J’ai longtemps hésité avant d’écrire cette chronique, mais je crois que ce serait une erreur d’ignorer un tel sujet, aussi délicat soit-il.
En l’espace de moins de 24 heures, deux fusillades aux États-Unis ont coûté la vie à plus de 30 personnes. Les auteurs de ces crimes odieux, deux hommes blancs, ont ouvert le feu sur des innocents et, par le fait même, ont anéanti bon nombre de familles.
Comme c’est devenu coutume au fil du temps, certains politiciens ont vite jeté le blâme sur les jeux vidéo. C’est le cas du président Donald Trump, qui a déclaré la nécessité de « cesser la glorification de la violence dans notre société. Cela comprend les horribles jeux vidéo qui sont aujourd’hui chose courante ».
Une critique qui n’est pas sans rappeler l’intervention du vice-président Joe Biden en 2012. Sous le règne de Barack Obama, le politicien avait convoqué plusieurs gros noms de l’industrie des jeux vidéo pour discuter de « solutions » à envisager. C’était quelques jours après le massacre de Sandy Hook, où 20 enfants et 6 adultes d’une école primaire avaient été massacrés par balle.
Biden est un candidat primé à l’investiture démocrate pour les élections de 2020. Et pourtant, nos voisins pourraient encore une fois se mettre les pieds dans les plats avec une vieille mentalité. Étrange pour l’un des pays les plus puissants au monde, qui préfère semble-t-il prendre l’industrie des jeux vidéo en bouc-émissaire.
Instinctivement, nous tentons de comprendre ce qui peut pousser une personne à commettre des gestes aussi ignobles. Trop souvent, le réflexe est de former un lien de causalité entre l’adoption d’un médium bien connu (les jeux vidéo) et un comportement extrême. Si un tel lien existait, nous pourrions le prouver hors de toute doute.
Hors ce n’est pas du tout le cas! Si ce n’était pas vrai dans les années 90 avec les Mortal Kombat et Doom de ce monde, ce ne l’est pas plus de nos jours. Alors pourquoi s’évertuer à propager de tels propos? Je vais vous partager un petit secret : les politiciens ne cherchent pas à diffuser la vérité, et encore moins en être des porte-étendards. Trump devrait vous avoir mis la puce à l’oreille.
Non, la plupart des politiciens n’ont pour seul but que consolider leur image auprès d’un public cible… même s’ils ne croient pas un mot de ce qu’ils disent. Dans le cas présent, nous avons affaire à un disque rayé qui trouvera certainement écho auprès d’une partie de la population… au grand dam des experts qui n’ont jamais pu établir le lien de causalité tant véhiculé.
D’un autre côté, je comprends une telle réaction : il est toujours plus facile de blâmer quelque chose de connu (et populaire!) que de se regarder dans une glace et réellement identifier les causes de tels actes. Parce qu’on va se le dire, ce n’est pas Call of Duty qui va alimenter la haine et diviser la population. Au même titre qu‘Overcooked ne fera pas de vous un chef.
Il est temps de se concentrer sur les vrais problèmes qui sont à la racine d’un tel fléau : la propagande à outrance (souvent de la bouche même du président des États-Unis), le manque d’éducation et le pauvre soutien aux personnes affligées de troubles mentaux.
Mais tout cela demande du temps et de l’effort. Avons-nous encore assez de respect pour régler les problèmes en profondeur ou préférons-nous les « swiper », passer au suivant parce que c’est tellement devenu la norme? J’ose espérer que le nivellement vers le bas cessera un jour…