C’est un 25 août que ma vie a changé d’une manière indescriptible. J’ai plongé tête première dans cette grande aventure qu’est la parentalité. Dès que je l’ai vue, j’ai senti quelque chose d’incroyable, un amour plus grand que tout ce que j’avais pu imaginer.
Avec l’amour inconditionnel est venu au fil du temps un paquet d’autres émotions avec un paquet d’intensités différentes: la fierté, l’émerveillement, le découragement, l’inquiétude. Un cheminement en montagnes russes qui a incroyablement modelé la femme que je suis aujourd’hui. Devenir mère n’a rien perturbé dans mon parcours, au contraire; je suis convaincue que chaque décision prise pour me dépasser a eu ma fille comme première source d’inspiration ou de motivation.
Son premier anniversaire a créé quelque chose de spécial; je revivais minute par minute chaque instant de cette journée mémorable. J’ai ressenti ça lors de ses deux ans aussi. Puis, avec les années, tous mes souvenirs se sont embrouillés pour ne laisser place qu’à la joie de la voir si heureuse en ce jour spécial pour elle.
Dimanche, elle aura 12 ans. La semaine sera chargée, en plus d’atteindre cet âge qui lui fait « quitter le monde des enfants », elle entrera au secondaire. Je trouve que ça fait beaucoup pour mon petit coeur de mère. Est-ce qu’un jour, on se sent prêt à ça ? Peut-être pas. Mais un peu comme lorsque je suis devenue mère d’un bébé en croyant être prête et en apprenant finalement un peu sur le tas, je dois maintenant apprendre à être mère d’une ado. À la différence que cette fois-ci, je ne me sens pas prête et je sais pertinemment que je vais continuer d’apprendre sur le tas.
Les derniers mois m’ont constamment lancé des rappels du fait que ma fille ne m’appartient pas. Ce n’est plus mon petit bébé qui avait tant besoin de moi. Certes, elle a encore besoin que je sois à ses côtés, mais d’une manière différente. Elle expérimente, elle demande, elle se responsabilise. Petit à petit, je la sens qui s’affirme dans sa personnalité. Je la sens bâtir les prémisses d’une vie où je ne suis pas au centre de tout.
Depuis quelques jours, nostalgie et fierté mènent un drôle de danse dans ma tête et dans mon coeur. Et, comme pour les tout premiers anniversaires de ma fille, j’ai constamment des bribes de souvenirs des derniers jours où je l’ai tellement attendu. Je sens que je vais revivre mon accouchement dimanche, alors que cela ne m’était plus arrivé depuis un moment.
Je regarde ma fille, je la trouve drôle, intelligente, ouverte d’esprit et courageuse. Elle est si belle, dans son sourire, mais surtout dans son coeur.
Je ne veux pas qu’elle s’éloigne de moi, je ne veux pas que l’adolescence creuse un fossé entre nous deux, comme j’en ai creusé un avec ma propre mère. Un fossé que nous avons mis toutes deux des années à remblayer, chacune de notre côté, pour atteindre l’autre à nouveau.
Mais, s’il faut qu’on en vienne là, ma fille et moi, je veux qu’elle sache que je l’aime de tout mon coeur. Que malgré les erreurs que je vais faire, je ne cherche que son bonheur. Que je suis fière d’elle. Que sans elle, ma vie perdrait de son sens et de sa saveur.
Bon anniversaire mon Ti-Poulet. Je t’aime gros comme deux ou trois univers.