Un fait indéniable, c’est que l’alcool fait partie intégrante de ma vie. Je ne suis pas une grande consommatrice, mais dans mon entourage, tout le monde en prend: ma famille, mes amis et même mes collègues presque chaque vendredi en fin d’après-midi.
L’année dernière, j’ai vécu une expérience personnelle qui a remis en question mon besoin de prendre un verre. J’ai mis fin à une relation où l’alcool prenait trop de place et où, sous son influence, certains gestes ont été posés et m’ont blessée. En choisissant de couper les ponts avec cette personne, j’ai aussi réfléchi sur mes motivations pour boire. Je me suis aperçue que, au-delà de l’appréciation que j’ai de l’alcool, je le faisais surtout pour accompagner, pour me sentir « dans la gang ». Trois fois sur quatre, mon verre en main n’était justifié que parce que j’aurais été la seule à ne pas en avoir un, justement.
Ai-je vraiment besoin d’un verre pour me détendre? Me sentir à l’aise? Me donner du courage? La réponse à toutes ces questions, c’est non.
Je suis capable de trouver l’équilibre sans boire. Je suis aussi capable d’apprécier le goût de certains alcools, mais ma gourmandise ne passe pas par ce type de boissons.
Quand on vit le deuil d’une relation, quand on se questionne sur ce qui n’a pas marché, on finit par dresser la liste des points qu’on veut voir changer pour la suite. Le besoin de boire, chaque fois qu’on se voyait, venait en tête de ma liste. Cette réflexion a modifié mon comportement: j’ai alors commencé à dire « non » aux verres offerts lorsque je n’en avais pas envie. Je n’ai pas complètement arrêté de boire de l’alcool, mais maintenant, je le fais vraiment pour moi, pour mon plaisir. Et les réactions que j’ai eues m’ont grandement surprise.
Je vous jure, les gens insistent. Les gens demandent pourquoi. Les gens me servent quand même. Si je leur dis que je n’en veux pas, c’est comme si je disais que je venais d’une autre planète. On me trouve des excuses, comme quoi c’est juste un verre, il faut bien que j’accompagne, que je goûte, que je fête, moi aussi. Les premières fois, je finissais par dire que j’avais mal à la tête, ou que j’étais sous médication? et encore, on trouvait le moyen de me juger ou d’insister.
J’ai arrêté de donner des excuses bidon, voyant que cela servait à peu de choses. Maintenant, je dis seulement que je n’en ai pas envie. Mon entourage commence à comprendre, mais encore, je sens que c’est trop souvent mal perçu. J’ai encore une ou deux connaissances, des gens que je vois rarement sans une bière ou un verre de vin, qui ne veulent juste pas lâcher prise. Chacun de mes refus se voit accompagné soit d’une remarque insistante, soit d’un questionnement inapproprié.
Sérieux, est-ce trop demander que de respecter mon désir de ne pas boire? Je suis tannée d’aborder cette conversation et d’avoir l’air d’une puritaine, ou d’une coincée, ou d’une frustrée? Voire tout cela à la fois! L’image trop rependue de la maman moderne qui s’accroche à son verre de vino pour noyer sa charge mentale, je ne me reconnais pas là-dedans. Je ne suis pas en guerre contre l’alcool, j’ai seulement vécu des choses que je ne veux plus vivre, qui me rappellent que je n’en ai pas besoin aussi souvent que le monde entier voudrait que j’en consomme.
Et si le c?ur y est, je vais me faire plaisir à boire un petit verre avec eux. Seulement, je peux très bien accompagner, célébrer et me sentir bien sans lui. C’est un choix que j’ai fait et j’aimerais bien qu’il soit respecté, tout le temps et sans argumentation.
Amen