L’arrivée de programmes sports études version jeu vidéo dans quelques établissements secondaires du Québec suscite l’inquiétude pour les chercheurs locaux.
Les programmes de la discorde
C’est un article de Radio-Canada publié récemment qui met le feu aux poudres. Dans sa balade-diffusion associée, Mathieu Dugal, l’animateur, reçoit Véronique Bohbot, professeure au Département de psychiatrie de l’Université McGill. Cette dernière s’est inquiétée fortement?d’aucuns diraient insurgée?suite à l’annonce de certains établissements scolaires secondaires d’inclure dès la rentrée un programmes de sports électroniques assimilé à du sports étude.
L’enseignante avance des études honnêtes et vérifiées mais tout de même peu pertinentes dans le cas présent. Les résultats de ces recherches montrent que la pratique intensive du jeu vidéo, surtout les jeux de tir à la première personne (FPS), sollicitent majoritairement les noyaux codés. Ces derniers sont associés aux automatismes auxquels nous sommes tous soumis. Comme par exemple, lorsque l’on emprunte le même trajet tous les jours pour se rendre au travail ou à l’école. Mais l’effet pernicieux d’un trop gros noyau codé est une atrophie, une diminution de l’hippocampe. Il s’agit ici de la partie du cerveau liée, entre autres, à la mémoire. Les conséquences d’un petit hippocampe sont assez dangereuses comme le souligne Véronique Bohbot: augmentation du risque de dépression, de schizophrénie, de syndrome de stress post-traumatique et d’Alzheimer.
Après les études, la réalité des programmes de jeu vidéo au secondaire
Cependant, derrière toutes ces bonnes intentions, et une diabolisation à peine voilée, on oublie que le jeu vidéo a de bons côtés. Et aussi et surtout que les jeunes étudiants du secondaire qui s’inscrivent à ces fameux programmes ne vont pas faire que ça. Le jeu vidéo à l’école passe par un maintien de bons résultats scolaires comme pour n’importe quelle autre programme similaire. De plus, la pratique reste encadrée et les jeunes ne sont pas livrés à eux mêmes.
L’animateur rappelle également à la professeure qu’il y a également des dangers avec d’autres sports, comme par exemple le football responsable de nombreuses commotions cérébrales. Mais c’est à nouveau très aisé de tirer sur le jeu vidéo, cible décidément très ou trop facile.
Mais on ne peut s’empêcher de se poser des questions et de douter des résultats des études réalisées. Certes, les joueurs de FPS au niveau compétitif s’entraînent souvent sur les mêmes cartes mais elles changent de temps en temps, les automatismes ne sont donc plus adaptés. L’hippocampe reste donc sollicitée suffisamment, à mon avis. Même chose pour les jeux procéduraux comme PUBG où les cartes changent à chaque partie. Sans oublier les capacités d’adaptation dont les joueurs doivent faire preuve pour relever les défis. Et que dire des joueurs de jeux de rôle dans lesquels on découvre de nouveaux univers à chaque jeu et de nouvelles régions au fil de l’aventure? Les joueurs, surtout au niveau professionnel, ont bien plus de mérite que ce que veulent nous faire croire les scientifiques.
Ce qu’en pensent les acteurs locaux
On parlait récemment d’une rencontre qui va avoir lieu le 10 septembre entre la FQSE, entre autres, et différents acteurs volontaires. Il serait bien que ces chercheurs locaux y participent pour qu’on puisse leur expliquer concrètement les tenants et les aboutissants du jeu vidéo façon Esports.
Par ailleurs, François Savard, président de la Fondation des Gardiens Virtuels, soit l’autorité de la bonne pratique du jeu, nous a transmis un commentaire plein de bon sens: « L’annonce des jeux vidéo dans les écoles dérangent beaucoup une certaine partie de population qui ne comprend pas nécessairement le phénomène et qui a beaucoup de préjugés. Malheureusement, ces préjugés se retrouvent dans toutes les strates de la société. Aucun loisir, sport ou activité n’est sans comporter une facette problématique, allant de la dépendance aux commotions cérébrales, en passant par des problèmes d’inégalités sociales. Le point majeur ici est que le fait de ne pas encadrer une activité déjà omniprésente dans le quotidien des jeunes est énormément plus dommageable pour eux que de les encadrer selon les meilleurs pratiques du moment et qui sont, de plus, adaptées au fur et à mesure que de nouvelles recherches sont faites. » À méditer.