
C’est des années où il y a eu des bouts très difficiles.
Jean-Thomas Jobin était récemment de passage au balado Le Temps d’une Bouffe, où il s’est confié sur plusieurs sujets, tant sur le plan professionnel que personnel. Il y a notamment abordé le décès de ses parents et l’impact profond que ces événements ont eu sur sa vie.
«Ta mère elle est décédée d’un cancer, ç’a tu duré longtemps», demande l’animateur, après que l’humoriste se soit ouvert sur cette pensée apaisante: celle de croire qu’il retrouvera ses parents de l’autre côté.
«Cinq ans», répond-t-il.

Savait-il, dès le départ, que c’était la fin?
C’est revenu malheureusement.
«Non, il y a eu une récidive. Elle avait le cancer du côlon, et il y a eu une récidive peut-être… deux ans avant son décès. Donc, à un moment donné, le pronostic était bon, ça regardait bien, mais c’est revenu malheureusement. Donc, ça s’est échelonné sur cinq ans. Puis mon père aussi, ça a été cinq ans. Puis ça a été quasiment en même temps, parce qu’ils sont décédés à cinq mois d’intervalle. Donc ouin… ç’a été… 2007 a été une année… c’était huit ans, en fait (…) 2017 a été une année assez costaude, là», explique l’humoriste.

Avoir le temps d’apprivoiser le deuil pendant la maladie ou tout arrive plus brusquement pour pouvoir tourner la page plus vite?
J’ai détesté les voir souffrir.
«Je vais nuancer ma réponse une petite affaire, c’est-à-dire que je suis vraiment, entre guillemets, apaisé par le fait qu’on a pu tout se dire, parce qu’on voyait venir la fatalité, malheureusement (…) même si je parlais d’une phase de regret par après, puis ça, je pense que c’est normal. Mais tu sais, pendant, je pense que ce qui me stressait le plus, c’était que mes parents ne soient pas sereins par rapport à ce qui s’en venait pour eux. Parce que c’est vraiment angoissant quand quelqu’un que tu aimes a un diagnostic fatal et que la personne a peur… Donc moi, c’était comme bien important de sentir que mes parents sont sereins et qu’ils n’ont pas peur de ce qui s’en vient. Ça, ça me rassurait quand ils me le disaient, et je le croyais. Mais tu sais, ils étaient rendus à presque 80 ans dans les deux cas (…) puis tu sais, ils étaient contents de leur vie, puis ils étaient quand même en paix. Mais c’est difficile de voir souffrir des gens que tu aimes. Donc je dirais que, à choisir, assurément que je préfère avoir pu tout leur dire versus un truc subi. Je pense que le choc aurait été atroce, mais en revanche, je les ai vus souffrir longtemps (…)», témoigne l’humoriste avec émotions.
«La souffrance des proches, ce n’est pas le fun, parce que des fois, tu te sens démuni, tu ne sais pas quoi faire… Puis aussi, partiellement, dans le cas de ma mère, parce que mon père était un petit peu… un petit peu déphasé en fin de vie avec sa maladie. Mais ma mère est restée lucide tout le long, puis ma mère avait tellement la phobie de déranger (…) Donc, même au travers de sa maladie, elle était dans ce mode-là: Je ne veux pas être un fardeau, je ne veux pas être un boulet (…) Des fois, elle minimisait ce qu’elle ressentait, je pense qu’elle ne voulait juste pas augmenter nos soucis, juste pour nous protéger. Donc ça aussi, c’est tough, parce que tu sens que la personne souffre, mais tu n’as pas l’heure juste totalement (…) Tout ça, ça rajoute beaucoup de layers compliqués», ajoute-t-il.
«J’ai détesté les voir souffrir, mais j’ai été apaisé par le fait qu’on a pu se dire «je t’aime». Tu sais, j’étais présent sur le lit de mort des deux», affirme l’ex-candidat de Big Brother.

Comment les choses se sont-elles déroulées?
Ça prenait toute la place, tranquillement.
«Dans les deux cas, on a vu venir les dernières heures, comme bien des gens, parce que la maladie était rendue trop forte, puis ça prenait toute la place, tranquillement (…) Des fois, ça devient pas clair combien de jours il reste, mais tu sais, ils voient venir, en analysant le corps puis le niveau d’atrophie des gens (…) J’avais comme un ordre de grandeur de: il reste entre quelques heures et cinq jours (…)», se remémore-t-il.

De quelles façons la perte de ses parents l’a-t-elle affecté?
Ça a été vraiment difficile.
«(…) Je n’ai comme plus peur de la mort, mais j’avais peur de la mort du vivant de mes parents, parce que, pour moi, c’était moi qui devais vivre le deuil. Parce que, moi, ma mère répétait souvent: S’il fallait qu’il vous arrive quelque chose, je ne m’en remettrais jamais. C’était vraiment une mère poule, ma mère, très sensible. Mon père aussi était très présent, mais peut-être qu’il y avait une charge émotive un peu plus élevée avec ma mère, qui était très, très soudée d’un point de vue émotif avec ses enfants (…) Donc, j’avais peur de mourir avant eux (…) Mais en même temps, je voulais que mes parents vivent jusqu’à 140 ans si c’était possible. Donc, quand j’ai appris tout ça, ça a été vraiment difficile (…)», dévoile Jobin.
Il explique que la situation était sournoise, marquée par des hauts et des bas dans leur état, qui ont suscité de faux espoirs à certains moments.
«Comme là, ça fait huit ans, mes parents… Le temps passe vite pareil, malgré que c’est des années où il y a eu des bouts très difficiles (…) Il ne se passe pas une journée sans que je pense à mes parents (…)», conclut l’homme qui n’a pas peur de s’ouvrir sur ses sentiments.
Il tient cependant à mentionner qu’il y a encore beaucoup de fluctuations dans ses émotions lorsqu’il pense à eux. En ce moment, il est davantage envahi par le sentiment de manque, mais il lui arrive aussi de se remémorer des souvenirs qui le font sourire. Il se montre toutefois plus fragile lorsque certains souvenirs refont surface à l’approche de dates marquantes qui leur sont associées.
Un témoignage profondément touchant sur une réalité à laquelle nous serons tous un jour confrontés, et qui parlera sûrement à ceux qui l’ont déjà vécue… ou qui s’y préparent.