Il y a de fortes chances que vous connaissiez déjà l’entrepreneur en série, monsieur Vincenzo Guzzo. Il est connu au Québec principalement pour son rôle de propriétaire des cinémas du même nom, mais l’ampleur du travail de cet homme d’affaires ambitieux dépasse largement cette entreprise.
M. Guzzo a eu l’amabilité de prendre quelques minutes de son temps pour répondre à mes questions en ce qui concerne sa présence à l’émission Dragons’ Den, mais aussi en ce qui a trait à sa vision de l’entrepreneuriat au Québec.
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J’ai découvert dans ce bref entretien un homme qui a littéralement l’ADN d’un entrepreneur, mais qui possède également une sensibilité et une profondeur d’esprit propres aux plus grands de ce monde.
Je vous laisse le découvrir à votre tour.
1 – À quel moment dans votre parcours de vie vous êtes-vous dit « je veux être entrepreneur » ?
Lorsque j’ai été confronté à faire un choix, celui de devenir avocat ou de prendre les rênes de l’entreprise familiale. Si je devenais avocat, nous allions vendre l’entreprise que mon père avait bâtie. J’ai donc décidé de devenir un homme d’affaires et de rendre fructueuse l’entreprise familiale.
2 – Comment définiriez-vous le genre d’homme d’affaires que vous êtes?
Socialement responsable, mais peut-être parfois un peu trop cartésien et logique. Je m’appuie sur le réel beaucoup plus que sur de simples rêves.
C’est difficile à définir soi-même, car ce sont souvent les gens de l’extérieur qui vont définir le genre d’entrepreneurs que nous sommes. Malheureusement, parfois certains le font en manquant de connaissances et de vision d’ensemble en ce qui concerne la réalité de ce que vit un entrepreneur.
3 – J’ai vu sur votre compte Instagram que vous avez dit : « Si le monde avance et progresse, c’est grâce aux entrepreneurs ». Est-ce que vous trouvez que le Québec progresse ?
Le Québec a une place privilégiée au Canada. Au niveau entrepreneurial, nous sommes meilleurs que ce que l’on croit. Nous sommes avant-gardistes et créateurs.
La seule chose que je déplore est que beaucoup d’entrepreneurs québécois quittent le Québec après un certain temps, car leur succès y est mal perçu.
Je l’expliquerais comme ceci : il y a une incohérence populaire entre le cheminement d’un entrepreneur et le cheminement de la réussite. Au Québec, généralement, les gens et les médias aiment le fait qu’un entrepreneur va à l’encontre de l’ordre établi pour créer des choses. On aime le voir débuter et avancer.
Cependant, dès que notre cheminement nous amène à connaître un grand succès, cela est moins bien accueilli. Peut-être que les gens croient que nous sommes devenus l’établissement qu’ils n’aiment pas. C’est malheureux, car ce n’est pas du tout ça être un entrepreneur.
4 – Parlons un peu de votre participation à Dragons’ Den.
Quel défi personnel avez-vous relevé en participant à cette émission ?
Ça m’a semblé être une occasion intéressante. En l’analysant, je n’y ai vu que du positif ! En revanche, ma présence à l’émission a attiré l’attention et les universités ont commencé à m’inviter pour donner des conférences, entre autres.
Le seul point négatif de tout cela, c’est que pour être moi-même et donner des conférences en toute transparence, afin de transmettre aux gens des informations pertinentes sur mon cheminement d’entrepreneur, j’ai dû faire une introspection afin de bien véhiculer les hauts et les bas. Parfois, cela nous rappelle des choses qu’on préférerait oublier.
Un entrepreneur doit toujours foncer, toujours être fort. Dans la défaite, il doit avoir le réflexe de rapidement transformer le négatif en positif et se relever. Cependant, on garde le chagrin. Dans les moments d’introspection, lorsqu’on pense à ce qu’on a surmonté, on n’a pas le choix de voir ce chagrin, ce négatif. Parfois on en tire une leçon, d’autres fois non…
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5 – Quels sont les éléments les plus importants dans une présentation à Dragons’ Den ?
La nature de l’émission est d’évaluer les résultats. Il faut comprendre la personne. Par exemple, est-ce un rêveur ou un pragmatique?
