Il en fallu du temps pour que Infiniti se fasse reconnaître comme lignée de luxe de Nissan.
Ce fut moins long mais tout aussi ardu pour Toyota avec ses Lexus. Ce n’est donc pas surprenant de constater que le constructeur sud-coréen Hyundai ait à se débattre comme un diable dans l’eau bénite pour promouvoir sa propre marque de luxe, Genesis. Car Genesis, c’est cela. Même si le nom d’Hyundai n’y apparaît pas nécessairement, Genesis, c’est le luxe signé du grand constructeur asiatique… ce que j’ai dû répondre à bien des curieux lorsque j’ai essayé les berlines de la marque.
En effet, au cours des derniers mois, j’ai eu l’opportunité de me glisser derrière le volant de la grande G90, de la G80 intermédiaire et de deux versions de la plus petite G70, soit celle à moteur V6 biturbo de 3,3 litres de 335 chevaux et celle mue par un quatre cylindres aussi turbocompressé de 2,0 litres qui fait 252 chevaux. Les deux voitures étaient équipées d’une boîte automatique à huit rapports et de la traction intégrale. Qui plus est, les deux autos étaient de la même couleur!
La berline Genesis G70 (il y a des rumeurs d’une version coupé à venir) est destinée à concurrencer surtout les Allemandes de même calibre dont la Mercedes-Benz de Classe C, l’Audi A4 et surtout la BMW de Série 3. Au départ, on peut dire que le design extérieur (sous la direction de Luc Donckerwolke qui, comme Peter Schreyer, fut autrefois directeur du design de marques européennes comme Audi, Skoda, Lamborghini) est réussi. Inutile de décrire la voiture, les photos parlent d’elles-mêmes.
L’intérieur y est aussi élégant. Le tableau de bord est stylisé avec des lignes modernes agréables à l’?il. Le bloc d’instrumentation est concentré vers le conducteur. Le tableau de bord coule vers la console où il y a d’autres accessoires et commandes dont celles du chauffage et celles des changements de vitesses. Alors que le levier principal est à commandes électriques, le bouton du «Park», lui, se trouve seul sur la console elle-même (ce qui peut porter à confusion). On y voit également la commande du mode de comportement routier de l’auto. Dans le cas des deux voitures d’essai, J’ai choisi le mode «normal» ce que la plupart des conducteurs choisiront aussi car, malgré l’attrait de la fonction «sport» (la plus imposante V6 peut avoir la commande «drift» qui enverra plus de puissance aux roues arrière), l’auto est plus confortable ainsi sur de longues distances. Au centre du tableau de bord on voit cet écran qui ressemble encore une fois à une petite télé verticale.
Elle sert à la fois pour la radio, la caméra de recul et au système de navigation. Vous constaterez que plusieurs commandes sont aussi dédoublées au volant. Tout y est facilement atteignable et compréhensible!
Comme on peut le voir sur les photos, mes Genesis G70 d’essai avaient une sellerie remarquable avec des broderies en losange. Les sièges avant (chauffants et ventilés) sont suffisamment larges tout en procurant un maintien respectable alors que les places arrière, toutes aussi confortables et invitantes que celles d’avant, peuvent accepter une grande majorité d’occupants sauf que ceux qui ont les jambes très longues peuvent s’y trouver un peu à l’étroit, un défaut que l’on note aussi avec la concurrence allemande. Évidemment, le coffre semble suffisant pour les bagages des passagers et si l’on en veut plus, les dossiers des sièges d’arrière se replient pour offrir encore plus de place. Seule note négative, les charnières très profondes viennent voler de cet espace lorsque le capot est refermé.
Comme mentionné plus haut, deux moteurs sont proposés au catalogue, le V6 et le quatre cylindres avec la boîte auto et la traction intégrale. Mes deux voitures d’essai étaient équipées de pneus Michelin de performance (qu’il faut absolument changer pour des pneus d’hiver à l’arrivée de la saison froide) qui ont grandement contribué à la tenue de route solide de la G70. Le freinage à disques m’est apparu très mordant sur les deux versions alors que la direction est un peu plus légère avec la 2.0T tout simplement parce qu’il y aurait moins de poids à l’avant. Quoi qu’il en soit, le comportement routier de cette berline peut se mesurer agréablement à celui de ses concurrentes. Il faut dire que la plateforme, sous-tirée de celle de la Kia Stinger, a été développée sous la direction d’Albert Biermann, autrefois à l’emploi de la division M de BMW !
Évidemment, la G70 V6 biturbo est plus rapide que celle à moteur de 2,0T avec un temps d’accélération de 0 à 100 km/h en moins de 5 secondes (celle à moteur à quatre cylindres le fait en?environ 6 secondes, ce qui ressemble aux performances du V6 !). Les performances au dépassement sont aussi impressionnantes, définitivement plus avec le V6 qu’avec le L4, bien entendu! Toutefois, on se réserve une petite gêne ici en ce qui a trait à la vitesse maximale (quelque 250 km/h?).
Les deux voitures ont servi à des déplacements lointains donc, les consommations ont été calculées en situations urbaines et routières. Sans tenir compte des chiffres affichés à l’écran de l’ordinateur de bord, j’ai obtenu, selon mes calculs à la pompe, une moyenne de 11,2 L./100 km pour la G70 V6 et 9,4 pour celle à moteur à quatre cylindres. En ce qui concerne les prix, notons que la G70 AWD débute à 42 000 $ (il existe une version sportive à boîte manuelle et propulsion seulement mais elle est plus chère) alors que ma voiture d’essai de finition Prestige affichait un prix de 52 000 $. Dans le cas de la V6 Dynamic, la facture s’élevait à 57 000 $. Laquelle choisir dépend surtout de vos attentes. Si vous voulez une voiture confortable, rapide et agréable à conduire pour de longues distances, la version 2.0T devrait combler vos attentes. Si vous tenez à une version plus puissante mais moins économique, surtout à la pompe, optez pour celle à moteur V6. C’est aussi simple que cela!
En ce qui a trait à la fiabilité, les données pour les G70 sont presque inexistantes puisque la voiture est trop récente sur notre marché. Toutefois, consultez les sites qui parlent des indices de fiabilité de toutes les marques d’autos et vous verrez que ceux de Hyundai (constructeur des Genesis), y figurent parmi les meilleurs. Pour le moment, les ventes sont ralenties par le fait qu’elles se font par l’entremise des bureaux-chefs mais graduellement, les concessionnaires Hyundai devraient avoir des exemplaires de Genesis dans leurs salles d’exposition.
La marque Genesis pourra-t-elle se mesurer aux légendaires marques allemandes, japonaises, voire même américaines? Pourquoi pas? Surtout qu’elle pourrait se distinguer par une fiabilité initiale qui dépasserait celle de ses concurrentes (car on sait que plusieurs autos d’origine européennes ont connu leur part de problèmes au cours des ans même s’il semble y avoir eu une amélioration dernièrement).
Puis, il y a le fait que Genesis n’a pas encore d’histoire comme Mercedes, BMW ou même Lincoln.
Mais cela devra se faire avec le temps.