Quelle place occupent les femmes dans le monde de l’art? Le Centre Pompidou ébauche une réponse à cette vaste question dans un MOOC intitulé Elles font l’art. Le musée parisien avait déjà abordé le sujet en 2009, lors de son exposition elles@centrepompidou, qui avait pour objectif de réunir des œuvres contemporaines réalisées exclusivement par des femmes artistes. Ce cours en cinq séquences dresse les portraits de créatrices du vingtième siècle et donne la parole à des historiennes de l’art. L’autrice de bandes dessinées Pénélope Bagieu, bien connue pour sa série Culottées, a même été invitée à illustrer les différentes parties. En plus d’être engagée et intéressante, la formation est aussi entièrement gratuite. Un vrai bon coup à ne pas manquer!
Où sont les femmes dans l’histoire de l’art?
L’introduction est consacrée à Linda Nochlin. Dans les années 1970, cette historienne publie un article intitulé « Why have there been no great women artists? » qui ouvrira une brèche dans un milieu jusqu’ici dominé par les hommes. Elle est considérée comme une pionnière, une sorte de première féministe de l’histoire de l’art. Dans une entrevue, elle met en lumière le fait que les femmes sont absentes des musées. Cela pouvait s’expliquer auparavant par le fait qu’elles n’étaient pas autorisées à se former aux Beaux-Arts. Elles pouvaient certes faire leurs classes pour pratiquer peinture ou sculpture en tant qu’amateur.trice.s mais les portes des écoles professionnelles leur sont très longtemps rester fermées. Aujourd’hui, elles y ont accès, et pourtant le problème perdure: très peu de leurs travaux sont exposés dans les institutions.
Une traversée du vingtième siècle : de 1910 à nos jours
La suite du cours est construite de façon chronologique afin de mieux rendre compte de l’évolution du mouvement féministe dans les arts, prenant comme modèles des artistes du monde entier. Les débuts de l’art au féminin sont étroitement liés à l’industrie de la mode et du design. Si les femmes ont le droit de créer, elles n’ont pas encore accès à ce statut d’artiste et sont « reléguées » au rang d’artisanes du quotidien, de l’utile. Les années passent et les voix s’élèvent plus fort. Les œuvres se veulent subversives. Les femmes n’hésitent pas utiliser leur corps comme matière première, pour dénoncer leur objectification. Elles se mettent en scène, se photographient, expérimentent et confrontent leurs collègues masculins sans détour.
Le musée de demain peut-il être féminin?
Parce que le MOOC du Centre Pompidou n’a pas simplement une vocation informative, il s’achève sur les perspectives d’avenir. Nombreux sont les combats qui restent à mener, les chemins à défricher. Depuis les années 1980, il ne s’agit plus seulement de féminité, mais c’est l’idée même du genre qu’on interroge. On questionne toutes les normes, la lutte qui appartenait aux femmes s’étend maintenant à de nombreuses autres minorités. Elles ont ouvert un débat qui ne cesse de s’enrichir, qui s’ouvre à d’autres communautés marginalisées. Le mouvement prend de l’ampleur et le moment est proche de réécrire l’histoire de l’art, d’en livrer une version actualisée, qui redonne à chacun.e sa juste place.
Envie de suivre le MOOC ? Facile : il suffit de vous rendre sur la plateforme FUN. Et si vous y prenez goût, le Centre Pompidou a promis de diffuser une suite au printemps : Elles font l’abstraction.