Le 26 avril prochain, ce sera le 40e anniversaire de la Journée de Visibilité Lesbienne. Le 23 avril, c’est à L’Idéal bar que la journée sera célébrée. Pour l’occasion, nous avons eu la chance de nous entretenir avec l’humoriste Coco Belliveau, une militante pour la diversité sexuelle et la porte-parole de la JVL.
« Invisibiliser, c’est discriminer »
Voici ce que cette dernière avait à nous dire :
Comment vas-tu?
Ça va bien! Je suis super occupée et je suis surtout contente d’être porte-parole [de la Journée de Visibilité Lesbienne], ça me permet d’intégrer au quotidien mon militantisme et ça rempli mon coeur.
Comment es-tu devenue porte-parole de la JVL?
C’est tellement pas glamorous (rires)! J’ai reçu un courriel à la base avec la demande et moi, ça m’a immédiatement interpellé donc, j’ai dit oui tout de suite. Surtout que moi, j’ai fait mon coming out sur scène et c’est à travers mon art que j’exprime ma visibilité.
Est-ce que ton coming out sur scène, comme tu viens de le mentionner, était préparé ou c’était un coup de tête?
Sur scène, je parle beaucoup de mes expériences et de mes perceptions. Au départ, je ne le voyais pas vraiment comme un coming out et c’est après que j’ai réalisé que oui, ce l’était. Je voyais ça comme lorsque j’explique mes perceptions, mon évolution, mes insécurités, je blague là-dessus. Il y a beaucoup de monde qui ne savait pas c’était quoi ma sexualité et pour eux, ça été comme un gros coming out. Ma mère m’a demandé : « est-ce que c’est vrai ce que tu dis dans ton numéro? », j’ai répondu que oui! Ça ne m’était jamais passé par l’esprit qu’il fallait que je m’explique ou que je m’avoue aux gens one-on-one. Avec du recul, je ne changerais pas comment je l’ai fait parce que je trouverais ça malaisant de devoir me présenter avec ma sexualité et attendre de voir si la personne m’accepte ou non. Je pense que ça serait quelque chose d’épuisant à passer au travers.
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Qu’est-ce que ça représente pour toi, la JVL?
C’est une occasion de contribuer concrètement [à la visibilité lesbienne]. En tant que participante, pour moi, ça serait une occasion de connecter avec des gens de ma communauté, parce que ce n’est pas toujours évident de se trouver entre nous, au quotidien. Je pense que c’est important d’avoir des lieux désignés et des événements fixes pour pouvoir partager nos histoires, nos expériences, pour être entre nous et pour remédier à l’isolement qu’on peut ressentir parfois (ou qu’on a l’impression d’avoir parce que c’est facile de se sentir weird et de se dire « il faudrait que je prenne moins de place »).
As-tu vécu de la lesbophobie en tant qu’humoriste et personnalité publique, mais aussi dans ta vie personnelle?
J’ai déjà perdu des amies parce que j’aime les femmes. Pour elles, elles sentaient qu’elles n’avaient plus rien à jaser avec moi (beaucoup de gens bâtissent leurs amitiés en fonction de leur sexualité). Je me suis beaucoup sentie isolée à cause de ça. J’ai une amie, l’an dernier, quand elle a su que j’aimais les filles, elle m’a dit « est-ce que tu passes du temps avec moi parce que tu m’aimes? » et j’ai répondu « non, ce n’est pas le cas du tout ». Je pense qu’elle avait peur que ça se dirige vers elle et des affaires comme ça, c’est blessant et ça te fait te sentir dégueulasse ou pervers.
En tant que personnalité publique, c’est plus des microagressions. Des fois je suis dans une loge et j’entends des gens dire « j’ai entendu que telle personne est gay et c’est pour ça qu’il a cassé avec sa blonde » et un autre disait « et moi je l’ai vu frencher telle personne ». Ce n’est pas, à la base, malveillant. C’est plus une curiosité, un fun de savoir les secrets mais ça me donne un feeling de chasse aux sorcières. Ce genre de conversation là, qui peut sembler inoffensive, fait sentir aux autres qu’ils sont bizarres d’être ce qu’ils sont. J’ai encore des petits malaises avec ça, sur comment on communique. Ça vient renforcer la culture de la honte qu’on a par rapport à ça.
Selon toi, qu’est-ce qu’on peut faire pour sensibiliser, normaliser et surtout stopper cette discrimination-là?
Il y a plusieurs choses qu’on peut faire, tout dépendant de notre rôle dans la société. Par exemple, les médias peuvent faire des portraits d’artistes qui s’affichent ouvertement, utiliser les bons mots, comme « lesbienne » à la place de juste dire « deux femmes en couple », au cinéma et à la télé intégrer plus de personnages et de rôles lesbiennes, comme ce n’est pas tout le monde qui connaît quelqu’un dans son entourage qui va les tenir par la main. Aussi, profiter des journées thématiques pour s’intéresser aux conditions de vie et aux femmes issues de la diversité sexuelle. Je ne dis pas de ne pas le faire le reste de l’année, mais c’est autour de cette journée-là que le Réseau des lesbiennes du Québec lance un Zine, un magazine qui présente des portraits de femmes issues de la diversité sexuelle (et ils en sortent un chaque année)!
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Le 23 avril prochain, il y aura une célébration à Montréal pour la JVL, à quoi est-ce qu’on peut s’attendre?
L’événement est pour souligner le 40e anniversaire [des luttes menées au Québec pour la visibilité lesbienne]. C’est à L’Idéal bar, ça commence à partir de 13h. Il y aura trois balados enregistrés en direct et animés par Eugénie Lépine Blondeau et ensuite, il y aura un 5 à 7 festif! On va aussi remettre des prix; un prix visibilité à Sarahmée, le prix hommage à Nicole Brassard et le prix militantisme à Johanne Coulombe. Et moi aussi, je serai là, bien sûr. C’est vraiment ouvert à toutes les femmes de la diversité sexuelle.
As-tu un rôle modèle, une inspiration?
J’en ai plein! J’aime vraiment Manon Massé, c’est quelqu’un qui a un incroyablement grand coeur et qui fait le travail des anges. C’est très représentatif à comment j’essaie de vivre ma vie, elle a un souci de comment elle communique, du vocabulaire qu’elle utilise. Elle a beaucoup de beaux combats!
Ton spectacle Toxique, on peut s’attendre à quoi? Et quand pourra-t-on acheter les billets?
Les billets ne sont pas encore sortis, mais les dates sont sur le point de sortir! Le spectacle parle de santé mentale, de self-care, de relations toxiques, d’identité de genre, de l’estime de soi et de plein d’autres sujets qui on fait rire ma psy! J’ai vraiment pris ce qui me préoccupait mentalement pendant les dernières années et le travail que j’ai fait sur moi. C’est comme un show pour vider le mauvais (rires)!
Embrasse / Marie / Fais une jambette : Katherine Levac, Cathy Gauthier et Christine Morency.
Je vais marier Christine Morency, je vais embrasser Katherine Levac, mais dans un monde parallèle où c’est absolument consensuel et je vais faire une jambette à Cathy Gauthier, mais juste parce que je pense que ça serait vraiment drôle! Je sens que c’est quelque chose que les gens voudraient écouter en slow-motion.
Les balados qui seront enregistrés en direct seront disponibles dès le 26 avril prochain! Pour les écouter, c’est juste ici.
Et finalement, pour vous procurer l’édition 2022 du Zine, c’est par ici!
** Notez que les propos des candidats ont été légèrement modifiés afin de rendre l’article facile à la lecture. **
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