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Le coup de poker des Gardiens de la Galaxie

L’évangile des Gardiens de la Galaxie selon Eidos Montréal

En développement depuis quelques années, l’adaptation vidéoludique des Gardiens de la Galaxie était un pari risqué de la part d’Eidos Montréal. Il faut dire qu’après la douche froide de Marvel Avengers l’an passé, on avait de quoi être sceptique. Et ce n’est pas la première bande-annonce qui m’a fait changer d’avis. Puis, j’ai eu l’opportunité de tester le jeu en avant-première et mon opinion a commencé à changer. On ne contrôle qu’un personnage, il n’y a pas de multijoueur, on suit une histoire qui semble intéressante. Ça se tient.

Depuis, j’ai pu débuter et finir le jeu avant la sortie officielle grâce à un code remis par le studio. Laissez-moi vous dire, sans rien dévoiler, que le pari est réussi. Haut la main. Les Gardiens de la Galaxie est tout simplement l’un des meilleurs jeux de l’année, et le blockbuster le mieux écrit, dépassant même Uncharted 2: Among Thieves.

Il n’est pas parfait bien entendu, mais ses qualités compensent largement ses défauts. On se laisse facilement convertir à cette nouvelle façon de faire. Le jeu d’Eidos Montréal est en effet unique dans sa vision et son exécution. Plus j’y pense et plus je ne trouve aucun jeu qui met en place une équipe de héros qui communique sans cesse et vit une aventure à la fois touchante, rocambolesque, grandiose et passionnante. Et surtout qui n’a rien à voir avec les films du Marvel Cinematic Universe (MCU). Il s’agit d’une histoire originale de bout en bout.

Une aventure hors du commun

Si on débute l’aventure de façon tranquille, on se retrouve rapidement à bord du Milano, notre vaisseau, et on commence déjà à interagir avec les personnages. Chacun a sa personnalité et les doubleurs font un travail extraordinaire. Je ne sais pas s’ils étaient dans la même pièce au moment des enregistrements (avec la pandémie, il y a des chances que non), mais l’émulation est là et les répliques fusent à toute allure. Ça donne un jeu vivant qui n’a pas l’impression d’être scripté. Pour faire un seul parallèle avec les films, disons qu’il s’agit d’un film des Gardiens de la Galaxie de 20 h ou une bande dessinée qui prend vie. Je ne serais pas contre un film ou une série d’animation avec les personnages du jeu.

Si on commence l’aventure par chasser un monstre dans une zone de quarantaine, normalement interdite d’entrée, on se retrouve vite à voyager aux confins de la galaxie pour la sauver d’une menace… inattendue : l’Église universelle de la vérité, menée par le grand unificateur Raker. Les missions sont diverses et variées, mais autant vous prévenir, il s’agit d’un jeu très linéaire. D’un autre côté, comment faire autrement lorsqu’on veut raconter une histoire aussi intense qu’extraordinaire? Honnêtement, à la manière de Final Fantasy X, la linéarité n’est qu’un détail et est avant tout au service du scénario et non l’inverse.

Les dialogues sont le point fort du jeu, sans aucun doute possible. On sent la camaraderie quand les héros se parlent. Des disputes peuvent même éclater et des séparations survenir. Mais l’union fait la force et Peter Quill fera de son mieux pour être un meneur… avec notre aide. En effet, à la manière d’un Mass Effect par exemple, on peut participer activement à une conversation et faire des choix cruciaux. Ces derniers auront en effet une incidence sur la suite de l’aventure. Comme dans les jeux de feu Telltale, une indication en haut à droite de l’écran vous aiguillera sur les conséquences de certains d’entre eux.

N’oublions pas non plus les excellentes phases d’exploration avec les quelques énigmes qui vont nous forcer à nous creuser les méninges et faire appel aux Gardiens et/ou utiliser les tirs élémentaires pour créer une plateforme de glace, alimenter un circuit électrique et ainsi de suite.

