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Dans les coulisses

Scénario optimal pour le CH : la valeur du 5e choix est hors norme cette année

Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus… voilà les titres des deux premières œuvres de la « trilogie des dollars » de Sergio Leone qui culmine avec le grand classique Le bon, la brute et le truand dont je vous avais déjà entretenu l’an dernier en reconfirmant ma position en faveur d’un certain Slafkovsky

En remerciant mes patrons pour leur confiance, disons qu’après ma dernière analyse écrite plus tôt cette semaine « pour une poignée de dollars », on serait rendu à la deuxième partie « pour quelques dollars de plus » !


Dans ce deuxième article, donc, je vais me concentrer davantage sur la valeur du choix du Tricolore au 5e rang, le fameux « pick value », un concept et un outil de mesure inspiré de la NFL, utilisé depuis environ une dizaine d’années dans la LNH et qui s’appuie sur le GSVA sur 7 ans.

Pour faire une histoire courte, au bout du compte, ce modèle détermine le nombre de victoires que rapporte en moyenne chacun des rangs de sélection lors des sept premières saisons du joueur X dans la LNH.

Pour mieux apprécier la valeur de chacun des rangs de sélection selon ce modèle, je vous réfère à cet excellent article paru sur The Athletic paru en 2020.

Voici donc la charte complète de la valeur moyenne de tous les choix au repêchage tel que dévoilé par Dom Luszczyszyn dans cette analyse toujours pertinente.

(Crédit: The Athletic, capture d’écran) 

On voit par exemple que le premier choix procure en moyenne 17,7 victoires au total à son club lors de ses sept premières saisons, soit un peu plus de deux victoires par année.

Mais dans le cas de joueurs générationnels comme McDavid (et peut-être Bedard), on peut certainement dépasser le cap des 30 victoires sur une période de 7 ans, comme on peut le constater ici alors que McDavid n’avait pas encore connu ses saisons de 123 et 153 points au moment de l’analyse…

Pour les besoins de l’exercice, si on se fie aux nombreux observateurs qui croient que Bedard et Michkov seraient les deux meilleurs espoirs depuis McDavid, je n’aurais donc aucun mal à donner un conservateur pick value de 20 victoires à Michkov pour l’ensemble de ses sept premières saison dans la LNH, comme s’il s’agissait d’un premier choix légèrement au-dessus de la moyenne.

Et si l’on pense que Michkov arrivera dans la LNH à 21 ans, comme un produit quasiment fini, 20 victoires pour l’ensemble de ses 7 premières saisons dans la LNH, c’est vraiment TRÈS conservateur.

Mathématiquement parlant, cet individu vaut très cher !
(Crédit: Capture d’écran )

On est loin, loin, loin du 8,2 victoires que l’on retrouve normalement au 5e rang!

C’est aussi pour ça que malgré les fameux drapeaux rouges qu’il traîne avec lui, l’idée que Michkov ne soit plus disponible rendu au choix du CH me semble de moins en moins bête.

Les joueurs d’exception finissent toujours, tôt ou tard, par te faire gagner des matchs.

Littéralement.

J’imagine que les Duck, Jackets, et Sharks ont eu l’info eux aussi.

En fait, tous les joueurs du Big 5 cette année, m’apparaissent comme des joueurs dont le pick value se retrouvera au-dessus des moyennes établies à leur rang de sélection.

Et donc, même si on place, mettons, Will Smith au 5e rang, l’Américain vaut probablement plus que 8,2 victoires. On parle peut-être d’un deuxième choix au total dans un repêchage plus « normal », soit une valeur moyenne de 12,3 victoires.

Sans en faire une vérité absolue, pour prendre une décision éclairée, le Canadien devra donc tenir compte de ce précieux outil mesurant la valeur moyenne de chacun des choix, le fameux pick value, tout en ne perdant pas de vue que le top-5 de cette année est, justement, plus fort que la moyenne.

Retour sur les offres potentielles des Flyers, Caps et Red Wings

Donc, si Michkov est toujours disponible et que le Canadien est peu enclin à le repêcher et serait prêt à descendre pour un Reinbacher, un Dvorsky, un Leonard et qui encore, les équipes à l’autre bout du fil vont devoir accoter plus ou moins la valeur du choix au 5e rang, ce fameux 20 victoires si c’est Michkov ou 12,3 si c’est Smith, par exemple.

