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Dans les coulisses

Kris Letang et le moment précis où le rêve de finir sa carrière à Montréal s’est éteint

On a appris, au cours des derniers jours, que Kristopher Letang avait demandé aux Penguins de Pittsburgh de l’échanger à Montréal – et Charles-Alexis Brisebois a écrit, avec raison, un texte qui se résume à pas touche à ce contrat-là. 

C’est vrai. Mais permettez-moi de reculer dans le temps pour un peu plus de contexte sur la décision qui aura altéré la possible arrivée avec le Canadien d’une vedette d’ici qui portait des pyjamas du CH quand il était p’tit.

On est en mars 2022. 

Depuis quelques semaines, le nom de Kristopher Letang est de plus en plus associé au Canadien de Montréal. 

L’année s’était terminée sur une citation percutante, alors que Renaud Lavoie, coanimateur d’un podcast avec le défenseur des Penguins, s’exclamait ‘’Seigneur du Bon Dieu que j’ai hâte de voir Letang dans l’uniforme bleu, blanc et rouge’’. 

Un mois plus tard, un journaliste de Pittsburgh stipulait que personne ne serait surpris si le Québécois considérait une offre de la Flanelle. 

Un de nos collègues avait même affirmé avoir été informé d’un intérêt mutuel des deux clans, en mars. 

Tout indique qu’une alliance entre Kristopher Letang et son ancien agent, Kent Hughes, aurait bel et bien pu se concrétiser. 

Pourtant, le 7 juillet 2022, le #58 se présentait à une conférence de presse – au Centre Bell! – pour annoncer un nouveau contrat de six ans et 36,6 millions de dollars avec les Penguins de Pittsburgh. 

C’est très possiblement précisément à ce moment-là, devant les médias montréalais, que le rêve de Kris Letang de porter l’uniforme du Canadien de Montréal s’est éteint. 

L’autre défenseur québécois qui brouille les cartes

Lorsqu’on discutait d’une possible acquisition de Kristopher Letang sur le marché des agents libres, celle-ci était conditionnelle au départ de Jeff Petry sur le marché des transactions. 

Neuf jours plus tard, Kent Hughes bouge. Petry pack ses sh- son stock et prend la direction de… Pittsburgh… Contre un autre défenseur québécois, Michael Matheson. 

Et c’est ce même Michael Matheson, qui a marqué 96 points en 130 matchs à Montréal sur la première paire du Canadien depuis ce temps-là, qui rend l’acquisition de Letang tout simplement pas envisageable – et ce, avant même parler d’argent et de terme. 

Matheson gagnera 4,875 M$ pour les deux prochaines saisons, après quoi il aura 32 ans. Le Canadien pourra alors décider, tout dépendant du développement des Hutson, Mailloux et Reinbacher de sa filiale, si ses services seront retenus à prix raisonnable ou s’il libérera une place (et près de 5 millions de dollars sur la masse) le 1er juillet 2026.

Cette situation est beaucoup trop avantageuse pour le Canadien. Pendant que ses jeunes arrières prennent du galon, un défenseur de 30 ans qui parle français et qui peut récolter 62 points en une seule saison contribue à la transition tout en n’étant pas un fardeau salarial à long terme. 

Alors qu’on a déjà de la difficulté à démêler quel rôle auront Guhle, Hutson, Mailloux, Reinbacher, Xhekaj, Barron, Harris et compagnie dans les deux prochaines années, l’ajout d’un Kris Letang irait complètement contre le plan de Kent Hughes et Jeff Gorton. 

Mais rappelons-nous qu’initialement, c’est Letang qu’on voyait comme celui qui pouvait passer le flambeau à la nouvelle génération de jeunes défenseurs du CH. 

Dans les médias, on trouvait alléchante l’idée de signer le #58 pour qu’il puisse accompagner les espoirs dans leur développement. 

Je ne lance pas le blâme sur Letang, car dans les faits, on ne sait pas jusqu’où se sont rendues les discussions et qui a tiré la plug. Mais ce n’est pas ce qui est arrivé, bon.

Pour une meilleure chance de gagner

Lors de son point de presse au Centre Bell, Kris Letang a témoigné d’un grand amour envers les Penguins, qui lui ont donné sa première chance. On serait innocent de ne pas comprendre, 16 saisons et trois bagues de la Coupe Stanley plus tard.

Ceci dit, il a aussi signé son contrat moins lucratif pour « permettre aux Penguins de signer d’autres joueurs et de rester compétitifs ». 

Le Québécois faisait alors référence à Evgeni Malkin, qui négociait aussi un contrat avec les Penguins, et qui semblait sur le bord de tester le marché des joueurs autonomes. Après une offre qualifiée d’irrespectueuse, Malkin avait texté « They not think I good player » à Sidney Crosby et « They not want me » à Letang, qui avait rejoint les efforts pour le convaincre de rester à Pittsburgh. 

Mark Madden, le même journaliste qui a lié Letang au Canadien dans les derniers jours, a également rapporté un possible départ de Malkin avant la fin de son contrat, à l’été 2025. Même si ce dernier l’a nié, on ne sait jamais ce qui pourrait se passer, alors que le noyau des Penguins est sur le point d’exploser. 

Rappelons-nous que Gino avait aussi texté ‘’We win next year, big year bring back Cup’’ à Crosby et Letang, après avoir signé son contrat. 

À propos de ça…

78 victoires en 2 saisons (164 matchs). 

Les Penguins ont raté les séries par 1 point en 2023.

Et à travers ça, l’équipe a ajouté une autre star, Erik Karlsson… 

Avant de rater les séries par 3 points en 2024. 

On pourrait difficilement imaginer une pire fin pour un noyau qui jadis, dominait la LNH, mais qui aujourd’hui, peine à jouer plus que 7 matchs au mois d’avril.

Si Letang a vraiment choisi un retour à Pittsburgh à partir d’une offre relativement équivalente du Canadien… Regrette-t-il la tournure des événements? Rêve-t-il à un univers parallèle dans lequel il peut profiter de l’émergence des jeunes de l’équipe pour ouvrir une nouvelle fenêtre d’opportunité pour une quatrième Coupe, à 39 ans, à Montréal?

Je ne crois pas que le Canadien regrette, lui.