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Dans les coulisses

Top-15 des espoir du CH | 1ère position : David « l’aigle » Reinbacher

Pourquoi placer Reinbacher au premier rang de ce classement des plus importants espoirs du CH devant Kaiden Guhle, Juraj Slafkovsky et Lane Huston qui, chacun à leur façon et pour différentes raisons, pourraient tous prétendre au trône?

Allons-y à la mitraille pour Guhle et Slaf.

Premièrement, au même âge, Reinbacher est tout simplement meilleur en général que Guhle. J’appuie Simon Boisvert à 100 % sur celle-là. Je rajouterais que même à l’heure actuelle, il n’est pas si loin de l’Albertain à bien des égards…

Ensuite, le sens du jeu de Reinbacher est beaucoup plus développé que celui de Slafkovsky. S’ils avaient été repêchés tous deux en 2023, une majorité d’équipes auraient opté pour Reinbacher avant Slafkovsky. C’est une idée assez consensuelle qui est ressortie du dernier repêchage.

Maintenant, le choix de le placer devant Lane Hutson a été un peu plus déchirant et s’est vraiment joué sur des décimales et sur une réflexion plus poussée.

Au-delà des décimales, donc, comment justifier de placer Reinbacher devant Hutson qui a brisé le record de points de la NCAA pour un défenseur recrue, supplantant ainsi Brian Leetch et tous les Hughes et Makar de ce monde, et qui est même parvenu à dominer au Championnat mondial senior malgré son modeste physique à tout juste 19 ans?

Certains me répondront en choeur sur Facebook « Hutson est trop petit et a été repêché en fin de 2e ronde, pas besoin de se casser la tête ! »

Ce sont les mêmes qui disent que Hutson est un défenseur « à risque » malgré sa fiche de +133 à ses 148 derniers matchs, tout en enregistrant 161 points au passage…

Bref, des arguments massue en faveur de Hutson, il y en a… en masse.

Ce n’est donc pas une mince tâche de placer l’Autrichien devant Hutson. Reinbacher lui-même voit Hutson comme le prochain Makar!

Mais je préfère plutôt procéder par une analogie culinaire pour justifier et illustrer mon point de vue.

Imaginons que le travail de chef Jeff Gorton et de chef Kent Hughes est de faire un gâteau au chocolat.

À quel saveur est le gâteau ?

Au chocolat.

Mais que serait le chocolat sans le gâteau?

Juste du chocolat, essentiellement de la poudre de cacao.

Et donc, pour lui donner une structure, pour en faire un gâteau au chocolat, ça va prendre du lait, des œufs, de la farine et du sucre.

Reinbacher, c’est le lait, les œufs, la farine et le sucre.

Tout les ingrédients qu’on voit moins, goûte moins et sent moins, mais sans lesquels il n’y aurait juste pas de gâteau.

Ainsi, Hutson mettra nos sens en éveil et donnera la saveur, la couleur et l’odeur au jeu du Canadien.

C’est très important; l’offensive de Hutson va faire gagner des matchs, vendre des billets et augmenter les cotes d’écoute… et sa défensive ne devrait pas faire perdre l’équipe très souvent.

Reinbacher, de son côté, assurera toute sa structure, la cohésion, l’efficacité et la fiabilité… avec quand même une pincée de sucre!

C’est très important; ça peut faire gagner des séries et des championnats… Et ça aussi, au bout du compte, ça fait vendre des billets et monter les cotes d’écoute.

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1. David Reinbacher, DD 

Potentiel : 37.5/40
Assurance : 18.5 /20
Valeur d’usage : 27.5/30
Valeur d’échange : 9/10
Total  : 92.5 / 100

Potentiel : 37.5 / 40

On ne repêche pas un défenseur au 5e rang d’un repêchage aussi riche en attaquants si on ne le croit pas capable d’occuper un rôle clé sur une première paire pour de nombreuses années, ou si on ne croit pas que son potentiel est celui d’un défenseur élite.

On ne souhaite pas juste sélectionner un simple top-4 au 5e rang !

Les oreilles me frisaient un peu en entendant des projections conservatrices du genre après son repêchage…

À son année de repêchage, Reinbacher a présenté des statistiques supérieures à celle de Roman Josi dans la ligue élite de Suisse. En fin de saison, il était déjè devenu le défenseur numéro 1 de son équipe à 18 ans, un fait archi rare dans cette ligue que plusieurs – dont Guy Boucher – estiment plus forte que la AHL.

Certains aiment bien le comparer à Moritz Seider. D’autres parlent de Roman Josi.

Sans doute pour baisser les attentes, Mathias Brunet a récemment avancé les noms de Adam Larsson ou encore Rasmus Anderson.

Tout ça a du sens à différents degrés.

Mais, pour ma part, je préfère parler d’Alex Pietrangelo, car c’est très exactement ce défenseur qu’avaient en tête les dirigeants du CH lorsqu’ils ont arrêté leur choix sur Reinbacher en juin dernier. C’est du moins ce qu’on comprend à partir de la fameuse vidéo issue des coulisses du repêchage à partir de la 10e à la 13e minute :

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Au moment où Christer Rockström dit que « tous les clubs gagnants de la Coupe Stanley ont ce genre de défenseurs de premier plan », pour une deuxième fois lors des 5 dernières saisons, Alex Pietrangelo venait d’être la pierre angulaire de la défensive du club champion.

Alex Pietrangelo, lui aussi droitier, a été choisi au 4e rang en 2008 et présente, tiens, tiens, tiens, un gabarit semblable à Reinbacher de 6’3, 215 lbs.

Pour la petite histoire, on notera que Pietrangelo ne s’est définitivement établi dans la LNH que deux ans après son repêchage. Comme quoi même les défenseurs élites repêchés dans le top-5 ne font à peu près jamais le saut dans la LNH à 18 ans…

Même si au niveau du look, ils ne se ressemblent pas tellement sur la glace, quand on analyse Reinbacher, son physique, sa mobilité, la simplicité, l’efficacité de son jeu, on retrouve sensiblement les mêmes qualités fondementales que chez le défenseur des Knights qui, à 33 ans, se dirige sans trop faire de bruit vers le Temple de la renommée.

Tout ça pointe donc vers un défenseur de première paire, capable de jouer régulièrement 24-25 minutes par match.

Là où l’Autrichien m’a agréablement surpris au camp de développement et encore plus au tournoi des recrues et au présent camp c’est au niveau de ses qualités offensives. Michal Krupa et Billy Ryan en font d’ailleurs mention dans la vidéo.

Reinbacher voit bien le jeu et manie la rondelle avec aisance, tout en douceur, sans nervosité, avec une belle assurance (composed). Ça lui permet de bien patrouiller la ligne en avantage numérique et de faire d’impressionnantes lectures de la défense adverse, comme ici :

Disons qu’on est loin de Jared Tinordi au même âge !

Si, comme au camp de développement, on pense éventuellement le jumeler à Lane Hutson et qu’il mérite sa part de minutes sur l’avantage numérique, on croit que Reinbacher pourrait un jour, comme Pietrangelo, récolter une cinquantaine de points par saison dans la LNH.

Mais si jamais on réserve le gros du jeu de puissance à Lane Hutson, ce ne serait pas la fin du monde. N’oublions pas que Reinbacher a d’abord et avant tout été repêché pour son QI défensif supérieure à la moyenne et son jeu complet dans les trois zones à forces égales.

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Assurance : 18.5/20

Ses performances en Ligue nationale Suisse et à l’international, autant chez les juniors que chez les seniors, ainsi que sa personnalité, ont très certainement donné suffisamment d’assurance aux autres décideurs de la Flanelle pour qu’ils le préfèrent à de nombreux attaquants talentueux et prometteurs au 5rang du dernier repêchage.

Qui ne voudrait pas pouvoir compter sur un aigle pour patrouiller la patinoire (à partir de 0:50)?

On a sûrement jugé qu’il y avait moins de points d’interrogation entourant le développement de Reinbacher que celui de Michkov, et peut-être aussi ceux de Benson (qui connaît un gros camp à Buffalo!) et Leonard, pour ne parler que de ceux-là.

De notre côté, c’est le camp des recrues et le camp principal du CH qui nous donne le plus d’assurance que Reinbacher atteindra son plein potentiel dans la LNH dans un avenir plus que raisonnable tellement son jeu est mature pour son âge.

Dans les 30 dernières années, on ne se rappelle pas d’avoir vu un jeune de 18 ans aussi solide sur la patinoire. Son aplomb rappelle celui du jeune Andrei Markov, débarqué à Montréal en 2000 à 21 ans .

Reinbacher n’a tout simplement pas de défaut majeur et il semble même au-dessus de la moyenne dans à peu près tous les aspects imaginables.

