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Dans les coulisses

Le CH est-il une superpuissance en devenir? 1ère partie  

Peu importe les succès relatifs du CH depuis le début de la saison, le plan de Gorton et Hughes est de bâtir une formation qui sera bonne pour longtemps. Ils le répètent depuis leur arrivée en fonction. On ne veut rien savoir d’une équipe feu de paille comme celle finaliste en 2021.

Le plan est de bâtir à partir d’un jeune noyau présentant un niveau de talent élevé. Et pour que l’équipe soit bonne longtemps, il faut que ce talentueux noyau soit le plus gros possible.

C’est la seule voie pour bâtir ce qu’il convient s’appeler une superpuissance.

Il y a déjà quelques éléments bien visibles.

Pour un, le premier trio du CH – que d’aucuns se plaisent maintenant à surnommer le trio  « NiColeDach » (j’en suis !) – nous montre une chimie et une complémentarité à trois joueurs qu’on a peu vu dans les 25 dernières années.

Même si rien ne garantit qu’ils passeront ne serait-ce que le restant de saison ensemble, on peut se dire  « enfin du talent de pointe à l’attaque! »

Mais si on élargit un peu plus l’analyse, on peut se demander sur combien de joueurs de haut niveau faut-il compter pour entrer dans le cercle des équipes aspirantes, disons des joueurs dignes du top 10 (limite top 15 dans de bonnes cuvées) de leur année de repêchage?

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Quelques exemples récents

Bien sûr, il n’est pas ici question de trouver un chiffre magique, mais lorsqu’on regarde les superpuissances de la LNH qui ont remporté la Coupe Stanley ces dernières années, on ne peut qu’être impressionné par la grosseur du noyau de joueurs qui répondent à ce profil.

En gros, lorsqu’une équipe peut compter sur un tel noyau de joueurs dignes du top 10-15, ses chances de remporter la Coupe Stanley décuplent assez rapidement.

On en dénombrait une bonne douzaine au sein de l’Avalanche l’an dernier. Six identifiables les yeux fermés, six autres qui présentent de sérieuses candidatures pour le top 10 de leur année respective.

Évidemment, Makar (4e, 2017), Rantanen (10e, 2015), Mackinnon (1er, 2013), Landeskog (2e, 2011), Kadri (7e, 2009) et Johnson (1er, 2006) se qualifient encore tous aisément parmi les dix meilleurs sélections de leur encan. Même pas la peine de vérifier sur Hockey DB pour s’en convaincre.

Ça va toujours mieux avec des gars de même dans l’alignement…
(Crédit: Capture d’écran)

Mais, il resterait encore Nichushkin (10e, 2013), Burakovsky (23e, 2013), Girard (47e, 2016), voire même Lehkonen (55e,2013) qui mériteraient tous d’être considérés pour le top 15-20 en 2013 et 2016.

Sans oublier les jeunots Byram (4e, 2019) et Newhook (16e, 2019) ainsi que le gardien Darcy Kuemper, un des deux meilleurs gardiens de sa cuvée en 2009 avec Robin Lehner.

Bref, l’Avalanche a gagné la Coupe Stanley avec l’équivalent d’une mini-équipe d’étoiles.

Du star power, il y en avait au pied carré dans le vestiaire et sur la glace!

Même chose avec le Lightning lors de leurs deux plus récentes conquêtes : environ une douzaine de joueurs dignes du top 10-15 de leur année de repêchage, incluant des Stamkos, Hedman, Kucherov et Point, mais aussi des Killhorn, Maroon, Palat et Vasilevskiy. Ce qui est remarquable avec le Lightning, c’est que peu de leur joueurs vedettes ont été choisis dans le top 10.

Dans ce qui semble être un modèle plus proche de la base que construit présentement le Canadien, c’est-à-dire sans compter sur des supervedettes comme Mackinnon, Makar, Kucherov, Stamkos, Hedman et Vasilevskiy, les Blues possédaient eux aussi un noyaux composé d’une dizaine de très solides joueurs qui se retrouveraient tous rétroactivement dans les sommets de leurs années de sélection.

