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Dans les coulisses

ECJ 2018 : la LNH et certains dirigeants ont (malheureusement) gardé le silence

Je ne suis définitivement pas de l’école de la cancel culture, de la vertu et du donnage de leçons. Ceux et celles qui veulent cancel tout le monde dès la moindre erreur me dégoutent.

Et je prônerai toujours l’importance d’une société qui a le « luxe » de pouvoir miser sur le principe de la présomption d’innocence.

MAIS il y aura toujours bien des maudites limites. Et ces maudites limites-là, Hockey Canada et la LNH les ont franchies à maintes reprises au cours des dernières années.

On a appris hier que cinq joueurs d’Équipe Canada Junior 2018 sont désormais dans l’obligation de se rendre à la police de London afin d’être accusés en lien avec la présumée agression sexuelle collective de 2018. ENFIN !

À peu près au même moment, on pouvait lire via les réseaux sociaux d’équipes professionnelles que Carter Hart, Cal Foote, Michael McLeod, Alex Formenton (Suisse) et Dillon Dube avaient tous demandé à leur club respectif de pouvoir s’absenter pour une période indéfinie, demandes qui ont été acceptées par chacun des DG impliqués.

Hasard ? Disons que les hasard aussi « évidents » sont très rares… mais bon, ils existent parfois. Il faut garder ça en tête et ne pas conclure trop vite.

Pour l’instant, on peut penser sans trop se tromper qu’au moins trois ou quatre des cinq joueurs mentionnés ci-haut sont liés à l’enquête de la police de London. Peut-être 5 ?

Sauf qu’on ne peut toujours conclure que les cinq absents sont impliqués. Donc, on ne peut pas être 100 % certain de l’implication de quiconque encore.

Santé mentale?
Les Flames ont osé parler de santé mentale pour expliquer l’absence de Dube. Tout ça le jour de #BellCausePourLaCause en plus !

Est-ce que la raison #1 derrière l’absence de Dube est réellement « sa santé mentale » ? Ou est-il plutôt l’un des cinq accusés ? On le saura… dans deux semaines (ou plus), parce que la police ne parlera pas avant le 5 février prochain. #CEstLong

Si jamais Dube fait bel et bien partie de la quintette d’accusés, vous allez m’entendre chialer fort en c***s sur l’excuse de la santé mentale donnée par les Flames. On ne niaise pas avec la santé mentale et les gens qui en souffrent ! On ne la sort pas comme raison bidon pour tenter de se sauver la face !

Chronologie des faits
Rappelons les faits… pour pouvoir mieux saisir l’hypocrisie de plusieurs personnes à travers la planète hockey.

Rick Westhead est celui qui a sorti cette histoire (dégueulasse) en mai 2022. On lui a parlé des joueurs présumément impliqués.

Le pire dans tout ça ? Hockey Canada avait acheté le silence de la victime… et ce n’était pas la première fois. L’organisme possédait un fonds spécial pour ce genre de « problèmes à régler ».

La police avait déjà enquêté… et elle s’est remise à enquêter.

Sauf qu’il a fallu presque deux ans pour qu’elle se termine, cette enquête-là, et que des accusations puissent être portées. Au moins 14 autres enquêtes ont eu lieu ou sont toujours en cours concernant des faits semblables à ceux posés en 2018.

Oui, les plus dégueulasses dans tout ça– s’ils sont déclarés coupables – seront toujours les cinq joueurs qui doivent se rendre à la police. On s’entend là-dessus. S’ils ont bel et bien agressé sexuellement et collectivement une jeune victime en 2018, ils méritent de faire de la prison. On parle de gestes criminels ici et personne n’est au-dessus de la loi. Surtout pas un joueur de hockey qui a un surplus de testostérone !

Mais ce qui s’est passé entre mai 2022 et janvier 2024 me sidère. Carrément !

Cette histoire était connue de plusieurs personnes gravitant dans la sphère hockey bien avant la sortie de Rick Westhead. Et lorsque Westhead a parlé, rien n’empêchait un membre d’une équipe ayant sous contrat un joueur de la cuvée canadienne junior 2018 de l’appeler ou de lui écrire.

Je vous ai dit que je ne croyais pas vraiment au hasard, right ?

C’est pourquoi je tiens à féliciter Julien BriseBois ce matin. Pourquoi ? Parce qu’il a échangé Boris Katchouk aux Blackhawks en 2022 et Cal Foote aux Predators en 2023. Deux bons espoirs échangés dans des transactions où le Lightning a eu l’air de se faire avoir à première vue…

On comprend (peut-être) un peu mieux pourquoi Julien BriseBois a agi ainsi désormais. #ValeurÀLaBaisse?

Sinon, il a tout simplement agi avec cœur et respect afin d’éviter d’être mêlé à un cirque quelques années plus tard, sans pour autant nuire à la réputation et à la vie de Katchouk et Foote. Quitte à perdre un peu de qualité au final sur la patinoire ! #MoreThanHockey

Au minimum, BriseBois a voulu montre patte blanche.

