Ç’a dû se passer à peu près comme ça.
Un soir de l’hiver 2018-2019, un recruteur assis dans les estrades d’un aréna de la WHL entendit l’oracle : le grand joueur de centre qu’il avait sous les yeux avait le talent pour devenir un pivot de premier plan dans la LNH.
Le recruteur n’allait pas en démordre.
Les comparables défilaient dans sa tête. Getzlaf par-ci. Carter par-là. Un Toews droitier, etc.
Quelques mois plus tard, il sut convaincre ses patrons de le sélectionner aussi haut que le 3e rang au total, tout juste derrière les deux premiers choix ultra-consensuels : Jack Hughes et Kappo Kakko.
À peu près personne n’avait ce centre dans leur top-5, mais les Hawks, convaincus par leur dépisteur, avaient eu le coup de foudre et c’est ainsi qu’ils ont levé le nez, sur Byram, Turcotte, Seider, Cozens, Zegras, Caufield et d’autres qui avaient tous reçu plus de publicité qu’un certain…
Kirby Dach.
Questionné de tous bords, tous côtés alors que plusieurs partisans et spécialistes anticipaient plus particulièrement voir son équipe sélectionner Alex Turcotte ou Bowen Byram, Stan Bowman avait dit à The Athletic sur Dach, dans les jours qui ont suivi le repêchage, qu’il voulait voir où Dach en sera dans quelques années.
Il a ajouté que s’il devenait le joueur qu’il devait être, il allait être ce joueur de joueur qui ne se déniche pas partout.
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Et voici comment Dach lui-même se voyait au lendemain de son repêchage : un centre qui joue sur 200 pieds avec de grandes habiletés et un bon QI hockey.
Il se voyait comme un Mark Scheifele.
Donc, en d’autres mots, autant chez Bowman que chez Dach, le potentiel identifié est clairement celui d’un premier centre. C’est du moins la raison pour laquelle les Hawks l’avait sélectionné au 3e rang : être le centre # 1 d’avenir de l’équipe. Un choix qui allait potentiellement définir la prochaine décennie chez les Hawks, comme le titrait The Athletic.
On connait la suite. Après avoir fait la LNH à 18 ans, Dach a subi quelques mois plus tard une vilaine blessure au poignet lors d’un match préparatoire au CMJ de 2020.
Puis, de retour à Chicago, sa carrière a par la suite généralement fait du surplace, malgré un joli soubresaut en séries dans la bulle. Contre les Oilers que les Hawks ont éliminé en quatre matchs, Dach a enregistré 4 points, tout en terminant la série à +3. Il a ajouté 2 autres points en 5 matchs contre les Knights pour terminer le tournoi estival de 2020 avec 6 points en 9 matchs. Pas trop mal…
Rêvant probablement déjà à Connor Bedard, le remplaçant de Bowman, Kyle Davidson, a voulu faire tabula rasa l’été dernier et lança ainsi la serviette au sujet du natif de Fort Saskatchewan, tout juste 21 ans. Dach fut donc échangé au Canadien en retour des 13e (Frank Nazar) et 66e(Gavin Hayes) choix au total d’un repêchage dit faible.
Quelques mois plus tard, et 3 ans et demi après son repêchage, Dach est en train de devenir sous nos yeux le joueur que le recruteur esseulé dans le fond de l’aréna de l’ouest canadien avait vu en lui.
L’effort est là tous les soirs, la constance s’installe, et le potentiel jailli.
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Un potentiel supérieur à celui de Suzuki?
L’idée ici n’est pas de dégonfler les pneus de l’un pour gonfler ceux de l’autre.
C’est tout simplement d’imaginer le potentiel maximal des deux joueurs. Et pour l’instant, il est permis de penser que celui de Suzuki montre des signes de plafonnement. À tout le moins, il nous montre une fois de plus son essoufflement annuel qui entraîne une importante panne sèche, lui qui n’a inscrit que 2 buts et 11 points lors des 26 derniers matchs, en plus de montré un très frisquet -14.
Sur 82 matchs, Suzuki aurait inscrit 61 points à chacune des deux dernières saisons en plus de présenter des différentiels de -5 et de -29 au cours de ses deux ans (ou si vous voulez, une moyenne de -17).
Cette saison ne s’annonce guère bien différente alors que le jeune capitaine se dirige vers une campagne de 64 points, tout en présentant déjà un différentiel de -15…
Au-delà des chiffres, il y a aussi les rôles et les missions.