Des étoiles moins brillantes

Si la constellation que forme le jeu d’Eidos Montréal brille de mille feux, certaines étoiles perdent de leur éclat. À commencer par le système de combat dont je ne suis vraiment pas fan. Les ennemis sont pour la plupart des sacs de points de vie. Nos blasters ne font que peu de dégâts. Alors oui, cela encourage la coopération avec les autres Gardiens, mais ce n’est pas forcément la manipulation la plus pratique. Il faut appuyer et maintenir le bouton d’épaule gauche puis sélectionner le personnage avec les boutons de façade et ensuite sélectionner l’attaque voulue avec l’un de ces mêmes boutons. Mais attention, si vous allez trop vite ça ne fonctionnera pas. Vous l’aurez remarqué, les gardiens sont cinq et il n’y a que quatre boutons. Pour les attaques spéciales de Peter, c’est le joystick gauche qu’il faut maintenir.

Le système de visée est tout aussi horripilant pour ne pas dire raté. Combien de fois me suis-je retrouvé à viser un ennemi au loin en appuyant sur la gâchette gauche plutôt que celui qui était juste en face. Si vous pensez que ça n’a aucun sens, vous n’êtes pas seul. Puis, on peut aussi utiliser l’environnement et mettre les Gardiens à contribution grâce à des actions contextuelles. Groot peut utiliser les racines présentes, Rocket peut placer des mines, Gamora, faire s’écrouler des objets en coupant un câble et Drax envoyer des objets volumineux. Cependant, il faut se trouver à une distance précise : pas trop près ni trop loin. Dans le feu de l’action, alors que l’on voit l’icône et que l’on a identifié l’objet en question, mais que ça ne fonctionne pas, c’est très frustrant.

Puis, il y a les attaques élémentaires. Les blasters de Peter peuvent en effet fusionner et donner lieu à des attaques de glace, foudre, vent ou feu. Ces dernières servent aussi bien dans les phases d’exploration pour débloquer des passages que contre les ennemis. Mais, il y a toujours une action précise à faire lorsque Peter découvre ces capacités pour la première fois qui interviennent dans des moments de panique. Je vous mets au défi de réussir du premier coup, la première fois, sans indication autre que ce qui se passe à l’écran.

Enfin, il y a le huddle. J’ai juste une question : pourquoi? En deux mots, lorsque la barre à droite est remplie, on peut déclencher le fameux huddle : Peter va rassembler ses alliés qui vont lui dire leur ressenti du combat et le but est de choisir la bonne réponse parmi deux pour gagner des bonus de défense et d’attaque. Sauf que cette séquence est interminable et casse complètement le rythme. Le seul bon côté c’est qu’elle lance une chanson qui remplace la musique d’ambiance pour un moment.

Quoi qu’il en soit, c’est un ressenti très personnel qui trahit peut-être (sûrement) mon niveau aux jeux vidéo. Je trouve quand même ces frustrations légitimes. Heureusement, toutes aussi énervantes ces imperfections puissent être, elles n’enlèvent rien à toute la richesse de l’univers dépeint. On apprécie la fonction New Game + qui permet de recommencer une partie avec les capacités que l’on a apprises et de collecter les bonus qu’on a ratés lors de notre précédente partie, comme des costumes alternatifs.

Une réalisation de haute volée pour les Gardiens

En termes de technique, il n’y a rien à redire. Le jeu est magnifique, très coloré avec des décors variés et des personnages très bien réalisés. J’avais un peu du mal avec la représentation de Peter au début. Ce blond prétentieux me faisait penser aux frères et YouTubers Logan et Jake Paul, deux personnalités qui m’horripilent. Mais une fois qu’on passe au dessus, tout va bien.

Puis, pas de Ray-Tracing pour la version testée, mais cette fonction sera offerte avec le patch day one d’après le studio. C’est une bonne surprise pour les possesseurs de consoles nouvelle génération; le jeu sera encore plus beau.

La bande son est aux petits oignons. Non seulement Richard Jacques, le compositeur, signe des pièces excellentes (mais pas aussi iconiques que le thème des Gardiens du MCU de Tyler Bates). Cela dit, les chansons des années 80 sont bien choisies et surtout, le groupe fictif Star Lord, créé pour l’occasion avec un album qui aurait eu toute sa place à l’époque, est à saluer. C’est une idée originale et brillante qui se fond parfaitement dans le décor.

Verdict

Les plus

  • L’aventure et le voyage
  • Les dialogues
  • Les personnages
  • L’humour
  • La bande-son
  • Très beau
  • Groot
  • L’histoire originale

Les moins

  • Le système de combat
  • Certains QTE

Note finale

8 / 10

Un texte de Antoine Clerc-Renaud de Jeux.ca