Je suis bi? Ça y est, c’est dit! Je ne sais pas si ça m’aidera de l’écrire ainsi, mais rendue à l’âge que j’ai, faudrait bien que je commence à l’assumer! Le dire publiquement (même si c’est sous le couvert de l’anonymat) entraîne un paquet d’émotions contradictoires. Et ça me donne encore plus le vertige que simplement vivre avec ma réalité?
En fait, je dis bi… Je ne sais même pas si c’est exactement ça ou si c’est ce qui s’en rapproche le plus. Pas grand-monde de mon entourage est au courant de ma situation alors il m’est difficile de mettre en mots ce que je ressens. On dirait que malgré toutes les avancées qui se sont faites sur le sujet, ça demeure quand même tabou. Je n’ose pas parler de ce que je ressens, de ce dont j’ai envie, de ce dont j’ai besoin. Je n’ai pas encore trouvé la personne à qui me confier, qui saura m’écouter sans me juger, qui comprendra ce que je ressens, qui pourra me guider sur la façon d’exprimer à mon partenaire ce qui manque à ma vie.
D’un côté, je me sens libérée d’un poids que j’avais sur les épaules, mais que je ne savais pas traîner depuis toutes ces années. On dirait que je me cachais moi-même la vérité, comme si le fait d’être dans cette situation faisait de moi une moins bonne personne. Je n’osais pas prendre conscience de ma réalité, de cette façon d’être. Je me disais que c’était passager, que c’était juste un fantasme? Pour me rendre compte que même si j’enfouissais ces pensées, elles étaient tout de même toujours présentes. Aujourd’hui, je l’assume, même si j’ai encore beaucoup de chemin à faire pour ne pas vouloir me cacher sous le tapis chaque fois que j’oserai en parler.
D’un autre côté, je me dis que de le dire ne changera rien à ma situation, si ce n’est qu’engendrer une tonne de questions et de jugements dont je peux très bien me passer. Les rares personnes qui sont au courant m’ont d’ailleurs prouvé que ce n’est toujours pas accepté et compris aussi aisément qu’on le souhaiterait. Je ne sais pas comment exprimer ce que je ressens. Mettre les bons mots sur les sentiments qui m’habitent, afin que ceux que j’aime comprennent?
Ce n’est pas un choix, ça fait partie de moi. Je l’ai refoulé pendant bien des années, mais aujourd’hui je dois l’assumer pour être pleinement heureuse. Parce que la vie est trop courte pour vivre avec des regrets.
Je sais pertinemment que le simple fait de l’écrire ici ne règlera pas toute l’histoire. Mais faut bien commencer quelque part. J’ose extérioriser ce que je ressens pour par la suite tenter graduellement de sortir de l’ombre et vivre le plus sereinement possible avec cela.
Je laisse aller les choses, mais je sais que je ne peux maintenant plus reculer. J’ose croire que la vie sera bonne avec moi, et qu’elle sera plus douce.