Assagi, Maxim Martin?
Le mot n’est pas exagéré.
La mi-cinquantaine bien assumée, l’ex-vilain garnement prend du Concerta, consulte pour son apnée du sommeil, médite (!), fait des marathons et des ironmans, mange bien, ne consomme plus, apprécie la sensation de la crème sur son corps et l’odeur de l’aloès (!!), prend des cours de Pilates, cueille des framboises (!!!)…
(Oui, on parle de Maxim Martin… Continuez de lire.)
Une prière, avec ça? Pourquoi pas. Après tout, lui-même avoue croire en Dieu.
«Mais pas le dude avec une barbe en gougounes», s’empresse-t-il de nuancer.
De toute façon, observe-t-il, le Tout-Puissant est certainement passé aux Crocs, depuis le temps…
Bref, notre homme a trouvé une forme de – ou une relative – paix intérieure. Au point, crâne-t-il, d’être un peu devenu exactement le type de personnage qui lui tapait sur les nerfs à 25 ans.
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Beaucoup grâce à son beau toutou Aura, son chien d’assistance, qui apaise son anxiété et son TDAH récemment diagnostiqué, et qui ne se gêne pas pour passer saluer les spectateurs lorsque son maître y consent.
On voit rapidement le lien avec le titre de son sixième one man show, Bon chien, que Maxim Martin «cassait» devant collègues et journalistes au MTELUS, à Montréal, jeudi soir. Un lieu rare pour un spectacle d’humour, qui colle néanmoins tellement bien au style Maxim Martin. À deux pas des Foufs…
Le parterre était rempli, et bruyant, jeudi.
Un projet que le bouillant humoriste produit lui-même, s’il vous plaît.
Tout cela dit, même s’il apprend à modérer son excessivité, non, le Bon chien qu’est devenu Maxim Martin ne donne pas nécessairement la papatte. Le gars de party, le gars souvent «en tab*rnak» est toujours là, derrière l’aloès et les framboises. Sa vie a beau être désormais rangée, son récit sent fort l’apprentissage à la dure.
«Qui aurait cru qu’Éric Lapointe et moi, on vivrait plus longtemps qu’Herby Moreau?»
Celle-là arrive rapidement, en orée de monologue.
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Et vlan! Notre bon vieux Max nous balance au visage, en un gag presque trop bien ciblé, qu’il a cheminé, certes…
Mais qu’il reste – fièrement – Maxim Martin.
Le public réagit évidemment vivement.
«Savez-vous qui l’aurait trouvée très drôle? Julien Poulin…»
C’est sur cette fine poutre que se déploiera ensuite Bon chien, à cheval entre les enseignements acquis avec le sourire en coin depuis 55 ans, et l’adulescence tenace qui ne semble jamais vraiment tarie chez Maxim Martin.
Bon chien est le résultat d’un savant combiné d’authenticité et de maturité. Ça s’entend dans le souvenir d’un nom spontané qui interrompt une séance de porn et dans cette leçon d’humilité que confère le fait de sortir ramasser le «cadeau» fumant d’un animal. Dans le conseil coupe-faim qu’il offre à un jeune toxicomane ou dans son mépris des patrouilleurs à vélo. Puis, l’âge et ses bobos ont leurs désavantages, mais ils lui apportent aussi la sagesse de s’empêcher de tomber amoureux de sa voisine de palier. Beaucoup trop risqué.
Oui, il y a du sexe. Oui, il y a de la vulgarité, en crescendo à mesure que le texte avance. Ça reste très cru. Femmes, prenez note de ses préférences en matière d’épilation du pubis ou de ses positions (sans mauvais jeu de mots) face au couple ouvert. Hommes, accusez réception du fait que la fermeté de son postérieur…
Bon, on n’ira pas plus loin, allez l’applaudir, vous comprendrez.
Il y a surtout, dans Bon chien, un gaillard de 55 ans qui ose se montrer tel qu’il est, «souvent en conflit» et capable d’identifier ses traumas, sans jouer au petit blanc-bec plus blanc que blanc.
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Et les bonnes phrases ne manquent pas. Le temps passe, mais Maxim Martin sait encore puncher.
Pas besoin de s’exhiber une couille au vent!
Son nouvel opus est résolument très solide, beaucoup plus que son précédent, Fuckoff (2019), dans lequel l’artiste s’égarait un peu. Bon chien est basé sur un fil conducteur précis, limpide, consistant.
Pas très long, tout au plus quelques grenailles de plus que 60 minutes.
Le contenu reflète où en est le bonhomme dans sa vie.
Maxim Martin a précisé jeudi que cette première médiatique du 13 février se tenait 36 ans jour pour jour après sa toute première expérience de scène, le 13 février 1989. Il faudrait, pour le plaisir, réécouter l’un à la suite de l’autre les six one man show de sa carrière.
Seulement depuis Enfin (2015), dans lequel il «confessait» en quelque sorte son passé rock and roll et se gargarisait un peu de sa sérénité retrouvée, le chemin est palpable; Maxim Martin a visiblement connu d’autres claques sur la gueule depuis, mais s’en est probablement sorti encore mieux outillé que lors de ses précédentes chutes.
C’est, du moins, ce que laisse entendre Bon chien.
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Mais, Bon chien laisse également deviner que sa vedette n’arrêtera sans doute jamais de grogner.
Ne donnera pas davantage la papatte à sa prochaine tournée, non.
Et tant mieux. Namaste, tab*rnak.
Maxim Martin présentera Bon chien en tournée tout le reste de l’année.
Toutes les dates sont sur son site web (maximmartin.com).