Malgré toutes les désillusions qui en sont nées, le mouvement #MoiAussi aura au moins fait naître de beaux moments de solidarité et de visibilité pour toute personne victime d’agression sexuelle.
Les témoignages récents de Pénélope McQuade et Marco Berardini, ainsi que la plainte de Julie Snyder contre Gilbert Rozon sont un rappel on-ne-peut-plus clair que les artistes que nous admirons portent aussi en eux des blessures dont on ne peut pas se douter.
Dans une lettre publiée ce matin dans le journal La Presse, la douce Florence K a livré avec force un plaidoyer pour une plus grande reconnaissance du combat qu’entament les victimes lorsqu’elles se sentent prêtes à dénoncer. Par le fait-même, l’artiste s’est ouvert sur l’agression qu’elle a subie à l’adolescence et qu’elle avait jusqu’à maintenant tenté d’enfouir en elle-même.
« Et à la lecture de tous les témoignages #MoiAussi, ça m’a frappé. J’avais écrit un livre entier sur ma dépression et sur les causes probables, physiologiques et psychologiques, de cette maladie chez moi, mais jamais je n’avais effleuré dans ses pages le fait qu’un homme de 23 ans mon aîné (vous ne le connaissez pas, il n’est pas du showbiz d’ici, et ce n’est pas un membre de ma famille non plus) avait gravement abusé de moi, lorsque j’avais 16 ans. » écrit-elle.
L’auteure du livre Lili Blues s’est dite inspirée par les nombreux témoignages qui ont défilé sur les réseaux sociaux. Cette présence et ces histoires lui auraient même permis de comprendre que ce qu’elle avait vécu était un traumatisme dont elle ne s’était jamais vraiment remise.
« Mardi dernier, grâce au courage des femmes et des hommes qui ont dénoncé, quelque chose en moi a été bouleversé, pour le mieux je crois, et j’ai compris à quel point ce qui m’était arrivé avec cet homme que je n’ose même plus qualifier de porc par respect pour l’espèce animale qui porte ce nom, avait eu de lourdes conséquences sur ma vie de femme. Et, poussée par le mouvement sincère, nécessaire et puissant du partage qui se déroulait sous mes yeux sur mon fil Facebook, #MoiAussi j’ai écrit un »post » #MeToo. » explique-t-elle.
Florence K envisage d’ailleurs poursuivre sa démarche pour confronter légalement son agresseur aux actes qui l’ont fait souffrir. C’est toutefois une entreprise qu’elle gardera privée, du moins jusqu’à ce qu’elle n’en sente plus le besoin.
Nous saluons son courage et lui souhaitons beaucoup de force dans ses démarches.
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