Au plan psychologique, Reinbacher est un jeune homme brillant, posé et sympathique. Une vraie bonne personne, un vrai dauphin, comme il le dit lui-même! Le genre qui se porte volontaire pour ramasser les rondelles après la pratique, avec le sourire, comme on l’a vu faire à Brossard en juillet.

Il n’a peut-être pas le côté blagueur et cocky de Slafkovsky, mais il semble lui aussi avoir ce qu’il faut entre les deux oreilles pour réussir dans le marché montréalais.

On aime particulièrement, son humilité, sa sincérité et sa lucidité. Par exemple, lorsqu’il dit qu’il ne veut pas se mettre de pression, juste jouer sa partie, être lui-même, il joue effectivement comme un gars calme qui joue son match. Mais il ne joue pas timidement pour autant ; il tente et réussit un paquet de bons jeux, présence après présence.

Très solide, Reinbacher…

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Valeur d’usage/rareté : 28/30

Après notre analogie du gâteau au chocolat, certains pourraient avoir eu l’impression que Reinbacher paraîtra fade à comparer Hutson.

Or, cette impression est fausse. On vous l’a dit, il y a aussi du sucre en masse dans le jeu de Reinbacher!

Si un bon gâteau présente une belle consistance, Reinbacher, lui, présentera une belle constance et un jeu complet.

À défaut d’être spectaculaire comme Hutson, Reinbacher fera tout bien avec une facilité déconcertante, du jeu intelligent et robuste en défense, à la passe lumineuse en attaque, en passant par une lecture du jeu sans faille, « élite » selon les dires de Martin St-Louis.

Chez le Tricolore, on souhaite sans doute que Reinbacher devienne le grand stabilisateur de la défensive, le Pietrangelo, et, comme on l’a dit, on voit certainement en lui le partenaire idéal pour Lane Hutson.

S’il permet à Hutson de s’épanouir et de jouer avec confiance dans son rôle de dynamo offensif en assurant ses arrières, ça lui conférera déjà une grande utilité.

Mais la vérité c’est que Reinbacher sera bon avec n’importe qui et qu’il fera beaucoup plus que d’assurer les arrières de ses partenaires.

Si on tient à garder le droitier Caufield du côté gauche de l’avantage numérique, Reinbacher pourrait aussi bien être celui qu’on voudra utiliser sur la première unité du jeu de puissance, devant Hutson et n’importe qui d’autre.

Pour ceux qui rêvent à Mailloux, lui aussi un droitier, il aura sans doute sa chance sur l’avantage numérique, mais je le trouve moins brillant, moins habile avec le disque et moins bon passeur que Reinbacher. À suivre…

À terme, l’Autrichien pourrait donc devenir le défenseur le plus utilisé de l’équipe. Déjà présent dans toutes les phases de jeu en Suisse à 18 ans, c’est pas mal la même chose qui l’attend à Montréal, où il est appelé à devenir le véritable défenseur #1 du club.

Ce n’est pas compliqué : le CH s’est dit que pour gagner à long terme, il aura davantage besoin d’un défenseur complet comme Reinbacher que de n’importe quel autre type de joueur. C’est pourquoi il obtient un ahurissant score de 28/30 en utilité/rareté.

Dans quelques années, quand le jeune noyau sera rendu à maturité, on verra s’ils ont eu raison de penser cela.

En Reinbacher ils ont opté pour une muraille défensive qui peut produire des points.

Que peut-on vouloir de plus d’un arrière?

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Valeur d’échange : 9/10

La valeur des jeunes défenseurs prometteurs de 6’3 est toujours très élevée et, à partir des échos du dernier repêchage, on a appris que Reinbacher avaient plusieurs admirateurs parmi les équipes de la LNH.

On sait que les Coyotes l’auraient très certainement repêché au 6e rang. Plutôt que de se tourner vers un attaquant, ils ont choisi le gros défenseur russe, Dimitry Simashev…

On sait aussi que quelques équipes avaient essayé de transiger avec le CH qui repêchait au 5e rang.

Mais, on connait la suite, le CH ne voulait rien savoir de perdre la chance de le repêcher.

Et il ne risque pas plus de dire oui à un échange l’impliquant avant très longtemps…

Si la rumeur est vraie, Hughes et Gorton auraient déjà établi que sa valeur était supérieure à celle d’un des plus prometteurs gardiens de sa génération en Yaroslav Askarov.

Ça donne déjà une petite idée…

Si on se projette un peu dans l’avenir, disons dans 2-3 ans, établir la valeur d’échange de Reinbacher, sera un peu comme si les Wings mettaient Moritz Seider sur le marché là-là.

Les Wings accepteraient-ils, disons, Trevor Zegras en retour de Moritz Seider ?

Pense pas.

Donc, dans cette logique, dans les souliers de Kent Hughes, je serais sans doute très tenté d’échanger un Kaiden Guhle pour Trevor Zegras et son potentiel de 80 points par saison, mais je refuserais catégoriquement l’échange si on me demandait Reinbacher.

C’est ça pour moi, la valeur de Reinbacher : supérieure à celle d’un futur gardien élite et supérieure à celle d’un joueur vedette à l’attaque.

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Conclusion

David Reinbacher est le joueur ayant obtenu le plus haut score depuis que nous classons les espoirs à partir d’une note sur 100 en 2021. Et même si on remonte au temps où notre système attribuait 40 points, personne ne s’était approché d’un pourcentage de 92,5 %.

À nos yeux, et semble-t-il aux yeux du Tricolore, l’Autrichien a donc véritablement le profil d’un futur défenseur élite dans la LNH. Un véritable #1.

Il possède entre les deux oreilles un processeur hockey que seul Lane Hutson peut approcher dans l’organisation du Tricolore, à la différence que le processeur de Reinbacher opère à plein régime dans les trois zones, comme l’aigle qui survole, la montagne, la forêt et la plaine.

Avec son gabarit plus avantageux et sa mobilité dans toutes les directions, c’est cette ensemble qui au final donne l’avantage à Reinbacher sur le jeune Américain dans ce décompte.

Bien sûr, il se peut que Hutson enregistre régulièrement des saison de 60, voire 70 points, qu’il devienne une supervedette à la Quinn Hughes, et que Reinbacher, comme Alex Pietrangelo ne franchissent jamais la marque des 60 points.

Mais qui ne prendrait pas une carrière comme celle-ci, ornée de deux Coupes Stanley, de la part du jeune autrichien?

(Crédit: Capture d’écran HockeyDB ; Alex Pietrangelo)

En somme, Reinbacher nous apparaît comme le plus bel espoir de l’organisation depuis Carey Price en 2005, et comme pour ce dernier, le CH a présentement le luxe de ne pas précipiter son arrivée avec l’équipe.

Mais le moment venu, Hutson et lui pourraient bien former l’un des meilleurs duos en défense de la riche histoire du Canadien de Montréal.

On reconnecte très bientôt avec un retour post camp d’entraînement de notre top-15. Qui aura gagné quelques rangs? Qui aura descendu ? Y aura-t-il des nouveaux visages qui s’inviteront dans le top-15 ?

En attendant, vous pouvez (re)lire notre série d’articles :
Promotions et mentions honorables
Positions 15 à 13 (Farrell, Mesar, Heineman) et une « wild card » (Lias Andersson)
Positions 12 à 10 (Fowler, Mailloux, Xhekaj)
Positions 9 et 8 (Engstrom et Barron)
7e position : Joshua Roy
6e position : Alex Newhook
5e position : Owen Beck
4e position : Kaiden Guhle
3e position : Juraj Slafkovsky
2e position : Lane Hutson

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Dans les coulisses

Top 12 des espoirs du CH | 1ère position : La «brute», Juraj Slafkovsky

C’est aujourd’hui la fin de notre décompte annuel des espoirs les plus importants du CH.

Après avoir discuté des mentions honorables, nous avons maintenu l’ordre suivant, un ordre qui, à la lumière des nouvelles informations du dernier camp d’entraînement, méritera une certaine révision en conclusion de cet article :

12. Filip Mesar
11. Jordan Harris
10. Joshua Roy (égalité au 9e rang)
9. Logan Mailloux
8. Sean Farrell
7. Cayden Primeau 
6. Justin Barron
5. Kirby Dach 
4. Lane Hutson 
3. Kaiden Guhle
2. Cole Caufield

Nous voici donc rendus à l’analyse et la justification de la première place de ce palmarès que l’on attribue à nul autre que Juraj Slafkovsky.

Comme le printemps dernier quand, contre vents et marées, on le préférait à Shane Wright un mois et demi avant le repêchage, on ne s’attend pas à faire l’unanimité en plaçant Slafkovsky au premier rang!

