«De voir les producteurs poser dans leur château avec l’argent des contribuables, je trouve ça révoltant.»
L’acteur québécois François Arnaud, qui connaît une carrière impressionnante aux États-Unis et dans le marché anglophone, était de passage à l’émission Dans les médias où il abordait justement la grève des syndicats qui représentent les acteurs et les scénaristes à Hollywood.
Rappelons que les artistes hollywoodiens ont pris une telle décision en raison des droits résiduels et de suites, ainsi que de l’utilisation de l’intelligence artificielle au sein de productions, entre autres.
Mais, ici, un tel bras de fer se profile également dans le milieu québécois, sauf que nos artistes et producteurs semblent moins enclins à en parler ouvertement.
Pourquoi?
C’est notamment ce que François Arnaud nous a permis de comprendre lors de son entretien avec Marie-Louise Arsenault.
«Au Québec les revendications sont un peu…», débute François Arnaud timidement.
«Parlons-en, parce que la semaine dernière… il y a des revendications des techniciens aussi, ils sont des milliers à faire partie d’un regroupement qui s’appelle l’AQTIS, des gens avec qui on travaille d’ailleurs en font partie. Ce soir, ils ont lancé une pub pour leurs conditions de travail, qu’ils trouvent de plus en plus difficiles eux aussi! On en regarde un extrait?», explique Marie-Louise en prenant la balle au bond, en présentant une publicité qui met en vedette Vincent Bolduc et Marie-Hélène Thibault, montrant l’ironie des budgets attribués au Québec actuellement versus les demandes des producteurs.
«On entend ça depuis plusieurs années, autant de la part des techniciens que des acteurs et des scénaristes: Tout va de plus en plus vite, il y a de moins en moins d’argent, on travaille de plus en plus avec beaucoup de pression. Il y a une vraie grogne ici aussi, vous travaillez ici aussi, même si vous avez une vraie carrière aux États-Unis. Est-ce que vous la sentez cette grogne-là, François?», veut savoir l’animatrice.
«Moi, j’ai surtout travaillé au cinéma ici dans les dernières années, plus qu’en télévision. Alors, je n’ai jamais tourné 44 pages par jour! D’abord, je pense que je ne suis pas capable, je ne suis pas assez bon. En tout cas, je pense que je suis assez bon pour être au niveau de mes espérances à moi et de mes attentes à moi. Je pense qu’il y a des gens qui ont des dons pour ça, mais en même temps, ça fait des années que les gens se plaignent, puis c’est toujours, en bon français, un Catch-22… parce qu’on veut montrer qu’on fait bien notre travail, mais en même temps, si on s’époumone à réussir à faire quelque chose de bien dans des conditions épouvantables, après ils n’ont aucune raison… les producteurs n’ont aucune raison de nous en donner plus (…) C’est comme ça que ça se passe en quotidienne», répond avec la plus grande franchise l’acteur.
«Vous savez que Julie Le Breton a dénoncé ça et elle subit le courroux depuis ce temps-là?», lui mentionne Marie-Louise.
«Ah! Non, mais je vais l’appeler, parce que c’est ce qui m’attend (…)», lance avec un brin d’humour François Arnaud.
«Je ne croirais pas, mais ce qu’on sent, François c’est… allons-y. Je crois qu’il y a une vraie grogne chez les acteurs et ils sont en négociations avec l’UDA à l’heure actuelle…», renchérit alors Marie-Louise Arsenault.
«Ça n’a aucun sens de tourner la répétition (…) c’est ridicule», avoue alors, visiblement outré, François Arnaud.
«Mais, ils sont frileux, parce qu’on essaie de les inviter, puis ils ne viennent pas parler. Pourquoi vous pensez? Est-ce qu’ils ont peur des représailles?», demande l’animatrice chevronnée, en dévoilant au passage beaucoup sur la situation actuelle.
«Moi, je pense qu’il doit y avoir des producteurs qui sont particulièrement vengeurs! Je ne sais pas… je ne sais pas», répond la star.
«Qu’est-ce que vous entendez autour de vous? Vous avez plein d’amis qui sont des stars, qui travaillent beaucoup», insiste alors Arsenault.
«Oui, oui, oui», acquiesce Arnaud.
«Qu’est-ce que vous entendez, est-ce qu’ils vont aller en grève, François?», renchérit l’animatrice.
«Je ne sais pas. Je sais que ça se passe très très mal, les négociations. Les négociations se passent mal entre… je ne suis pas au courant pour l’artiste, mais entre l’UDA et les producteurs de cinéma, de télévision, ça ne se passe pas bien», dévoile alors François Arnaud avec franchise.
Les producteurs auraient ici d’ailleurs de moins bonnes excuses qu’aux États-Unis, selon l’acteur.
«À Hollywood, ils ont quand même l’excuse d’être des capitalistes sauvages. Alors qu’ici, c’est de l’argent de l’état, c’est l’argent des contribuables (…) C’est un investissement de l’état dans sa culture et puis le fait que la répartition des profits… de voir après ça les producteurs sans gêne poser dans leur château avec l’argent des contribuables, je trouve ça comme révoltant», conclut un François Arnaud visiblement troublé par la situation.
La star mentionne aussi qu’il est important d’avoir de bonnes conditions pour faire ce métier et que le public a peut-être plus de misère à s’identifier aux revendications, vu l’idée du glamour, mais que la télé et le cinéma sont des vecteurs importants du bien-être chez plusieurs Québécois.
Qu’en pensez-vous?