Avec le film d’animation Aya de Yopougon, dévoilé au festival d’Annecy, la réalisatrice Marguerite Abouet, auteure de la BD à succès du même nom, décrit avec un humour piquant une Afrique gaie et moderne dans un quartier populaire d’Abidjan, refusant « tout misérabilisme ».
« Je ne reconnaissais pas l’Afrique de mon enfance quand j’écoutais les médias, alors j’ai décidé de donner une version plus proche de ce que vivaient les Africains au quotidien, qui ne parle pas de guerre, de famine, même si certes cela existe », explique Abouet, qui a vécu jusqu’à 12 ans en Côte d’Ivoire.
Le dessin animé, qui reprend les deux premiers tomes de la BD réalisée en 2005 avec le dessinateur Clément Oubrerie, également coréalisateur du film, raconte la vie dans les années 70 d’Aya, une belle Ivoirienne de 19 ans vivant à Yopougon, quartier populaire d’Abidjan.
Sérieuse, la jeune femme qui ambitionne de devenir médecin est tout le contraire de ses deux amies, Adjoua et Bintou, qui excellent dans les séries C : Coiffure, Couture et Chasse au mari. Les deux jeunes filles qui vont danser dans les maquis, sortes de bals populaires, prennent la vie du bon côté jusqu’au jour où Adjoua se trouve enceinte, mais sans mari.
Dans une atmosphère douce, aux couleurs chaudes, relevée de chansons populaires, le film s’attache à décrire la vie des habitants de ce quartier urbain et moderne où, quelles que soient les circonstances, on garde le sourire en s’appuyant sur la solidarité de ses voisins.
Le film d’une heure trente au graphisme épuré présente des personnages dessinés avec des traits très simples, dans une ville foisonnante loin des clichés pessimistes sur l’Afrique. Ici, les femmes sont coquettes, s’habillent avec des « robes de Paris », et les hommes, dragueurs invétérés, arborent des jeans et font la queue pour se faire coiffer par le sosie de Michael Jackson.