Ceux qui choisissent Caufield se disent, en gros, « un tiens vaut que deux tu l’auras . »

Ceux qui choisissent Slafkovsky pensent pour leur part que « dans son cas, je veux bien parier sur les deux tu l’auras! »

C’est le camp qu’on a choisi (de justesse) et qu’on tentera ici de justifier, mais en aucun cas l’idée ne sera de rabaisser l’un pour remonter l’autre : ce sont deux espoirs avec des profils élites différents.

C’est pour ça qu’au final un minuscule .5% les séparent dans notre analyse.

Par ici, on accorde un potentiel général légèrement supérieur à Slaf, avec un 38/40 (37 pour Caufield)

Par là, étant donné son âge et ses réalisations passées dans la LNH, on donne un peu plus d’assurance à Caufield (de réaliser son potentiel 18/20)

Mais du côté de la valeur d’usage (de sa rareté) et de la valeur d’échange, on se doit de donner l’avantage à Slafkovsky.

Au bout du compte, si on avait à mettre des lunettes de dirigeants, Slaf nous apparaîtrait donc comme le plus important espoir de l’équipe, celui autour duquel on bâtirait davantage notre équipe, celui qui serait un peu plus déterminant dans les succès futurs de l’équipe.

1. Juraj Slafkovsky
Potentiel : 38/40
Assurance : 16.5/20
Valeur d’usage (rareté) : 27.5/30
Valeur d’échange : 9/10

Total : 91 / 100

Potentiel
Si on fait exception de Stéphane Richer, double marqueur de 50 buts qu’on comparait parfois à son idole Guy Lafleur, de mémoire, depuis près de 40 ans, aucun joueur repêché par le Canadien n’a soulevé des comparaisons aussi intrigantes et excitantes que Juraj Slafkovsky. Lorsqu’en plus de multiples recruteurs et hommes de hockey, le légendaire Jaromir Jagr trouve lui-même que le jeune Slovaque lui ressemble lorsqu’il avait 17 ans, ça en dit long! Personnalité, physique impressionnant, manière de protéger la rondelle, etc.

Bien sûr, à ce stade-ci, on ne peut parler que de style semblable, un peu comme Gretzky lui-même peut trouver que Elias Pettersson lui ressemble.

Donc, attention amis lecteurs! On ne dit pas que Slaf sera le prochain Jagr!

En temps et lieu, on verra pour les points au compteur, la carrière et les honneurs, mais pour l’instant, si on compare le style, la personnalité et les accomplissements sur la scène internationale des deux joueurs à 17 ans, on n’a pas le choix de dire avec plusieurs recruteurs et hommes de hockey européens qu’ils se ressemblent un peu. Regardez ici comme il utilise sa vitesse et son physique pour ensuite envoyer une superbe à son compatriote Mesar au camp des recrues :

Il y a bien sûr d’autres comparatifs très pertinents qui vont de Nichushkin à Svechnikov en passant par Hossa, Rantanen, Nash et Benn, mais tout ça nous place encore, au bas mot, dans la catégorie des très bons power forward de leur génération, des joueurs souvent très complets ayant une touche spéciale autour du filet, ce que démontre aussi le principal intéressé.

Nous sommes donc en présence d’un joueur au développement physique très avancé pour son âge et dont le potentiel est très élevé même si on n’en connaît pas encore les limites.

Certains comme Scott Wheeler chez Athletic pensent que Slafkovsky pourrait même devenir trop grand et ainsi perdre en efficacité dans le style de jeu qu’il veut jouer. On laissera pour notre part ces hypothèses aux endocrinologues et à Slafkovsky lui-même…

Mais pour revenir à nos comparatifs, j’aime beaucoup les chances de Slafkovsky de devenir un des attaquants de puissance les plus complets de sa génération. Déjà, on voit de multiples facettes dans son jeu, allant de sa créativité, à sa protection de rondelle, en passant par ses replis défensifs et encore ses passes lumineuses :

Bien sûr, on aurait aimé que Slafkovsky enfonce quelques buts en matchs présaison pour nous rassurer un peu plus sur sa touche de marqueur. Mais bon, à sa place, à 18 ans, je pense qu’on aurait été plusieurs à tenir notre bâton un peu plus serré qu’à l’habitude! Caufield, un marqueur encore plus naturel que Slafkovsky, est passé par là l’an dernier exposant 10. Rien d’anormal ici.

À sa défense, il lui est aussi arrivé ceci :

Mais somme toute, malgré quelques matchs plus ordinaires, Slaf a bien géré la pression durant le camp et n’a pas volé sa place dans l’équipe. Les buts viendront parce qu’à chaque match il a eu des occasions de marquer en plus d’en avoir régulièrement créé pour ses coéquipiers.

Assurance
Deux camps s’opposent ici aussi : les pessimistes et les optimistes.

Les pessimistes vont bien sûr pointer en direction de ses statistiques avec Turku et dire que 153 joueurs prometteurs du même âge ont eu des meilleures statistiques que lui dans la Liiga au cours des 12 dernières années. On exagère à peine.

Du côté des optimistes, dont la direction du CH fait partie, on va dire que Turku et la Liiga présentent en général un jeu archi défensif et que Slafkovsky a eu peu de temps de jeu et de liberté pour montrer son véritable savoir-faire. On dénote aussi qu’il a tout de même trouvé le moyen de faire progresser son jeu tout au long de la saison avec Turku.

Or, le vrai Slaf s’est manifesté lors des trois plus gros tournois internationaux auquel il a participé (si on ne compte pas ses deux matchs lors du CMJ qui a finalement été reporté/annulé), le Gretzky-Hlinka, les Olympiques et le Championnat mondial, où il a été plus souvent qu’autrement le meilleur joueur des siens.

On notera que ces deux derniers tournois ont été joués contre des professionnels qui, mis ensemble, comptaient des milliers de matchs d’expérience dans la LNH.

Voilà donc où le CH peut tirer énormément d’assurance que Slafkovsky sera en mesure de réaliser son plein potentiel : en plus de bien s’en tirer chez les pros en Finlande dans un contexte difficile, il a déjà étalé tout son talent de façon très convaincante sur la scène internationale à des niveaux de jeu supérieurs au hockey junior canadien et au hockey universitaire américain.

Puis, au-delà des accomplissements sportifs, on ne peut passer sous le silence son profil psychologique qui semble le rendre parfaitement apte à réussir dans un environnement souvent tendu et bouillant comme Montréal. Slaf est sérieux et très compétitif sur la patinoire, mais il se montre drôle, calme, sûr de lui et débonnaire en dehors de celle-ci. On peut penser qu’avant longtemps, il sera un des grands leaders de l’équipe et qu’il aidera tout le monde à rester sain d’esprit lorsque la pression montera.

Bien sûr, on aurait aimé un peu plus de résultats de sa part au camp d’entraînement. On aurait aussi aimé le voir plus endurant, plus solide sur ses jambes et meilleur lors de deuxième match en deux soirs.

Mais, il a tout de même été meilleur que plusieurs ailiers de l’équipe durant celui-ci, à commencer par Hoffman et Drouin, des compétiteurs directs à l’aile gauche.

Et qu’il ait fait le club sans rien voler à personne est déjà tout un résultat! On compte chaque année sur les doigts d’une seule main (une main avec pas beaucoup de doigts) les jeunes de 18 ans qui jouent dans la LNH.

Enfin, n’oublions pas que pour lui, le camp d’entraînement n’est qu’une partie de son développement et de son adaptation à la LNH. Ça se poursuivra dans les prochaines semaines.

À la place de St-Louis, on ferait un peu comme aux Olympiques et au Championnat mondial, le laissant prendre ses aises sur un troisième trio en début de saison et, le moment venu, si l’adoption se fait bien, lui offrir une audition sur le premier trio.

Slaf ne fera pas que survivre dans la LNH à 18 ans, il a le talent et les outils pour avoir un certain impact dès maintenant et c’est pourquoi il ne devrait pas manquer de glace en haut.

Cette expérience ne fera que le rendre meilleur l’an prochain.

Valeur d’usage
En plus de nous en dire long sur son immense potentiel, la sélection de Slafkovsky au premier rang témoigne aussi de l’incroyable valeur d’usage que le CH voit en Slafkovsky.

Pour le recruteur en chef du CH en Europe Christer Rockstrom, Slafkovsky, avec sa carrure, sera une « pièce du puzzle » très importante d’ici quelques années parmi un paquet de bons joueurs de plus petites statures, comme on peut l’entendre à partir de 7:20 du prochain vidéo.

Mais c’est Nick Bobrov qui à compter de 8:20 y va sans doute du plaidoyer le plus fort en faveur du gros Slovaque, un deux minutes et demi d’anthologie qui nous laisse croire que Bobrov pourrait jouer dans n’importe quel film de scouting!

