Je me suis demandé pourquoi je n’ai pas d’enfant.
C’est lors d’un échange avec son ami, le journaliste Alain Gravel, que Stéphan Bureau est revenu sur la relation complexe qu’il entretenait avec son père, une dynamique qui a peut-être, avec le recul, influencé sa propre vie familiale.

Des défis marquants dès son jeune âge
Alain Gravel a lancé que, lorsque Stéphane avait environ 15 ou 16 ans et vivait déjà en appartement, il avait eu l’impression que, lors de ses visites, le jeune Bureau souffrait de solitude.
«À ce moment-là, très rapidement, je fais faillite, donc je m’effondre (…) C’est la fin de mon petit cycle où je pensais que je pouvais péter de la brou, et que la brou m’a fait péter, et j’ai vraiment pété au fret (…) C’est une sacrée leçon d’humilité et, à ce moment-là, oui, il y a de la solitude (…)», confie-t-il.

Le poids d’une relation père-fils complexe et ses répercussions
Ça m’a heurté.
Son ami lui a alors demandé s’il était en quête de racines, rappelant que son père avait occupé une place très importante dans sa vie et qu’il était resté proche de lui.
«Oui, on a eu de vraies disputes, on a été en rupture de conversation pendant trois ans (…) Mon père a fait de gros efforts longtemps pour être indifférent à ce que je faisais. J’ai passé à 13 ans des mois à aller à Radio-Canada, toutes les semaines, faire ma participation à Téléjeans, jouer dans des sketchs (…) et jamais on m’a posé une question, jamais mes parents à 13 ans sont venus me reconduire, puis ce n’est pas un reproche que je leur adresse d’ailleurs (…) Mais c’est un mystère, c’est-à-dire que pour moi, c’est un mystère: ou ça ne les intéressait pas du tout, ou c’était une posture pour dire: Il n’est pas question qu’il se prenne la tête, donc on n’en parlera pas, tout est égal, et c’est vrai que tout est égal, mais ça m’a heurté, et à un moment donné, ça m’a heurté au point où tu dis presque délibéré, c’est-à-dire que j’avais des soeurs très performantes et magnifiques, franchement, les deux, et il était normal qu’on célèbre leur succès, elles le méritaient, et rien de ce que je faisais n’était intéressant. Puis, à un moment donné, j’ai dis: Bien non, ça ne me tente pas, et ce père, donc, que j’ai beaucoup aimé et que j’aime encore beaucoup, même s’il n’est plus là, j’ai arrêté de lui parler pendant trois ans. Mais cette guerre froide est probablement proportionnelle à l’amour que l’on avait l’un pour l’autre: on était deux orgueilleux, deux esprits libres», témoigne Bureau.
Sa théorie, malgré tout, avec amour
«Je pense, c’est ma théorie, et je peux l’exposer parce qu’il est mort aujourd’hui, puis elle est dite avec plein d’amour, mais je pense que la vanité de mon père, très tôt, souffrait mal que je puisse réussir différemment à ses côtés (…) Je ne pense pas que c’était conscient, je ne pense pas du tout, et je me suis posé la même question parce que j’ai des enfants qui ne sont pas les miens: je ne suis pas un parent biologique, et je me suis demandé pourquoi je n’ai pas d’enfant. Et j’ai craint que je ne sois pas capable d’admirer mes enfants parce qu’ils m’auraient fait de l’ombre, ce qui est débile, mais c’est la logique que j’ai tirée de ce que j’ai vécu avec mon père. Mais si je n’ai pas eu d’enfant, je pense que, je n’y pense pas, mais j’y pense ce soir, c’est que j’ai eu probablement peur que ce que j’ai reproché à mon père, je l’applique», explique l’invité.
Une entrevue très intéressante, empreinte de vulnérabilité, qui illustre à quel point une relation familiale complexe peut laisser des traces.
Vous reconnaissez-vous dans le témoignage de Stéphan Bureau?
