L’humoriste Guy Nantel est dans l’eau chaude depuis qu’une publication Facebook dénonce les propos douteux qui auraient été tenus dans son nouveau spectacle, Droits et liberté.
Au lendemain de la première, qui avait lieu mardi, la militante Alice Paquet a répondu aux extraits du texte qui feraient apparemment allusion au viol qu’elle a dénoncé alors que le mouvement #agressionnondénoncée battait son plein. La jeune femme avait allégué avoir été violemment agressée par le député libéral Gerry Sklavounos, qui siège à l’Assemblée en tant que candidat indépendant depuis l’annonce de l’enquête subséquente en 2016.
Le DPCP le blanchira ensuite en février 2017.
La jeune femme a évoqué la possibilité d’un recours contre l’humoriste.
« Hier soir, à la salle Albert-Rousseau à Québec, c’était la première du spectacle de Guy Nantel, sur les «droits et libertés». Profitant donc de toute sa liberté d’expression il a décidé de faire un sketch sur les victimes d’agression sexuelles, comme on ferait un sketch sur la pluie et le beau temps. Dans son spectacle, Nantel réfère à moi comme « la fille qui aurait couché avec le ministre Libéral, le grec». D’entrée de jeu : je n’ai pas couché avec Gerry Sklavounos. Il m’a agressée sexuellement. Si Nantel ose faire des blagues sur ma situation, sur la nuit terrorisante que j’ai vécu en juin 2015, et sur l’horreur que j’ai vécu après la dénonciation, il pourrait au moins nommer clairement ce qui a eu lieu ce soir-là, et avoir la décence de me nommer correctement : Alice Paquet. »
« Il faut dénoncer vivement la misogynie éhontée de Nantel, dont les grands appels creux à la liberté d’expression pour justifier ses blagues sexistes ne convainquent personne et font encore moins rire. On peut effectivement se questionner sur les intentions d’un humoriste qui dit «rire de tout le monde égal», comme si les groupes les plus précaires et les plus marginalisés dans notre société avaient les mêmes outils et les mêmes possibilités de lui répondre ou d’esquiver son fiel que l’élite politique et économique qu’il prétend critiquer. Sous couvert de s’opposer à la rectitude politique, Nantel ne fait que renforcer les préjugés les plus tenaces et les idées les plus laides qui circulent dans notre société. L’humour n’a pas à devenir un autre rempart de la violence sexiste. »
À peine trois heures après la publication d’Alice Paquet, Guy Nantel a publié une longue réponse sur sa page Facebook.
« D’abord les extraits de spectacle invoqués sur sa page facebook sont rapportés de manière désordonnée. Il est clair que Madame Paquet n’a jamais vu le spectacle et qu’elle s’est fait rapporter quelques phrases qui ne tiennent compte d’aucun ordre structurel du texte et qu’elle omet par la même occasion de mentionner toutes les phrases dans lesquelles je dénonce les agresseurs sexuels et que je leur souhaite de croupir en prison. Elle n’a pas cru bon non plus rapporter toutes les blagues faites sur les Rozon, Salvail, Gilles Parent et cie. Évidemment, cela aurait desservi son propos. Malgré le fait que Madame Paquet, souhaite vivement me dépeindre comme un mononque sexiste issu des années 50, une brute qui se fiche du fait que des femmes se fassent violer, il importe de spécifier que j’ai été le deuxième humoriste (après Guillaume Wagner) à faire une sortie publique dans les médias pour dénoncer les gestes ignobles de Gilbert Rozon et que j’ai vivement critiqué Lise Payette pour son intervention honteuse dans le dossier Michel Venne, Mais ça non plus elle n’en a pas parlé. »
« Mais il y a plus important encore. Je pratique ce métier et ce type d’humour depuis 30 ans et je dois constamment répondre à des gens qui ne comprennent pas la nuance entre un spectacle d’humour et une conférence. Dans un show d’humour, le Guy Nantel de la vraie vie n’existe plus. Le Guy Nantel que vous voyez est un homme de droite rempli de défauts qui souhaite présenter une image d’homme ouvert mais dont la « vraie » nature refait inévitablement surface. Ce qu’il importe de considérer en humour est la chose suivante : Qu’est-ce que le spectateur va retenir d’une blague, d’un numéro ou d’un spectacle? Il me paraît évidement que les gens qui viennent assister à mes shows ne quittent pas en se disant : « On a bien rigolé, mais je déploré les appels au viol et à la haine de Nantel. » Tout le monde qui fait preuve d’un minimum d’intelligence est assez raisonnable pour comprendre qu’on est dans la fiction, dans le personnage, dans la caricature, dans le second, voire le troisième degré. En fait, les seuls qui ne prennent les blagues qu’au premier degré, ce sont ceux qui n’assistent pas à mes spectacles et qui souhaiteraient voir mon type d’humour disparaître. Mais l’ironie, vous avez déjà entendu parler de cela? Dire le contraire de sa pensée, grossir les traits, lancer des énormités dans le but de provoquer, de questionner. Visiblement, tous ne connaissent pas cet art. »
Guy Nantel a affirmé qu’il se défendrait en cas de recours. À suivre!
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