L’homme nu « dans tout l’éclat de sa beauté » : le musée d’Orsay ose à la rentrée une exposition « ludique et savante », exclusivement dédiée au mâle non vêtu qui met en avant la charge homoérotique de certaines oeuvres.
Masculin/Masculin, qui présentera 200 oeuvres de 1800 à nos jours, ouvrira ses portes le 24 septembre, mais d’ores et déjà, l’exposition éveille la curiosité. « Il commence à y avoir un petit bruit autour d’elle. Je reçois pas mal d’appels pour savoir ce que c’est exactement », se félicite Guy Cogeval, président du musée d’Orsay, dans un entretien à l’AFP.
Alors que le nu féminin s’expose régulièrement et naturellement, l’homme nu « n’a pas eu la même faveur », relève l’établissement public, qui assure qu’il n’y a pas eu de grande exposition sur ce thème dans un musée avant celle du Leopold Museum de Vienne à l’automne 2012.
« Cela faisait longtemps que j’avais envie de traiter ce thème. Il y a une quinzaine d’années, alors que j’étais directeur du musée des Beaux-arts de Montréal, j’avais envisagé de la faire, mais on m’avait expliqué que ce serait malvenu », raconte M. Cogeval, qui préside Orsay depuis 2008.
Guy Cogeval s’est inspiré de l’exposition Hommes nus du Leopold Museum, mais il souligne qu’elle a été largement repensée. « Sur les 200 oeuvres environ que nous présentons, seulement vingt sont communes à l’exposition de Vienne. »
Orsay n’a pas gardé l’affiche de l’exposition du Leopold Museum, qui avait fait scandale en Autriche. Elle reproduisait une oeuvre des artistes Pierre & Gilles intitulée Vive la France (2006) et montrant trois joueurs de foot aux attributs masculins bien visibles. Face aux protestations, le Leopold Museum avait dû cacher le sexe des modèles avec un rectangle rouge.
Le visiteur français pourra retrouver cette oeuvre dans l’exposition d’Orsay, mais pas dans les couloirs du métro parisien. Comme affiche, Orsay a choisi un autre Pierre & Gilles, un Mercure, de dos, à côté d’un Berger Pâris (1787), montré de face. Cette oeuvre de Jean-Baptiste Desmarais, prêtée par le Musée des Beaux-Arts d’Ottawa, est « une icône apollinienne de la culture gaie canadienne », selon M. Cogeval.
Masculin/Masculin, qui se tiendra jusqu’au 2 janvier, présentera des peintures et des sculptures, mais aussi « beaucoup de photographies, car l’un des thèmes traités est l’homoérotisme, qui parcourt toute l’exposition », déclare M. Cogeval. « Les premiers grands artistes qui ont été ouvertement homosexuels sont généralement des photographes », assure-t-il, en citant notamment le baron allemand von Gloeden et l’Américain Fred Holland Day.