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Un petit mot pour ton anniversaire

(CHRONIQUE)

Chère Elza,

Ma grande fille. Il y a aujourd’hui exactement 2 ans que tu es née. Tu as fait de moi une maman pour la première fois, ta maman. Tes grands yeux bruns me regardaient remplis d’émerveillement et d’amour, tu me portes encore le même regard, mais tant d’autres choses ont changé. Tu es devenue une grande fille, indépendante, courageuse, douce et confiante. Ton sourire remplit de bonheur le cœur de tous ceux et celles qui te croisent. Je suis si fière quand je te vois acquérir une nouvelle compétence, comme dire un nouveau mot ou grimper un peu plus haut dans le module du parc, tu m’impressionnes chaque jour.

À l’occasion de ton deuxième anniversaire, je voudrais t’adresser cette lettre, tout d’abord pour t’exprimer mon amour, mais ensuite pour m’excuser. Je m’excuse que cette pandémie te vole tant de choses. Mon ange, voilà deux anniversaires que tu célèbres et voilà deux fois que tu les célèbres seule. Tu as, bien sûr, maman et papa avec toi, ainsi que ton petit frère qui s’est, cette année, ajouté à nous, mais je voudrais t’offrir tellement plus!

Je voudrais t’offrir les soirées pyjama chez grand-maman. Je voudrais que tu puisses courir dans les champs avec tes cousins. Je voudrais que tu puisses aller nourrir les poules de grand-papa. Je voudrais tellement plus pour toi. Je voudrais pouvoir t’amener à l’église le dimanche, rencontrer nos ami.e.s de longue date et jouer avec leurs enfants. Je voudrais que tu connaisses ton parrain qui t’aime tant et qui s’ennuie de toi. Je voudrais que tu connaisses les visages extérieurs, ailleurs que sur un petit écran de téléphone. Oh, ma fille, je voudrais tout ceci pour toi et plus encore. Je voudrais que tu ne connaisses jamais la peur d’être malade, l’angoisse qui est si forte qu’elle te serre le ventre. Je voudrais t’offrir une maman plus zen, moins angoissée. Oh chérie, si tu savais tout ce que je voudrais.

Malheureusement, la pandémie nous vole beaucoup de moments précieux. Elle nous vole tous ces moments importants, mais toi tu continues de grandir. Malgré le manque de contact extérieur, malgré le sentiment que la vie s’arrête, toi tu ne t’arrêtes pas. Tu grandis et tu grandis magnifiquement. Mon seul souhait, pour toi mon amour, c’est que ton troisième anniversaire soit différent. Je souhaite qu’il soit rempli d’ami.e.s, de famille, de rire et surtout, de câlins. Je te souhaite que bientôt cette période d’isolement soit une histoire du passé et que tu puisses te rendre au parc sans ton désinfectant pour les mains et sans ton masque. Je te souhaite de toucher le panier d’épicerie sans avoir peur de rapporter des maladies à la maison. Je te souhaite de prendre ta bicyclette pour aller jouer avec tes ami.e.s, sans distanciation, sans masques, sans peur. Oh, mon amour, si tu savais à quel point je te souhaite tout cela, chaque parcelle de mon corps prie pour que ce jour arrive.

Oui, cette période est difficile à vivre, mais je te fais une promesse aujourd’hui mon amour, je te promets que je continuerai à t’offrir tout ce dont je suis capable. Je ferai l’impossible pour toi et ton frère, tous les jours de ma vie, je soulèverai des montagnes pour vous. Pandémie ou pas, maladie ou pas, je ferai tout pour vous, car je vous aime plus que tout. L’amour est si fort parfois, qu’il est capable de l’impossible.

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Le souvenir des anniversaires en pandémie

(CHRONIQUE)

On approche bientôt d’une année complète en pandémie. Donc, presque tout le monde a une anecdote à propos des anniversaires en confinement. Tristes? Ennuyants? Différents? Inventifs? Alors que celui de mon copain et le mien sont passés un peu sous le radar, ma fille a eu droit à un semblant de fête « normale ». On était en plein cœur de l’été, alors que les mesures étaient plus lousses, et elle a eu son petit party d’anniversaire.