Considérant la taille de Caufield et Suzuki, les deux vedettes offensives de l’équipe, et l’incapacité des entraîneurs à leur trouver un compagnon de trio apte à les aider sur une base régulière, il est évident que Slafkovsky cochait plusieurs cases pour l’état-major du club.

Bien sûr, Slafkovsky n’évoluera pas nécessairement avec Caufield et Suzuki tout au long de sa carrière. En fait, on ne sait même pas s’il jouera avec eux l’an prochain. Mais l’idée générale c’est que Slaf possède des attributs physiques et des habiletés qui, en théorie, complèteront à merveille les deux autres.

Je pense principalement aux batailles le long de rampes, en fond de territoire ou devant le filet qui aideront surtout Caufield. Je pense aussi à sa capacité à transporter la rondelle qui va alléger la tâche pour Suzuki qui, en raison de sa vitesse et de sa portée, montre un taux de réussite plutôt moyen en avantage numérique dans cette phase de jeu, surtout si on le compare aux meilleurs de la LNH à ce chapitre.

Dans les rangs juniors et depuis leur arrivée chez les pros, ni Suzuki ni Caufield n’ont pu évoluer avec un joueur ayant le profil et le style de Slafkovsky. Peut-être un peu Matt Boldy du côté de Caufield, mais bon…Il faudra laisser le temps à Slaf de s’adapter à la vitesse de la LNH et à des joueurs aussi talentueux que ces deux-là, mais on a toutes les raisons de croire que la pâte va lever tôt ou tard…

Et si on voit en lui des traces de Marian Hossa, il ne faudrait pas non plus se surprendre qu’il évolue un jour en désavantage numérique ainsi que dans les situations cruciales de fin de période ou de fin de match.

Les chevaux de trait ont besoin de glace, beaucoup de glace et il aura à Montréal.

Valeur d’échange
Le fait que le Canadien n’ait pas transigé son choix, que Slafkovsky ait été choisi premier et qu’une majorité d’équipe l’avait vraisemblablement inscrit au premier rang de leur liste en vue du repêchage 2022, n’a fait qu’augmenter et consolider sa valeur sur le marché.

Pour la suite, en ce qui a trait à sa valeur marchande, tout est cependant conditionnel. Comme pour n’importe quel joueur, celle-ci peut atteindre des sommets encore plus élevés comme elle peut se dissoudre telle une cuillerée de sucre dans un verre d’eau chaude.

Même s’il a été choisi premier et qu’il possède un profil de power forward au talent supérieur, un profil très convoité dans toute la LNH, sa valeur peut varier énormément dans la prochaine année en fonction de ce qu’il pourra réaliser ou non.

Une saison de 20 buts et plus et des mentions pour le Calder, voire même le Trophée Calder? Hughes sera mort de rire si on ose l’appeler pour s’enquérir de sa disponibilité.

Une saison couci-couça de 25, 30 points sur le 3e trio? Des renvois chez le Rocket? Hughes se montrera très calme et patient, mais il pourrait prendre des notes si on l’appelle.

Une saison désastreuse causée par une attitude douteuse et/ou une incapacité à s’adapter à la LNH? Sa valeur prendrait une méchante débarque, ce qui placerait Hughes dans une position délicate. Avec son passé d’agent, Hughes se montrerait probablement patient et créatif pour la suite du développement du jeune, mais c’est une situation qui ne serait pas s’en rappeler celle des Oilers avec Puljujarvi il y a quelques années.

Même si à 24 ans, il retombe un peu sur ces pattes et qu’il peut éclore sur le tard, un peu comme Nichushkin vient de le faire à 27 ans avec l’Avalanche, la valeur de Puljujarvi n’a jamais été aussi haute que lors de la journée du repêchage de 2016…

Bref, la prochaine saison sera déterminante pour cet aspect plus business du joueur de hockey qu’est Slafkovsky.

Mais, peu importe comment le scénario va se développer en 2022-2023 ne vous attendez pas à voir Slafkovsky quitter Montréal dans un proche avenir.

Une telle rareté, ça n’a (presque) pas de prix.

Conclusion

Peut-être le Canadien connaîtra-t-il une autre saison catastrophique qui le verra terminer dans les bas-fonds de la LNH lui donnant ainsi la possibilité de repêcher Connor Bedard ou un autre joueur de très fort calibre dans le top 10 en 2023.

Mais pour l’instant, Juraj Slafkovsky, sans être un joueur concession dans le plus pur sens du terme, disons, le sens mcdavidien, représente tout de même un joueur au profil absolument unique au sein de l’organisation, un profil aussi très rare dans la LNH. Un joueur qui, à terme, pourrait peut-être nous rappeler les beaux jours de Kovalev, nous montrer des flashs de Jagr, nous montrer une version plus pesante de Marian Hossa, mais surtout, un joueur qui devrait rendre ses coéquipiers, principalement les Caufield et Suzuki, encore bien meilleurs dans leurs forces respectives.

Bref, le cheval Slafkovsky est présentement le joueur montrant le profil le plus à même de tirer vigoureusement ce club vers le haut.

Prolongation

Classement revisité
Le classement du top 12 que nous avons présenté ici a été établi sur une période de plusieurs mois qui s’est terminée quelque part lors du dernier Championnat mondial junior au mois d’août. C’était donc avant les camps du Canadien, qui ont su nous fournir des nouvelles informations qu’on ne peut ignorer aujourd’hui. 

Par exemple, Joshua Roy a été un des bons joueurs du Canada lors du CMJ, mais Owen Beck n’avait même pas été retenu. On lui avait préféré Riley Kidney. Imaginez!

Sans aucunement avoir été mauvais, suite à une blessure au petit doigt, Roy s’est fait plutôt discret au camp. Le plan de le renvoyer à Sherbrooke semblait très clair depuis des mois.

Mais Beck a pour sa part été une des sensations du camp des recrues et du gros camp du CH. Si bien que Beck, un joueur qui ne comporte aucune faille et qui serait déjà capable de gagner environ 50 % de ses mises au jeu dans la LNH, se devrait aujourd’hui d’être présent dans notre top 12! À notre défense, il était clairement le 13e sur notre liste.

Mais bon, au moment d’écrire ces lignes, je n’hésiterais pas à la placer entre la sixième et la huitième place en étant conservateur.

Grant McCagg le voit même percer la formation du CH dès l’an prochain. Les dirigeants de la Flanelle ont dû lui dire des choses, car Beck, le meilleur joueur-étudiant de toute la LCH l’an dernier (le Trophée Bobby Smith!), n’a fait ni une ni deux et a décidé de mettre ses études de côté cette saison pour se concentrer uniquement au hockey.

Un autre qui a fait un bond de géant dans notre estime est bien sûr l’autre brute de 6’4, 238 lb, Arber Xhekaj. On avait aimé sans plus Xhekaj à la Coupe Mémorial. On voyait son énorme confiance à chacune de ses présences sur la patinoire, mais il avait été très souvent brouillon avec la rondelle, se fiant un peu trop sur son avantage physique évident. C’est pourquoi on l’avait classé dans nos mentions honorables, disons dans le top 15. Mais Xhekaj a justement corrigé exactement ce qu’on lui reprochait et semble avoir compris très rapidement que la gestion de la rondelle doit être beaucoup plus sécuritaire et efficace dans la LNH.

Aujourd’hui, je n’aurais par exemple aucun mal à exclure un Harris (11e) du top 12 pour inclure Xhekaj, qui présente un profil beaucoup plus rare.

On le ferait même passer devant Barron – un des grand perdant du dernier camp – qui n’a pas semblé avoir progressé suite à sa blessure qui a sans doute affecté sa préparation et son entraînement estival. Xhekaj, qui ne présente pas non plus de grandes faiblesses dans son jeu, semble même avoir des chances très légitimes de s’établir un jour dans un très bon top 4 de la LNH.

Donc, en date d’aujourd’hui, si on avait à refaire notre classement final, ça ressemblerait plutôt à ceci :

12. Joshua Roy (égalité avec Justin Barron ?)
11. Logan Mailloux (Dommage qu’il n’ait pas pu jouer au camp…)
10. Filip Mesar
9. Arber Xhekaj
8. Cayden Primeau
7. Sean Farrell
6. Owen Beck
5. Kirby Dach
4. Lane Hutson
3. Kaiden Guhle
2. Cole Caufield
1. Juraj Slafkovsky

Rien ne change dans le top 5, mais beaucoup de mouvements entre les rangs 6 à 12!

Bonne saison tout le monde!

