À 96 ans, Janette Bertrand ne s’arrête pas. Devant le travail qui a occupé sa vie entière, elle continue à se battre pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Son nouveau roman, Un homme, tout simplement, est précisément à l’image du combat de la féministe.
L’autrice s’est confiée au magazine 7 Jours lors d’une entrevue exclusive. Elle débute en parlant de son nouveau livre, qui propose de nouvelles pistes de solution : « Il fallait conclure que si les hommes ne nous aident pas, s’ils ne demandent pas d’aide, il y aura un clivage entre eux et nous. Comprendre ce qu’est le respect, le consentement, c’est important. En tant qu’autrice, je me suis demandé comment ça se passait dans des groupes d’hommes. J’ai eu la chance d’y être invitée et de voir ce qui s’y passe ».
Elle s’exprime aussi sur l’évolution et le changement très apparent dans la nouvelle génération : « Je vois mes petits-fils et leurs amis: ils ont découvert la paternité. Plusieurs nouveaux pères prennent soin des enfants comme les femmes. C’est un grand pas. Alors oui, on avance. Ce livre est dédié aux hommes qui, je l’espère, vont le lire ou bien leur blonde en discutera avec eux. Je ne souhaite pas que les hommes changent, je souhaite qu’ils s’améliorent ».
D’autant plus, madame Bertrand discute fièrement de son combat qu’elle continue sans cesse, même à son âge : « Si j’ai été si en colère dans ma vie, c’est que je ne voulais pas que mes filles subissent le harcèlement que j’ai vécu. J’ai toujours lutté pour faire ma place. Les gars font leur place, tout le monde leur pousse dans le dos tandis que nous, nous devons nous pousser nous-mêmes. Il faut que ça change. Je suis toujours en colère, entre autres, qu’on se fasse mettre des bâtons dans les roues parce qu’on est une femme. À travail égal et talent égal, on gagne 74 % du salaire des hommes ».
Afin de mieux comprendre d’où vient son acharnement, madame Bertrand se confie sur des passages de son enfance, qui ont clairement forgé la femme qu’elle est devenue aujourd’hui : « J’étais très soumise, à l’école. Je ne parlais pas, mais je voyais l’injustice partout. Mes frères faisaient leur cours classique. Je voulais aller à l’université. Mon père m’a plutôt offert un manteau de chat sauvage — dont je n’ai pas voulu — car, disait-il, je n’avais pas besoin d’étudier pour laver des couches… J’ai été témoin d’injustices partout, du pouvoir des hommes. Les gars avaient de l’argent. Mes frères avaient de l’argent, mais pas moi. Mon père disait que c’était à mon cavalier de payer. C’était un homme bon, mais de son époque. Je demandais de moins en moins de sous, car je passais pour fine. Je voulais être aimée ».
Pourtant, elle avoue que c’est une bataille qui est longue et épuisante. Dans tous les cas, nous remercions madame Bertrand pour avoir rendu notre chemin plus facile à traverser, nous les générations suivantes.
Maintenant, on va aller se gâter avec son nouveau roman. Et vous, allez-vous le lire également?