Les enfants exposés à deux anesthésies ou plus avant l’âge de trois ans ont deux fois plus de risque d’être atteint d’un TDAH qu’un autre enfant qui n’a jamais eu à vivre ce genre de situation, décrit une étude observationnelle publiée dans le Mayo Clinic Proceedings.
En effet, les enfants qui n’avaient pas été exposés à l’anesthésie et la chirurgie avant l’âge de trois ans avaient 7,3 % de chances d’être confrontés à un TDAH. Le taux après une seule exposition à l’anesthésie demeurait approximativement le même.
Cependant, pour les enfants qui avaient eu deux ou plusieurs expositions à l’anesthésie et la chirurgie, le taux de TDAH augmentait à 17,9 %, et ce, peu importe les facteurs démographiques.
C’est lorsque le comportement et des changements dans le cerveau de jeunes animaux se sont produits, à la suite d’une chirurgie avec anesthésie, que la curiosité des scientifiques a été piquée.
David Warner, un médecin anesthésiste pédiatrique à la Clinique Mayo, et instigateur de l’étude observationnelle, tient à mentionner que l’anesthésie n’est pas pour autant une cause définitive du déclenchement du TDAH.
Il rappelle que son étude est observationnelle et que plus d’examens seront faits par sa clinique ultérieurement pour établir les autres facteurs qui pourraient être responsables de la fréquence plus élevée du TDAH chez les enfants avec de multiples expositions à l’anesthésie.
Si l’on compare aux années 90, l’enquête nationale sur les maternités du Canada a constaté qu’au cours des dernières années, il y a 7 % moins d’hôpitaux qui acceptent les conjoints ou autres personnes de soutien dans la salle pendant le travail de la future mère.
Cette statistique à la baisse serait probablement due à l’épidémie du SRAS en 2004 qui en a effrayé plus d’un. Cependant, selon les chercheurs, il faudrait remédier à cette situation en encourageant à nouveau la présence du partenaire, car cela favorise de meilleures naissances et fait vivre une plus belle expérience au couple.
L’étude a également démontré que la fréquence cardiaque foetale de routine de surveillance est de plus en plus utilisée et qu’on limite davantage le temps accordé aux femmes pour passer au deuxième stade du travail. Deux pratiques qui, selon l’enquête, peuvent augmenter le risque de césarienne et d’autres interventions.
Selon la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada, la césarienne est aujourd’hui trop normalisée. Malgré les risques de complications et un temps de récupération plus exigeant pour la mère à la suite d’une intervention chirurgicale, plus d’un enfant sur quatre nait tout de même par césarienne.
L’étude, qui est parue dans le Journal d’obstétrique et de gynécologie du Canada, ne démontre pas seulement des points à améliorer ou à modifier dans les hôpitaux lors d’un accouchement, mais aussi des points positifs.
Par exemple, le fait que l’accès à l’anesthésie péridurale pour le contrôle de la douleur pendant le travail et la naissance ait passé de 55 % en 1993 à 87 % en 2007 est une bonne chose, selon des médecins. Par contre, il y a encore trop d’hôpitaux qui utilisent à l’aveuglette la péridurale. Presque toutes les femmes ont recours à cette anesthésie et la plupart d’entre elles ne seraient pas en mesure de peser les pour et les contre.
Une baisse radicale (62 à 17 %) de l’utilisation de l’épisiotomie de routine (incision dans la paroi vaginale pour la tête du bébé) a également été remarquée. Il semblerait aussi qu’une plus grande liberté sur le choix de la position d’accouchement est accordée aux femmes. De moins en moins sont prisonnières des étriers. La position verticale (debout, accroupie ou assise) et la déviation de la tête du bébé pour permettre plus de mouvements dans le bassin sont encouragées par les médecins pour améliorer de beaucoup le travail.
Les effets de l’anesthésie
Pediatrics présente les résultats d’une récente étude ayant porté sur les risques encourus par une anesthésie chez les enfants. L’exposition à des agents anesthésiques pouvant entraîner une neurodégénérescence chez certains mammifères, on a voulu évaluer les risques auprès de la population infantile.
On a donc tenté d’établir des associations entre l’anesthésie et les troubles d’apprentissage, la réponse à une intervention visant un problème de comportement ou émotif, ainsi que les résultats obtenus à des tests cognitifs.
Il en est ressorti que l’exposition répétée à des agents anesthésiques augmentait de façon significative les risques de développement des problèmes cités. Cette observation était tout aussi vraie lorsqu’on éliminait les facteurs liés à l’état de santé.
La même tangente a pu être établie quant aux résultats à des tests cognitifs. Toutefois, il n’y avait pas d’incidence chez les enfants qui avaient pu bénéficier d’un suivi en psychothérapie ou en psychoéducation.
