Je n’aime pas dire que mon enfant est anxieux; elle est trop jeune pour qu’on lui appose un diagnostic.
Par contre, je suis consciente qu’elle a des prédispositions à le devenir, considérant qu’au niveau génétique, son père et moi n’aidons pas la cause puisque nous vivons tous les deux avec différents troubles anxieux.
Je vois bien que lorsque les choses ne se passent pas exactement comme à l’habitude, ses yeux deviennent apeurés. J’entends bien son besoin de se faire rassurer régulièrement. Je suis consciente qu’un objet qui n’est pas au bon endroit lui crée de l’incertitude. Non seulement les repères sont importants pour elle, ils sont primordiaux.
À ses 2 ans, nous avons dû quitter notre merveilleuse éducatrice en milieu familial et j’ai pris la décision de me tourner vers un CPE. L’adaptation a été longue et pénible. Nous avons fait face à des crises intenses et des réactions excessives. Ma fille est d’une nature très douce et conciliante, mais pendant son adaptation, son comportement était devenu violent. Maintenant, elle connaît tous les noms complets des amis du CPE et sait ou se trouve chacun de leurs casiers (on parle de 70 enfants ici). Mais ne lui demandez pas de changer de place au vestiaire. C’est trop pour elle!
Bientôt, nous aurons à faire face à son retour en service de garde. Le retour en soi s’annonce comme un véritable défi après des semaines où elle s’est habitée à passer tout son temps en compagnie de sa maman en confinement. J’ai pris connaissance des nouvelles mesures préventives en SDG pour commencer à en discuter avec ma puce. Vous pouvez consulter le document ici. Je devrai la préparer au fait que je ne pourrai plus l’accompagner à son vestiaire le matin. Je ne pourrai pas lui faire son bisou-câlin à la porte de son local. Elle devra accepter énormément de changements au cours de la rentrée prochaine, mais elle sera accompagnée d’éducatrices attentionnées.
Je crois qu’en tant que parent, mon rôle n’est pas de contrôler son stress du changement (sa bête noire, si on peut l’appeler ainsi), mais plutôt de l’accompagner et de lui donner les outils pour qu’elle puisse elle-même l’apprivoiser. À la maison, pour calmer ce que je perçois comme ses réflexes anxieux, j’essaie d’amener des variantes rigolotes à nos activités quotidiennes. On change de lieu dans la maison pour l’histoire du soir ou pour le déjeuner, par exemple. C’est légèrement déstabilisant et ça brise sa rigidité tout doucement. Je la laisse s’avancer à son rythme dans des situations dérangeantes, lorsqu’elle rencontre de nouvelles personnes, par exemple. Je l’amène à s’exprimer lorsqu’elle perd le contrôle, mais aussi à la fin d’une journée qui nous semble banale.
Un jour, mon enfant deviendra une adulte. Si elle doit, comme son papa et moi, apprendre à vivre avec l’anxiété, j’espère que je l’aurai aidée à mieux l’affronter.
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