De la belle visite qui se fait rare au Québec par les temps qui courent est «rentrée à la maison» il y a quelques jours: en vedette dans la nouvelle série L’indétectable, de Radio-Canada, Sophie Nélisse a pris le temps d’enchaîner les entrevues avec les médias québécois pour mousser la promotion de ce projet, entre une escale aux États-Unis et une autre en Italie. Nous en avons profité pour prendre des nouvelles de l’actrice québécoise et pour la questionner sur sa carrière américaine.
Dans L’indétectable, Sophie Nélisse incarne Stéphanie, une jeune femme prête à tout – et même à tenter des moyens illégaux – pour tirer d’embarras sa mère politicienne accusée d’avoir tenu des propos racistes dans un taxi. La dame jure avoir été victime d’un deepfake (hypertrucage numérique généré par l’intelligence artificielle, ou autre entourloupette technologique) dans la vidéo, devenue virale, qui la met en scène.
Les trois premiers épisodes de L’indétectable seront disponibles sur ICI TOU.TV EXTRA ce jeudi, 20 mars, et les trois suivants y seront déposés le jeudi 27 mars (date de l’anniversaire de 25 ans de Sophie Nélisse!).
Hollywood PQ: Sophie, d’abord, dis-nous un mot au sujet de L’indétectable. Qu’est-ce qui t’a intéressée dans cette série?
Sophie Nélisse: «C’est une histoire qui me semblait très contemporaine et importante à raconter. Tout ce qui touche l’intelligence artificielle, les deepfakes, c’est un fléau qui est de plus en plus prédominant. C’est important que les gens soient à l’affût et au courant de ce qui se passe, pour qu’on soit tous un peu plus alertes quand on consomme ce genre de contenus. Pour devenir conscients qu’on en consomme, en fait. J’aimais l’aspect un peu éducatif. C’est aussi très divertissant. On est au bout de notre chaise tout le long. Il y a deux histoires en parallèle, qui s’entrelacent. C’est très bien écrit, avec beaucoup de nuances.»
HPQ: As-tu développé une belle relation avec les autres acteurs de la série (Lynda Johnson, Pierre Curzi, Eve Lemieux, Kevin Houle, Pierre-Paul Alain, etc)?
S.N: «Oh oui! Avec tout le monde. C’est tellement une équipe formidable, gentille, généreuse… Lynda était comme une deuxième maman pour moi, sur le plateau. Elle-même a deux jeunes filles [ainsi qu’un garçon, tous en fin d’adolescence, NDLR]. C’était le fun, parce que j’avais des scènes avec tout le monde. Je suis le personnage qui se promène le plus; j’avais des scènes chez EFEK [la firme technologique que son personnage infiltre pour subtiliser des renseignements, NDLR], qui étaient complètement différentes des scènes en famille à la maison.»
HPQ: À quoi a ressemblé ton horaire professionnel dans la dernière année?
S.N: «On a tourné la troisième saison de Yellowjackets, qui est maintenant disponible sur Crave. Ç’a pris une grande partie de mon année, parce qu’on a tourné ça pendant six mois. Ensuite, j’ai directement fait L’indétectable à mon retour, qui a exigé un autre deux mois, en novembre et décembre. Ç’a rempli mon année!»
HPQ: Et quels sont tes projets pour 2025?
S.N: «Dans les prochaines semaines, je tourne un film américain en Italie, jusqu’en mai. Je ne sais pas si j’ai le droit d’en parler pour l’instant! (Sourire) Ensuite, je suis rattachée à quelques petits projets plus indépendants. Puis, j’irai travailler sur la quatrième saison de Yellowjackets; on n’a pas encore de confirmation, mais on risque d’en avoir! Reste à voir quand ça va commencer.»
HPQ: La plupart de tes engagements sont désormais du côté américain. As-tu un pied-à-terre pour habiter là-bas pendant tes séjours?
S.N: «Non, non. Je n’ai qu’un pied-à-terre à Montréal. Je fais des allers et retours là-bas. Surtout que les tournages n’ont pas toujours lieu aux États-Unis. Mon prochain tournage est à Rome, Yellowjackets est tournée à Vancouver.»
HPQ: Maintenant que tu fais carrière ailleurs, qu’est-ce qui te séduit dans le choix d’un projet au Québec?
S.N: «Les collaborateurs, généralement. J’adore tourner au Québec! C’est plus une question de disponibilité, si je suis à Montréal ou pas. Montréal garde une place très privilégiée dans mon cœur. D’être capable de tourner ici, de retravailler avec des gens avec qui j’avais déjà travaillé, de retrouver les équipes de Montréal, c’est comme retrouver une famille! Ça dépend de mon temps, de qui fait partie du projet, si c’est un réalisateur avec qui j’avais envie de travailler depuis longtemps, qui sont les autres acteurs…»
HPQ: Avec les réseaux sociaux, c’est d’autant plus facile de demeurer en contact avec le public québécois…
S.N: «Je pense que c’est pour ça que j’ai encore mon pied-à-terre ici. Le Québec, c’est d’où je suis, c’est ma famille. Il n’y a rien qui se compare au fait de tourner ici. Ça me fait vraiment plaisir de pouvoir revenir quand j’ai du temps. Avec les réseaux sociaux, j’ai la chance de continuer de faire des entrevues, des émissions de télé, d’être encore amie avec des réalisateurs et des acteurs d’ici…»
HPQ: À quoi ressemble ton mode de vie quand tu es en tournage dans des productions américaines?
