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Dans les coulisses

LHJMQ: L’abolition des bagarres est un franc succès

Un peu plus tôt cette année, la LHJMQ a décidé d’interdire « officiellement » les bagarres lors de ses matchs. Depuis cette le début de la saison, lorsqu’une bagarre éclate, les deux joueurs sont automatiquement expulsés et l’instigateur écope d’un match de suspension automatique.

Un match de suspension est également octroyé à un joueur qui en est à une deuxième bagarre pendant la même saison.

En fait, on n’interdit pas complètement les bagarres, mais on les sanctionne de façon beaucoup sévère qu’il y a quelques années.

L’objectif derrière ce nouveau règlement : prévenir la violence physique et psychologique, de même que les blessures qui peuvent survenir lors d’une bagarre à poings nus.

Comment ça se passe?
Voilà presque deux mois que la saison régulière est entamée dans la LHJMQ et je n’ai pas entendu beaucoup de monde dire que les bagarres manquaient au spectacle… et au développement des jeunes. Au contraire!

Il s’est joué 183 matchs depuis le début de la campagne dans la LHJMQ et seulement six bagarres sont survenues. Seul Drew Elliott (Voltigeurs) a jeté les gants à plus d’une reprise… et il a perdu ses deux combats.

Il faut dire que les bagarres étaient déjà en voie de disparaître (dans la Q) avant ce nouveau règlement. On était déjà passé de 0,78 bagarre par match il y a une dizaine d’années à 0,25 en 2019-20…

Puis, une pénalité d’inconduite de 10 minutes a été ajoutée à tout joueur jetant les gants, et une suspension automatique d’un match a été imposée à un joueur qui en était à sa troisième bagarre durant la même saison en septembre 2020. Résultat : on est tombé à 0,07 bagarre par partie.

Et le nouveau règlement encore plus dissuasif de l’été dernier a fait chuter ce ratio là à environ 0,03 depuis le début de la saison actuelle.

Plusieurs expertsdont les moqueries ont fait le tour du Web au cours de la dernière année – avaient peur que cette abolition des bagarres en vienne à déclencher une espèce d’épidémie de coups vicieux ou salauds.

(Crédit: Océanic de Rimouski)

Or, la réalité est tout autre. En date du 10 novembre – et je n’ai pas vu de nombreux coups salauds être distribués au cours des trois, quatre derniers jours -, les coups vicieux sont à la baisse dans la LHJMQ… et les foules sont en hausse de près de 5 % (malgré les difficultés économiques et l’inflation qui sévissent au Québec).

« Au quart de la saison, le circuit a enregistré moins de coups salauds que l’an dernier et ses assistances sont en hausse malgré le fait qu’on dénote une baisse drastique des combats sur glace. » – Kevin Dubé du Journal de Montréal

Il s’est donné 19 suspensions (31 parties) ou amendes depuis le début de la saison dans la LHJMQ, contre 22 (44 parties) à pareille date l’an dernier.

Mario Cecchini, le nouveau commissaire de la LHJMQ, a donc jusqu’ici remporté son pari, tant au niveau de la sécurité de ses joueurs qu’aux guichets de ses équipes.

La société semble vraiment avoir évolué et le hockey québécois semble être bel et bien arrivé au 21e siècle. Reste à voir si le reste du Canada (OHL et WHL) suivra… et si la réputation des hockeyeurs québécois – déjà ternie lors des sélections amateurs de la LNH et des compétitions internationales junior (CMJ) – en mangera encore un coup. J’ose croire que non.

Voir des jeunes – parfois mineurs – se battre sans trop de protection sur la glace, ça semble avoir fait son temps.

Reste maintenant à diminuer encore plus les coups à la tête, ce qui ne semble pas aussi facile à faire. C’est rendu ça, le vrai problème!

Et à convaincre les pros (adultes) d’en venir aux mêmes conclusions : se battre sur la glace n’est plus de notre époque.

Je sais que les joueurs de hockey professionnels sont des adultes vaccinés (mauvaise analogie à faire depuis la pandémie) et soi-disant « responsables », mais à chaque fois qu’ils ont le droit de parole, ils refusent de condamner les bagarres…

Comme ils refusent de se faire imposer des protections supplémentaires : ils refusaient le casque et la visière avant, d’où l’obligation d’amender les nouveaux règlements avec des clauses grand-père, et ils ne sont que très peu nombreux à porter les bas, protège-cous et protèges-poignets anti-coupure dans la LNH.

Sauf que parfois, il faut qu’on oblige les gens à se protéger. Tous ne sont pas toujours 100 % responsables. Aux compagnies d’assurance, à l’Association des joueurs et aux dirigeants d’agir rendu là…

Les athlètes ont été nombreux au fil des années à poursuivre leur ligue ou association en lien avec des pratiques non-sécuritaires, mais ils sont les premiers à refuser de bien se protéger. #Paradoxe

Ah oui… personne ne me sorte à nouveau l’argument selon lequel l’abolition des bagarres augmenterait les coups salauds dans la LNH : on a la preuve avec la LHJMQ – de même qu’avec la NCAA et les multiples ligues junior européennes – que ce n’est pas vrai. #FakeNews

En terminant, Brandon Duhaime et Luke Kunin font partie des joueurs qui ont jeté les gants le plus souvent en 2023-24 dans le circuit Bettman… et ils n’évoluaient pas dans un circuit où les bagarres étaient permises avant de signer pro.

La WHL et la OHL doivent suivre le chemin tracé par la LHJMQ et vite! Ensuite, on s’attaquera peut-être au hockey professionnel. Mais je ne vois AUCUNE raison pour justifier que des jeunes d’âge mineur continuent de se taper sur la yeule en Ontario ou dans l’ouest du pays.

Prolongation

– On a toujours de vraies discussions intéressantes lorsque JC, Patricia et Pierre me reçoivent sur l’heure du midi.

– La CPL représente un produit vraiment intéressant. Dommage qu’on n’ait aucune équipe dans cette ligue au Québec…

– J’adore! Qu’on lui fasse signer son prochain contrat dans les prochaines heures!