En un an de pandémie, laissez-nous vous dire qu’on a eu le temps de voir et de revoir beaaaaaucoup de films apocalyptiques. De Contagion à The Road en passant par le très critiqué Songbird, disons que ce type de productions n’avait rien pour calmer notre anxiété au début de l’état d’urgence sanitaire et qu’il fallait être un peu masochiste pour prendre plaisir à se taper ces visions très sombres du futur. Mais bon, le temps a passé, on voit la lumière au bout du tunnel et on a clairement plus envie de bons divertissements que de se pomper l’coeur en se demandant de quoi demain sera fait ou à quelle heure au juste les extraterrestres vont débarquer!
On est donc facilement tombés dans la nouveauté Félix, Maude et la fin du monde, qui a débarqué aujourd’hui sur ICI Tou.tv Extra. Jean-Carl Boucher et Sarah Keita incarnent ici les rôles-titres, deux jeunes qui se retrouvent absolument seuls. Félix se réveille un matin pour découvrir une Montréal fantôme, tandis que Maude, en camping avec des amies, ne se tourne la tête qu’une seconde avant de constater que sa gang a disparu. Rapidement, ils se rencontrent et cherchent à comprendre ce qui s’est passé, mais aussi à se débrouiller avec les moyens du bord.
Cette prémisse rappelle un peu The Last Man on Earth (2015-2018), cette comédie de Fox créée par Will Forte (qui y tenait également la vedette en incarnant Tandy) et où les rares survivants d’un virus évoluaient dans un monde inhabité. D’abord seul, Tandy en avait profité pour faire le tour des États-Unis et en récolter ses plus précieux trésors, mais l’ennui et la solitude avaient bien vite pris le dessus, au point où il était complètement déprimé avant de finalement revoir un autre humain.
Ici, Félix, qu’on découvre en solo dans le premier épisode, n’a aucune idée de ce qui a bien pu se passer, contrairement à Tandy, mais il a le même premier réflexe : avoir du fun. Profiter de La Ronde sans file, c’est en effet plutôt pas mal! Mais le même sentiment le rattrape bien vite et, comme son homologue comique dans la série américaine, il installe des pancartes pour que d’autres survivants puissent le retrouver, lui qui s’est installé dans une école pour profiter de sa génératrice avec ses amis inanimés (les toutous et robots aspirateurs remplacent ici les ballons dégonflés de Tandy).
La raison pour laquelle on fait tous ces parallèles, c’est qu’à première vue, Félix, Maude et la fin du monde n’est pas la série la plus originale en ville. Entre notre réalité de la dernière année et la quantité astronomique de productions sur l’apocalypse, c’est facile de trouver toutes sortes de liens et de repères (nous aussi, on s’ennuie de l’émission Les Chefs et des shows!). Mais la série nous amène vite ailleurs, puisqu’elle révèle tranquillement, à partir du deuxième épisode, son côté fantastique. Là, c’est du nouveau, c’est rafraîchissant, c’est accrocheur!
Pas de virus, de guerre nucléaire ou de météorite dévastatrice. L’explication ici est beaucoup plus surnaturelle, et ce n’est pas non plus un cas d’apocalypse biblique (comme on a pu le voir dans This Is the End ou dans le film ridicule avec Nicolas Cage, Left Behind). Elle viendra par Maude, dont le père est un scientifique qui s’intéresse aux éclipses, un phénomène qui s’est justement produit durant la nuit où tout le monde s’est envolé…
Déterminés à comprendre ce qui se passe, Félix et Maude sont plutôt opposés. Lui est, disons, très vedge, tandis qu’elle est particulièrement allumée. Lui passif, elle active. Ils mêleront recherche de survivants et bouffe en canne, le tout saupoudré de beaucoup d’alcool (ça change les idées, faut croire!). Cherchant à passer le temps dans un monde sans Wi-Fi et sans réseaux sociaux en attendant que les autres reviennent, ils nous poussent à nous imaginer dans cette même situation.
Il y a cependant une chose que Félix et Maude n’ont pas vraiment envisagée : et s’ils n’étaient pas seuls?
Félix, Maude et la fin du monde est une websérie originale de Michel Brouillette et Stéphanie Perreault offerte dès maintenant.
En coulisses
Psst : Une autre série a fait son arrivée sur ICI Tou.tv la semaine dernière, et elle mérite franchement d’être vue d’une traite. Je voudrais qu’on m’efface, adaptée du livre du même nom, est le genre d’œuvre avec un propos nécessaire. On y suit trois jeunes (Mélissa, Eddy et Karine qui sont joués par Charlee-Ann Paul, Malik Gervais Aubourg et Sarah-Maxine Racicot) qui s’entassent avec leur famille dans les appartements trop petits d’un immeuble à logements du quartier St-Michel situé juste en face de l’autoroute Métropolitaine. Comme si ce n’était pas assez, ces familles-là reçoivent un avis d’éviction.
Plus ou moins laissés à eux-mêmes, les ados vivent des conditions semblables tout en étant bien différents. Ce qui frappe dans cette série réalisée par Eric Picolli (Écrivain public), c’est la maturité des adolescents en comparaison aux adultes. Souvent forcés de se débrouiller seuls, ils n’ont pas le choix de grandir trop vite. Et c’est comme ça qu’on arrive à la question que l’histoire veut qu’on se pose : est-ce qu’on se retrouve toujours à reproduire ce qu’on a connu? Est-ce qu’on devient comme nos parents, ou on peut aspirer à autre chose?