Ainsi, théoriquement, les Flyers pourraient devoir offrir leur 7e (7,1), leur 22e (3,7) et Tyson Foerster qui serait facilement un top-10 (6.0) si le repêchage de 2020 était à refaire ou encore un Owen Tippett, ancien 10e au total qui a débloqué l’an dernier à 24 ans. Un beau total de 16,8 victoires! On peut cependant oublier Cutter Gauthier (5e en 2022), qui pourrait aussi bien devenir le meilleur joueur de son repêchage, devant Slafkovsky et les autres…

Du côté des Caps, on aurait en apparence un peu de difficulté à offrir une telle valeur aux Canadiens. le 8e choix (6,7), un très théorique choix top-10 l’an prochain (6,0) et, disons, Hendrix Lapierre qui ne vaut toujours pas vraiment plus que sa sélection au 22 rang en 2020 (3,7). On arrive à 16,4, pas très loin du scénario des Flyers, mais c’est beaucoup plus volatile, disons. Il faudrait qu’il rajoute leur premier choix de l’an dernier, Ivan Miroshnichenko (20e, 4.0 victoires) pour s’assurer de battre une éventuelle offre des Flyers…

Du côté des Wings, avec les choix #9 (6,3) et #17 (4,5), considérant qu’après le top-8, la valeur des joueurs semble baisser considérablement cette année, il faudrait vraiment ajouter le centre Marco Kasper (8e l’an dernier) et/ou le gardien Sebastian Cossa (15e en 2021). En courte rétrospective, Kasper mériterait certainement d’être considéré comme un choix top-5 (8,2), quand à Cossa on lui ferait encore conserver sa valeur de 4.9 victoires associé à son rang de sélection. Les Wings auraient donc ce qu’il faut pour faire réfléchir le Canadien, qui aime mettre la main sur des espoirs avec un certain millage dans le corps. Il l’a justement fait avec Alex Newhook cet après-midi.

Marco Kasper, un jeune homme sérieux qui vaut son pesant d’or pour les Wings…
(Crédit: Capture d’écran)

Quelques autres scénarios trade down : les Blues et les Pieds

Les Blues (#10, #25, #29) et les Preds (15e et 24e) se seraient bien sûr eux aussi montrés intéressés à grimper dans le top-5.

Mais auraient-ils ce qu’il faut pour tenter le Canadien ?

Le cas des Blues

De l’aveu même de leur DG Doug Armstrong, les Blues sont un peu dans un genre de « retrench » ou de « reset on the fly » tel que popularisé par un ancien patron montréalais. Ils ne seraient donc pas sur le point de tout mettre aux enchères.

Oubliez donc Jordan Kyrou et Robert Thomas à Montréal!

Mais aussi bons soient-ils, à moyen terme, les Blues ont surtout besoin d’un joueur plus dominant que Kyrou et Thomas pour pouvoir passer à un autre niveau. Il y a aussi plusieurs mauvais contrats à éliminer et non les moindres : Schenn, Binnington, Krug, Faulk et Parayko.

Donc, même si Armstrong aimerait bien suivre le modèle des Kings qui se sont rapidement réinitialisés avec l’acquisition de joueurs comme Danault, Fiala, puis l’éclosion de Kempe, il se pourrait que ça prenne un peu plus de temps à St-Louis afin de redevenir une puissance.

Je ne suis pas certain que le duo HuGo serait bien entiché à l’idée de passer du 5e au 10e rang, mais si les Blues offrent leur trois choix de première ronde (une valeur cumulée de 12,4 victoire) pour repêcher 5e, je pense qu’on daignerait quand même répondre au téléphone.

Mais pour vraiment tenter le Tricolore, les Blues devraient eux aussi rendre disponibles quelques gros espoirs, à commencer par Jimmy Snuggerud, 23e choix au total en 2022, 6’2, 187 livres, dominant dès sa première saison à 18 ans à l’Université du Minnesota et qui se hisserait aujourd’hui aisément dans le top-8 (6,7 victoires) du dernier repêchage.

Snuggerud s’est développé comme on le voit rarement cette année comme freshman à l’Université Minnesota.
(Crédit : Wikipédia)

On peut aussi certainement parler de Zachary Bolduc, sélectionné au 17e rang en 2021, 20 ans, 110 points la saison dernière avec les Remparts de Québec et auteur de 105 buts à ses 126 derniers matchs de saison régulière. Bolduc vaut certainement encore son 4,5 victoires.)