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Top 12 des espoirs du CH | 2e position : Cole « Goal » Caufield

Nous voici donc rendus à la deuxième position de notre top 12 des espoirs les plus importants du CH. Jusqu’ici nous avons tenté de justifier l’ordre suivant (un ordre qui sera légèrement revu à la lumière des nouvelles informations que nous aura fourni le camp d’entraînement) :

12. Filip Mesar
11. Jordan Harris
10. Joshua Roy (égalité au 9e rang)
9. Logan Mailloux
8. Sean Farrell
7. Cayden Primeau 
6. Justin Barron
5. Kirby Dach 
4. Lane Hutson 
3. Kaiden Guhle

Nous avions un choix difficile à faire entre les deux joueurs restants. D’un côté, Cole Caufield, un prolifique marqueur qui compte déjà 77 matchs de saison régulière et 20 matchs de séries dans la LNH. De l’autre, un puissant ailier slovaque de 18 ans, sélectionné au premier rang au total du dernier repêchage après avoir marqué les esprits lors des Jeux olympiques et le Championnat mondial senior.

Nous avons tranché en faveur du Slovaque par un poil.

2. Cole Caufield (Dernier classement : 1ère place)
Potentiel : 37 / 40
Assurance : 18 / 20
Utilité : 27 / 30
Valeur d’échange : 8.5 / 10

Total : 90.5 / 100

Potentiel
L’automne dernier, Caufield avait peu de temps pour se reposer après une saison éreintante qui s’était terminée en finale de Coupe Stanley en juillet. Sans surprise, il semblait s’être très peu développé physiquement entre le mois de juillet et le mois de septembre. Il a même laissé tomber cette semaine, que la différence entre cette année et l’an dernier au camp est qu’il est en santé et non blessé. Ça explique sûrement une bonne partie de son départ catastrophique.

Mais aussi, Caufield, avec la fin de saison prometteuse et les excellentes séries qu’il avait connues en 2021, s’était sans doute mis une tonne de pression sur les épaules. Et puis il est entré dans le même vortex de morosité qui a aspiré toute l’équipe sous Ducharme pendant la première moitié de saison. On en était rendu à le faire jouer sur le 4e trio à défaut de ne pouvoir l’envoyer à Laval en raison des trop nombreuses blessures…

Et dès qu’on a pu, on l’a envoyé à Laval!

Mais que de chemin parcouru depuis le 9 février dernier!

En gros, ce qui s’est produit l’an dernier avec Caufield avant l’arrivée de St-Louis n’avait rien de normal. On s’attendait à ce que Caufield ait environ 15 buts à son actif en première moitié de saison, pas juste un!

Bien sûr, peut-être que Caufield a « surproduit » un brin suite à l’arrivée de son nouveau coach et mentor, lui qui s’est mis à marquer à un rythme de 50 buts et plus d’un point par match sur 82 parties, soit à peu près sa cadence de la NCAA.

Mais justement, c’était une erre d’aller beaucoup plus normale selon ses propres standards.

Si on se fie à sa deuxième moitié de saison, on pourrait même avancer qu’en temps plus normal, Caufield aurait eu des chances de remporter le trophée Calder devant Moritz Seider, lui qui était légitimement perçu parmi les favoris en début de saison.

Voici le genre de but qu’il peut marquer lorsqu’il se laisse aller :

Le petit Américain est un joueur offensif exceptionnel, un passionné de la game avec des qualités élites, dont un tir vif d’une précision chirurgicale. C’est un tir qui semble encore plus puissant cette saison, grâce à un été d’entraînement qui l’a vu prendre cinq livres de muscle.

La norme dans son cas, c’est que ses statistiques reflètent son talent. Je suis convaincu que son début de saison 2021-2022 représentera la plus grosse anomalie de sa carrière…

Maintenant, une fois qu’on a vanté tous ses mérites offensifs, il faut toutefois relever ses carences défensives et ses limites au niveau physique qui rendront bien difficile la mission de Martin St-Louis d’en faire un joueur complet.

C’est ce qui nous empêche de lui attribuer une note supérieure à 37/40 (seuil de l’élite) au niveau de son potentiel général comme joueur de hockey. À titre comparatif, c’est ainsi qu’un ailier comme, disons, le jeune Marian Hossa, qui allait possiblement devenir l’ailier le plus complet de sa génération, se serait sans doute mérité une note supérieure selon nos critères.

Assurance
C’est donc essentiellement en raison de sa très bizarre saison en deux temps en 2021-2022 que Caufield fait encore partie de notre décompte des espoirs. Bien sûr, il est déjà un joueur établi dans la LNH, mais suite à sa première saison complète, il nous était bien difficile de dire si son potentiel offensif est de 60 ou 80 points. Contrairement au gradué et son aîné Nick Suzuki, on n’est pas encore absolument certain de ce que le CH possède entre ces mains en Caufield qui aura 22 ans en janvier prochain.

On espère 80 points et plus de sa part et on penche un peu plus de ce côté, mais Caufield sera-t-il du genre à connaître de longues disettes à chaque saison? Voilà ce que l’on ne sait toujours pas… Une saison plus constante pourrait effacer pas mal de doutes et transformer ces espoirs en certitudes…

Cela dit, si on efface sa première moitié de saison l’an dernier, ce que je suis totalement enclin à faire étant donné la gravité de l’anomalie, le niveau d’assurance quant à la capacité de Caufield de réaliser son plein potentiel demeure tout de même très élevé et l’est sans doute encore davantage sous St-Louis qui l’a tout de suite replacé au côté de Suzuki.

À ce stade, tout nous invite encore à penser que Caufield deviendra un attaquant dans le moule d’Alex DeBrincat – ce qu’on lui prédit depuis son repêchage – soit un petit poison offensif capable d’une production annuelle constante de 35 – 45 buts et près d’un point par match. Tant qu’il aura la confiance de son coach, qu’il jouera avec un centre talentueux et intelligent comme Suzuki et qu’il comptera sur un ailier puissant pour faire la sale besogne (Allo, Juraj!), Caufield jouera dans ses forces et mettra des points au tableau.

Un autre facteur qui peut nous rassurer quant à l’atteinte de son plein potentiel, c’est que Caufield ne s’expose pas au contact physique. Il joue la tête haute en possession du disque, ne s’expose pas outrageusement, et a compris depuis longtemps qu’il n’a aucun intérêt à aller s’éreinter le long des bandes contre des mastodontes. Pas par paresse ou manque de courage, mais par intelligence. S’il voit qu’il n’a que très peu de chances de sortir du coin avec la rondelle, Caufield va se concentrer à provoquer une erreur ou anticiper le prochain jeu de l’adversaire. Et c’est parfait comme ça. Le Canadien a besoin de Caufield sur la glace, pas à l’infirmerie suite à un jeu survenu à 200 pieds de son filet.

Valeur d’usage
On se répète sans doute : l’utilité de Caufield c’est la production offensive, comme on le voit depuis ses débuts dans la LNH. À sa dernière saison dans la NCAA Caufield tentait souvent de tout faire seul, mais avec des joueurs de la LNH qui ont souvent des qualités complémentaires aux siennes, il peut focaliser à faire le bon jeu ou encore mieux, le « meilleur jeu », dixit Martin St-Louis, et souvent le meilleur jeu pour lui sera tout simplement de se démarquer pour utiliser son tir.

Du fait de ses capacités offensives au-dessus de la moyenne – Caufield possède aussi une très belle accélération – son utilité avec le Canadien n’est pas dépassée par beaucoup de joueurs dans l’équipe. Comme on l’a vu jusqu’ici, Caufield, un des bons joueurs à trois contre trois dans la LNH, peut faire gagner plusieurs matchs à son équipe en prolongation.

Comme dans la chanson, donnez-lui de l’espace et la puck et il va en compter des buts.

Est-il un fan de la toune des Colocs? Faudrait la lui faire apprendre dans ses cours de français! Une petite idée marketing gratuite pour les réseaux sociaux du CH…

Si à trois contre trois, ça va plutôt bien, étrangement, sa production en avantage numérique a cependant été décevante jusqu’ici, comme en font foi ses cinq petits buts marqués en pareilles circonstances l’an dernier. Avec ses exploits universitaires, on s’attendait à ce qu’il transforme presque à lui seul la pitoyable attaque massive du Tricolore dès sa première année. Ça n’a pas été le cas… il semblait souvent tendu, hésitant.

À sa défense, les bons avantages numériques de la LNH sont tous menés par de véritables quarts-arrière passés maîtres dans l’art de refiler la rondelle au bon moment aux joueurs démarqués et faciliter des lignes de tir pour eux. Or, même à son meilleur, Jeff Petry n’était pas un grand cerveau du jeu de puissance. Combien de fois l’a-t-on vu ignorer un Caufield totalement démarqué dans le cercle gauche l’an passé?

