avec des décorations pour la cérémonie, des cercueils et des urnes. Tout était disposé du plus petit au plus grand, du moins cher au plus cher. La spécialiste grimaçait en nous présentant des articles fragiles en pin ou en carton, des urnes simples en bois, des choses laides et sans goût. Puis, la dame souriait et s’exprimait avec enthousiasme devant les prodigieuses décorations des cercueils en cèdre, vernis, brillants. Il y avait des urnes en marbre, des possibilités de pierres tombales extravagantes.

« À la hauteur de votre amour pour votre père ». J’aurais cassé quelque chose, je pense, si elle avait insisté. À la hauteur de mon amour pour mon père.

Les dernières volontés de notre papa étaient claires: il ne voulait pas être exposé, il voulait qu’on ne débourse que le strict minimum et il voulait être incinéré. Après son décès, j’ai senti que le monde entier faisait pression contre ses dernières décisions, comme si sa vie avait été rendue et que nous pouvions maintenant en disposer comme bon nous semblait.

Il n’a pas été exposé. Il y a eu une petite cérémonie de rien, et un gentil monsieur avec le trémolo de Mario Pelchat a chanté trois chansons. Mon frère et moi, on s’est retenus pour ne pas rire. Notre père devait rire, là où il était.

Après les obsèques, je n’ai pas été capable de mettre l’urne de mon père en terre. J’étais paralysé. Il voulait être enterré aux côtés des siens, au cimetière Côte-des-Neiges. Je pense qu’une fois la terre creusée par une pelletée, j’étais figé de voir le sol ouvert à notre famille de morts, à ma grand-mère et mon grand-frère.

J’avais un fou rire incontrôlable, le plus grand de toute ma vie. Mon petit frère ne pouvait même pas me regarder dans les yeux. Je criais de rire, comme si on m’avait raconté la meilleure blague de tous les temps. Tout me semblait ridicule, alors que nous nous affairions depuis des jours à faire nos adieux à mon père qui était déjà loin. Nous nous accrochions à ses cendres jusqu’au dernier moment et plus rien ne faisait du sens, pour moi.

Je me suis secoué quand mon oncle a pris le relais. C’est lui qui a pris la pelle, qui a creusé le trou, puis déposé les cendres de mon père doucement au fond. Il y avait une telle tendresse et un tel respect dans ce geste, je ne crois pas avoir remercié mon oncle assez pour ça. C’était émouvant de l’entendre dire : au revoir, mon chum. Je me rappelle de son bras musclé, tendu vers le fond, délicat et rassurant.

Merci Robert, mon oncle d’amour, clone de Louis de Funès.

Onze ans sans Papa, aujourd’hui. Le plus difficile pour moi a été d’être père à mon tour. J’aurais aimé l’avoir à mes côtés pendant ma jeune paternité. J’aurais voulu l’entendre dire que je faisais bien ma job ou que j’étais cabochon par bouts. Je le voudrais encore là pour me ramasser quand je m’effondre, pour me prendre en charge comme un bébé quand j’en ai besoin.

Onze ans plus tard, je suis de plus en plus paisible. Mes pieds se déposent sur ses traces et en repensant à ces funérailles, je me sens étrangement proche de lui. J’aurais les mêmes volontés, je pense. Je voudrais juste que mes enfants ne se demandent pas à leur tour « ce qu’ils vont devenir ».

D’où je serai, je ne déteste pas l’idée qu’ils riront quand un chanteur au trémolo nerveux viendra me rendre hommage.

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Jamais je n’aurais pensé qu’être parent, c’est tout ça (et plus encore)!

(CHRONIQUE)

Le temps passe vite. On a beau s’en douter, c’est étonnant à quel point la parentalité nous change. À l’aube de mon retour au travail, j’ai eu envie de faire un bilan des choses que je n’aurais jamais pensé accomplir ou réaliser en devenant parent.

Survivre au manque de sommeil

Avant d’accoucher, lorsqu’on me demandait ce qui me faisait le plus peur de ma future vie de parent, je répondais systématiquement le manque de sommeil. J’étais du genre à me coucher à 20h un vendredi soir si j’étais trop fatiguée et d’attraper tous les virus possibles si j’accumulais une trop grosse dette de sommeil.

Avec aucune nuit complète sans réveil depuis 14 mois et beaucoup d’heures de sommeil manquantes, je peux affirmer que je m’en sors pas trop mal. Oui, je suis fatiguée, oui, je pense que je pourrais dormir quelques jours d’affilée pour récupérer un peu, mais oui, je survis. Je passe au travers de mes journées sans trop de problèmes et je ne suis pas plus malade qu’avant (peut-être aussi parce que je sors tellement peu de chez moi #MerciConfinement).

Voir ma maison autant en désordre

Je ne suis pas une Mme Blancheville dans l’âme. J’ai plutôt une (moyenne) tendance naturelle à la traînerie. Depuis que Minilove est là, les traîneries sont passées à un niveau supérieur. La maison n’est pas sale, mais le plancher est recouvert d’items de toutes sortes : des trucs de bébés s’accumulent à des endroits peu stratégiques PARTOUT dans la maison.

