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De l’Allemagne postnazie à l’Afghanistan, l’art comme thérapie de la guerre

(KABOUL-AFP) – Lancée en Allemagne il y a une soixantaine d’années pour surmonter le traumatisme de la Deuxième Guerre mondiale, l’exposition d’art contemporain Documenta pose cette année ses valises à Kaboul, dans un Afghanistan traumatisé par plus de trente années de conflit.

La manifestation fut pour la première fois organisée en 1955 à Kassel, une ville allemande dont le riche patrimoine historique fut largement détruit par les bombardements alliés. Devenue l’un des plus grands rendez-vous mondiaux de l’art contemporain, elle s’y tient tous les cinq ans. L’édition 2012, inaugurée début juin, s’y déroulera jusqu’en septembre avec plus de 150 artistes.

« Le premier Documenta s’est tenu (en Allemagne) après une terrible période de dictature et de conflit. Bien que le contexte soit différent de ce qui s’est produit en Afghanistan, il existe un tronc commun d’expériences au moment de repenser une société, dont l’art fait partie intégrante », observe Carolyn Christov-Bakargiev, la directrice artistique de cette 13e édition de Documenta, dans un communiqué.

L’objectif était alors, en 1955, de faire de « la culture et des arts visuels » des éléments primordiaux de « la construction de la société civile d’après-guerre », explique-t-on au Goethe-Institut de Kaboul, qui promeut la culture allemande à l’étranger, notamment à travers cette exposition.

Documenta 13 est hébergé dans les salles tranquilles du Palais de la reine, restauré ces dernières années. Le lieu de l’exposition fait penser à un site européen, en ligne avec une recherche de l’ailleurs centrale dans la manifestation, explique Andrea Viliani, l’un de ses commissaires.

Vingt-sept artistes venant de 13 pays, dont 13 Afghans, sont exposés. Des ateliers ont été organisés à Bamiyan (centre), là où les fondamentalistes talibans avaient pulvérisé, en mars 2001, deux statues géantes millénaires de Bouddha, au motif qu’elles offensaient le prophète Mahomet.