Et, si on vise un jour le seuil de respectabilité de 20 % de réussite, Chris Wideman demeurait au mieux une alternative pour une deuxième unité…

Maintenant, ses quatre buts sur le PP en matchs présaison sont-ils de bon augure? On le sent moins hésitant, moins tendu et beaucoup plus incisif comme sur cette séquence :

On verra bien ce que ça donnera avec la pression des matchs de saison régulière et une équipe complète.

Enfin, pour être utilisé encore davantage dans toutes les situations, ce qui est le cas de tous les meilleurs joueurs de premier trio de la LNH, il faudra qu’il devienne plus difficile à affronter défensivement. Un peu plus de hargne naturelle ne nuirait pas, mais St-Louis souhaite sans doute l’aider à mettre davantage à profit son sens du jeu et son anticipation lorsque son équipe n’a pas la rondelle.

Valeur d’échange
Pour le plaisir, on jase purement et simplement, je serais très curieux de savoir ce qu’un club comme les Devils du New Jersey serait prêt à laisser aller en retour de Caufield afin qu’il retrouve son bon ami Jack Hughes. L’été dernier, le 2e choix au total a même été évoqué à quelques reprises.

On peut aussi penser au franc-tireur suédois Alexander Holtz, un ailier droit au physique plus imposant que Caufield, très productif dans la AHL comme recrue et qui peut faire un peu penser à un Filip Forsberg. Comme Caufield, il possède tout un lancer. Holtz tente présentement de se tailler une place avec le club au camp. Les Devils auraient sûrement à débourser davantage pour obtenir Caufield, un attaquant plus aguerri, dynamique et talentueux que le Suédois, peut-être même jusqu’à un autre choix de première ronde.

Mais, revenons sur Terre, il faudrait vraiment que Kent Hughes et Jeff Gorton décrochent de Caufield et/ou que les Devils ou un autre club présente une offre irrésistible pour que le petit numéro 22 quitte Montréal.

Sauf, peut-être Suzuki et Slafkovsky, aucun joueur n’est autant au cœur du plan hockey et du plan marketing du CH (et des réseaux télé) que Cole Caufield.

Conclusion
Avec un score de 90.5 / 100 (on lui avait accordé une note de 91 /100 au moment de son arrivée avec le club au printemps 2021), Caufield se présente encore comme un espoir de catégorie élite, même si la dernière saison ne s’est pas passé comme prévu.

Au même âge, à sa saison recrue en 2017-2018 à Chicago, dans un contexte un peu plus favorable que celui du CH l’an dernier, Alex DeBrincat avait enregistré 28 buts et 52 points en 82 matchs. Caufield lui a dû se contenter 23 buts et 43 points en 67 parties, mais 22 buts et 35 points en 37 rencontres sous St-Louis… Je pense donc que la comparaison entre les deux tient toujours autant la route et nous ne sommes certainement pas les seuls à l’entretenir.

Reste à voir si Caufield enregistrera quelque chose d’analogue aux 41 buts et 76 points de DeBrincat à sa seconde saison complète, mais disons que notre niveau de confiance est assez élevé.

On espère même que vous avez pris Caufield dans votre pool!

On reconnecte avant le lancement de la saison avec notre analyse justifiant la position # 1 de vous-savez-qui et la version revue et corrigée de notre décompte en conclusion!

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Top 12 des espoirs du Canadien: Le consensuel Kaiden Guhle

Le camp d’entraînement tire à sa fin… tout comme notre décompte des espoirs les plus importants du CH, dont on entame aujourd’hui le podium afin de le terminer à temps pour le début de la saison!

Suite à notre introduction et nos mentions honorables, on a jusqu’ici analysé en profondeur les joueurs suivants :

12. Filip Mesar
11. Jordan Harris
10. Joshua Roy (égalité au 9e rang)
9. Logan Mailloux
8. Sean Farrell
7. Cayden Primeau 
6. Justin Barron
5. Kirby Dach 
4. Lane Hutson 

C’est maintenant au tour de Kaiden Guhle, l’une des sensations du présent camp d’entraînement. Depuis le début de celui-ci, l’Albertain s’attire les éloges de tous. Un consensus positif se forme à son endroit.

Peut-être parce qu’on le sent toujours engagé et qu’il dégage une assurance supérieure aux autres (Xhekaj ne donne toutefois pas sa place!), on semble même pardonner plus facilement ses petites erreurs.

À moins d’une surprise totale ou d’une blessure, Guhle débutera donc la saison avec le CH.

À quoi peut-on s’attendre de sa part à court et moyen terme? Quel genre de défenseur le Canadien a-t-il entre les mains?

Prêt? On plonge!

Kaiden Guhle
Potentiel : 34.5 / 40
Assurance : 16.5 / 20
Utilité / rareté :  26 / 30
Valeur d’échange : 8.5 / 10

Total : 85.5 / 100

Potentiel
En juin dernier dernier, un mois avant le repêchage, Francis Bouillon décrivait Guhle comme un jeune défenseur « incroyable » et le voyait comme l’espoir numéro 1 de l’organisation n’évoluant pas dans la LNH. Ses qualités de leader et son développement en tant que défenseur complet capable de patiner, marquer, défendre et frapper peuvent certainement nous emballer. Avec le très jeune Slafkovsky, Guhle est présentement la recrue qui soulève le plus d’espoir lors du présent camp d’entraînement.

Le verdict des observateurs semble unanime : Guhle a été le meilleur défenseur de toute la LCH la saison dernière. Après avoir débuté l’année à Prince Albert, il a été transigé aux Oil Kings d’Edmonton, un club « paqueté » aspirant à la Coupe Memorial. Sa production offensive d’un point par match est donc à l’avenant avec ce club, mais jouer pour un gros club, c’est aussi en plein ce dont il avait besoin pour continuer sa progression. C’est une chose d’être un leader dans une équipe poche, c’en est une autre d’être LE meneur d’un club champion.

Autant il faut relativiser la saison spectaculaire qu’il vient de connaître dans la WHL (40 points en 42 matchs) puisqu’il a eu 20 ans en janvier, autant il faut considérer le fait qu’il n’arrivera pas à Montréal comme un jeune blanc bec de 18 ans qui n’a encore rien accompli. Son expérience acquise lors du parcours éliminatoire qui a conduit les Oil Kings à la Coupe Memorial vaut de l’or en matière de développement. Juste dommage qu’il n’ait pu aller jusqu’au bout de son expérience avec Équipe Canada junior, une équipe dont il était le capitaine.

Il ne fera pas un Seider de lui-même, il n’a pas ce genre de talent, mais serait-il si surprenant que son nom apparaisse dans les discussions pour le Calder en cours de saison? On ne misera pas notre maison là-dessus, mais c’est du moins ce qu’une campagne d’une trentaine de points tout en étant efficace en défensive lui vaudrait…

Mais pour cela, il aurait évidemment besoin de temps de glace en avantage numérique. À voir la qualité de son tir et de ses passes, ainsi que de son coup de patin qui lui permet de faire de très belles percées au filet – est-il le joueur le plus rapide du CH sur le tour de patinoire? –  il n’est pas impossible qu’on tente des expériences avec lui dans cette phase de jeu. On verra s’il pourra adapter sa vision offensive du jeu au niveau de la LNH… Mais au niveau junior, c’était fort réussi :

À terme, en étant conservateur et moyennant un temps de jeu raisonnable sur l’avantage numérique, on peut certainement penser à Guhle comme un défenseur de 35 à 45 points par saison qui sera une force défensive incontournable, soit le profil typique d’un excellent numéro 2 dans une équipe compétitive.

Mais ne pariez pas trop vite contre ses chances de devenir un numéro un capable de plus de 50 points par saison. Ses statistiques dans la WHL et le développement offensif très visible de son jeu nous permettent d’y croire un brin.

Utilité
Weber. Parti. Chiarot. Parti.

On va lui laisser le temps de prendre ses marques, mais here comes Kaiden!

À maturité, Guhle n’est peut-être pas celui qui fera le plus de points, mais il sera le pilier de la défensive montréalaise. Il sera au coeur de son identité, à la fois mobile et robuste. Reste à voir combien de temps ça lui prendra pour incarner et assumer tout ça pleinement, mais ça viendra.

Rien ne sera jamais parfait – il devra grandement s’améliorer en désavantage numérique dans la LNH dès cette saison -, mais comme on peut le constater durant le présent camp, en général, Guhle possède un niveau d’assurance impressionnant qui fait de lui un incontournable de la défensive Montréal dès cette saison.

Maintenant, sera-t-il un jour un vrai défenseur numéro 1?