On lui demande depuis deux, trois ans d’être le premier centre à 5 contre 5 et d’être le grand architecte de l’avantage numérique en assurant l’entrée de zone et en dirigeant le reste des opérations.
À défaut d’un véritable quart-arrière, Suzuki est en quelque sorte le boss du PP.
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Le moins que l’on puisse dire, c’est que le succès est pour le moins mitigé.
Si on veut être plus direct, et pour faire ça court sans décortiquer toutes ses petites et grandes misères, disons que Suzuki ne réussit pas à faire lever l’avantage numérique du Tricolore qui s’enlise dans les bas-fond de la LNH encore cette saison. Il ne fait pas une différence positive. Il ne réussit pas assez souvent ses entrées de zones, ni à installer le jeu de façon menaçante.
À moins d’un revirement de taille, je crois qu’on peut affirmer qu’un avantage numérique mené par Nick Suzuki ne pourra jamais être très bon.
Il faudra tôt ou tard changer sa place dans la hiérarchie lors de cette phase de jeu. Il ne peut pas être le go to guy. Ses armes ne sont justes pas assez dangereuses si on le compare aux meilleurs.
La même logique s’applique aussi à cinq contre cinq.
Si Nick Suzuki est ton premier joueur de centre, tes chances de succès sont minces. Pour pouvoir sortir le meilleur de lui, il lui faut à tout le moins un excellent centre de deuxième trio pour le soutenir, comme l’ont démontré – à en crever les yeux – le départ de Danault et, plus récemment, la blessure de Monahan.
Peut-être que l’éclosion de Dach, qui s’améliore aussi sur les mises en jeu, est le remède tout indiqué pour Suzuki, autant pour l’avantage numérique, où on voit de plus en plus Dach transporter la rondelle (même si on voudrait qu’il soit moins poli avec Suzuki à qui il a encore tendance à la remettre trop souvent), et on constate qu’il peut définitivement assurer le rôle de 2e centre de l’équipe dès maintenant.
Ce sont ensuite les minutes et les missions qui leur sera confiées qui détermineront leur rang dans la hiérarchie dans les prochains mois et prochaines années.
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Un changement de « narratif » sur Dach?
Une des principales critiques qu’on entendait au sujet de Dach au moment de son repêchage, et par la suite dans la LNH, était que malgré un coffre à outils impressionnant, les statistiques n’étaient pas vraiment au rendez-vous.
À son année de repêchage, Dach arrivait au 24e rang de la WHL au niveau de la moyenne de points par match. Le grand centre avait dû se « contenter » de 73 points en 62 matchs.
On peut toutefois émettre d’importants bémols par rapport à cette critique.
Dans quel contexte évoluait Dach à Saskatoon? Comment Dach, tout juste 18 ans à la mi-saison, se comparait-il aux autres meilleurs marqueurs de son équipe? Et qui étaient ces derniers?
Les Blades avaient un bon club de vétérans qui ont terminé au 4e rang de la WHL. Ils misaient sur une assez bonne défensive ainsi qu’une attaque diversifiée qui ne comptait sur aucune grande vedette offensive. C’est pourtant le très jeune Dach qui a maintenu la meilleure moyenne de points par match de son équipe.
Ces trois autres coéquipiers présentant une moyenne supérieure à un point par match avaient tous 20 ans à la fin de la saison. Certains ont même terminé la campagne à 21 ans.
Aucun n’a été repêché dans la LNH.
Dach jouait donc, pour ainsi dire, avec des no names deux, trois ans plus vieux que lui et il leur était déjà clairement supérieur.
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Il est aujourd’hui au 4e rang des compteur du repêchage 2019 avec ses 92 pts en 203 matchs. Ce n’est évidemment pas encore la mer à boire du côté de la moyenne par match, mais il arrive tout de même au 7e rang de la cuvée. En maintenant sa trajectoire ascendante, il ne devrait pas avoir trop de mal à conserver cette position assez enviable compte tenu de la grande qualité de ce repêchage.
Et à quoi ressemble cette trajectoire?
En gros, Dach se dirige présentement vers une saison de 53 points en 82 matchs.
Mais ses 10 points à ses 12 derniers matchs, donc 6 buts, nous donnent probablement une meilleure indication de son potentiel, sans toutefois voir en lui un marqueur de 40 buts. Au delà des buts et des points, c’est lors de ces douze matchs qu’on a assisté à sa véritable éclosion et qu’on voit une différence marquée dans son jeu.