S.N: «Honnêtement… C’est ce que j’aime le plus de ma job : il n’y a pas de structure! Il n’y a pas d’heures. J’ai été partie pendant un mois et je suis revenue avant-hier : j’ai fait New York, Los Angeles, Montréal, Los Angeles, Paris, Montréal… Ç’a été instable. Mais, après, je peux être six mois installée à Vancouver, sans quitter Vancouver. Chaque mois est différent! Mais c’est ce que j’aime.»
HPQ: As-tu l’impression que le fait d’avoir une carrière américaine et une crédibilité à Hollywood influence le genre de rôle qu’on t’offre maintenant ici, au Québec? Te propose-t-on des personnages plus matures?
S.N: «Hum… Je ne sais pas, c’est une bonne question. Je n’avais pas fait de série à Montréal depuis un moment. En fait, j’avais fait Aller simple : Survivre l’an dernier [à Noovo, écrite par les mêmes auteurs que L’indétectable, Annie Piérard, Bernard Dansereau et Étienne Piérard-Dansereau, NDLR]. C’est sûr que le fait d’avoir fait Yellowjackets m’a fait une belle transition vers l’âge adulte. À Montréal, je tournais beaucoup de rôles un peu plus jeunes; je trouve que j’ai aujourd’hui des rôles un peu plus matures, un peu plus sérieux, qui sont amusants. Mais j’aimerais beaucoup faire de la comédie! Si quelqu’un m’entend, j’aimerais vraiment faire de la comédie!»
HPQ: Et les rôles que tu obtiens aux États-Unis te plaisent?
S.N: «Oh oui! Oui, oui! Je pense qu’il s’agit de bien choisir, de ne pas trop vouloir me lier à un genre spécifique, de ne pas nécessairement trop faire d’horreur, d’être capable d’être versatile et de faire des rôles qui sont très différents les uns des autres.»
HPQ: Est-ce que le star système américain est exigeant? Difficile psychologiquement? As-tu l’impression que tu dois constamment guetter ton image?
S.N: «Je pense que chaque emploi vient avec ses difficultés. Ce n’est effectivement pas toujours aussi facile ou glorifiant qu’on se l’imagine. Ça vient avec ses challenges, certainement. Comme tout emploi…»
HPQ: Tu es devenue actrice à un très jeune âge. Est-ce que c’était un rêve pour toi, à tes débuts, de percer du côté anglophone? Ou c’est simplement arrivé «par la bande»?
S.N: «Oh non, c’est arrivé par la bande. Vraiment par hasard. Ce n’était même pas un rêve d’être actrice. Je suis tombée là-dedans de manière très aléatoire. C’est le film Monsieur Lazhar [sorti au cinéma en 2011, NDLR] qui m’a donné la chance d’auditionner pour La voleuse de livres [son premier film américain, du réalisateur Brian Percival, tourné en 2013, NDLR]. C’est ce qui a fait en sorte que j’ai percé. Après La voleuse de livres, il y a eu La fabuleuse Gilly Hopkins [où Sophie a joué avec Kathy Bates et Glenn Close, notamment, NDLR].»
HPQ: Et comment Monsieur Lazhar était arrivé dans ton parcours?
S.N: «J’avais auditionné, tout simplement. J’étais dans une agence, parce que je faisais des publicités pour avoir de la monnaie pour payer mes cours de gymnastique, parce que j’étais athlète, à l’époque. Et j’ai eu l’audition pour Monsieur Lazhar!»
HPQ: As-tu l’occasion de regarder beaucoup la télévision québécoise?
S.N: «Honnêtement, je n’ai pas le temps d’écouter rien! Je n’ai même pas encore eu le temps d’écouter la nouvelle saison de Yellowjackets, et c’est sorti il y a déjà plus d’un mois. The White Lotus est aussi sur ma liste. Je n’ai pas eu le temps de rien écouter dans les derniers mois!»
HPQ: As-tu un mot à dire, en terminant, sur la troisième saison de Yellowjackets?
S.N: «Je pense que c’est notre meilleure à date. Tout le monde semble vraiment content. C’est une saison vraiment le fun, parce que les filles sont rendues tellement loin dans leur mental, tellement loin de la réalité… Elles sont tellement rendues déconnectées et désabusées de leurs circonstances, on dirait, qu’elles sont prêtes à faire des actes encore plus horrifiants qu’on peut se l’imaginer. Ça devient encore plus dark, encore plus gore, mais presque le fun!»
(Psiiit! En ce qui concerne sa vie amoureuse, Sophie Nélisse semblait toujours vivre le parfait bonheur en début d’année… Plus de détails ici!)