Sera-t-il capable d’être un quart-arrière en avantage numérique dans la LNH?

Ça, ce n’est pas si certain.

Cela dit, deux ans après sa sélection, et considérant sa courbe de progression impressionnante, il n’est pas défendu d’y croire. Après tout, quand Shea Weber a été repêché 45e en 2003, à peu près personne ne le voyait devenir un défenseur à ce point dominant dans toutes les phases de jeu pendant plus d’une décennie, et pourtant! On aurait pu sensiblement dire la même chose d’un certain Pernell-Karl Subban…

Guhle a un tir qui rappelle celui de Weber et la puissance de son coup de patin est déjà de niveau élite, encore meilleur que celui de Jeff Petry et Ryan McDonagh au même âge. Quand tous les pions tomberont en place, quitte à se répéter, même si on voit davantage Hutson et, à la limite, Mailloux, sur le jeu de puissance, n’écartons pas Guhle de cette phase de jeu, car il aura eu des auditions bien avant les deux autres, et si ça colle, il faudra l’y déloger…

Et il y a encore ce tir…

Au plan strictement défensif et en mettant les choses dans une perspective de reconstruction, si on pense qu’à 22 ans Romanov a par moments été le meilleur défenseur défensif de la formation la saison dernière, qu’il en a même peut-être été l’arrière numéro 1 par défaut, l’avenir à court et moyen terme semble prometteur pour Guhle, que plusieurs voient comme une version améliorée de Romanov presque en tous points.

Bref, à moins que Hutson ne devienne une supervedette – ce qui n’est cependant pas impossible! –, Guhle possède le profil pour être LE défenseur le plus utile ou, à tout le moins, le plus complet du Canadien dans la prochaine décennie et il en deviendra assurément un des leaders incontestés.

Valeur d’échange
Tout bien considéré, la valeur de Guhle sur le marché est probablement la plus élevée de l’organisation avec celle de Suzuki. Pas tous, mais certains DG le placeraient probablement devant Caufield et Slafkovsky dans leur évaluation. Un jeune et gros défenseur, mobile, robuste, intimidant et talentueux doté d’un leadership calme et rassurant, ça aura toujours une valeur gigantesque sur le marché.

Cela dit, certains DG pourraient aussi trouver son profil pas si rare que ça, en jugeant qu’ils ont déjà un ou deux jeunes défenseurs dans son style dans leur organisation…

Peu importe, on pourrait chercher longtemps un scénario dans lequel Guhle partirait de Montréal. En gros, il faudrait qu’il déçoive à différents niveaux et que son développement stagne pour différentes raisons (Blessures? Encadrement inadéquat? Niveau de talent insuffisant?) et/ou que d’autres jeunes deviennent rapidement supérieurs dans plusieurs phases de jeu.

Ça commence à faire pas mal de variables…

Mais bon, ne pariez même pas votre vieux set poussiéreux de bâtons de golf là-dessus. Guhle jouera 23-24 minutes par match avant longtemps, fera plus que sa part de points et punira généreusement ses adversaires le long des bandes et au centre de la glace. Sa valeur d’usage pour le CH sera au moins aussi grande que sa valeur d’échange, et donc la recrue est probablement à Montréal pour y rester.

Voilà!

On reconnecte sous peu avec la 2e position!

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Top 12 des espoirs du CH | 4e rang : Le «projet» Lane Hutson

Il faut tout simplement accepter que les espoirs évoluant dans les collèges américains ne puissent participer aux camps d’entraînement professionnels.

Mais c’est toujours dommage de ne pouvoir évaluer les plus prometteurs parmi ceux-ci en même temps que les autres!

C’est en plein ce qu’on se dit ces jours-ci en pensant à Lane Hutson alors que débutent les matchs pré-saison.

Bien sûr, Hutson n’aurait eu aucune chance de faire le saut avec le grand club cet automne. Il n’avait même pas été retenu (à tort?) dans l’équipe américaine des moins de 20 ans au CMJ du mois d’août.

Mais on peut dire la même chose d’Owen Beck avec le Canada et regardez-le aller présentement au camp celui-là !

Mettez-lui le # 51 sur le dos, puis changez son nom pour « Wright » et tout le monde ferait des « Oh! » et des « Ah! » en suppliant l’organisation de le garder à Montréal!

Et je ne pense même pas trop exagérer!

Choix de deuxième ronde, 33e au total, son histoire ressemble déjà un peu à celle de Patrice Bergeron, choisi au 45e en 2003…

Evans ou Beck? Beck ou Dach?

Ok, je vais arrêter de faire le tannant.

Il est encore trop tôt et la vraie compétition ne fait que débuter au camp… Restons calmes!

M’enfin

Pour revenir à Hutson, nommé meilleur défenseur du dernier championnat U18,  il aura bien la chance de se reprendre avec les U20 cet hiver.

Le voici donc qui pointe au 4e rang de notre décompte devant tout ce beau monde (et Owen Beck au 13e rang!) :

12. Filip Mesar
11. Jordan Harris
10. Joshua Roy (égalité au 9e rang)
9. Logan Mailloux
8. Sean Farrell
7. Cayden Primeau 
6. Justin Barron
5. Kirby Dach 

Lane Hutson
Potentiel : 35 / 40
Assurance : 15 / 20
Valeur d’usage/rareté : 25.5 / 30
Valeur d’échange : 6.5 / 10

Total : 82 / 100 

Potentiel
Hutson est le joueur qui se mérite jusqu’ici la plus haute note de notre palmarès en fait de potentiel. Et c’est aussi le premier à qui on accordera du véritable « star power » ; lorsque le fruit sera mûr, Lane Hutson pourrait devenir une vedette quasi instantanée dans la LNH.

Voici LA séquence qui a fait le tour du monde et qui démontre toute l’étendue de son talent, particulièrement la vitesse de son cerveau hockey, sa confiance et sa hargne :

Le petit défenseur du programme national de développement américain est un dynamo offensif comme il s’en fait peu. Celui qui a célébré ses 18 ans en février, a enregistré 103 points en 93 matchs toutes compétitions confondues en 2021-2022, une saison rien de moins qu’époustouflante au plan statistique.

À titre comparatif, puisqu’ils ont un peu le même style, une taille semblable et qu’ils ont joué dans le même programme américain, Quinn Hughes avait enregistré 84 points en 98 matchs en 2016-2017. Mais étant donné que Hughes est un « late » (sa fête est le 14 octobre), il avait dû attendre et jouer une autre saison complète dans la NCAA avant de pouvoir être repêché en juin 2018.

En plus de posséder ce que plusieurs considéraient être le meilleur QI hockey du dernier repêchage, Hutson possède une vitesse de pieds et de mains ainsi que des feintes à faire rêver. On dirait qu’il est coincé et qu’il va perdre la rondelle, mais non ! Il active tous les mécanismes de son corps et de son cerveau et se sort d’impasse!

Bien sûr, il faudra voir à quel point il pourra continuer à faire de la magie une fois rendu chez les pros, mais des joueurs au gabarit et au talent comparable au sien ont réussi à continuer leur domination offensive dans la LNH sans trop de problèmes.

Donc, tous les traditionalistes et les conformistes qui ne lui accordent aucune chance de réussir au plus haut niveau en raison de son gabarit risquent fort d’être une fois de plus dans le champ. La réalité c’est que de plus en plus de défenseurs au physique plutôt modeste trouvent le moyen d’atteindre la LNH et d’y performer à divers degrés.

En gardant en tête que selon les prédictions des endocrinologues qu’il a consulté, Hutson devrait mesurer 5’10 d’ici deux ans, voici une liste assez impressionnante de défenseur de 5’11 et moins et on dirait que la liste ne fait que s’allonger d’année en année dans la LNH : Cale Makar, Adam Fox, Samuel Girard, Quinn Hughes, Torey Krug, Tyson Barrie, Tony DeAngelo, Jared Spurgeon, Henri Jokiharju, Rasmus Sandin, Ty Smith, Erik Brannstrom, Victor Mete, pour ne nommer que quelques-uns des plus connus.

Et c’est sans parler des nombreux « faux » 6′ 0…

Mais en plus de se rappeler qu’on y jouait à quatre contre quatre, tous ceux qui ont été renversés par les performances de Hutson lors du dernier camp de développement du CH en juillet dernier devront demeurer lucides : Hutson fait penser à Quinn Hughes, mais n’est probablement pas Quinn Hughes!

Au même âge, Hughes était plus fort physiquement en plus d’être un meilleur patineur dans toutes les directions. Hutson doit encore améliorer son patin à reculons. Ces deux facteurs expliquent sans doute que Hughes ait pu être sélectionné au 7e rang (on sait tous qu’il aurait dû sortir 3eou 4e et qu’on aurait dû le préférer à Kotkaniemi!), alors que Hutson a dû attendre au 62e rang avant d’entendre son nom.

