Une première journée entre la silhouette sophistiquée de Gucci mêlant matières et couleurs douces, l’exploration autour de l’âge trouble de l’adolescence chez Frankie Morello, et le retour à la nature célébré chez Alberta Ferretti.
Gucci : sensualité romantique
La collection signée par la directrice créative de Gucci Frida Giannini marque une rupture totale avec l’opulence des saisons passées. Sans maquillage, ni bijoux hormis quelques bracelets, les cheveux au vent, les mannequins affichent une allure de jeunes filles sages à la Catherine Deneuve époque Jacques Demy années 1960.
Elles portent de petits manteaux à l’air un brin martial à la double rangée de boutons ronds et plats en métal-miroir, des robes en cuir sans manches ultra courtes aux lignes essentielles, et des bottes à talons rigoureusement assorties à leur look monochrome, qu’elles soient en python ou en cuir verni.
Le cuir est omniprésent, des petits chemisiers à jabot froncé aux jupes évasées, en passant par les pantalons moulés. Cette matière est toutefois adoucie par la fourrure et les teintes pastel, qui dominent la collection. Manteau mohair vert sauge, épaisse veste à longs poils de chèvre bleu ciel, veste en mouton bouclé rose pâle…
Frankie Morello : l’âge tendre
Les deux designers Maurizio Modica et Pierfrancesco Gigliotti évoquent eux aussi une certaine fraîcheur de la jeunesse dans des tons pastel bleu ciel et rose tendre, mais en version adolescentes un peu troublantes. Sous leur air de communiantes avec leurs chaussettes montantes, leur petit bonnet de laine enfoncé sur la tête, leur col toujours bien boutonné, et une fine chaîne autour du cou avec la petite croix en guise de pendentif, les jeunes filles de Frankie Morello affichent une rigueur chaste.
Les dessins tracés comme à l’encre de chine sur certaines robes poudrées sont naïfs, mais ces tenues candides laissent soudain entrevoir, au détour d’une fente imperceptible, une sensualité cachée.
La mini robe-chemise en impalpable soie transparente blanche ou noire est la pièce maitresse de la collection. Elle se porte telle quelle en toute simplicité ou combinée avec d’autres éléments de la garde-robe. Tantôt, elle dépasse d’une jupe pagne-tablier tel un jupon, tantôt elle disparaît sous des tops et des gilets matelassés aux motifs de tapisserie, ou sous des jupes plissées asymétriques.
Alberta Ferretti : retour à la nature
D’étranges créatures, mi-femmes, mi-oiseaux, célèbrent le retour à la nature chez la styliste. La palette est sombre, comme la forêt dont semblent sorties les mannequins. D’innombrables nuances de verts (kaki, sapin, bleu vert, loden) se mêlent à des couleurs plus chaudes comme l’orange, le rouge et le marron.
Une multitude de petites plumes colorées cousues à la main sur des robes bustiers composent une toison chatoyante. Ailleurs, des applications en tissu forment un feuillage automnal sur un corsage. Les manteaux en alpaga se fondent dans un sous-bois imaginaire. Broderies, soie jacquard tridimensionnelle, passementeries… Les compositions des matières et les textures en relief de certains vêtements font penser à l’écorce des arbres. Un fil doré illumine un long manteau en laine bouclée.