Un bac à jouets, une tuque trop grande/trop petite/trop chaude/pas assez chaude, la housse de pluie pour la poussette, des bas de bébé, un fond de panier de couches propres à plier, un thermomètre, des dessins de la garderie, des miettes de nourriture, alouette!

Nos meubles se découvrent de nouvelles vocations et les surfaces accumulent d’étranges bibelots. Et, sincèrement, ça me dérange de moins en moins.

Être émerveillée par le rire de mon enfant

Depuis que Minilove rit, un objectif prioritaire dans ma journée est d’entendre le plus souvent possible ce son magnifique.

Que ce soit en imitant tous les animaux du monde, en mimant ou en gesticulant les mouvements d’une chanson ou même en faisant des sons de toutes sortes (prouts de bedaine et guili-guilis inclus), je fonds littéralement lorsqu’il rit aux éclats.

Je considère que ces périodes de rire sont dans les plus beaux moments de ma journée. Son sourire communicatif, ses yeux qui brillent comme des étoiles et son rire contagieux me remplissent de bonheur.

Être ébranlée par une date

Minilove est né à 41 semaines de grossesse. Bien que je ne comptais plus son âge en semaines depuis quelques mois, j’ai été un peu ébranlée quand il a eu 41 semaines. 41 semaines in/41 semaine out. J’ai versé quelques larmes et immortalisé le moment par une mini séance de photos devant le miroir, question de faire un avant/après avec ma dernière photo de grossesse quelques jours avant de donner naissance. C’est impressionnant de voir toute l’évolution qui peut se produire en si peu de temps.

Écrire pour un blogue de parents

C’est fréquent de se poser des questions lorsqu’on est parent : on doute de tout et on se remet en question constamment. Les blogues de parents ou sur la parentalité sont souvent (pour moi, du moins) une source de réconfort et offrent un sentiment de communauté.

Quand s’est présentée l’opportunité d’appliquer pour collaborer à TPL Moms, je me suis sentie interpellée. J’ai toujours aimé écrire, mais je ne le faisais pas régulièrement. J’ai osé envoyer ma candidature et me voilà maintenant blogueuse. Partager des bribes de mon quotidien avec ses défis et ses bons coups me permet d’offrir de la place à ma créativité et ça me fait du bien. Et si, par le fait même, je peux être une source de réconfort pour un autre parent, j’en suis extrêmement heureuse.

Qu’est-ce que la parentalité vous fait vivre alors que vous ne pouviez pas vous douter que ça arriverait un jour?

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La dysphorie menstruelle, vous connaissez?

(CHRONIQUE)

Il y a un an, lors d’un rendez-vous de suivi pour mon bébé, j’ai discuté avec mon médecin de famille. Après plusieurs années d’auto-observation de certains symptômes que je vis lors de mon ovulation et près de mes menstruations, je lui en ai dépeint le portrait.

Anxiété, colère, irritabilité, humeur dépressive, perte d’intérêt pour des choses que j’affectionne normalement, insomnie, sentiment d’être dépassée par les événements et d’une perte de contrôle. Ajoutons à cela une brochette de symptômes aussi éclectiques que des changements au niveau de ma vision, diminution de la coordination, libido inexistante, étourdissements, palpitations cardiaques, spasmes musculaires et douleurs incapacitantes au dos.

Toute ma vie, j’ai pensé que tout ça était normal. Notre fardeau de femme, quoi. Mon médecin de famille m’a alors dit qu’il est normal de ressentir certains symptômes psychologiques et physiques durant le cycle menstruel, mais qu’un tel éventail, et de cette intensité, semblait plutôt indiquer un trouble de dysphorie menstruelle ou en anglais pre-menstrual dysphoric disorder (PMDD).

Sans grande surprise et comme pour bien d’autres problèmes de santé typiquement féminins, il y a très peu de recherches faites sur ce trouble et il est peu connu des professionnels de la santé. Selon la Harvard Medical School, c’est pourtant 5% des femmes en âge d’enfanter qui vivent avec celui-ci.

Dans un texte informatif publié par l’université Johns Hopkins, il est mentionné que parmi les traitements susceptibles d’améliorer la qualité de vie et la gestion des symptômes de cette maladie chronique, on retrouve certains changements dans l’alimentation, exercice régulier, gestion du stress, suppléments de vitamine B6, de calcium et de magnésium, médicaments anti-inflammatoires, antidépresseurs (SSRI) et la pilule anticonceptionnelle.

Il ne faut pas prendre ce trouble à la légère. C’est une condition qui perturbe non seulement les activités du quotidien, mais aussi les relations interpersonnelles et qui peut nuire au bon fonctionnement au travail. Une certaine proportion des femmes atteintes ont même des pensées suicidaires intermittentes. C’est une condition tellement intense qu’elle est parfois confondue avec un trouble de bipolarité par les personnes qui en souffrent.

Si, comme moi, plusieurs de ces symptômes vous collent à la peau cycle après cycle, année après année, songez donc à en discuter avec votre médecin de famille. C’est une condition sérieuse qui a un gros impact sur le quotidien et il est possible d’améliorer votre situation.