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Le noyau du CH

Alors qu’il est encore au début de sa « petite » reconstruction, si certains repêchages étaient à refaire, on remarque déjà que le CH aligne un nombre intéressant de joueurs qui méritent de faire partie des 10 meilleurs de leur année de repêchage.

Premièrement, en regardant la formation actuelle, on en dénombrerait rapidement six. Rétroactivement, certains seraient probablement même dans le top 5.

Commençons donc par Slavkovsky, Guhle et Caufield. On complètera le tableau demain avec le reste de l’analyse.

Juraj Slafkovsky, 1er choix au total, 2022

Impossible de ne pas inclure le petit dernier, Juraj Slafkovsky, l’Élu du dernier repêchage dans ce noyau dur. À ce jour, Slaf est le seul joueur du dernier encan amateur à avoir marqué au moins un but dans la LNH. Il en compte déjà quatre et il est encore très réaliste de lui en prédire une quinzaine dès cette saison, peut-être même 20, surtout s’il devait hériter de responsabilités accrues d’ici la fin du calendrier, comme on semble enclin à le faire avec sa plus récente promotion au côté de Sean Monahan.

Le CMJ? Laval?

Pas impossible, mais je ne parierais vraiment pas trop là-dessus.

Bien sûr, à ce stade-ci, personne ne peut garantir que le gros Slovaque sera parmi les cinq meilleurs de sa cuvée dans 4-5 ans. Mais qui serait assez fou pour parier contre ses chances?

Il semble à tout le moins impensable qu’on puisse un jour le retrouver en dehors du top 10 de 2022.

Voilà un geste que l’on risque de voir de plus en plus souvent dans les prochains mois et les prochaines années…
(Crédit: Capture d’écran)

Slaf est arrivé tel qu’annoncé : gros, rapide, bonne protection de rondelle, excellent tir. Mais je dirais, à ma surprise, que certains comme Mathias Brunet, pourtant lui aussi un partisan avant l’heure de Slafkovsky, sous-évaluent encore un peu trop son sens du jeu et ses qualités de passeur. Le jeune a eu peu d’opportunités de nous démontrer l’étendue de ses attributs avec Jake Evans dans le cadre de missions surtout défensives, dont il s’est par ailleurs plutôt bien acquitté.

À mon avis, sans être un joueur cérébral comme Suzuki, il n’est pas non plus comme Josh Anderson, comme on l’a laissé entendre dans l’extrait radio de Mathias Brunet. Même si ce n’est pas toujours parfait, malgré un temps de jeu et des occasions offensives limitées, il nous a déjà montré plusieurs flashs de son sens du jeu et de sa vision depuis le début de la saison.

Du reste, il n’a que 18 ans et il peut encore apprendre un tas de trucs en écoutant ses coachs, en observant ses coéquipiers et en accumulant de l’expérience sur les petites patinoires. Il n’y a pas que de l’inné, bien des choses se développent…

En somme, même s’il doit encore apprendre à mieux se protéger, et qu’il doit encore travailler son équilibre sur patins, la recrue ne nous a pas montré trop de signes inquiétants jusqu’ici. Au contraire, l’imaginer à 22-23 ans fait quasiment peur dans le bon sens du terme… Et pour ce que ça vaut, au même âge, Caufield et Suzuki étaient encore à deux ans de la LNH…

D’ici cinq ans, il est au bas mot tout à fait légitime de voir en lui une version améliorée de Valeri Nichushkin, car il est bien en avance sur celui-ci au même âge. Nichushkin n’a connu sa véritable éclosion qu’à 27 ans! On verra aussi bien assez vite dans quelle mesure les comparaisons plus audacieuses avec Jagr et Hossa peuvent tenir la route.

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Martin St-Louis et le reste de l’organisation ont choisi une approche progressive avec Slafkovsky, une approche où on ne lui a pas imposé de lourdes responsabilités dès le départ.

