Embrassant plus de 50 ans d’histoire et une dizaine de présidents américains, The Butler retrace la lutte pour les droits civiques aux États-Unis à travers la vie et la longue carrière, largement romancée, du majordome afro-américain de la Maison-Blanche.
Librement inspiré de la vie d’Eugene Allen, qui fut employé à la Maison-Blanche pendant 34 ans, le film de Lee Daniels sort demain (16 août) sur les écrans nord-américains et fait déjà figure de candidat sérieux aux prochains Oscars.
Lee Daniels, réalisateur de Precious et du récent Paperboy, a bâti à partir d’Eugene Allen – décédé en 2010 à l’âge de 90 ans – un nouveau personnage, Cecil Gaines (interprété par Forest Whitaker), que l’on suit des champs de coton de la Géorgie ségrégationniste à l’élection de Barack Obama, en 2008.
Sous les yeux de ce personnage placide, discret et silencieux se déroule la grande histoire de la lutte des Afro-américains pour les droits civiques.
Ségrégation, Freedom Riders, Martin Luther King, Black Panther Party, grandes manifestations… Le film embrasse fidèlement les grandes étapes du mouvement, au risque parfois de les survoler, mais parvient à enraciner son discours dans des personnages de chair et de sang.
Il y a Cecil, bien sûr, mais aussi sa femme Gloria (incarnée par l’actrice et animatrice de télévision Oprah Winfrey) et ses fils, Louis (David Oyelowo) et Charlie (Elijah Kelley), aussi opposés que possible, le premier optant pour le militantisme radical, et le second choisissant de s’enrôler pour la guerre du Vietnam.
Dans un récent entretien au New York Times, Forest Whitaker affirmait : « Il y a quelque chose qu’on ne dit pas : pourquoi ces histoires ne sont-elles pas traitées davantage? Parfois, les gens ont peur de regarder en face ce qui se passe. […] Le fait est que beaucoup des problèmes sociaux [montrés dans le film] sont encore d’actualité. »
Dans le même entretien, Oprah Winfrey, que l’on n’avait plus vue au cinéma depuis Beloved, de Jonathan Demme, en 1998, poursuit : « Pourquoi faut-il raconter cette histoire? Pourquoi devons-nous continuer à interpréter des domestiques? », demande-t-elle. « Parce que c’est arrivé et que sans eux, aucun d’entre nous ne serait ici aujourd’hui. Ma mère était domestique, ma grand-mère était domestique, et sa mère était domestique. »
L’actrice, nommée à l’Oscar du second rôle en 1986 pour La couleur pourpre et récompensée en 2011 par un Oscar d’honneur pour son action humanitaire, a également su tenir tête à Lee Daniels, notamment pour une scène qui suit immédiatement l’assassinat de JFK et où Gloria, lassée des absences de Cecil, refuse de réconforter son mari, avant de se raviser.
Produit par les frères Weinstein, grands sorciers des Oscars – ils furent les artisans des cinq statuettes de The Artist –, The Butler semble taillé pour récolter de nombreux prix.
La rumeur hollywoodienne parle déjà d’une nomination pour Oprah Winfrey ou pour Forest Whitaker, oscarisé en 2006 pour son incarnation du dictateur Amin Dada dans The Last King of Scotland.
Le film bénéficie en outre d’une brochette de seconds rôles prestigieux, de Mariah Carey à Lenny Kravitz, en passant par Robin Williams, Vanessa Redgrave, John Cusak, Liev Schreiber et Jane Fonda, qui se glisse dans le tailleur de la première dame Nancy Reagan.