Mais c’était tout de même différent. D’habitude, je mets vraiment « le paquet » pour faire de son anniversaire une journée très spéciale. Je me suis toujours beaucoup investie, parce que ça me fait tellement plaisir de voir les petites étoiles briller dans ses yeux. On invite la famille et les ami.e.s, on organise une grande chasse au trésor et on fabrique une tonne de décorations. Cette année, son anniversaire de 13 ans a été le plus simple de tous. L’ironie c’est que, malgré cela, il aura été le plus fêté en 2020 de toute notre famille. Ses petites cousines auront été moins chanceuses côté anniversaire.

Elles ont respectivement fêté leurs premier et quatrième anniversaires en début janvier et à une semaine d’intervalle. C’était en plein couvre-feu, avec toutes les restrictions qu’on connaît. Toute la famille était présente, sur vidéo, pour les voir sourire devant leur gâteau d’anniversaire. C’était beau et triste à la fois. On fait tellement d’efforts pour amener de la joie dans cette situation un peu déroutante. On met une couche de crémage sur notre solitude, notre résilience et notre désespoir. On tente tant bien que mal que faire du spécial pour chasser la tristesse quelques instants.

Je me suis demandé si cet anniversaire de 4 ans allait marquer ma nièce. Va-t-elle se souvenir qu’elle a tellement parlé des ami.e.s et de la famille qui ne sont pas venus, sauf sur un écran? Ou tout cela sera-t-il gommé dans son subconscient, tellement qu’elle ne se souviendra plus de la journée de ses 4 ans ? Je me rends compte que j’ai très peu de souvenirs de mes propres anniversaires avant un âge plus avancé. Pourtant, ils étaient soulignés chaque année avec un gâteau, un présent et toute ma famille autour de la table pendant que je soufflais mon âge en chandelles. Je me souviens que j’étais une enfant heureuse, confiante, aimée et aimante. J’ai perdu la trace exacte de ces moments, mais j’ai l’impression qu’ils ont été heureux, qu’ils ont bercé cet âge doux où je n’avais que peu de soucis.

Je me suis mise à réfléchir aux anniversaires que j’ai organisés pour ma fille. Je me suis revue à minuit, la veille de la fête, en train de finir de laver le plancher et de cacher les petits indices pour le lendemain. J’ai revu les guirlandes de fleurs en papier de soie, le gâteau arc-en-ciel, le barbecue avec ses 4 salades différentes. De quoi se souvient-elle exactement? Qu’a-t-elle gardé en mémoire, sinon l’impression que cette journée était magique? Et si j’avais mal saisi… Pourquoi s’investit-on autant?

Si on demande aux gens de nous raconter un souvenir de Noël ou d’anniversaire tiré de leur petite enfance, il en ressort une émotion, une odeur, une présence. Rarement un jouet ou tout le fla-fla autour. Je croyais à tort que les anniversaires de nos cocos sont si tristes en pandémie. Mais nous étions là. On s’est investis, « avec les moyens du bord » pour qu’il y ait quand même un peu d’étoiles dans leurs yeux. Et, au final, ils auront peut-être la même impression que ma fille lorsqu’elle parle de ses anniversaires. Il en ressortira de doux souvenirs, un peu flous, mais la certitude que durant cette journée, la famille était là, présente, aimante. Qu’elle faisait partie d’un groupe qui soulignait son importance et la joie de la savoir parmi eux/elles.

Je repense souvent à ce premier samedi soir de couvre-feu, alors que ma filleule soufflait sa première chandelle. Nous avons chanté si fort que le bébé a dansé devant son gâteau, le sourire aux gencives. Ce moment-là fait partie de mes petites bulles de joie, et comme un film, j’y repense parfois quand ma famille me manque un peu trop.

Comment avez-vous souligné l’anniversaire de votre enfant en pandémie?