J’essaie surtout de voir si la personne a mené le raisonnement adéquat pour le cheminement éventuel qu’on réalisera ensemble. Une relation d’affaires, c’est comme un mariage, si ce n’est pas gagnant-gagnant, ça ne fonctionnera pas.
On veut retrouver une combinaison de confiance en soi et d’humilité, pour mener à bien les projets et être en mesure de recevoir les critiques et le mentorat de façon positive et constructive.
6. Y a-t-il actuellement un entrepreneur que vous admirez particulièrement et, si oui, qui est-ce et pourquoi?
Alain Bouchard. J’ai eu la chance de le rencontrer quand il était président d’honneur de La Notte in Bianco, une fête annuelle que j’organise pour recueillir des fonds au profit de la Chaire de recherche Environnement-Cancer Guzzo de l’Université de Montréal. Je suis impressionné par son humilité étant donné son grand succès. Il est authentique et aucunement prétentieux !
7 – En terminant, que donneriez-vous comme conseils aux entrepreneurs lançant leur entreprise.
Posez-vous la question suivante : Que suis-je prêt à sacrifier pour atteindre mon objectif? On ne peut pas être tout pour tout le monde. Nous devons échouer dans quelque chose. Dans quoi échoueriez-vous?
Je m’explique. Quand on est entrepreneur, on peut être un bon homme d’affaires et un bon mari, mais un mauvais père. Ou encore, un bon père, mais un mauvais mari. Vous comprenez ? Ça demande une grande partie de votre énergie.
Au nom du succès, êtes-vous prêt à être reconnu comme un mauvais père, mari, associé, être humain, etc. ? Je vous pose ces questions pour voir si un éventuel succès vous changera en quelqu’un dont vous seriez fier, ou encore, en quelqu’un que vous ne souhaiteriez pas devenir.
J’ai vu des gens avoir des scrupules lorsqu’il était trop tard. Le succès a un prix. À vous de voir si vous êtes prêts à le payer pour atteindre vos objectifs.
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Les débuts
En tant que fils unique d’immigrants italiens, il a toujours su qu’il pouvait transformer la petite entreprise de cinémas de son père en ce véritable empire que sont les Cinémas Guzzo d’aujourd’hui. Pour ce faire, il devait cependant affronter les chefs de file de ce milieu. Armé de diplômes en droit et en commerce, Vincenzo est rapidement devenu le grand patron des complexes cinématographiques ainsi que des nombreuses entreprises qu’il a créées.
Vingt-trois ans plus tard, Guzzo est président et chef de la direction des Cinémas Guzzo, le plus important exploitant indépendant de salles de cinéma au Québec et le troisième plus important au Canada. Sa chaîne compte un total de 145 écrans : neuf cinémas IMAX et 10 emplacements. D’autres devraient ouvrir au cours des trois prochaines années selon cet homme d’affaires des plus ambitieux.
En 2019, Guzzo élargit ses horizons en devenant restaurateur. Il est copropriétaire de deux pizzerias italiennes gastronomiques, Giulietta, ainsi qu’une troisième qui s’apprête à ouvrir ses portes. Vous ne pouvez pas vous rendre dans l’un de ses restaurants ? Aucun problème. Guzzo vend maintenant sa pizza directement aux consommateurs via LoveFoodToGo.com et dans les cinémas Guzzo. Il s’est également tourné vers la vente au détail de produits alimentaires avec Good Pantry, Giulietta @Home et M. Sunshine, proposant une gamme de maïs soufflé et de chocolats, laquelle sera bientôt offerte en magasin.(1)
Vincenzo Guzzo et sa femme Maria sont aussi des philanthropes de renom. Le couple effectue d’ailleurs de généreux dons à de nombreux hôpitaux. Leur engagement a engendré la création de la Fondation de la famille Guzzo en 2007, laquelle s’investit activement dans la recherche en nanotechnologie contre le cancer à l’Hôpital général juif de Montréal et à l’Université McGill.
Les contributions de Guzzo ont été reconnues internationalement. Lauréat de la Médaille du jubilé de diamant de la reine, il a été fait chevalier de l’Ordre du mérite de la République italienne et membre distingué de l’Ordre de Malte.(2)
Sources :
1 – Dragons’ Den.
2 – Association des gens d’affaires et des professionnels italo-canadiens (CIBPA)