Trigger warning/ Traumavertissement: violence, violence conjugale
Parfois, les histoires d’amour peuvent avoir une fin autre que celle qu’on nous vend dans les contes de fées. La mienne a eu une fin abrupte. C’était une soirée d’automne froide et j’étais très jeune. J’attendais le retour de mon ex (mon copain à l’époque) qui était au travail. Je venais de découvrir qu’il fréquentait d’autres filles. J’étais tellement démolie. Comment avait-il pu me faire ça à moi? La mère de son enfant.
Lorsque je l’ai confronté, il m’a traitée de folle et il criait tellement fort que notre bébé s’est réveillé. Je l’ai supplié de parler moins fort. Il m’a regardée droit dans les yeux, il m’a dit : « Tu me dégoûtes » et il m’a craché au visage. J’ai pleuré et je voulais aller me réfugier dans la chambre. Il m’a poussée violemment par terre et m’a donné de nombreux coups de poing au visage. Il essayait de m’étrangler avec ses mains et je me suis débattue de toutes mes forces. Tout à coup, je crois qu’il a réalisé qu’il allait trop loin donc il m’a lâchée, il s’est levé, a brisé la corde du téléphone fixe de la maison, il m’a encore craché dessus et il est parti en claquant la porte.
Ensuite, j’ai couru prendre mon bébé qui hurlait. C’est là que j’ai réalisé que ma main était blessée. J’ai enveloppé mon enfant avec une grosse couverture et je suis sortie sans manteau, car je n’arrivais pas à bouger ma main. J’ai marché jusqu’au poste de police.
Lorsque le policier m’a demandé pourquoi j’étais là, j’ai répondu : « Je me suis chicanée avec mon chum ». Il m’a invitée à passer dans un cubicule et a dit à sa collègue: « Nous avons une madame victime de violence conjugale ». C’est à ce moment que j’ai compris que ce que je vivais depuis un an, c’était de la violence conjugale. Ensuite, on m’a emmenée à l’hôpital pour soigner ma fracture à la main.
Je suis allée dans une maison d’hébergement avec mon enfant. Toute une équipe d’anges m’a aidée dans mon cheminement. J’ai compris que j’avais vécu toutes les formes de violence. J’ai porté plainte contre mon ex, mais malheureusement, il n’a pas été reconnu coupable à cause du fameux « hors de tout doute raisonnable ». Je sais qu’il y a des voisins qui ont entendu les cris le soir de l’agression. Mais personne n’a voulu donner son témoignage comme preuve pour la cour. Certains voisins m’ont dit qu’ils ne se mêlent pas des problèmes de couple. J’ai aussi vécu de la violence post-séparation surtout lors des échanges pour la garde de notre enfant. (Ingrid Falaise a d’ailleurs abordé ce sujet dans un documentaire en 2019.)
J’ai dû apprendre à vivre avec le syndrome du choc post-traumatique et mon enfant avec l’anxiété. Plusieurs années se sont écoulées depuis et je vais bien, mais je porte encore les cicatrices de l’enfer que mon agresseur m’a fait subir. Mais mon enfant est vivant et moi aussi… c’est déjà une victoire.
Si vous vivez de la violence conjugale, voici des ressources qui peuvent vous aider:
Pour les femmes:
SOS Violence Conjugale (hébergement et services de suivi)
Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale (hébergement, services de suivi, soutien téléphonique, défense de droits)
Pour les hommes:
Maisons Oxygène (hébergement et services de suivi)
Service d’aide aux conjoints (SAC) (services de suivi)