Enfin, le costaud et rugueux, Jake Neighbours, 21 ans, 26e en 2020, un peu moins talentueux que les deux autres, mais déjà en train de s’établir dans la LNH, pourrait aussi être un complément intéressant (3.3 victoires).

Disons, que pour le 10e choix, le 25e et Snuggerud contre le 5e, une valeur de 16,1 victoires, on commencerait à jaser. Mais il faudrait probablement, en donner un peu plus pour battre les autres offres.

Du côté des Preds

Si Barry Trotz ne bluffe pas trop, il serait très surprenant qu’il puisse réussir à convaincre Hughes de lui laisser le 5e choix avec sa valeur cumulée de 8,4 victoires pour ses 15e et 24e choix.  Mais s’il offre son super espoir dans les buts, le spectaculaire, Yaroslav Askarov (11e en 2020), le dauphin légitime d’Andrei Vasilevskiy, et certainement un Top-8 en rétrospective (6,7 victoires), l’entité bicéphale HuGo devrait commencer à s’agiter un peu!

Askarov qui célèbre une victoire en prolongation, ça donne ça, du bench press avec son filet!!
(Crédit: Capture d’écran)

Au plan mathématique, il ne manquerait pas grand-chose pour rivaliser avec les autres offres potentielles. Mais, peut-être que le jeune gardien vedette des Preds serait la plus belle pièce que pourrait se voir offrir le Tricolore cette semaine.

Mais disons, que ça relancerait un peu le CH sur une trajectoire et un style qu’on a bien connu depuis 2005 avec Carey Price.

Est-ce que ça vous enchanterait encore de construire autour d’un gardien après que les deux dernières Coupe Stanley aient été gagnées par des Darcy Kuemper et Adin Hill? Sans oublier les titres répétés de Crawford et Murray au cours des 15 dernières années?

Pas sûr…

Mais bon, le Lightning n’aurait peut-être pas gagné deux fois sans le grand Vasilevskiy.

Conclusion

Théoriquement, il en coûterait très cher aux équipes intéressées pour convaincre le CH de leur céder leur choix au 5e rang, surtout si elles sont en amour avec un Michkov qui serait toujours disponible.

Si on prend pour acquis que Michkov est presqu’un joueur générationnel, il faudra y mettre la palette. Autrement dit, HuGo a le gros bout du proverbial bâton.

HuGo, bien assis dans le siège du conducteur…
(Crédit: Capture d’écran)

Cela dit, peut-être que tout le monde, comme c’est généralement le cas, restera sur ses positions.

Conserver Michkov, Smith, ou n’importe qui du Big 5 qui serait toujours disponible au 5e rang, constituerait un choix avec une très bonne, voire une excellente valeur. Et n’oublions pas que Reinbacher, peut-être un peu en raison de sa position, pourrait aussi être 5e sur la liste du Canadien, que ça nous plaise ou non…

Mais, il faut admettre que le cas du top-5 de cette année, auquel on doit ajouter le fatceur Michkov, sort pas mal de l’ordinaire.

Il se pourrait ainsi fort bien que la tendance conservatrice des 15 dernières années soit brisée, surtout lorsqu’on considère la force quand même impressionnante du top-8, voire du top-10 de la cuvée 2023.

On a donc détaillé, statistiques avancées à l’appui, quelques scénarios trade down réalistes qui pourraient avoir du sens pour le duo HuGo si on en arrive à une conclusion négative sur le jeune russe ou un amour plutôt conditionnel pour, disons, Will Smith.

Pour les autres équipes, la clé de tous ces scénarios pour obtenir le 5e choix repose toutefois dans l’ajout d’espoirs de premier plan avec déjà une certaine expérience, dont la valeur (pick value) est égale ou supérieure à celle du plus haut choix de 2023 qu’on devra aussi laisser aller.

Ainsi, si le CH ne repêche pas au 5e rang, verra-t-on Foester, Tippett, Lapierre, Miroshnichenko, Snuggerud, Bolduc, Kasper, Cossa ou Askarov passer aux mains du Canadien demain soir?

Ou verra-t-on complètement autre chose comme ce fut déjà le cas aujourd’hui avec l’arrivée d’Alex Newhook, 22 ans, 16e au total en 2019 (4,7 victoires) en retour des choix #31 et #37 et Gianni Faibrother (5,8 victoires)?

Stay tuned!