Malgré tout, on a pu conclure que l’exposition répétée aux anesthésies avant l’âge de deux ans représente un important facteur de risque quant au développement de troubles d’apprentissage.
Autre cause possible du TDAH
Si les cas d’enfants aux prises avec un trouble du déficit de l’attention (TDAH) semblent exploser, les explications n’en sont pas moins nombreuses. Ainsi, une nouvelle étude sous-entend maintenant que l’anesthésie en bas âge pourrait y être reliée.
Finalement, on suggère de retarder, dans la mesure du possible, les interventions chirurgicales d’un enfant lorsqu’il aura atteint quatre ans. Ces conclusions ont été tirées de nombreuses études faites au cours des dernières années.
On peut lire dans le New England Journal of Medicine que l’on se questionne quant à l’anesthésie durant l’enfance. Il semble que cette procédure médicale ait des impacts possibles sur le développement du cerveau.
Des membres de la FDA (Food and Drug Administration, aux États-Unis) ont donc répertorié quelques risques connus de l’anesthésie sur le cerveau des enfants. On avait déjà remarqué, au cours de la dernière décennie, que cette procédure semblait avoir un lien avec la cellule du suicide chez de jeunes singes et rats.
Malgré tout, n’oublions pas que les substances anesthésiantes et sédatives sont essentielles aux interventions médicales. On a pourtant suggéré, à la suite d’un comité de la FDA en 2007, que ces substances ne devraient être administrées qu’à partir de l’âge de 3 ans.
On propose depuis peu une nouvelle façon d’accoucher : la femme déciderait elle-même de sa dose d’épidurale ainsi que du moment de l’injection.
Selon Radio-Canada, des médecins suggéreraient fortement cette nouvelle méthode, car elle faciliterait l’accouchement. La femme aurait la maîtrise sur l’administration de son épidurale à l’aide d’un bouton.
Cette façon de faire diminuerait les interventions médicales. En effet, après avoir observé 270 accouchements, on a remarqué que la dose d’épidurale utilisée était moindre chez les femmes ayant décidé elles-mêmes le moment de l’injection.
Mentionnons que parmi les participantes, le tiers avaient le pouvoir sur leur injection de l’anesthésique à l’aide d’un bouton.
On aurait aussi remarqué que dans le cadre de cette méthode, les forceps et les ventouses avaient été moins souvent utilisés, ce qui rend les naissances moins traumatisantes pour les bébés.
Bien que plusieurs médecins affirment qu’il n’existerait aucune différence entre les deux façons d’accoucher, des chercheurs sont des partisans de cette nouvelle méthode et l’ont confirmé lors du récent congrès de la Société de médecine fœtale maternelle à San Francisco.
Hausse des décès par épidurale
Si les morts reliées aux anesthésies générales ont chuté dans les dernières décennies, il semble que plus de femmes décèdent des suites de l’épidurale.
C’est que ce que suggère une récente étude parue dans Obstetrics & Gynecology.
On a remarqué que de 1979 à 2002, les décès par tout type d’anesthésie lors d’une naissance ont chuté de 59 %.
Pourtant, ceux reliés aux anesthésies locales sont en augmentation. En effet, si l’on en a relevé 2,5 par million lors d’une césarienne de 1991 à 1996, ce chiffre est passé à 3,8 de 1997 à 2002.
La Dre Joy L. Hawkins, de l’École de médecine à l’Université du Colorado à Aurora, a dirigé la présente étude. Elle considère que ces données doivent être prises au sérieux.
Selon elle, une future maman peut maîtriser plusieurs éléments durant sa grossesse et peut ainsi mettre toutes les chances de son côté.
Ainsi, la pression sanguine et le contrôle du diabète sont primordiaux et peuvent cibler les femmes pouvant être vulnérables.
Toutefois, la Dre Hawkins rappelle que la mort lors de l’accouchement constitue un événement rare.
Les travaux menés par le Dr Robert Wilder, de la Clinique Mayo aux États-Unis, l’amènent à conclure que les enfants qui ont eu deux à trois anesthésies avant trois ans sont plus à risque de connaître des troubles d’apprentissage une fois inscrits à l’école.
Malgré ces résultats, le Dr Wilder tient à rassurer les parents. « Oui, nous avons observé un lien entre les enfants qui ont des anesthésies et les troubles d’apprentissage, mais on ne peut affirmer hors de tout doute que ce type d’intervention cause des difficultés à l’école », a-t-il souligné, en ajoutant qu’une chirurgie chez un bambin ne devrait pas être remise en question à la lumière de cette recherche.
5 357 enfants ont participé à cette étude et l’équipe de chercheurs a observé que le risque de troubles d’apprentissage augmentait de 59 % quand les sujets avaient eu deux anesthésies avant trois ans.