Donc, si on veut bien fier à ses douze matchs qui nous ramènent au 7 janvier contre St-Louis, sa production potentielle sur 82 partie se situerait à 68 points sur une saison complète.
Si on ajoute à la réflexion la séquence de 14 points en 12 matchs qu’il avait connue en octobre et novembre lorsqu’on l’avait jumelé avec Suzuki et Caufield, on peut se demander s’il y a un joueur d’un point par match qui se cache dans Kirby Dach, et donc un premier centre.
Je sais, je sais, Dach a aussi connu une séquence de 6 points en 19 matchs de la fin novembre au début janvier, avec un seul but. Et Suzuki a aussi connu de belles séquences sur 15-20-30 matchs à chacune de ses saisons, et il pourrait peut-être lui aussi frôler le point par match un de ses jours.
Si Ryan O’Reilly et David Krejci l’ont fait, pourquoi pas Suzuki?
Bon point.
C’est pour ça qu’on aura pas aujourd’hui la prétention de trancher définitivement quant au potentiel offensif optimal des deux joueurs. Ça pourrait se ressembler au bout du compte. Il pourrait tous deux être des centre 1B, ou 2A, si vous préférez.
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Mais ce qui est intéressant ici, c’est la nouveauté, la surprise. Personne en début de saison n’aurait même penser les mettre dans la même catégorie.
Et là, on se dit qu’il existe un monde où Dach, avec ses attributs physiques supérieurs à Suzuki, son gabarit, sa force, son coup de patin, ainsi que la qualité de son jeu défensif (son différentiel se situe à – 6 et à + 1 depuis le 7 janvier), pourrait avoir un potentiel général légèrement supérieur à celui de Suzuki.
La chose est possible.
Une monnaie d’échange pour Dubois?
Avec son éclosion précoce et, on pourrait dire, au-delà des attentes, ainsi que son super contrat encore bon pour encore trois années complètes, pas sûr que je voudrais encore inclure Dach dans une transaction impliquant Pierre-Luc Dubois l’été prochain.
Car, oui, je crois toujours que les Jets doivent échanger Dubois dans l’entre saison – il ne peuvent pas se permettre de le perdre pour rien à l’été 2024! – et c’est probablement le CH qui leur donnerait la meilleure valeur pour ses services, moyennant une prolongation de contrat à long terme immédiate avec Montréal.
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De son côté, Le Canadien devra tôt ou tard arrêter de soustraire.
Ce n’est pas 6 joueurs dignes du top-15 que ça prend pour gagner une Coupe Stanley. Il en faut une dizaine, voire une douzaine.
D’ici deux ans, il faudra donc se mettre en mode « addition », peut-être même dès cet été.
Il faut donc garder Dach et le reste du noyau en place et penser à ajouter des Dubois de ce monde.
Pierre-Luc Dubois gets his first goal as a Winnipeg Jet. #GoJetsGo #CBJ
pic.twitter.com/tnrfkhrvhO— CBJ Center (@CBJcenter) February 22, 2021
S’il ne repêche pas dans le top-5 avec son propre choix ou celui des Panthers, Hughes pourra sacrifier un de ses deux hauts choix choix de première ronde (idéalement celui des Panthers) auquel il pourrait joindre quelques autres pièces au besoin. Hughes aura donc ce qu’il faut pour offrir un package qui pourrait certainement plaire aux Jets, sans sacrifier des pièces importantes du noyau actuel autour duquel il veut construire.
En théorie, pouvoir compter sur Dubois, Dach et Suzuki au centre, donnerait immédiatement au CH un dangereux top-9. Et autant Dach que Dubois peuvent exceller à l’aile, si jamais on voulait concentrer un peu plus le talent sur deux trios.
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Le Canadien n’aurait pas eu autant de talent (et de poids) au centre depuis les années de Turgeon, Damphousse et Koivu, un « trio » qui n’aurait jamais dû être démantelé aussi rapidement.
Si en plus Hughes pouvait dès cet été ajouter un Bedard, un Fantilli ou un Carlsson, la reconstruction tirerait déjà à sa fin. Ne resterait plus qu’à laisser murir quelques fruits et à remplacer un peu de bois mort par du plus vigoureux.
Encore un peu de patience, donc.
La saison prochaine pourrait être bien différente et marquer le début du virage vers le haut après seulement deux années de chute volontaire de la part de la direction.