Mettre ses limites. Trois mots qu’on entend souvent, qui sonnent simples. Mais en fait, quand on pense que nous devons le faire pas mal tout le temps, un peu partout, c’est le travail d’une vie, genre.
On peut faire ça en prenant du recul sur une situation, en arrêtant de parler à certaines personnes, en prenant des pauses, en revoyant nos priorités, en changeant d’activité. On peut faire ça de plein de façons différentes et c’est ça qui est cool.
Ce qui l’est beaucoup moins, évidemment, c’est le contexte. Avec la vague de dénonciations qui a eu lieu récemment, je me rends compte à quel point c’est difficile d’imposer nos limites lorsque les autres ne sont pas ouverts à les respecter. Il faut accepter que nos limites ne sont pas les mêmes que celles de nos ami.e.s, nos collègues, notre partenaire ou les membres de notre famille. Dans tous les cas, elles restent valides et doivent être respectées. C’est vital et c’est la base des relations saines.
Mettre nos limites n’est jamais coulé dans le béton, c’est le genre de chose qui prend du temps, qui se fait par étapes, par micro-étapes s’il le faut. Ça implique souvent des essais-erreur, car il arrive que les autres ne comprennent pas que l’on a une manière différente de fonctionner. Juste l’option de mettre son pied à terre et de s’affirmer peut impliquer beaucoup d’enjeux à prendre en considération.
Ça ne devrait jamais être le cas.
Plusieurs souvenirs me sont revenus en mémoire récemment. Des souvenirs pas le fun. J’ai accepté des choses souvent pour plaire, j’ai flanché littéralement et cédé à des personnes insistantes juste parce que l’option du « non » n’était pas dans les choix de réponse que je pouvais donner. À certains moments, cela semblait même être un concept étranger pour elles. Je ne parle pas d’un événement ou d’un contexte bien précis, mais c’est arrivé souvent: mes limites n’ont pas été respectées même si je les ai énoncées clairement.
L’une des choses les plus difficiles, c’est lorsque nous mettons nous-mêmes nos limites en doute. Lorsque ça m’arrivait, je me disais que je pouvais « faire un effort », faire « un essai, juste pour voir », aider quelqu’un quand je le pouvais même si ça impliquait finalement de m’épuiser à mon tour, toujours craindre les représailles.
Mais l’affaire, c’est que nos limites, elles peuvent changer d’une journée à l’autre, d’un contexte à un autre. Ce n’est pas parce que l’on aide beaucoup une fois que l’on sera disponible à le faire tout le temps. Ce n’est pas parce que l’on dit « oui » une fois que ce sera toujours la même réponse plus tard. Ce n’est pas parce que l’on essaie un truc une fois que l’on va forcément aimer ça et vouloir recommencer.
Qu’on se le dise une fois pour toutes, c’est normal! Les limites d’une personne ne sont ni un défaut de fabrication, ni une erreur de parcours. Ce sont des décisions éclairées qui sont prises chaque jour, à chaque instant.
J’ai hâte que l’on cesse de blâmer les victimes pour des choses qu’elles « n’auraient pas faites » (à traduire: de limites qu’elles n’auraient pas imposées). J’aimerais qu’il n’y ait plus de « vagues » de dénonciations, mais plutôt une écoute et un espace pour les personnes qui ont été victimes, sans qu’elles ne soient mises en doute ou minimisées.
En tout temps.