Je tiens aussi à féliciter Pierre Dorion (sans emploi depuis) qui a laissé aller Alex Formenton après la saison 2021-22, même si ce dernier venait de connaître une bonne campagne. Il devait avoir une bonne idée des probabilités de voir son joueur être lié à cette histoire-là.

On entend de plus en plus de dirigeants et d’entraîneurs nous parler de l’importance d’instaurer une certaine culture dans leur vestiaire. Pour ce faire, tu dois éviter de conserver certains éléments dans ta recette…

Bravo donc à deux vétérans directeurs qui ont mis leurs culottes, quitte à affaiblir quelque peu leur formation respective.

Sauf si je félicite certains pour leurs actions, je me dois aussi de critiquer ceux qui ont posé un geste inverse.

Si l’identité des cinq accusés correspond bel et bien à celle des cinq récents absents, il faudra retenir que les Blackhawks, malgré un certain historique certain à ce chapitre, auront gardé Katchouk dans leur alignement pendant les deux dernières années. Même chose pour Foote et McLeod au New Jersey… et Hart à Philadelphie ! Et si tu étais dans le néant, pourquoi ne pas avoir fait enquête? Pourquoi ne pas avoir lâché un simple coup de fil à Rick Westhead ?

Si l’identité des cinq accusés se confirment et qu’ils sont bel et bien ceux que l’on pense ce matin, je suggère ceci : au lieu de huer Jonathan Drouin lorsqu’il vient en visite au Centre Bell, huons plutôt Daniel Brière, Chuck Fletcher, Tom Fitzgerald et Kyle Davidson.

Même si ce dernier était pourtant très émotif après l’histoire de Corey Perry il y a deux mois!

À moins qu’il donnait dans l’acting et le drama ce jour-là ?

Les Hawks ont camouflé l’histoire de Kyle Beach et ça leur a été très dommageable. Ils ont donc été extrêmement rapides à agir dans le cas de Corey Perry cette année. Pourquoi n’ont-ils pas mené une enquête à l’interne afin de s’assurer qu’aucun suspect sur lequel enquêtait la police de London n’était en uniforme les soirs de match ?

Comprenez-moi bien : je crois à la présomption d’innocence et je la défendrai toujours… mais quand une enquête criminelle est en cours et que l’un de tes joueurs est un suspect, la moindre des choses est de le suspendre en attendant la conclusion de cette enquête. Ça fonctionne comme ça dans les autres sphères de la société. Quitte à le payer pendant l’enquête (et le procès)…

Si tu as été capable de sortir Corey Perry de ton vestiaire suite à une histoire NON-CRIMINELLE, comment peux-tu ne pas suspendre un joueur qui est sous enquête criminelle ?

Seule explication valable : tu ne savais pas que ton joueur était sous enquête.

Explication davantage plausible : la LNH connaissait le noms des gars sous enquête, mais elle préférait rester silencieuse et ne pas agir avant la fin de celle-ci. Bref, elle a décidé de prendre le chemin le plus lâche de tous, question de ne pas se pogner avec l’Association des joueurs. Les équipes ne pouvaient donc pas bouger.

Les Flyers ont bien essayé d’échanger Carter Hart l’été dernier, mais personne n’en a voulu. Bravo Kent sur celle-là, d’ailleurs.

Reste que Daniel Brière aurait pu ne pas admettre Carter Hart dans son vestiaire, le renvoyer chez lui (avec salaire) ou le soumettre au ballottage. Il n’a rien fait.

Depuis mars 2022, les cinq accusés – peu importe leur identité – auront continué d’empocher des centaines de milliers de dollars, voire des millions, sans honte. La LNH aurait dû mettre ses culottes. Cette montée de lait d’Anthony Desaulniers ce matin sur les ondes de BPM Sports résume à la perfection ce que je pense en-dedans.

Prolongation

– Daniel Brière a été très prudent lors de sa courte allocution d’hier. J’espère qu’il se montrera plus rigide une fois les accusations déposées. Les joueurs qui feront face à des accusations doivent perdre leur privilège de jouer dans la meilleure ligue au monde jusqu’à la fin de leur éventuel procès. La présomption d’innocence leur permettra tout de même d’être payés, je crois.

– Puisqu’il est question de Daniel Brière, oui, il a raison de croire au principe de la deuxième chance (avec son fils Carson). Mais le principe de la deuxième chance vient avec celui d’avoir payé pour ta première erreur. #JustSaying

Rappel : Cale Foote avait laissé savoir via son agent (le même que Cutter Gauthier) qu’il n’était pas impliqué dans le présumé viol collectif.

– Ribeiro, Lucic, Voynov, Hockey Canada… la culture hockey et la réputation du sport que j’aime tant en a pris pour son rhume au cours des dernières années. Ça doit changer (pour vrai).

– Enfin ! De nombreux joueurs d’ÉCJ 2018 qui n’ont rien fait de mal n’auront plus à vivre avec un certain doute au-dessus de leur tête quant à leur possible implication dans ce scandale. Maudit que j’ai hâte que les accusations tombent.