Mais, pour l’instant, ça n’enlève rien à son potentiel offensif qui, au même âge, n’a pas grand chose à envier à ce lui de certains défenseurs devenus élite de la LNH.

Seul Cam York, qui évoluait avec peut-être la plus forte cohorte jamais vue par ce programme (Jack Hughes, Zegras, Caufield, Boldy, Turcotte, etc.) a fait plus de points que lui dans l’histoire du USNDT.

Oui, en plus de Quinn Hughes, Hutson a aussi battu les marques d’Adam Fox, qui avait enregistré 90 points l’année précédant son repêchage!

Reste maintenant à voir comment ça se passera pour lui dans les rangs universitaires…

Enfin, voici comment un recruteur a résumé le potentiel de Hutson juste avant le dernier encan amateur :

« If he was 6-foot-2, he’d be a top-10 pick in the draft « . 

Assurance
La plus belle assurance que Hutson capitalise sur son potentiel vient probablement de son propre caractère qui s’illustre plutôt bien avec la citation suivante provenant de la bouche même du cheval :

« It’s all about how you play the game, not how big you are. When you get on the ice, everyone’s the same size».

Telle est la mentalité de Hutson, une mentalité qui semble transcender dans son jeu.

Ça peut sembler bizarre et déconnecté de la réalité, mais souvent, il n’y a rien comme une croyance absolue en une idéologie pour nous faire passer à travers des murs et réaliser l’impossible.

Bien sûr, si les endocrinologues ont vu juste et que Hutson prend réellement deux pouces et une vingtaine de livres, ça ne devrait pas trop nuire, mais bon, vous comprenez l’idée! You gotta to believe!

Pour l’instant, Hutson croit aussi que c’est justement sa petite stature qui l’aide à performer aussi bien sur la glace.

Est-ce qu’un Hutson plus grand et plus lourd (il pesait environ 150 livres lors du repêchage) serait nécessairement un meilleur joueur?

Rien ne peut le garantir, mais pour l’instant, ces réflexions ne servent pas à grand-chose.

L’autre facteur d’assurance qui donne espoir quant à la réalisation de son potentiel au niveau supérieur, c’est bien sûr la quantité astronomique de points qu’il a enregistrés avec le programme américain. Règle générale, peu importe leur gabarit, moyennant une éthique de travail irréprochable et un coup de patin adéquat, ceux qui amassent des points à la pelle aux niveaux inférieurs finissent généralement par produire une fois rendus dans la LNH.

Le QI hockey et la vision ne disparaissent pas, ils ne font que s’adapter à une vitesse d’exécution plus rapide.

Enfin, on notera que ses coachs ont tendance à dire que Hutson se débrouille plutôt bien en défensive grâce à son intelligence et la qualité exceptionnelle de son jeu avec son bâton, le fameux « bon bâton ». En 93 matchs, en plus de ses 103 points, Il a aussi terminer la dernière saisons avec une fiche – tenez-vous bien ! – de +98!

Non, il n’y a pas d’erreur de frappe !

Donc, louanges de ses entraîneurs, caractère et motivation de feu, statistiques offensives et défensives, exceptionnelles.

Peu importe les prévisions des endocrinologues, cela nous semble compenser amplement pour tous les petits problèmes réels et imaginaires reliés à sa taille actuelle.

Valeur d’usage

Ahhhhhhh, la fameuse valeur d’usage anticipée!

Il s’agit peut-être du critère le plus intéressant, celui qui fait la particularité de notre palmarès.

La valeur d’usage va souvent de pair avec la rareté du joueur au sein de l’organisation. Or, que l’on regarde du côté de Mailloux, de Barron ou de Guhle, aucun n’arrive à la cheville de Hutson en matière de potentiel offensif. Seul Hutson se présente avec un profil absolu de futur quart-arrière de l’attaque à cinq.

Les autres ont des chances d’y avoir une place, probablement plus sur une deuxième unité, car ils sont de bons patineurs et possèdent d’excellents tirs, mais aucun ne peut tailler en pièces la défensive adverse comme fait Hutson, avec son intelligence, sa créativité, sa patience, ses feintes et sa vitesse d’exécution.

Et vous pouvez tout de suite oublier Harris et Norlinder dans cette phase de jeu dans la LNH.

Lorsqu’on prend en considération que le jeu de puissance du CH fait pitié depuis des lunes, ce n’est pas en direction des attaquants qu’il faut surtout pointer le doigt. Depuis le déclin, puis le départ de Markov et dans une moindre mesure celui de Subban, c’est surtout l’absence d’un véritable général à la ligne bleue qui maintient le CH dans le dernier quart de la ligue en supériorité numérique. Petry et Weber ont eu quelques moments intéressants ici et là, mais règle générale, la créativité, la vision, la vitesse et la qualité d’exécution faisaient trop défaut pour surprendre l’adversaire.

La rondelle ne se rend juste pas assez souvent au bon moment sur la palette des attaquants une fois le quintette installé, sans mentionner toutes les misères à entrer en zone ennemie en possession de la rondelle.

Peut-être Matheson, un superbe patineur, fera-t-il mieux que Petry dans ce rôle, mais c’est pourquoi Hutson présente aussi le plus haut pointage au plan de la valeur d’usage de notre palmarès jusqu’ici. Son talent et ses qualités de quart-arrière sont à ce point rares, voire carrément uniques, au sein de l’organisation.

Ça va passer par lui en attendant ! Mais historiquement Matheson n’est pas une machine à points…

Valeur d’échange

Si environ une trentaine de directeurs généraux ont passé leur tour deux fois plutôt qu’une sur Hutson au dernier repêchage, c’est sûrement que plusieurs ne l’avaient pas en si haute estime et/ou qu’ils ont préféré y aller avec des joueurs aux profils plus traditionnels et consensuels lors des deux premières rondes.

Je ne sais toutefois pas si on doit parler d’audace dans le cas du tandem Bobrov/Lapointe rendu au 62e rang. À ce stade, on doit peut-être davantage voir Hutson comme un choix « low risk, high reward », presque un no brainer, diront certains.

Hutson était classé beaucoup plus haut que son rang de sélection final sur une grande majorité de listes spécialisées. Plusieurs le vantaient comme LE joueur le plus intelligent de tout le repêchage depuis des semaines, voire des mois.

Si Hutson continue d’épater la galerie à l’université, se taille une place au sien de Team USA en vue du prochain mondial junior et, dans la lignée des Hughes et Fox, réussi son entrée chez les pros d’ici deux, trois, ans, c’est sans doute le rapport du petit geek à lunettes de leur équipe de recrutement (c’est une image) qui hantera les vieux DG traditionnaleux (c’est une autre image) qui se diront qu’ils auraient ben dû, don’ dû.

Si Hutson, se développe adéquatement et devient le défenseur de 50 points et plus que l’on voit en lui, plusieurs s’en mordront les doigts, car ils leur en coûtera l’équivalent de quelques choix de première ronde pour penser l’acquérir…

Rendu là, les discussions avec Kent Hughes pourraient être assez courtes, genre : clic!

Conclusion

Oui, vous pouvez m’inscrire dans le camp des « croyants » lorsqu’il est question de Lane Hutson, comme ça avait aussi été le cas pour Quinn Hughes et Cole Caufield.

Un talent exceptionnel jumelé à une éthique de travail de tous les instants valent beaucoup plus que tous les centimètres et les kilogrammes du monde.

Au pire des pires, Hutson deviendra un défenseur de troisième paire spécialiste de l’avantage numérique. Voilà où se situe le plancher… de son sous-sol. Mais on croit qu’en le jumelant à un bon défenseur stable qui se plairait à rester un peu plus en retrait, Hutson pourrait aisément se tailler une place au sein du top 4.

Avec les Cale Makar, Adam Fox et Quinn Hughes qui sont en train de redéfinir la position de défenseurs dans la LNH, de plus en plus, ce qui fera la différence à 5 contre 5 sera la qualité du jeu de transition et la capacité des défenseurs à appuyer l’attaque sur une base régulière.

À ce titre, Lane Hutson est peut-être se qui se rapproche le plus d’un 4e attaquant dans l’histoire « récente » du Tricolore, et j’inclus ici Chelios et Subban.

Un cerveau offensif qui tente constamment de relancer et d’appuyer l’attaque. On ose croire que c’est un peu à ça que pensaient les têtes dirigeantes du CH lorsqu’ils ont arrêté leur choix sur Hutson au 62e rang en juillet dernier.

Et n’oubliez pas son « bon bâton »!

On reconnecte bientôt avec la 3e place!