La neige devrait devenir une denrée rare dans les Alpes d’ici à la fin du siècle, sous l’effet du réchauffement climatique, et le nombre des avalanches chuter drastiquement, estiment des scientifiques en amont du premier congrès mondial organisé en France sur le sujet.
D’habitude organisé aux États-Unis et au Canada, l’International Snow Science Workshop (ISSW, conférence internationale sur l’étude de la neige) se tient de lundi à vendredi à Grenoble et Chamonix.
Quelque 600 scientifiques et professionnels de la montagne venus du monde entier échangeront sur les propriétés de la neige et la gestion des risques d’avalanches. Parmi les thèmes abordés, ils évoqueront notamment les conséquences du réchauffement climatique dans les Alpes d’ici à la fin du siècle.
Dans le massif de la Chartreuse, près de Grenoble, une baisse de plus de 50 % de l’enneigement, passé de 110 cm au début des années 1960 à 50 cm maintenant, a déjà été constatée. Une diminution confirmée sur de nombreux autres points de mesure en dessous de 1500 mètres dans les Alpes françaises.
Mais les chutes de neige variant fortement d’une année sur l’autre, les effets du réchauffement sont encore difficiles à percevoir pour le skieur lambda. « Il faudra attendre 2030-2040 pour sortir significativement de la variabilité interannuelle du climat », explique Gérald Giraud, ingénieur au centre d’études de la neige (Météo France/CNRS) de Grenoble.
Dans le cadre d’un projet baptisé Scampei (Scénarios climatiques adaptés aux zones de montagne : Phénomènes extrêmes, Enneigement et Incertitudes), des chercheurs ont modélisé les évolutions du climat dans les Alpes en fonction de l’altitude, de l’exposition au soleil et de la pente.
Dans le scénario de réchauffement le plus pessimiste, « on a conclu à des baisses d’enneigement de 70 à 80 % sur les Alpes en moyenne à 1800 mètres » à l’horizon 2070-2100, indique M. Giraud.
« À 3000 mètres en versant nord, l’enneigement ne baisse que de 20 à 30 %, mais de 50 à 60 % dans le sud et l’extrême sud des Alpes », poursuit-il.
Quant au nombre d’avalanches, il connaîtra aussi une chute spectaculaire, avec une baisse de 90 % des alertes de « vigilance » émises par Météo France.
On enregistre en ce moment environ 1000 avalanches par an dans les Alpes françaises, dans une fourchette de 500 à 1500 selon les années.
Lors de l’hiver 2012/2013, elles ont causé la mort de 36 personnes en France, selon l’Association nationale pour l’étude de la neige et des avalanches (Anena) qui organise le congrès.