Mais avec le petit ménage qui va s’opérer dans les prochains mois et d’ici le prochain camp d’entraînement, on est déjà curieux de voir la suite des choses pour le gros gaillard, que l’on voit toujours éventuellement à gauche de Suzuki et Caufield…

C’est entre autres pour le placer là qu’un mois et demi avant le dernier repêchage je souhaitais, envers et contre tous (ou presque), que le CH le repêche au premier rang.

Mais pour l’instant, des matchs avec le vétéran Monahan, c’est exactement ce que le docteur prescrirait.

Kaiden Guhle, 16e choix au total, 2020

Personnellement, dans un mock draft, j’avais pensé que les Panthers allaient sauter sur le bon Kaiden au 12erang en 2020. La Floride s’est finalement tournée vers Anton Lundell. Pas un mauvais choix. Mais rendu au 16e rang, Timmins avait son homme et il n’a pas trop hésité.

Guhle était à la fois un choix assez sécure – robuste à souhait, leader naturel, du caractère -, mais aussi un défenseur avec un potentiel offensif intriguant : un patineur exceptionnel possédant un tir dévastateur, doté d’un bon sens du jeu. Celui qui a enregistré 56 points en 61 matchs l’an dernier dans la WHL (incluant les séries) montre déjà 9 points en 23 matchs dans la LNH. Et, regardez-le aller, il fera de plus en plus tourner les têtes par ses percées incisives en zone adverse…

Des percées qui mèneront à ce genre de but :

Si c’était à refaire, plusieurs estimeraient sans doute que Guhle n’a pas grand-chose à envier à Jamie Drysdale et Jake Sanderson – les deux premier défenseurs choisis en 2020, respectivement au 5e et 6e rang – et qu’il aurait dû être repêché beaucoup plus tôt que le 16e rang…

Vous l’aviez lu ici en premier, s’il continue d’accumuler les grosses minutes et de s’acquitter des missions importantes quoi lui confie et qu’il termine avec environ une trentaine de points, Guhle sera considérés parmi les finalistes au Calder.

Cole Caufield, 15e choix au total en 2019

On a déjà commenté dans notre décompte annuel des espoirs l’anomalie qu’a constitué son début de saison en 2020-2021. Mais après avoir guéri de ses petits bobos et suite à l’arrivée de Martin St-Louis, tout est revenu assez rapidement à la normale pour Cole « Goal », qui marque à un rythme de plus de 45 buts par année depuis février dernier.

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Personne ne veut échapper des marqueurs potentiels de 50 buts dans le top 15. C’est pourtant ce qu’a fait pas mal de monde en 2019!

Des buts comme ça, Caufield en marquait pourtant déjà à la pelle dans avec le programme de développement américain :

À refaire, à part Jack Hughes (1er), peut-être Trevor Zegras (9e) et Moritz Seider (6e), qui prendriez-vous sans hésiter avant Cole Caufield dans le top 5?

Matt Boldy (12e) et Spencer Knight (13e)?

Hmmmmm, pas sûûûûûûrrrrrrr…..

Caufield, qui a encore amélioré la vélocité de ses tirs, joue maintenant avec plus confiance et sans hésitation. Un joueur libéré qui, par son style de jeu, semble aussi bien parti pour se tenir loin de l’infirmerie, une autre clé pour rapidement devenir un des meilleurs franc-tireur du circuit, un des meilleurs de sa génération.

Et un slam dunk pour le top 10 de 2019.


On poursuit demain avec les autres joueurs de l’édition actuelle dignes du top 10 de leur repêchage, mais aussi avec quelques espoirs qui en présentent déjà le profil. On conclura par une analyse du portrait général qui se dresse devant Gorton et Hughes quant à leur rêve de mettre en place ce fameux noyau de feu.

Combien de joueurs de haut niveau le CH a-t-il encore besoin afin de se retrouver parmi les futures puissances de la LNH? Et a-t-il vraiment besoin d’un Bedard ou d’un Fantilli pour devenir une formation aspirante, une superpuissance capable de tout raffler?