C’est comme si je n’étais pas prête à l’entendre.
Sur les ondes de Rythme FM, en compagnie de son coanimateur du moment, Tobie Bureau-Huot, Maripier Morin s’est confiée avec une grande vulnérabilité sur un combat intérieur qu’elle mène avec elle-même.
Elle a livré un témoignage touchant sur la médication et sa réalité avec le TDA, expliquant comment elle sent que cela peut parfois peser sur son entourage. Elle a aussi mis des mots sur cette barrière qu’on se crée malgré soi devant un traitement qui pourrait pourtant parfois faire du bien.
Elle montre à quel point le rapport à la médication peut être chargé d’émotions, même lorsqu’on reconnaît qu’elle peut aider.
Mise en contexte et retour sur son passé
«Moi, quand je suis sortie de thérapie, quand je suis allée consulter pour mes problèmes de dépendance, quand je suis revenue à la vie (…) dans ma vie à moi, j’avais décidé d’arrêter de prendre ma médication de TDA parce qu’on m’avait appris que (…) c’est quelque chose qui peut être un excitant. Et puis moi, vu que j’avais des problèmes de drogue, j’étais comme: Bon, je vais tout enlever, puis je vais repartir à neuf, repartir à zéro (…) pas de chimique. Puis là, après ça, je suis tombée enceinte de Margot. Après ça, j’ai allaité. Après ça, je suis retombée enceinte d’Henri. Puis là, je viens d’arrêter d’allaiter, puis ça fait un mois», met en contexte Maripier.
Une question qui fait remonter l’émotion
«Je parle à mon médecin pour autre chose, puis là il me dit: Ah tu as arrêté d’allaiter, est-ce que tu serais prête à recommencer ta médication TDAH? Puis là, c’est fou parce qu’intérieurement je vis une émotion (…)», ajoute l’animatrice, précisant que c’est elle qui avait abordé le sujet lors de leur dernière rencontre.
«J’avais dit: Je sens que dans ma vie, puis dans mon travail des fois, c’est dur à vivre pour les autres autour de moi. C’est comme si moi, je vis bien avec mon TDA. Parce que ça fait des années que j’ai ça, j’ai été pendant 30 ans sans médication (…) on dirait que moi, je me suis habituée à cet esprit-là, qui est vagabond tout le temps (…) Mais c’est sûr que pour mon chum, pour les gens avec qui je travaille, des fois, ça peut être compliqué. Des fois, tu sais, je suis éparpillée. Puis ça va vite. Puis là, bien, il me pose cette question-là, puis c’est comme si je n’étais pas prête à l’entendre. Puis c’est fou comment on est bizarrement fait, tu sais. Lui, il me dit: Est-ce que tu veux recommencer à prendre une médication qui t’aide, qui te fait du bien. Puis moi, intérieurement, ça me rend super émue, puis super fragile, parce que c’est comme si, c’est comme si je n’y arrivais pas toute seule (…) c’est difficile de mettre des mots là-dessus (…) c’est comme si j’ai une faille. Puis je n’arrive pas à compenser (…) c’est comme si la médication, je ne peux pas l’éviter, je ne peux pas la contourner. Puis ça, ça me rend faible, c’est fou hein? (…) finalement, j’ai dit oui, puis hier soir, je suis arrivée à la maison, puis j’ai dit à mon chum: J’ai la médication de TDA, tu sais. Qu’est-ce que je fais avec ça? Je recommence à la prendre, tu sais? Toi, comment tu te sens par rapport à moi», confie-t-elle, avant que son collègue ne lui demande si le sujet avait déjà été abordé entre eux.
Quel impact cela a-t-il sur sa relation amoureuse?
Elle explique alors que oui, et que ça revient souvent au quotidien: son conjoint lui parle, se confie, mais elle l’interrompt sans s’en rendre compte, passe à autre chose, parfois même sur des sujets qui n’ont aucun lien avec ce qu’il était en train de lui dire.
«C’est complexe, être avec moi», affirme-t-elle.
Elle raconte que, quand ça arrive, il finit souvent par lâcher un simple «TDA», puis il s’en va.
«Des fois, ça le fâche, des fois, ça le met dans un état, puis il accepte cette affaire-là de moi (…)», confie-t-elle, ajoutant qu’ils ont ensuite pris un moment pour en discuter ensemble et que, de son côté, il lui a dit qu’il croyait sincèrement que ça ne pourrait que l’aider.
Entre réalisation et vertige
Avec cette situation, elle a alors réalisé à quel point on est souvent meilleur pour prendre soin des autres que de soi-même.
Son collègue lui a alors demandé pourquoi cette «faille» lui semblait aussi difficile à vivre.
«Je ne sais pas pourquoi ça me fait ça (…) je sais que mon TDA me fait vivre plein d’affaires, tu sais. Moi, j’ai tout le temps l’impression d’être en décalage avec tout le monde, donc c’est sûr que cette médication-là peut m’aider à me trouver un juste milieu, mais c’est que j’ai peur, des fois, que ça éteigne mon feu, ma folie, ma magie. J’ai peur de la perdre (…) je suis comme un peu dans un… vertige, en fait, de me relancer là-dedans (…)», témoigne Maripier.
Un beau témoignage dans lequel plusieurs se reconnaîtront: une situation probablement commune, un combat intérieur auquel bien des gens peuvent être confrontés. Avec cette prise de parole, Maripier en rejoindra certainement plus d’un(e).
On lui envoie énormément de douceur et de bienveillance.